Pierre Valin (1836-1923)


Journaliste français


VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. Science et philosophie", in La Phalange, 20 juin 1909, p. 159-177.

Suite le 20 juillet et fin le 20 août 1909.

Commence: "Malgré les différences personnelles de tempérament, de génie, d'habitudes, les penseurs les plus en vue d'une

période intellectuelle semblent être entraînés, quelquefois malgré eux, par un même courant, vers une même direction. (...), la tendance générale du siècle dernier, particulièrement en France, a été marquée avec tant de netteté qu'il n'est pas difficile de la caractériser": "démontrer  l'impossibilité radicale de toute philosophie sérieuse".

Insiste: "Je me suis, après tant d'autres, laissé entraîner à défendre la philosophie. C'est qu'elle fut tant attaquée dans ces dernières années !" Nietzsche a "maltraité la philosophie" (p. 161) et les "philosophes de vocation ou de profession ne l'ont guère ménagée, eux non plus. La plupart ne songent plus à édifier, mais à détruire ; les grandes constructions métaphysiques du début du siècle, celles de Hegel, par exemple, sont considérées plutôt froidement. Comme les Ribot, les Janet, les Binet, on aspire surtout à faire de la philosophie une partie des sciences d'observation, d'expérimentation, d'analyse.

Bilan: "(...) tandis que les uns nient toute philosophie non expérimentale ; que les autres, suivant la même idée, appliquent à des observations leurs facultés généralisatrices, un troisième groupe, celui des ratiocineurs, s'efforce, selon l'expression de M. Rageot, « de replâtrer le Kantisme selon la marche de la science » ou d'adapter le positivisme à un certain idéalisme qui lui ressemble comme un frère cadet.

Observe: "De Fichte à Schelling, de Schelling à Hegel, puis, indirectement, à Schopenhauer et à Nietzsche, la négation du monde est allée s'affirmant, et ses adeptes sont toujours plus certains de la vérité de leur erreur" (p. 165)

Montre les similitudes entre Nietzsche et Haeckel (p. 168) et Nietzsche et Henri Poincaré (p. 169) quant à la "valeur" de la vérité. Cf. Poincaré, La Valeur de la science et La science et l'hypothèse.

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. L'évolution et la psychologie comparée", in La Phalange, 20 juillet 1909, p. 235-250.

Suite de l'article publié le 20 juin 1909; sera suivi de la fin le 20 août 1909.

 

Sur le "dieu Hasard de Nietzsche" (p. 242) et sur les similitudes entre le Dr. Janet et Nietzsche (p.  248).

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite) Les mystiques modernes", in La Phalange, 20 août 1909, p. 375-383.

Fait suite aux articles du 20 juin et du 20 juillet 1909.

S'intéresse au point de vue moral et note: "de cette conception d'activité, de force, dominante dans les penseurs contemporains des écoles les plus diverses ; de ce désir, même morbide, de s'assujettir les entités que certains soupçonnent sous la matière et au

centre des phénomènes physiques ; de cette tendance à prendre possession d'un domaine dont la science a tant reculé les limites ; de tout cela doit surgir une morale plus hautaine, plus vigoureuse et plus active, proche parente de la morale des maîtres, comme dit Nietzsche." (p. 379)

Analyse, Guyau puis Nietzsche (p. 379-381). Sur Nietzsche, conclut: "Dans les époques de grande force et d'activité forcenée, les grandes natures se sont souvent imposées au monde par des égoïsmes débordants, créateurs de grandes choses, mais dont les heurts étaient terribles : leur immoralité était la morale de Nietzsche de « Par delà le bien et le mal ». Quelques auteurs, renchérissant sur cette idée, ont proclamé l'immoralité ou l'amoralité de l'avenir : je ne crois pas qu'il faille s'y arrêter longtemps." (p. 381)

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite et fin)", in La Phalange, 20 septembre 1909, p. 385-404.

Voir les articles du 20 juin, 20 juillet et 20 août 1909.

Conclut qu'on peut "dire que la période ouverte par les travaux du 19e siècle qui ont élargi le domaine de l'esprit sera une

période d'activité spirituelle intense et, peut-être, sans précédent. Une énergie plus grande circulera parmi l'humanité. (...) Quels seront, dans cette période nouvelle, les porte-paroles de la philosophie ? Je ne me charge pas de le deviner. Cependant, je crois utile de citer ceux qui, en France, dans le moment présent, peuvent, à mon sens, être considérés comme les représentants les plus remarquables de la pensée moderne ; je veux dire : MM. Poincaré, Le Bon, Bergson, et Warrain, les trois premiers pourvus de toutes les estampilles officielles nécessaires pour parvenir à la célébrité, le dernier, penseur solitaire, mais non moins remarquable.

M. Poincaré est proclamé le plus grand mathématicien vivant ; il est membre de l'Académie des Sciences, membre de l'Académie Française, professeur de mécanique céleste."

Finalement: "Il n'est donc point de vérité absolue et M. Poincaré serait un suivant de Nietzsche ? La science, comme la philosophie, n'a qu'une valeur, celle de sa commodité et de la richesse de ses applications ; mais, dit à peu près le savant mathématicien, la science pratique n'a d'autre valeur que de nous mettre à même de penser plus librement. « La seule réalité objective, dit-il, ce sont les rapports des choses d'où résulte l'harmonie universelle. Ils ne sauraient être conçus en dehors d'un esprit qui les conçoit» mais ils «sont objectifs parce qu'ils sont, deviendront ou resteront communs à tous les êtres pensants ».