Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

Alfred Fouillée (1838-1912)


Alfred Jules Emile Fouillée fut tout d’abord philosophe mais aussi un des premiers sociologues français. Il enseigna la philosophie à partir de 1864 aux lycées de Montpellier et de Bordeaux. Il fut nommé maître de conférences à l’École Normale Supérieure en 1872, quand il reçut le titre de docteur en philosophie. Pour des raisons de santé il cessa l’enseignement en 1875 et se consacra à la recherche philosophique. Il élabora un système philosophique fondé sur des états psychiques qu’il appelle des « idées- forces », notion par laquelle il essaya de réconcilier l’idéalisme métaphysique et le positivisme scientiste de l’époque. En sociologie, l’œuvre de Fouillée porte sur le problème des élites, et il reste un penseur élitiste du libéralisme bourgeois de la Belle Epoque: chez lui, c’est le refus simultané des positions égalitaires et des thèses aristocratiques, tout en voulant réconcilier les deux par l’établissement d’une méritocratie dans le domaine social, une sorte d’élitisme républicain (« la nature entière progresse par le développement des supériorités et par la marche en avant des meilleur » (A. Fouillée, « L'Éducation et la sélection », in Revue des deux mondes, t. XCIX, 1890, p. 579).



Sur Fouillée, voir aussi l'article dans encyclopedia.com -[Don Longo] Voir aussi Dubost Franck, « Alfred Fouillée (1838-1913) », in Anamnèse, Petite anthologie des auteurs oubliés, 2005, vol. 1, no 0, pp. 55‑68. [Contient une bibliographie sélective] et Morgan Gaulin, "Un illustre oublié: Alfred Fouillée, de Platon aux idées-forces", in French Studies Bulletin, Volume 29, Issue 106, 1 March 2008, pages 17–19. [L.V.]

FOUILLEE Alfred, "L'hégémonie de la science et de la philosophie", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 41, n˚1, janvier 1896, p. 1-25.

Remarque : "(...) pour quiconque n'a pas la prétention d'être un philosophe novateur ou créateur, il vaudra mieux souvent suivre l'impulsion de son "cœur" ou s'en rapporter à la "sagesse des nations". Le philosophe même, ayant appris de Socrate et de Kant combien notre science est bornée, hésitera à mettre, comme Nietzsche, son opinion personnelle au-dessus des conditions universelles de la société où il vit" (p. 16).

 

FOUILLEE Alfred, Le mouvement idéaliste et la réaction contre la science positive, Paris, Alcan, 1896.

"Il est donc bon que, dans les questions qui intéressent à la fois les autres et nous, nous tenions compte de l'héritage social. En ce sens, pour quiconque n'a pas la prétention d'être un philosophe novateur et créateur, il vaudra mieux souvent suivre l'impulsion de son « cœur » ou s'en rapporter à la « sagesse des nations ». Le philosophe même, ayant appris de Socrate et de Kant combien notre science est bornée, hésitera à mettre, comme Nietzsche, son opinion personnelle au-dessus des conditions universelles de la société où il vit et, à moins de folie, il ne se constituera pas « super-homme »." (p. LVIII)

 

FOUILLEE Alfred, "La morale de la vie selon Guyau et selon Nietzsche", in Revue bleue, tome 11, n˚13, 1er avril 1899, p. 385-387.

 

FOUILLEE Alfred, La France au point de vue moral, Paris, 1900.

5ème édition en 1911.

 

FOUILLEE Alfred, "La religion de Nietzsche", in Revue des Deux Mondes, tome 1, 1er février 1901, p. 563-594.

 

FOUILLEE Alfred, "Les jugements de Nietzsche sur Guyau d'après des documents inédits", in Revue philosophique de la France et de l'étranger tome 52, n˚12, décembre 1901, p. 569-599.

 

FOUILLEE Alfred, Histoire de la philosophie, Paris, Delagrave, 9ème édition, 1901.

Plusieurs évocations de Nietzsche.

