Bibliographie inédite des traductions de Nietzsche en français 1872-1944

(Laure Verbaere et Donato Longo)

en savoir plus

Traductions françaises de Nietzsche de 1892 à 1897


1893 Œuvre publiée en volume


Comme presque partout en Europe, Der Fall Wagner est la première œuvre traduite.

Le Cas Wagner : un problème musical, traduit par Daniel Halévy et Robert Dreyfus, Paris, Librairie Albert Schulz, 1893, 80 pages, vol. in-16.

Première traduction française en volume de Nietzsche, Der Fall Wagner. Ein Musikanten-Problem, Leipzig, Verlag von C. G. Naumann, 1888 [Krummel, I, XVII, p. 70]. Daniel Halévy a probablement travaillé à partir de la seconde édition publiée en octobre 1891 : cf. Nietzsche, Der Fall Wagner. Ein Musikanten-Problem, "vraie" 2ème édition, Leipzig, C. G. Naumann, 1892 [Krummel, I, XVIIa, p. 102]. Pour cette deuxième édition, l'ouvrage allemand est tiré à 1000 exemplaires et il reste 314 exemplaires invendus le 7 octobre 1893 ; cf. W. H. Schaberg, item 54 et Publication History.

 

Il s'agit d'une traduction entièrement revue (aperçu comparatif) de la traduction publiée au mois de janvier 1892 dans la Société nouvelle (voir ci-après: les fragments publiés dans les revues 1892-1897). Les notes des traducteurs ont été supprimées.

Avec un portrait

Avec une annonce d'édition des œuvres complètes



1893 Le premier recueil


A travers l'œuvre de Nietzsche. Extraits de tous ses ouvrages, par P. Lauterbach et Ad. Wagnon, Paris, Librairie Albert Schulz, 1893, 92 pages, vol. in-16. (Préface de Paul Lauterbach datée de mai 1893).

 

Le volume contient des extraits de tous les ouvrages de Nietzsche, de Die Geburt der Tragödie aux Dionysos-Dithyramben, classés dans l'ordre de leur publication. Le Cas Wagner est cité d'après la traduction française publiée la même année. Le recueil contient de brefs passages des nouvelles préfaces de 1886. Il ne propose aucun extrait des dernières œuvres de Nietzsche : Nietzsche contra Wagner, Der Antichrist et Ecce Homo.

Les passages choisis sont souvent brefs, parfois une seule phrase, jamais plus de quatre pages. Les textes sont presque toujours complets et, lorsque ce n'est pas le cas, les traducteurs le signalent. Ils indiquent l'édition allemande à partir de laquelle la traduction a été établie et ajoutent le numéro de page. Ils ne mentionnent jamais de numéro d'aphorisme, même quand ils en donnent une traduction intégrale. La traduction est respectueuse du texte original, mais pas toujours exacte. Il s'agit au total d'un étrange montage.

 

Paul Lauterbach (1860-1895) est un neveu du dernier éditeur de Nietzsche, C. G. Naumann. Il entre vite en relation avec Peter Gast après l'effondrement de Nietzsche et joue un rôle dans la diffusion des œuvres au tout début des années 1890. Adrien Wagnon (1854-1908) a réalisé plusieurs traductions.

 

Ce recueil est très mal accueilli par la critique en France.

Il joue un rôle dans la découverte de Nietzsche par D'Annunzio; cf. Guy Tosi, "D'Annunzio découvre Nietzsche (1892-1894)", in Italianistica, 2, n°3, 1973, p. 481-513.

 

Avec une préface

Extrait



Les œuvres publiées dans les revues 1892-1897


NIETZSCHE, « Le Cas Wagner », traduit par Daniel Halévy et Robert Dreyfus, in Société Nouvelle 1, janvier-février 1892, p. 117-147.

 

Première traduction française de Nietzsche, Der Fall Wagner. Ein Musikanten-Problem, Leipzig, Verlag von C. G. Naumann, 1888 [Krummel, I, XVII, p. 70]. Daniel Halévy a probablement travaillé à partir de la seconde édition publiée en octobre 1891 : cf. Nietzsche, Der Fall Wagner. Ein Musikanten-Problem, 2ème édition, Leipzig, C. G. Naumann, 1892 [Krummel, I, XVIIa, p. 102]. Pour cette deuxième édition, l'ouvrage allemand est tiré à 1000 exemplaires et il reste 314 exemplaires invendus le 7 octobre 1893 ; cf. W. H. Schaberg, item 54 et Publication History.

