Willy et Nietzsche

Willy


Willy est le pseudonyme d'Henri Gauthiers-Villars (1859-1931), écrivain et critique. Une grande partie de ses chroniques sont publiées dans Lettres à l'ouvreuse en 1890 et dans Rythmes et rires en 1894.  

 


WILLY, "Bayreuth 1892", in L'Echo de Paris, juillet 1892.

A propos du Cas Wagner : "De récents travaux ont appris aux musicographes français le nom de Nietzsche qui, après s'être affiché wagnérien sans mesure, puis antiwagnérien forcené, philosophe aujourd'hui dans une maison de fous (Discite... non temnere divos). La plus curieuse brochure bayreuthophobe de cet aliéné affirme avec une spirituelle mauvaise foi que tous les drames de Wagner reposent sur la Rédemption (...)".

 

WILLY, « Wagner embêté par Nordau », in La Plume, Année 5, n°89-112, 1893, p. 406-407.

Remarque que comme Nietzsche, Nordau fut « wagnérophile » et que Nietzsche, il devint « wagnérophage » (p. 406).

 

WILLY, Rythmes et rires/ L’ouvreuse du cirque d’été, Paris, Bibliothèque de « La Plume », 1894.

Reprise de l’article sur Le Cas Wagner publié en 1892 (p. 15-19).

 

WILLY, Soirées perdues, Paris, Tresse et Stock, 1894.

Reprend en partie article « Bayreuth 22 juillet » à propos du Cas Wagner (p. 264)

 

WILLY, "Lettre de l'Ouvreuse", in L'Echo de Paris, 10 août 1897, p. 3.

Toujours sur le même ton: "Et surtout, mes petits-pères, de ce que les hoirs sont infects, n'en arguons rien contre le génial défunt; ne donnons pas dans le ridicule de ces tard-venus qui « découvrent » Nietzsche et revigorent leur récent antiwagnérisme à l'aide de son fatras tumultueux. Certes, la Revue Blanche a raison de publier ces pages forcenées, mais non sans intérêt, datant des années de maboulite aiguë où sombra Zarathustra ; mais, à considérer froidement ce cas, ne trouvez-vous pas un titre de gloire pour Wagner d'avoir été admiré par Nietzsche, tant que Ie versatile philosophe eut la moelle intacte, et haï par le même quand le système nerveux du penseur cher à la Revue Blanche commença de se détériorer? D'ailleurs, il y a autre chose : en ses attaques furi-burlesques, Nietzsche a vu clair: ce qui l'affole, c'est le christianisme de Wagner. Il y aurait là-dessus un rude article à écrire".

 

WILLY, "Lettre de l'Ouvreuse", in L'Echo de Paris, 17 août 1897, p. 3.

Suite à l'article précédent: "Où la susceptibilité va-t-elle se nietzscher ? Pour avoir rappelé, dans ma dernière lettre, que l'auteur du Cas Wagner gâtifiait et pamphlétisait sous lui alors qu'il plaçait Parsifal au-dessous des barcarolles improvisées par les gondoliers (c'est pourtant sa seule excuse, ce ramollissement), je suis inondée de lettres, de protestations, même d'injures. Un Monsieur qui « fait dans les draps » — comme Nietzsche — m'envoie son opinion, si savoureuse que je serais folle de vous en priver. Voici : « Madame l'ouvreuse, Nietzsche esi Teuton, Wagner également Germain ; alors, que nous importent lea querelles de ces têtes de Boche ? Vive la France! » Evidemment."

 

WILLY, "Lettre de l'Ouvreuse", in L'Echo de Paris, 24 août 1897, p. 3.