L'édition originale publiée en 1875 ne contenait pas le nom de Nietzsche.

 

FOUILLEE Alfred, La réforme de l'enseignement de la philosophie, Paris, A. Colin, 1901.

Note: "Après le culte cousinien du lieu commun, sous le nom de sens commun, nous avons aujourd'hui le culte du paradoxe. Le succès du nietzschéisme en Allemagne et le succès d'un certain «contingentisme» en France nous en paraissent deux éclatants témoignages; nietzschéisme et contingentisme s'accordent d'ailleurs dans la guerre aux principes de la raison, à tout « rationalisme ». Le rationalisme une fois détruit, la question n'est plus que de savoir si on se jettera dans le sein de l'Église ou dans la morale du Surhomme. Des deux côtés, c'est la raison remplacée, abolie, ou par le sentiment ou par le culte de la puissance, Wille zur Macht. Les classes de philosophie ne doivent pas coopérer à ce «décadentisme » intellectuel. Elles sont faites pour enseigner les choses acquises en philosophie, et ces

choses sont nombreuses, malgré les dires des théologiens, qui ont intérêt à faire croire que la raison en peut rien établir de solide." (p. 188-189)


 

 

FOUILLEE Alfred, Nietzsche et l'Immoralisme, Paris, Alcan, 1902, XI et 294 pages, vol. in-8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

Ibid., 2ème édition, 1902.

Ibid., 3ème édition, 1913.

Ibid. Nouvelle édition en 1920.


FOUILLEE Alfred, "Les idées sociales de Nietzsche", in Revue des Deux Mondes tome 9, 15 mai 1902, p. 400-431.

 

FOUILLEE Alfred, "Un nouveau La Rochefoucauld : Nietzsche", in Revue bleue, tome 19, n˚4, 24 janvier 1903, p. 97-99.

Extrait de la conclusion de son livre, Nietzsche et l'immoralisme.

 

FOUILLEE Alfred, "Lettre", in Notes Critiques n˚4, 1903, p. 97-100.

Vive réaction au compte6rendu de son livre (Nietzsche et l'immoralisme) publié par Charles Andler dans la même revue. Fouillée se défend contre l'accusation de ne pas avoir lu Nietzsche, trouve injuste en général tous les reproches de Andler et conclut : "M. Andler me reproche, en somme, de ne pas avoir tout dit (et dans son propre sens) sur Nietzsche. (...) M. Andler et moi différons sur quelques points dans l'interprétation de Nietzsche. (...) Est-ce une raison pour que les critiques, quand ils diffèrent dans l'interprétation, s'accusent entre eux de mettre en avant une critique « lourde », « verbale », « inexacte », d'être « ingrate » envers l'excellent ami de la France, et d' « offenser les Muses?" (p. 99-100)

 

FOUILLEE Alfred, Esquisse psychologique des peuples européens, Paris, Alcan, 1903.

Très nombreuses évocations de Nietzsche notamment dans le livre V sur le peuple allemand.

2ème édition, 1903.

 

FOUILLEE Alfred, "L'idée de patrie", in Revue de métaphysique et de morale, tome 12, n˚1, janvier 1904, p. 109-136.

Soutient, contrairement aux libertaires et aux anarchistes que « l'homme, réduit à lui-même, ne serait plus qu'un simple animal » et remarque : « « Nous autres sans patrie! » s'écrie Nietzsche. Autant dire : - Nous autres abeilles sans ruche, fourmis sans fourmilière, individus sans paroles, sans science, sans arts, sans mœurs, homme sans humanité. « Nous autres sans patrie! » Mais dans la même page, Nietzsche s'écrie : « Nous autres bons Européens! » Or l'Europe est encore une autre patrie (...) » (p. 120) Evoque, dans une longue note, un article de Georges Palante, (p. 121-122). S'insurge contre « la théorie purement biologique et animal de la société, si à la mode hors de France » et dont Nietzsche « est le plus sincère représentant. » (p. 124)

Repris dans Alfred Fouillée, La démocratie politique et sociale en France, Paris, Alcan, 1910.