 

La traduction est presque intégrale. L'avant-propos et la "Lettre de Turin, mai 1888" ne sont pas distincts. Manque le sous-titre. Manque l'inscription latine "Ridendo dicere severum". La traduction est scrupuleuse mais manque de précision et contient des tournures maladroites et des erreurs diverses. (Aperçu comparatif)


Prénom non francisé - Nom mal orthographié
Prénom non francisé - Nom mal orthographié


Le volume ne contient pas d'introduction ni de préface mais deux longues notes des traducteurs qui présentent et contestent le point de vue de Nietzsche (p. 119 et p. 120-121). La première fois, les traducteurs commentent cette phrase : « La musique de Bizet m'apparaît parfaite » (p. 119). Ils posent la question : « L'œuvre et le musicien sont-ils bien choisis pour être opposés comme un idéal nouveau à l'œuvre d'art wagnérienne. Que Bizet soit un excellent musicien et dont la vie brève donnait les plus hautes promesses, c'est certain ; mais Carmen n'est peut-être pas le chef-d’œuvre de Bizet ». Soulignent les défauts de Carmen et rappellent que l'opposition entre Wagner et Bizet n'est pas nouvelle avant de regretter clairement : « Certes les wagnériens sont souvent agaçants et ne ressemblent à leur chef d'école que d'une manière mnémonique, mais peut-être pour l'appui de sa cause et de sa réclamation de philosophe désireux de voir figurer sur les scènes autre chose que l'éternel Wotan, Nietzsche oublie-t-il trop facilement les grimaces en roulades et les entrechats faciles des motifs, qui caractérisent les imitateurs, des créateurs de l'ancien opéra. » Remarquent enfin : « Après le triomphe de Wagner en ses efforts de construction de grandes fresques musicales, une réaction devait se produire en faveur d'une musique plus facilement isolable. Cette réaction règne d'ailleurs parmi bien des wagnériens sérieux, ceux par exemple de la jeunesse française. » (p. 119)

La seconde note est insérée à la suite de la phrase : « Cette œuvre aussi est rédemptrice » (p. 120) et concerne l'éloge du Midi. Les traducteurs notent : « Il y a évidemment dans la pensée de Nietsche (sic), un peu de confusion entre l'atmosphère du sujet, sa couleur, le talent du musicien et le sujet du poème de Carmen ; aussi croit-on remarquer que l'homme du Nord qui descend dans le Midi éprouve généralement ce besoin d'art plus clair, coloré, mobile. Sans doute Nietzsche a-t-il raison de demander la méditerranisation de l'art, mais encore oublie-t-il qu'au temps de Wagner le Midi était frappé de décadence et d'improductivité ; c'est après qu'une des deux grandes travées humaines de l'Europe, le Nord ou le Midi, a donné sa note la plus éclatante, que l'autre, piquée au jeu ou reposée par une assez longue inaction, tâche de saisir et de faire ressentir son génie propre. » (p. 120)


NIETZSCHE, « L'Antéchrist. Essai d'une critique du christianisme », traduit par Henri Albert, in Société nouvelle, 7, janvier 1895, p. 87-104. [7]

 

 

 

Traduction de Der Antichrist. Introduit brièvement : « Pendant l'automne de l'année 1888 - son dernier automne - il commença la rédaction de son travail et écrivit L'Antéchrist du 3 au 30 septembre à Sils Maria et à Turin » (p. 87).

 

La traduction est réalisée à partir du tome VIII de l'édition des œuvres complètes de Nietzsche publiée en Allemagne sous la direction de Fritz Kögel à partir de l'automne 1894. Cf. Der Fall Wagner. Götzen-Dämmerung. Nietzsche contra Wagner. Der Antichrist. Gedichte, Leipzig, Druck und Verlag von C. G. Naumann, 1895 [Krummel, I, GVIII, p. 138]. Tiré à 1000 exemplaires, le livre paraît en Allemagne à la fin de mois de novembre 1894 ; cf. W. H. Schaberg, item 60 et Publication History.

Cette traduction sera reprise avec quelques modifications dans le Crépuscule des idoles, premier volume de l'édition des œuvres complètes qui paraît en 1899. La suite est publiée au mois de février 1895.

