Nietzsche dans la presse et les revues françaises (1914-1918)

(Laure Verbaere, 2013)



Ce petit dossier a été réalisé à partir d'écrits publiés dans la presse et les revues françaises d'août 1914 à novembre 1918. Il tente d'offrir un aperçu de l'éventail des propos sur Nietzsche, sans prétention à constituer un corpus de textes. Cet échantillon d'extraits suggère que si la mode du nietzschéisme connaît une éclipse, Nietzsche est moins la victime d'un déchaînement de passions nationalistes -à quelques rares exceptions près- que l'objet d'un profond débat, soit un facteur de division nationale. Il montre par ailleurs assez nettement que l'instrumentalisation de la "francophilie" de Nietzsche est au contraire facteur d'unité nationale, ce qui jette un éclairage nouveau sur la notion, suspecte à juste titre, de "Nietzsche français" (voir)


Si Nietzsche avait survécu jusqu'en 1914, peut-être eût-il, en bon Allemand, et même en bon Prussien, applaudi aux victoires putatives qu'annonce leur état-major. Mais nous avons le droit d'espérer, sans trop de témérité ni de complaisance, qu'il aurait encore trouvé des larmes pour pleurer la destruction de Louvain et le bombardement de Reims.

Parmi les hommes que l'on incrimine, à qui l'on attribue ce vertige de violence, il en est un dont le nom revient souvent sur les lèvres ou dans les écrits : FRÉDÉRIC NIETZSCHE. On le cite volontiers; on le lit plus rarement.



On a fait pour Nietzsche comme pour Wagner et pour d'autres: trop ignares pour rien connaître de sa pensée, certains l'ont traîné sur la claie en usant contre lui des injures les plus sottes.

(...) la plupart de nos nietzschéens sont devenus depuis trois ans, comme par un coup de baguette magique, les plus farouches séides du « droit et de la civilisation ».

(...) si peu de gens prêtent attention au sort des anciens combattants rentrés dans la vie civile. (...)

Oh ! je sais bien, on les traitera de héros, de surhommes, on les couvrira de fleurs ; un peu moins de récompenses honorifiques!