Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Louis Duchosal

(1862-1901)


Journaliste, écrivain et poète suisse


DUCHOSAL Louis, {Publications nouvelles}, in Journal de Genève, 30 novembre 1893, p. 3.

Compte-rendu de la pièce de J.-V. Widmann, Au-delà du bien et du mal. Jenseits von Gut
und Böse (Stuttgart, Colla, 1893).

Note: "Le drame est une piquante critique des théories de Frédéric Nietzsche, de ce qu'on
appelle la nietzschine, dans quelques publications de Paris où l'on commence à écouter ce grand
cynique auprès duquel Schopenhauer n'est que de la pimpilvinette, comme aurait dit le peintre
Hornung, Robert Pfeil en est tout imprégné, il n'exprime pas une pensée qui ne soit selon le
canon de l'ancien professeur de Bâle."

 

DUCHOSAL Louis, {Publications nouvelles}, in supplément du Journal de Genève du 4 novembre 1895, p. 2.

Compte-rendu de Uhland, pages choisies, traduit par André Pottier de Cyprey. Louis Duchosal note:

"L'esprit français ne s'ouvre que par accident à la pensée étrangère. Les malheurs de
1870 n'y ont rien fait et le mur chinois que Mme de Staël, dans son livre sur l'Allemagne,
dit entourer la France est toujours aussi haut et continue à empêcher les idées de passer.
Celles qui entrent sont de contrebande. Quelques traductions d'auteurs à la mode ne peuvent
être mises en ligne de compte, pas plus que le petit groupe de ceux qui s'intéressent
à la vie d'autrui ne peut être pris pour l'état général. Ce n'est pas que les éditeurs n'y mettent
du leur, plusieurs ont ouvert une Bibliothèque étrangère, mais on ne peut dire qu'ils
rencontrent une clientèle spéciale, et si l'on traduit davantage de notre temps, c'est que
l'indifférence cède sur quelques points au mouvement général.

Aucune logique ne semble diriger le train des traducteurs, qui procèdent à leur goût et
selon leur caprice. Aussi, en ce moment, est-ce le régime des traductions russes qui prédomine,
dans des conditions même assez inquiétantes pour notre santé intellectuelle. Il est
permis de croire toutefois que cet engouement aura une fin, et, à suivre les organes de
la jeune génération, on constate qu'elle prête l'oreille à ce qui se fait dans le monde et
qu'elle y prend grand intérêt. II lui arrive déjà d'entraîner les anciens dans certaines
marches. C'est elle qui a poussé les idées contemporaines vers les arts anglais et allemands.

C'est elle qui a introduit Ibsen qu'aujourd'hui personne ne peut ignorer ; elle a naturalisé
Hauptmann, Sudermann, et Nietzsche, que la Revue des Deux Mondes vient de présenter à
son public, arrive tout droit des petites revues qui depuis longtemps le commentent et le
traduisent."