 

Le texte français est intégral. Il contient même un des quatre passages qui ont été supprimés dans l'édition allemande, l'adjectif « jeune », allusion à l'Empereur qui a été censurée dans l'édition Kögel. Cf. OPC, tome VIII, « Notes et variantes de L'Antéchrist », p. 482-483.

 

 

NIETZSCHE, « L'Antéchrist. Essai d'une critique du christianisme (suite) », in Société nouvelle, 7, février 1895, p. 208-222.

Suite.

 

NIETZSCHE, « L'Antéchrist. Essai d'une critique du christianisme (suite) », in Société nouvelle, 7, mars 1895, p. 390-399.

Suite.

 

NIETZSCHE, « L'Antéchrist. Essai d'une critique du christianisme (suite) », in Société nouvelle, 7, mai 1895, p. 657-671.

Suite.

 

NIETZSCHE, « L'Antéchrist. Essai d'une critique du christianisme (suite et fin) », in Société nouvelle, 7, juin 1895, p. 778-784.

Suite et fin.


Les fragments publiés dans les revues 1892-1897


Plusieurs articles publiés en 1892 contiennent des fragments traduits des œuvres de Nietzsche. Ils figurent dans les publications de l'année 1892.

NIETZSCHE, « Au-delà du Bien et du Mal », in Le Banquet, avril 1892, p. 36-40.

 


Selon les traducteurs, Daniel Halévy et Fernand Gregh qui signent D. H. et F. G., les deux extraits « donnent une idée assez juste de deux thèses fondamentales de Nietzsche, concernant l'une la Morale, l'autre la Religion » (p. 36). Il s'agit d'une mauvaise traduction de deux aphorismes extraits de Au-delà du Bien et du Mal, Introduction à une philosophie de l'avenir. L'ordre est modifié puisqu'il s'agit successivement des aphorismes 260, « les deux morales »,  et 62, « le rôle social du christianisme ». Le numéro des aphorismes n'est pas indiqué.

Le texte n'est pas intégral et la traduction rend souvent le sens obscur. (lire)

NETHY Jean de, « Nietzsche-Zarathustra », in Revue Blanche, tome 2, n˚7, avril 1892, p. 206-212

 

Propose un très bref exposé de la vie de Nietzsche et donne une idée de la doctrine principale de Nietzsche à l'aide de « citations caractéristiques » morcelées qui, selon Néthy, montrent qu'elle « est en désharmonie cruelle avec les tendances actuelles ».

 

 

W.P. « Ainsi parla Zarathustra », in Société Nouvelle 1, avril 1892, p. 390-401.

Six passages extraits de Ainsi parla Zarathustra. Trois proviennent de la première partie : « Du lire et de l'écrire », « De l'ami », « Des vieilles et des jeunes petites femmes » ; trois sont tirés de la deuxième partie : « Des savants », « Des vertueux », et enfin « De la canaille ». Le texte est respecté et la traduction littérale.

 



DREYFUS Robert, « La philosophie du marteau », in Le Banquet, mai 1892, p. 65-74.

Traduit de longs passages du Crépuscule des idoles. La traduction est plutôt bonne en regard du texte actuel et aussi par rapport à ce qui se publie à l'époque.



MESNIL Georges, « Dithyrambes et Dionysos », in Société Nouvelle 1, juin 1892, p. 744-750.

Extraits des Dionysos-Dithyramben : comprend six des neufs dithyrambes.


Traduction française réalisée à partir de Nietzsche, Also sprach Zarathustra. Ein Buch für Alle und Keinen. Vierter und letzter Theil, Leipzig, C. G. Naumann, 1891 [Krummel, I, XIX, p. 108]. Elle comprend six des neufs dithyrambes que Peter Gast a publiés à la suite de cette quatrième partie de Zarathoustra. Peter Gast a choisi de laisser de côté trois dithyrambes qui sont une reprise de poèmes qui appartiennent à la quatrième partie de Zarathoustra : « Nur Narr, nur Dichter », « Unter Töchtern der Wüste » et « Klage der Ariadne » ; cf. Janz, op. cit., tome III et OPC, tome VIII, vol. 2, « Note des éditeurs », p. 7.

 

NIETZSCHE, « Fragments », in Revue Blanche, tome 3, n˚11, août-septembre 1892, p. 95-100.

