Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Gaston Richard (1860-1945)


Gaston Richard est docteur ès lettres, d'abord chargé du cours de sociologie puis professeur à l'Université de Bordeaux. Dans un premier temps, il collabore à L'Année sociologique aux côtés d'Emile Durkheim mais il devient rapidement un des adversaires les plus résolus de la sociologie durkheimienne ; cf. W. S. F. Pickering, « Gaston Richard, collaborateur et adversaire », dans « Les Durkheimiens », Revue française de sociologie, vol. 17, n˚2, 1979 et Massimo Borlandi, « Quand Gaston Richard se professait durkheimien », texte inédit cité d'après Philippe Besnard, « Le centenaire d'une entreprise fondatrice », in L'Année sociologique, vol. 48, n˚1, 1998, p. 20.



RICHARD Gaston, "Le conflit de la sociologie et de la morale philosophique", {Revue générale}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 61-85.

Estime que le "grand problème de l'éthique appliquée est sans doute de prononcer sur la notion d'une morale individuelle"; ajoute que la "doctrine de Nietzsche" a fait un "grand abus" de l'idée d' "affirmation de soi-même" (p. 70) et juge que le terme de Selbstüberwindung est intraduisible. Remarque : "La morale formelle supprimée, l'immoralisme triomphe, sous la forme préférée par Nietzsche, ou sous la forme du matérialisme économique, ou sous toute autre, peu importe." (p. 85)

 

RICHARD Gaston, "Les lois de la solidarité morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚11, novembre 1905, p. 441-471.

Au sujet des doctrines qui concluent de la conscience du Nous à la conscience morale, remarque que "la difficulté est d'imposer ce jugement de valeur à la conviction." (p. 466) Estime que les "arguments pseudo-scientifiques n'y peuvent rien, car ceux du néo-darwinisme détruisent ceux du comtisme." A ce sujet, ajoute : "Les paradoxes de Nietzsche n'auront pas été inutiles. Nous ne dirons pas, comme Zarathoustra, que l'amour du prochain est une perversion de l'amour de soi-même, mais il est permis de penser que l'égoïsme collectif est la forme la plus basse de l'égoïsme." (p. 466)

 

RICHARD Gaston, « La philosophie du droit au point de vue sociologique », {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚1, janvier 1906, p. 63-87.

Au sujet de deux ouvrages de Adolfo Posada (p. 64-66). Expose qu'on peut voir dans la volonté de l'Etat « soit une volonté collective réelle, soit une somme de volontés individuelles juxtaposées » (p. 66) et remarque : « De ces thèses la seconde conduirait logiquement, selon Posada, à l'individualisme anarchique de Stirner et de Nietzsche. » (p. 66)

Adolfo Posada, Teorias politicas, Jorro, Madrid, 1905 et Socialismo y reforma social, Fe, Madrid, 1904.

 

RICHARD Gaston, « Les obscurités de la notion sociologique de l'histoire. Sociologie et axiologie », {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 62, n˚ 12, décembre 1906, p. 616-644.

Compte-rendu de Eduard Spranger, Die Grundlagen der Geschichtswissenschaft. Eine erkenntnisstheoretisch-psychologische Untersuchung (p. 627-630). Développe l'idée que seule la subjectivité confère à l'histoire une portée philosophique. Remarque : « Nietzsche nous le dit avec raison : « Ne croyez pas à une description historique qui ne sort pas de la tête des penseurs les plus originaux ». » et ajoute : « En effet, la conception de l'histoire est inévitablement influencée par l'image idéale ou normative que l'on se fait du monde. » (p. 630) Cf. Eduard Spranger, Die Grundlagen der Geschichtswissenschaft. Eine erkenntnisstheoretisch-psychologische Untersuchung, Reuther et Reichard, Berlin, 1905.

Compte-rendu de Rudolf Goldscheid, Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft. Willenstheoretische Betrachtung des biologischen, ökonomischen und sozialen Evolutionismus (p. 630-635). Développe la thèse de l'Energétisme que Goldscheid propose de donner pour fondement à la philosophie sociale et signale qu'elle s'oppose au « Rationalisme étroit » et au « Volontarisme aveugle », « Volontarisme immoral des néo-darwinistes et de Nietzsche. » (p. 635)  Cf. Rudolf Goldscheid, Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft. Willenstheoretische Betrachtung des biologischen, ökonomischen und sozialen Evolutionismus, Braumüller, Wien und Leipzig, 1905.