Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Charles Renouvier (1815-1903)


Philosophe français



RENOUVIER Charles et Louis PRAT, La nouvelle monadologie, Paris, A. Colin, 1899.

Sans citer le nom de Nietzsche ni mentionner aucune de ses oeuvres, examine "l'individualisme", "l'optimisme nouveau", la "doctrine" de "l'auteur", la "théorie du surhomme" (p. 445 et suivantes). Selon Charles Renouvier, cette théorie est "la folie des grandeurs érigée en système social. Aussi est-elle l'œuvre d'un fou, ou qui l'est devenu. Le système est cohérent et trouve des disciples, mais l'ordre des idées dans lequel a passionnément travaillé l'auteur, en embrassant avec enthousiasme l'idée du mal à la place de celle du bien, pouvait facilement s'allier avec la prédisposition à l'aliénation mentale. « Les hommes sont si nécessairement fous, a dit Pascal, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de ne pas être fou. » Le philosophe optimo-pessimiste a trouvé un nouveau tour de folie qui montre bien à quel jugement se prête encore notre civilisation, et à quelles vues sociales peut se laisser conduire, en la méditant, un de ces penseurs qui se sentent la vocation de répandre dans le monde leur conception de l'idéal de la vie. La dernière solution proposée par le plus récent philosophe original qui ait spéculé sur le problème universel de l'existence est une folie."

 

RENOUVIER Charles, Les derniers entretiens, recueillis par Louis Prat, Paris, A. Colin, 1904.

Confie: "J'ai cru un moment, il y a quelques années, à la possibilité d'un renouveau du pessimisme. Nos intellectuels semblaient s'intéresser profondément aux fortes œuvres de Tolstoï et Dostoievski, aux hauts et profonds symboles d'Ibsen. Ça n' a été qu'une mode qu'une autre mode a remplacée. Il est de bon ton maintenant de se dire nietzschéen. Et c'est la folie des grandeurs érigée en système par un fou. Cette mode passera à son tour. On finira bien par s'apercevoir qu' il n' est pas nécessaire d'avoir lu Nietzsche pour être nietzschéen, et que les Apaches de Paris ou d'ailleurs n'ont pas eu besoin de fréquenter chez Zoroastre pour se déclarer des surhommes. Je ne crois pas à l'avenir du nietzschéisme parce que l'homme, comme le disait profondément Bayle, n'est que médiocrement méchant.".

Cité d'après la réédition: Les Derniers entretiens , recueillis par Louis Prat, Paris, Vrin, 1930, p. 85-86.