Relevé inédit de Nietzsche dans les cours, les conférences, au théâtre... de 1868 à 1940
Recueillies dans les revues et dans la presse (Laure Verbaere, mis à jour en novembre 2024)
"— Ce n’est, ni à Nietzsche. ni à William James que je dois ce que je suis; c’est à Georges Sorel. Nietzsche m’a enchanté lorsque j’avais 20 ans. Williams James m’a été également d’une grande utilité, en ce qu’il m’a enseigné qu’une action doit être jugée par ses résultats, plutôt que par sa base doctrinaire. Mais, je le répète, c’est à Georges Sorel que je dois le plus. C’est à ce grand maître qui, par ses âpres théories sur la formation révolutionnaire, a contribué le plus fortement à cette discipline, à cette énergie collective, à cette puissance des masses de cohortes fascistes."
En face, ces messieurs ont dû recevoir, un jour, l'ordre de nous tirer dessus de huit heures à dix heures. (...)
Pendant ces heures d'agitation, nous nous terrons tranquillement dans les chambres de repos; nous faisons notre correspondance, nous lisons, nous devisons entre nous.
Un instituteur réunit dans un coin quelques illettrés et leur fait un cours patient et bienveillant.
Un professeur de philosophie, pour ne pas perdre l'habitude de la parole, nous fait de fréquentes conférences. Il nous a parlé de la condition de la femme en Allemagne en tirant des conclusions des sentiments exprimés par quelques philosophes allemands et même par le Kaiser. (...)
Le conférencier nous cite cette pensée de Nietzsche: "Tu vas chez les femmes, n'oublie pas le fouet." Cette autre encore du même auteur: "L'homme doit être élevé pour la guerre et la femme pour le délassement du guerrier."
Puis celle-ci, toujours de ce philosophe délicat qui a le plus contribué à conférer à nos odieux ennemis les sentiments de présomption et d'orgueil dont ils sont imbus: "Que l'homme redoute la femme quand elle hait, car, au fond du coeur, l'homme n'est que méchant, mais au fond du cœur, la femme est mauvaise."
Nos échos, in L'Intransigeant, 1er mars 1907 [Hugo, Nietzsche et Rodin]