 

FOUILLEE Alfred, Le Moralisme de Kant et l'amoralisme contemporain, Paris, Alcan, 1905, XXIII et 375 pages, vol. in-8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

2ème édition, 1905.

 

FOUILLEE Alfred, Les éléments sociologiques de la morale, Paris, Alcan, 1905. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

 

FOUILLEE Alfred, "La raison pure pratique doit-elle être pratiquée?", in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 1-33.

Explique qu'il y a longtemps, il a formulé des reproches à Kant et que, "depuis cette époque, la question a été reprise, dans le même sens, d'abord par Guyau, puis par Nietzsche, par M. Simmel, enfin par MM. Brochard, Cresson, etc." (p. 1)

 

FOUILLEE Alfred, "La psychologie des passions selon Nietzsche", in Revue bleue, tome III, n˚14, 8 avril 1905, p. 426-431.

 

FOUILLEE Alfred, "Le problème du moralisme et de l'amoralisme", in Revue bleue, tome II, n˚18, 6 mai 1905, p. 545-550.

Examine le moralisme et l'amoralisme selon Kant et Nietzsche.

 

FOUILLEE Alfred, "Le moralisme de Kant et l'amoralisme contemporain", in Journal des Débats, n°129, 10 mai 1905, p. 3.

Extrait de la préface de son livre du même titre (Paris, Alcan, 1905)

 

FOUILLE Alfred, "La doctrine de la vie chez Guyau. Son unité et sa portée", in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚4, juillet 1906, p. 514-544.

 

FOUILLEE Alfred, Morale des idées-forces, Paris, Alcan, 1907. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

 

FOUILLEE Alfred, "Doit-on fonder la science morale et comment?", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 64, n˚11, novembre 1907, p. 449-475.

Explique que sa théorie des idées-forces suppose comme fondement psychologique les fins idéales de l'humanité : écarte alors Nietzsche en remarquant : « Qu'un Nietzsche arrive réellement à établir la théorie « haschichéenne » du « Rien n'est vrai », il aura justifié du même coup la pratique du "Tout est permis. » (p. 463) Explique que la doctrine des idées-forces dépassera la théorie nietzschéenne (p. 469-470).

Cet article est un extrait de l'Introduction à son ouvrage, La Morale des idées-forces.

 

FOUILLEE Alfred, "La volonté de conscience comme fondement philosophique de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 113-137.

Constate : "Un des caractères dominants de la philosophie, à notre époque, c'est qu'elle est devenue volontariste" et se propose d'étudier la "volonté de conscience". (p. 113) Précise aussitôt : "telle est la formule que, dans un récent ouvrage, nous avons proposée pour donner une base immanente, non transcendante, à la philosophie théorique et pratique. Il nous a semblé nécessaire d'emprunter la terminologie de Schopenhauer et de ses continuateurs, pour marquer notre opposition même à ceux qui ne considèrent que la volonté de vie ou la volonté de puissance. (...) En outre, ces termes ont l'avantage de mieux "situer" la doctrine des idées-forces au milieu des théories contemporaines avec lesquelles elle soutient des rapports. Nous ne voudrions pas paraître faire des emprunts à certaines doctrines, comme celle de Nietzsche, que, par plusieurs points, nous avons nous-mêmes devancées." (p. 113) Tout au long de sa réflexion, se réfère de nombreuses fois à Nietzsche soit pour montrer ses erreurs (p. 117), soit pour nier son originalité en insistant sur ses précurseurs (p. 114 et p. 128), soit enfin pour subordonner les idées de Nietzsche à sa théorie des idées-forces (p. 132-133).

 

FOUILLEE Alfred, "La propriété comme fonction sociale et droit individuel", in Revue bleue, tome 10, n°24, 12 décembre 1908, p. 737-741.