Traduction signée D. H. pour Daniel Halévy qui explique en préambule : « Dans notre numéro d'avril, nous annoncions un article sur Nietzsche. Mais depuis, les circonstances ont changé : de nombreux articles ont mis le public au courant de la direction générale de la pensée de Nietzsche. C'est sans doute aussi la réponse la plus efficace qui se puisse faire à ceux qui persiste à faire de Nietzsche un nihiliste et un pessimiste » (p. 95).


Explique : « Tous nos extraits sont tirés d'Au-delà du Bien et du Mal, introduction à une philosophie de l'Avenir. Ce livre est divisé en 296 courts chapitres. Chacun de nos extraits formes un de ces chapitres et est précédé de son numéro d'ordre » (p. 95).

Traduction des aphorismes 212, 284, 287, 292, 293, 267, 272 et 56 tirés de Au-delà du Bien et du Mal. Introduction à une philosophie de l'avenir.



DWELSHAUVERS Georges, « Etudes sur Friedrich Nietzsche. I Introduction », in Société nouvelle, octobre 1892, p. 470-481.

Traduction d'une lettre inédite de Nietzsche à Peter Gast. Il s'agit d'une lettre datée du 1er février 1883.

Traduction intégrale et correcte de « De l'homme supérieur », extrait de Zarathustra IV.

G. Dwelhauvers précise que le fragment traduit tient lieu d'introduction à une étude qu'il compte publier prochainement. Il ne publiera en fait rien sur Nietzsche avant 1909.

 

 

NIETZSCHE, « Fragments de Nietzsche », in Revue Blanche tome 3, n˚13, novembre 1892, p. 251-260. Traduits par Daniel Halévy.

 

Fragments traduits par Daniel Halévy qui précise que le texte est établi selon l'édition allemande de C.G. Naumann de Leipzig.


Aphorismes 257, 258 et 262 de Au delà... réunis sous le titre « L'aristocratie ». Sous le titre « L'âme supérieure » sont réunis les aphorismes 261, 265, 273 de Au delà..., l'aphorisme 314 de Les lueurs de l'aurore, et les aphorismes 182, 270 à 275 et 108 de La joyeuse science. Le tout se conclut par un extrait de Ainsi parla Zarathustra, extrait qui provient de « Von der schenckenden Tugend ».

Sept des aphorismes attribués à Les lueurs de l'aube proviennent en réalité de La joyeuse science. L'intégralité du texte n'est pas respectée pour tous les aphorismes : des passages sont manquants pour les aphorismes 257 et 273 de Au delà.... La qualité de la traduction est très douteuse : « der Uebermensch » est traduit par « l'Homme ». Elle est particulièrement mauvaise pour l'aphorisme 182 de La joyeuse... et les aphorismes 270 et 273 sont traduits ainsi :

« 270 (ibid.). - Que dit ta conscience? - Tu dois être qui tu es.

(...)

273 (ibid.). - Qui est mauvais, selon toi. - L'humble » (p. 260).

 

NIETZSCHE, « De l'homme supérieur », traduit par Hugues Rebell et Ph. Otten, in L'Ermitage, tome 6, avril 1893, p. 263-271.

Extrait de la quatrième partie de Nietzsche, Also sprach Zarathustra, « De l'homme supérieur », qui a déjà été traduit en français et publié en octobre 1892.



L'extrait est précédé d'une longue note d'introduction dans laquelle Hugues Rebell explique : « Nous croyons utile à cette époque d'égalité et de bas socialisme, de donner ce fragment de Nietzsche qui semble le testament intellectuel du grand penseur ». Rebell continue en précisant la portée rectificatrice du fragment qu'il propose : « Comme on le verra en ce chapitre, le philosophe allemand ne ressemble en rien à ce panégyrique des Nemrods, à ce phénomène monstrueux qu'on exhiba ». Il insiste sur l'inactualité de Nietzsche : « (...) une morale qui s'adresse aux aristocrates de la pensée, et qui ne s'occupe pas du bonheur de la multitude, a des chances de déplaire en un temps où l'homme qui s'élève vers la Beauté est regardé comme un criminel, où l'on traite d'égoïstes ceux qui vivent pour une Idée ». Il enchaîne aussitôt, permettant au passage de comprendre que la traduction ne correspond pas chez lui à une volonté d'assurer aux idées de Nietzsche une diffusion auprès du plus large public possible : « Aussi n'avons-nous pas à craindre que Nietzsche devienne populaire ». Enfin, il s'adresse à l'élite, seule capable de comprendre Nietzsche : « (...) nous souhaitons vivement que ceux qui ont déjà en eux sa pensée dans l'ombre de leur âme, la sentent tressaillir à cette lecture et acquièrent chaque jour plus de ferveur pour elle. (...) Que ce coup d'archet du génie éveille donc toute la musique endormie des cordes, que les âmes qui chanteront à son appel révèlent ainsi leur spiritualité! ».