"Mazette ! Il ne fait pas bon toucher à Nietzsche! Ses adorateurs n'admettent pas qu'on égratigne la statue de cet iconoclaste (c'est toujours drôle) et un nietzschéen fort échauffé, le Dr Schneider, me taille (comme son nom l'indique) des croupières dans une gazette wurtembergeoise, mais nigaude. D'arguments nouveaux, point; il se contente de ressasser, plus lourdement, ceux que mon aimable et  érudit contradicteur, Henri Albert, avait indiqués déjà : « Nietzche, prétend-il, n'est fou que depuis une dizaine, d'années ; après avoir lâché Wagner en 1876, il continua d'écrire des choses admirables ; il fut écœuré de voir Bayreuth ne pas répondre à l'idéal grec que tous — même Wagner — s'étaient fait ; ensuite, le christianisme envahissant Wagner, grâce à l'influence de sa femme, dégoûtait Nietzsche; enfin, l'Ouvreuse (die Logeschliesserin) ne sait ce qu'elle dit. » Voilà qui est net ! Schneider ist schneidig ! J'essaierai pourtant de répondre. Je sais bien que Nietzsche est en train de devenir dieu en France, depuis que deux jeunes israélites dont le nom m'échappe ont traduit (fort bien, ma foi) ce célèbre Fall Wagner si rageur, si amusant, si bourré d'erreurs — même matérielles, M. Schneider! — si inconsidérément prôné. N'importe! Vouloir faire prendre ce fumeux réclameur de clartés pour un véritable philosophe, c'est à crever de rire... Mais ceci exigerait d'autres développements... Quant à prétendre que Nietzsche était sain vers 77-78, ah non! La paralysie générale couve longtemps. L'exaltation de furieux orgueil qui a été la vraie cause de sa séparation d'avec Wagner peut même compter pour un signe notablement caractéristique de cet état latent. Et puis, quoi! « il a continué d'écrire des choses admirables » ; qn'est-ce que ça prouve ? D'abord elles paraissent surtout admirables aux Schneider; d'autres en pensent différemment ; ensuite Guy de Maupassant a écrit des « choses admirables», ou soi-disant telles, jusqu'au moment où il a empoigné un rasoir; il n'en était pas moins atteint, depuis plusieurs années, irrémédiablement."

 

WILLY, "Lettre de l'Ouvreuse", in L'Echo de Paris, 7 septembre 1897, p. 3.

Finit: "Je suis contrainte d'écrire une fois encore le nom de cet encombrant Nietzsche, ne fût-ce que pour signaler la chronique hautaine et brillante (on m'y colle mon paquet, faut voir) où un Barrisson (?) de la Presse (mes souvenirs à tes sœurs, jeune homme) ramasse à poignées les aphorismes de Zarathustra pour en cribler Wagner, Wagner « faible, qui a titubé jusqu'à s'effondrer sénile devant la croix chrétienne, dans l'idéalisme le plus mesquin... Wagner, l'Orphée des petites émotions... » — Mon Dieu, oui, toutes petites, petites; quoi de plus menu que le Crépuscule des dieux, par exemple? Ah! paradoxal Barrisson, en écrivant de telles choses, penses-tu réussir?"

 

WILLY, "Lettre de l'Ouvreuse", in L'Echo de Paris, 13 septembre 1898, p. 3.

Continue à s'en prendre aux "adorateurs" de Nietzsche.

 

WILLY, "Lettre de Bayreuth", in Comoedia, n°325, 20 août 1908, p. 1-2.

Répond à un correspondant allemand, un "nietzschéen attardé" qui le suspecte de ne pas avoir lu Nietzsche. S'exclame: "Ô Philosophe cher à Daniel Lesueur, que de coups de rasoir on donne en ton nom!" (p. 1) Réplique moqueur.

 

WILLY, "Encore Nietzsche", in Comoedia, n°327, 22 août 1908, p. 1-2.

 

L'OUVREUSE (WILLY), "Lettre de l'Ouvreuse", in Comoedia, 16 août 1909, p. 2.

Contient "Une nietzschiènne": titre éloquent... contre une jeune femme qui lit Nietzsche. Note qu'il faudrait recommander le livre de Pierre LasserreLa morale de Nietzsche, "à certains emballés des deux sexes qui voient, dans l'auteur d'Also sprach Zarathonstra, je ne sais quel révolutionnaire niveleur façon Bakounine. C'est ainsi que se le représente Mlle Saadi ; la porteuse de ce nom persan est une toute jeune Suédoise, figurante dans la revue de la Scala d'Ostende, et qui lit Nietzsche, mon Dieu oui, en guise de feuilletons.

Croyez-moi, mignonne Scandinave aux yeux fauves, votre cher Nietzsche tenait la soif d'égalité pour une tare des « civilisations descendantes » (Crépuscule des Idoles) ; il méprisait les sirènes qui chantent « Egalité » sur le forum ; il haïssait cette doctrine vénéneuse propagée par le Christianisme (Antechrist). Honorez, Saadi, honorez l'aristocratie, choisie par Lasserre de l'entretien

 

des belles mœurs ; lisez le beau livre de Jules de Gaultier, de Kant à Nietzsche, et ne cessez point d'être charmante en midinette, en matelote et, au dernier acte, en fleur de pêcher."