Reconnaît que l'instinct de propriété est naturel. Avant de développer à ce sujet son idée de "volonté de conscience", remarque : "Les disciples de Nietzsche l'expliqueront par la volonté de puissance, qui fait que nous voulons dominer les choses, exercer sur elles notre force propre et les tourner à nos fins." (p. 738)

 

FOUILLEE Alfred, "La propriété comme fonction sociale et droit individuel", in Revue bleue, tome 10, n°25, 19 décembre 1908, p. 777-781.

Oppose à nouveau la "volonté de conscience" à la "volonté de puissance". (p. 777)

 

FOUILLEE Alfred, "Note sur Nietzsche et Lange. "Le retour éternel"", {Observations et discussions}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°5, mai 1909, p. 519-525.

Conteste l'originalité de la théorie du retour éternel de Nietzsche (p. 519-521). Renonce à savoir si Nietzsche a lu la doctrine de Blanqui sur le retour éternel des chose mais montre qu'il a lu l'Histoire du matérialisme de Lange qui a trait à Blanqui (p. 519). Montre que l'idée de retour éternel est par ailleurs déjà chez les Grecs (p. 520) et aussi chez Guyau que Nietzsche connaissait très bien (p. 520-521). Note qu'il est en désaccord avec Georges Batault qui "présente l'hypothèse du retour comme une déduction de la science moderne, due au génie de Nietsche". (note 2, p. 521) Conteste enfin la justesse même de la théorie du retour éternel (p. 521-525).

 

FOUILLEE Alfred, Le socialisme et la sociologie réformiste, Paris, Alcan, 1909, VIII et 419 pages, vol. in -8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

Ibid., 2ème édition, 1909.

 

FOUILLEE Alfred, "Une lettre de M. Alfred Fouillée", {Echos}, in Mercure de France, t. 86, n°316, 16 août 1910, p. 747.

Signale une méprise de Marcel Coulon dans "Les Assises de Remy de Gourmont".

Précise: "Un être qui agit sous l’idée de sa maîtrise individuelle n’agira jamais comme un être qui ne conçoit même pas le contraire de ce à quoi il est poussé par ses instincts aveugles. L’idée exerce donc une pression intérieure, directrice, novatrice et parfois, en un certains sens, créatrice. Nietzsche lui-même m’a concédé ce point, qu’il a déclaré capital. Et j’attends toujours qu’on me réfute."

 

FOUILLEE Alfred, "La Science sociale contemporaine", in Revue internationale de sociologie, n°11, novembre 1910, p. 713-719.

Introduction de son livre du même titre à paraître.

Parallèle entre Nietzsche et Guyau, notamment à partir des annotations de Nietzsche sur les livres de Guyau de sa bibliothèque (communiquées par Elisabeth Förster-Nietzsche)

 

FOUILLEE Alfred, La pensée et les nouvelles écoles anti-intellectualistes, Paris, Alcan, 1911.

Contient "La néo-sophistique nietzschéenne" (p. 258-274).

 

FOUILLEE Alfred, "La morale libertaire et la morale de la vie", in Revue des deux mondes, année 81, t. 1, 1911, p. 769-800.

A propos de la relation entre Nietzsche et Guyau.

 

FOUILLE Alfred, "La néo-sophistique pragmatiste", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, t. LXXI, avril 1911, p. 337-366.

Extrait de son livre La pensée et les nouvelles écoles anti-intellectualistes. Note: "Est-ce à dire qu'il n'y ait rien de vrai dans le pragmatisme ? Non; mais, sur les livres de l'école on pourrait inscrire Vera, vetusta; nova, falsa; le vrai n'y est pas neuf et le neuf n'y est pas vrai. Chez les pragmatistes comme chez les nietzschéens, comme chez les partisans de la « nouvelle » philosophie des sciences, il y a de vrai tout ce qu'on avait dit avant eux." (p. 356)

 

FOUILLEE Alfred, Humanitaires et libertaires au point de vue sociologique et moral, Paris, Alcan, 1914.

Sur Nietzsche: livre premier: la morale libertaire. Ses conclusions humanitaires (p. 35-83)