Mme Talayrach

Mme Talayrach est secrétaire de la Revue Germanique ; c'est une amie personnelle de l'historien suisse Carl Albrecht Bernoulli et du germaniste français Charles Andler. Elle s'associe à leurs efforts de défendre Franz Overbeck et de contester l'autorité d'Elisabeth Förster-Nietzsche et la véracité du Nietzsche qu'elle présente au public.


TALAYRACH I., "Un ami de Nietzsche. Franz Overbeck", in Revue Germanique, tome 4, janvier 1908, p. 1-14.

Montre qu'Overbeck fut un théologien de premier plan et explique qu'il occupe une place de choix dans l'histoire du protestantisme allemand ; insiste sur les relations amicales et intellectuelles entre Overbeck et Nietzsche. Se pose alors plusieurs questions cruciales qui l'amènent progressivement à prendre le parti d'Overbeck et de Bernouilli contre l'école de Weimar.

Première question : "lequel des deux amis reçut davantage de l'autre?" La réponse est sans ambiguïté totalement différente de celle d'Elisabeth Förster, qui prétend que Nietzsche ne doit rien à Overbeck : "Nous croyons, pour notre part, que Nietzsche, dans sa période bâloise, est beaucoup plus débiteur d'Overbeck qu'on ne l'a jusqu'ici admis." (p. 11)

La deuxième question soulevée concerne la nature de l'amitié entre les deux hommes, question que la sœur de Nietzsche a tranché en minimisant au minimum la profondeur de cette amitié. Mme Talayrach écrit pour sa part qu' "Overbeck fut l'ami - et le meilleur ami de Nietzsche."

La troisième question concerne la valeur du témoignage d'Overbeck. La sœur de Nietzsche prétend que cette valeur est nulle. Mme Talayrach est d'un tout autre avis. Au sujet des souvenirs d'Overbeck, elle écrit : "Ces souvenirs sont un document indispensable pour les biographes de Nietzsche. Ils offrent plus d'un jugement historiquement et moralement remarquables. Overbeck était un historien. Et c'est en historien qu'il retrace le portrait de son ami."

Ajoute ensuite on ne peut plus explicitement : "Ce portrait ne ressemble pas, trait pour trait, à celui que traça de Nietzsche sa sœur. Mais une femme, même une sœur, connaît-elle jamais un homme comme le connaîtra son ami?" (p. 13)

Termine par une nouvelle allusion qui montre clairement ce qui sépare le Nietzsche de Bâle et le Nietzsche de Weimar : "Quant aux rapports d'Overbeck avec les archives de Weimar, ils furent courtois, mais froids. Il se tint loin du culte dont on entourait la mémoire de son ami. "Nietzsche, avait-il coutume de dire, s'est toujours considéré comme l'homme d'un avenir encore lointain." La réclame prématurée, entreprise autour du philosophe et de son œuvre, lui parut dangereuse. Il craignait de la part du public, la réaction d'un oubli d'autant plus rapide que l'engouement aurait été plus vif. Fut-il perspicace en cela? L'avenir nous le dira." (p. 14)