Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

Paul Gaultier (1872-1960)


Paul Gaultier commence par enseigner la philosophie au collège Stanislas et publie quelques ouvrages de psychologie expérimentale. Il devient directeur de la Revue bleue et de la France nouvelle et collabore à divers périodiques dont le journal Le Temps.

Lire Benoît Marpeau, "Une ascension dans le monde des revues et de l’édition au tournant du siècle : Paul Gaultier", in Revue d'histoire du XIXème siècle, 24, 2002, p. 33-51.



GAULTIER Paul, « L'individu dans la société », in Revue bleue, tome VII, n˚21, 25 mai 1907, p. 660-664.

S'interroge sur les rapports entre l'individu et la société et commence en remarquant : « L'individualisme passe un mauvais quart d'heure. Par réaction contre les revendications exacerbées des Stirner et des Nietzsche, des Ibsen et des Renan, les attaques partent de tous côtés contre lui. » (p. 660)

 

GAULTIER Paul, « Vrai et faux individualisme », in Revue bleue, tome VII, n˚26, 29 juin 1907, p. 819-823.

Défend l'idée d'un vrai individualisme qui n'est pas « néfaste aux sociétés » mais qu'il ne faut pas confondre avec « l'égoïsme » ou avec « le particularisme révolutionnaire ou anarchique » : « Les Néron, les Caligula, les Borgia et les Malatesta ne constituent pas des types supérieurs d'humanité, ainsi que Nietzsche se plaisait à dire, mais des monstres. » (p. 819-822) Conclut que les « soit-disant individualistes » sont en réalité des despotes : « Rien de plus tyrannique, en ce sens, que le révélateur de Zarathoustra. Ne rêvait-il pas d'une sorte d'aristocratie de « surhommes » qui aurait dominé la foule? » (p. 823)

 

GAULTIER Paul, « La nécessité de l'individualisme », in Revue bleue, tome VIII, n˚13, 28 septembre 1907, p. 403-407.

Défend l'idée d'un vrai individualisme qui n'est pas « ce que les Stirner et les Nietzsche, les Renan et les Ibsen ont tenté d'accréditer sous ce vocable. » (p. 407)

 

GAULTIER Paul, "L'indépendance de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°3, mars 1908, p. 256-273.

Conteste la prétention des biologistes à fonder une morale : "Rien donc de plus extra-scientifique et de moins justifié que tous les essais, quels qu'ils soient, qui ont été faits de divers côtés, - que ce soit par M. Gumplowicz ou par M. Lilienfeld, pour ne rien dire de Nietzsche, - d'une morale purement biologique." (p. 259)

Dénonce le moralisme, qui fait de l'éthique une question de sentiment, parce qu'il prépare la négation de la moralité : "Effectivement, parce que la foi morale qu'il institue est un sentiment sans aucun fondement dans la conscience ou dans la nature, l'idéal moral qu'il invoque s'y superpose comme s'il lui était, non seulement tout à fait étranger, mais hostile. C'est autoriser les réflexions des Stirner et des Nietzsche, qui, après avoir qualifié la morale d'illusion, l'accusent d'être nuisible, de marcher contre la nature et, pour ainsi dire, à rebours." (p. 270)

Conclut que affirmer l'illégitimité d'une science de la morale entraîne un scepticisme pratique qui lui même a son naturel et nécessaire aboutissement dans "un amoralisme qui permet, à son tour, toutes les fantaisies de l'immoralisme de la puissance ou de la volupté, ainsi que Nietzsche en est l'illustration qui commença par renverser les tables de valeurs et contester à l'éthique le titre de science." (p. 273)

 

GAULTIER Paul, "Les origines de la barbarie allemande", in Revue des Deux Mondes, t. 28, juillet-août 1915, p. 113-144.

Sur Nietzsche, surtout p. 125-131.