Sur la traduction: lire

 

 

PARAZZOLI Maria, "Morgenröthe (Aurores) par Friedrich Nietzsche", in L'Art Social, novembre 1893, p. 289-293.

Traduction française de la préface de l'édition de 1887.


Georges Marie BALTUS, "Frédéric Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra", in Le Mouvement littéraire, n°47, 8 janvier 1894, p. 371-373.

Fragment traduit: "Des trois maux".

Référence d'après Flaurette Gautier, L'écriture artiste de Jean Delville (1888-1900), mémoire de Master 1, Université de Tours, 2011, p. 89.

S'agit-il de la référence à la même traduction ou d'une autre? (Livre de C. G. Naumann, GSA, Weimar)
S'agit-il de la référence à la même traduction ou d'une autre? (Livre de C. G. Naumann, GSA, Weimar)

NIETZSCHE, « De la vertu qui rapetisse », in L'Ermitage, tome 8, février 1894, p. 65-70. Traduit par Hugues Rebell et S. Brandeis.

Traduction intégrale de « De la rapetissante vertu », extrait de la troisième partie de Also sprach Zarathustra. Cf. OPC, tome VI, p. 188-193.

Les traducteurs commettent autant sinon plus d'erreurs et de maladresses qu'en 1893. Ils suppriment encore des passages. Ils traduisent par exemple « bruissement » au lieu de « mugissement », « Ainsi » au lieu de « Hélas », « beaucoup » pour « trop » ou encore « toujours » pour « donc ». Ils proposent « athée » au lieu de « impie » et omettent « le sans dieu ». Ils écrivent encore « blâmer » au lieu de « blasphémer ». (Cf. OPC, tome VI, p. 188-193)


 

Anonyme, « Pensées de Nietzsche », {Journaux et revues}, in Mercure de France tome 10, n˚52, avril 1894, p. 374.

Un extrait de Nietzsche cité à partir de L'Art social et un extrait de Nietzsche cité d'après Rebell et Brandeis (trad.), « De la vertu qui rapetisse ».

 

 

 

NIETZSCHE, « Zarathoustra devant le Roi », in L'Epreuve littéraire, supplément français de PAN, n˚1, avril 1895, p. 2.

 

Traduction de Nietzsche, « Zarathustra vor dem Könige », in Pan, tome 1, n˚1, avril 1895, p. 1 [Krummel, I, AK, p. 151]. Le fragment est introduit et traduit par Henri Albert. Il est précédé d'une « Allegorie zu Nietzsches Gedichtfragment "Zarathustra vor dem Könige" » de Hans Thoma. Il s'agit d'un extrait de la quatrième partie de Zarathoustra.

 


Traduction intégrale précédée d'une courte introduction d'Henri Albert.


NIETZSCHE Friedrich, « De la pauvreté du plus riche », in L’idée moderne, mai-juin 1895, p. 135-139.

Traduction d'Henri Albert.

 


NIETZSCHE, « Le géant », in Supplément français de PAN, n˚2, juin 1895, p. 9.

Extrait traduit par Henri Albert avec un dessin de Ernst Moritz Geyger. Cf. Nietzsche, « Die Riese » in Pan, tome 1, n˚2, juin 1895, face à la page 94 [Krummel, I, AL, p. 154]. C'est à l'époque un texte inédit : il a été directement communiqué par le Nietzsche-Archiv. Il appartient aujourd'hui aux fragments posthumes. Cf. OPC, tome XIV, p. 237.


