(1898)
(1898)

André Suarès (1868-1948)


Sur ce drôle de lecteur, cf. J. -M. Barnaud, "Apollon et Dionysos. André Suarès, lecteur de Nietzsche", in Revue d'histoire littéraire de la France, mars/avril 1971, p. 270-281.

D'après Roger Martin du Gard, André Suarès a sans doute découvert Nietzsche par l'intermédiaire de Romain Rolland pendant ses études rue d'Ulm:  "Nietzsche n'était pas encore traduit à cette époque, le plus spirituel des Allemands, le seul. Je ne sais si je m'aventure beaucoup en pensant que c'est Romain Rolland qui dut révéler à Suarès celui qui devait avoir tant d'influence sur lui à ses débuts, et sinon toujours par la pensée au moins par la composition elle-même de ses livres dociles aux aphorismes. (1932)



SUARES André, Trois hommes. Pascal, Ibsen, Dostoïevski, Paris, NRF, 1913.

Le chapitre sur Dostoïevski contient des parallèles avec Nietzsche, à l'avantage de Dostoïevski. Par exemple:

"En Dostoïevski, j’admire un Nietzsche racheté.

Je ne crois pas aux Prométhées qui perdent la tête sur le rocher. Mon Prométhée fait peur à Jupiter même, quî s’imagine de l’avoir bien cloué. Je ne ferai pas crédit à des dieux qui finissent à quatre pattes, dans un asile. Et si la foudre me frappe, dussé-je tenir bon contre elle, le ciel me soit témoin que je ne me serai pas vanté.

Tout ce qui est mort et négation dans les philosophes, Dostoïevski l’a surpassé ; mais telle est sa grandeur, qu’il monte d’un degré encore. Il porte à la rédemption l’accablement de nos fatalités. Si je l’ai peint comme il est, je ne sais ; mais jamais, il me semble, on ne mesura mieux la distance qui sépare la mortelle théorie de l’oeuvre vivante, et le penseur sans amour du véritable artiste.

Encore un pas. Je dirai de Nietzsche et des Anciens qu’ils peuvent suffire au monde de l’intelligence. Mais ils ne pénètrent pas d'un pouce dans le monde du cœur. Ils restent sur le seuil. Et plus ils s’imaginent de faire la loi à l’intérieur de la maison, plus ils l’ignorent. De là, sans doute, la misérable jactance de Nietzsche, qui excède tout ce qu’on peut permettre à l’orgueil de l'esprit ; car c est l'esprit même qui y entre en décadence, et qui marque les clercs de sa chute par des cris. Il ne faut pas que l’orgueil de l’esprit sente la paralysie générale. L’intelligence qui se vante ne trouvera pas d'excuse dans l’abaissement de la folie ; mais au contraire, la fin de cette intelligence porte jugement sur toutes les œuvres de sa croissance, et, quoi qu’on fasse, plus elle a tout réduit à elle seule, plus elle subit la condamnation de son propre dédain."

Il a paru dans La Grande Revue, 25 février, 25 mars et 10 avril 1911.

 

SUARES André, Commentaire sur la guerre des Boches, vol. 3: C'est la guerre, paris, Emile-Paul frère, 1915.

Contient long passage: "Ah, chien de Nietzsche!" (p. 79-81)

 

 

SUARES André, "La nation contre la race. XIII Nietzsche et l'Empire", in L'Opinion, 20 mai 1916, p. 483-486.

 

SUARES André, La nation contre la race, tome II, République et barbares, Paris, Emile-Paul Frères, 1917.

Contient XXVI: Nietzsche et l'Empire (p. 167-199).

 

SUARES André, "Excuse à Nietzsche", in Les écrits nouveaux, août/septembre 1921, p. 110-119.

Un extrait paraît dans la Nouvelle Revue française, 1er novembre 1921, p. 635-636.

 

SUARES André, "Excuse à Nietzsche", in Les écrits nouveaux, octobre 1921, p. 20-23.

 

SUARES André, "Excuse à Nietzsche", in Les écrits nouveaux, novembre 1921, p. 53-61.

 

SUARES André, "Excuse à Nietzsche", in Les écrits nouveaux, décembre 1921, p. 53-65.

 

SUARES André, "D'une barrière", in Europe, janvier-avril 1925, p. 280-299.

 

SUARES André, Valeurs, Paris, Grasset, 1936.

Voir surtout Nietzsche (p. 88-92 et 188-190).