Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Camille Bos (1868-1907)


Philosophe et traducteur, Camille Bos est docteur en philosophie de l'Université de Berne.



BOS Camille, Pessimisme, féminisme, moralisme, Paris, Alcan, 1907.

Réunion d'articles partiellement déjà publiés et repris, difficiles à lire aujourd'hui en regard de la lutte des femmes pour les droits.

Estime que d'après la science, le féminisme est une forme de suicide social. Ainsi, note que "ceux qui ont eu surtout en vue les générations futures et leur perfectionnement aient été antiféministes: Nietzsche a l'approbation de la science" (p. 82). Le féminisme a le grand tort d'avoir appris aux femmes à penser.

Conclut: "Ces tristes considérations n'ont pas seulement la portée sociale qu'on entrevoit, elles font encore, d'un point de vue plus général, réfléchir et douter. Ainsi la vérité pourrait être malfaisante? Ainsi s'ébranlerait la foi d'un siècle qui a cru au salut par la vérité, qui, à l'exemple de Goethe, a réclamé partout la lumière ?

Ou bien y aurait-il d'autres sources de vérité que celles où nous avons puisé, et le monde aurait-il besoin d'autres soutiens que ceux de la raison et de la justice? N'avons-nous pas été trop intellectuels et à force de vouloir faire l'ange, n'avons-nous pas fait la bête ?

Et alors, l'espoir du progrès serait-il mensonger? N'avons-nous pas été trop optimistes, et ne devons-nous pas ajouter à notre lumière beaucoup d'ombre, à notre vérité beaucoup de mensonges, ainsi que dans l'air l'azote est mêlé à l'oxygène? C'est donc Ibsen qui aurait raison avec sa théorie du mensonge vital nécessaire à l'existence de chacun? En ce cas, par cela même qu'il serait vital, ce mensonge n'en serait plus un — et le mensonge cesserait d'être le contraire logique de la vérité, étant la vérité en quelque manière.

Quel scepticisme nous dégageons, en outre, des faits! Car notre foi reposait sur ce postulat que la morale individuelle et la morale sociale devaient avoir même racine et se rejoindre. Mais ce que nous avons vu ne nous a-t-il pas montré, au contraire, que l'affirmation de l'individu, sanctionnée par les lois naturelles, était inconciliable avec les exigences de la société? Si la femme revendique les mêmes droits que l'homme (ce à quoi le féminisme la conduit), la société ne peut plus subsister.

Pour que celle-ci se maintienne, faut-il donc entretenir l'injustice et la déraison, faut-il donc que se perpétue cette monstrueuse dualité des prostituées offertes en holocauste aux honnêtes femmes? C'est donc encore Nietzsche qui aurait raison avec ses deux morales, et il faudrait servir la vérité à la table des Maîtres (les hommes), le mensonge à la table des Esclaves (les femmes) ?

Obscurs cl douloureux problèmes: Peut-être la liberté et l'égalité ne sont-elles que des fantômes illusoires, — ou du moins conviendrait-il d'élargir ces notions, comme nous avons dû élargir celle de la vérité" (p. 96-97). 

 

BOS C., "Systematische Philosophie, von W. Dilthey, A. Riehl, W. Wundt, W. Ostwald, H. Ebbinghaus, R. Eucken, Fr. Paulsen, W. Münch, Th. Lipps", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°1, janvier 1908, p. 100-107.

Dans le compte-rendu consacré à l'étude de W. Wundt, signale que l'auteur constate chez les naturalistes une résurrection de la métaphysique dans trois directions : poétique, dialectique et critique. Remarque : "D'ailleurs, avant même qu'on ne le constate chez les naturalistes, le renouveau des mêmes tendances était apparu chez les philosophes eux-mêmes : Schopenhauer, Hartmann, Fechner et Nietzsche marquent un retour du caractère poétique, - tandis que la double direction dialectique est reprise, d'une part par Hegel (qui continue Platon), de l'autre par Herbart (qui continue Aristote)." (p. 102)