Le passage est intégralement mais curieusement traduit : Henri Albert traduit par exemple « talon » au lieu de « orteil ». Surtout, il choisit de rendre le jeu de mot entre « Riese » et « rieseln » en traduisant « géant » et « gigoter », ce qui rend le passage assez curieux. Difficile de saisir pourquoi les nains se noieront si le géant gigotte. Aujourd'hui, le traducteur accorde moins d'importance au jeu de mot et cela facilite la compréhension de l'ensemble, du début notamment :« Mes frères, dit l'aîné des nains, nous sommes en danger. Ce géant, j'ai bien compris son manège : il s'apprête à nous arroser - de son jet. Quand un géant lâche son eau, c'est un déluge... Et nous sommes perdus, s'il pleut ainsi sur nous. Sans parler de l'atroce élément dans lequel alors nous nous noierons (...) » (Cf. OPC, tome XIV, p. 237)

 

 

 


 

NIETZSCHE Friedrich, « Lire et écrire », in L’idée moderne, 15 septembre 1895, p. 180-181.

 

 

NIETZSCHE, « La jeune critique », in Supplément français de PAN, n˚3, octobre 1895, p. 21. Traduit par Henri Albert.

L'extrait est tiré de Jenseits von Gut und Böse. Il s'agit de l'aphorisme 31 du chapitre II, « L'esprit libre ». Cf. OPC, tome VII, p. 50-51.


Henri Albert offrira plus tard une toute autre traduction de cet aphorisme. Cf. Par delà le bien et le Mal, traduit par Henri Albert, Paris, éditions du Mercure de France, 1903.

lire
lire

 

Des fragments de NIETZSCHE traduits par Henri Albert auraient été publiés dans une revue nommée l'Aube.

Cf. Remy de Gourmont, Essai de bibliographie, op. cit.

Aucun exemplaire de cette revue n'a été retrouvé pour confirmer cette information.

 

 

GRAM Warner, « Du fond de la solitude du penseur à l'époque de la Gaie science », in Société nouvelle, janvier 1897, p. 43-48.

Traduction de vingt-neuf aphorismes qui seront publiés ensuite dans le tome XII de la Gesammtausgabe (n˚79, 93, 111, 114, 115, 117, 118, 119, 121, 123, 125, 126, 127, 129, 130, 131, 132, 134, 135, 136, 137, 141, 143, 144, 145, 150, 151, 152, 155).

Traduction de Nietzsche, « Aus der Einsamkeit des Denkers. Zeit der Fröhlichen Wissenschaft 1881 bis 1882 », in Neue Deutsche Rundschau, tome 7, n˚10, octobre 1896, p. 1022-1027 [Krummel, I, AQ, p. 175-176]. Cette référence est citée d'après Paul Delsemme, « Le cosmopolitisme littéraire à l'époque de Paul Gérardy à travers la Société nouvelle, revue internationale (1ère série, 1884-1897) », in Autour de Paul Gérardy. Médiateurs & Médiations littéraires & artistiques à l'époque du Symbolisme entre l'Allemagne, la Belgique & la France, colloque de littérature comparée de Liège, 19-21 mars 1980, publié par Jean-Marie d'Heur et Armand Nivelle, Liège, 1984, p. 101-120.

D'après une carte postale d'Henri Albert à Fritz Kögel du 6 janvier 1897, le traducteur serait un certain Warner Graon.

 

 


NIETZSCHE Friedrich, « Peuples et patries », in Revue de Paris, vol. 4, n°2, 15 janvier 1897, p. 263-278.

Extraits du huitième chapitre de Par delà le bien et le mal, traduit par Henri Albert et annoncé à paraître prochainement aux éditions du Mercure de France, en même temps qu'Ainsi parlait Zarathoustra.

 

 


 

HALEVY Daniel et DREYFUS Robert, « Frédéric Nietzsche : étude et fragments », in Revue Blanche, tome 12, n˚87, 15 janvier 1897, p. 57-68.

Traduction de deux fragments autobiographiques de Nietzsche. Le premier est intitulé « Début d'une petite autobiographie intitulée Aus meinem Leben » (p. 62-63). Le second fragment n'a pas de titre. Traduction d'un chapitre du Crépuscule des idoles, « Le problème de Socrate ».

NIETZSCHE, « La Morale ou la Contre-nature », in Revue Blanche, tome 12, n˚92, 1er avril 1897, p. 346-349. Traduit par H. Lasvignes

 

Traduction du chapitre entier extraits de Goetzen-daemmerung, soit les six paragraphes qui composent le chapitre cinq du Crépuscule des Faux-Dieux. Cf. OPC, tome VIII, « La morale, une anti-nature », p. 82-87.

 

 

LICHTENBERGER Henri, « Quelques lettres inédites de Nietzsche », in Cosmopolis, mai 1897, p. 460-474.

 

Cf. Krummel, I, AU, p. 196.

Entend prouver que Nietzsche n'était pas un ennemi de la femme comme certains le prétendent et comme certains de ses écrits pourraient le laisser présumer : « La légende qui s'est formé autour du nom de Nietzsche veut qu'il ait été, à l'exemple de son maître Schopenhauer un contempteur impertinent et acerbe de la femme. On cite de lui des aphorismes "cruels" dans le goût de celui-ci : "Tu vas chez les femmes? N'oublie pas le fouet!" ou encore cet autre : "Une femme savante doit avoir quelque tare physiologique". Tout récemment sa réputation de misogyne a même été consacrée par un petit scandale public : les journaux ont relaté, au début de l'année dernière, les mésaventures d'un privat-docent d'une université suisse, qui, pour avoir trop complaisamment disserté sur certaines opinions irrévérencieuses du maître à l'égard du beau sexe, s'était vu ignominieusement "conspué" d'abord, et ensuite abandonné par la moitié de son auditoire. Ceux qui seraient tentés, sur ces données, de se représenter Nietzsche sous les traits toujours légèrement ridicules d'un ennemi des femmes ne liront pas sans quelque étonnement les lettres publiées à la suite de cet article (...) » (p. 460).

Evoque l'état de santé de Nietzsche : « (...) Nietzsche ressentait alors les premières atteintes de ce mal terrible qui a changé sa vie en un long martyre et qui, tandis qu'il écrivait ces lettres, faisait parfois déjà trembler sa main et altérait l'harmonie de sa magnifique écriture de philologue » (p. 461).

Explique qu'il veut « accorder deux personnages en apparence si contradictoires » : « (...) le Nietzsche impertinent et misogyne de la légende et le Nietzsche sentimental et un peu rêveur qui sait si bien goûter le charme d'une amitié de femme et que laissent entrevoir ces lettres »  (p. 461).

S'étonne des « colères » qu'elle a soulevées chez certains commentateurs et insiste : « Mais ce serait une lourde erreur que de prendre Nietzsche, sur la foi de leurs démonstrations hostiles, pour un contempteur des femmes » (p. 468).

Rapporte que Nietzsche « ignora toujours le grand amour comme l'amour vulgaire » et conclut : « Si peu que nous connaissions encore de sa biographie, du moins savons-nous qu'à diverses reprises il a eu des femmes pour amies et pour confidentes : sa soeur, Mme Förster-Nietzsche, qui vient de raconter l'histoire si attachante de sa jeunesse, Mlle Malvida de Meysenbug, l'auteur des Mémoires d'une idéaliste, Mme Lou Andreas-Salomé, la confidente de ses angoisses intellectuelles et morales, à qui nous devons l'étude la plus pénétrante qui ait paru sur l'évolution des idées de Nietzsche » (p. 469).

Traduction d'un ensemble de lettres de Nietzsche à Louise Ott.

 

 

NIETZSCHE, « Nietzsche contre Wagner », in Revue Blanche, tome 13, n˚100, 1er août 1897, p. 167-178. Traduit par H. Lasvignes

Traduction presque intégrale de Nietzsche contra Wagner. Henri Lasvignes traduit l'avant-propos, sept des dix chapitres et l'épilogue. Le poème manque. Les chapitres manquants sont « Intermezzo », « Où Wagner est à sa place » et « Le psychologue prend la parole ».

 

 

NIETZSCHE, « Pensées vagabondes d'un intempestif », in Revue Blanche tome 13, n˚103, 15 septembre 1897, p. 401-415. Traduit par H. Lasvignes

Traduction de la fin du chapitre « Divagations d'un inactuel », extrait du Crépuscule des idoles.

Le début, de 1 à 32 manque ; il a été en grande partie déjà traduit et publié en 1892 (Cf. Robert Dreyfus, « La philosophie du marteau », in Revue Blanche, 1892). Lasvignes traduit presque toute la fin à partir de 33. Il supprime, sans l'indiquer, les paragraphes 41 et 46.

 

 

NIETZSCHE, « De la chasteté », in Le Thyrse, tome 2, n°1, octobre 1897, p. 23-24.

Traduit par Henri Albert.