Paul Stapfer (1840-1917)


Ecrivain et critique français, Paul Stapfer a une carrière qui souffre de son engagement dreyfusard. Il enseigne longtemps la littérature française à la Faculté des lettres de Bordeaux.



 

STAPFER Paul, "L'œuvre en prose et en vers de la Comtesse Mathieu de Noailles", in Revue chrétienne, série 4, t. 1, 1905, p. 421-434.

Se moque des épigraphes avec des citations de Nietzsche (p. 428).

 

STAPFER Paul, "Sois bon (première partie)", in Bibliothèque universelle et revue suisse, t. LXXIV, avril 1914, p. 5-31.

"Un homme d'une grande culture et de beaucoup d'esprit, que le goût perverti de notre décadence a seul pu admirer comme un auteur de génie, Frédéric Nietzsche, s'est amusé, pour étonner le monde, à construire la théorie philosophique des actes et des sentiments inhumains qui suscitent les beaux crimes et conduisent leurs auteurs quelquefois sur le trône et, plus souvent, à l'échafaud.

Nietzsche est un auteur singulièrement piquant, sans contredit, piquant de toute son armure de porc-épic ; c'est même un excitateur d'idées fécond et suggestif ; en scandalisant il fait penser, et l'on profite plus à la lecture de ce génie méchant qu'à celle de la plupart des sages ; mais qu'on l'ait pris au sérieux, qu'on l'ait honoré comme un guide et comme un maître, qu'on n'ait pas vu dans l'extravagance de ses paradoxes les simples prodromes de la folie aiguë où il devait finir sa triste existence, c'est un signe éclatant de la badauderie du public et de la critique elle-même, de leur promptitude à s'enticher des nouveautés les plus absurdes dès qu'elles font un peu de fracas. Qu'un farceur ou un déclamateur, pour distraire son ennui, vienne faire l'apologie de la force brutale et de la méchanceté, il sera bien impossible de ne pas en être frappé, comme on ne peut s'empêcher d'être attentif à un grand coup de poing que l'on reçoit dans le dos ; mais par quel prestige du talent et du style (car Nietzsche est un écrivain) cette morale d'apache a-t-elle pu être classée parmi les doctrines philosophiques ? Un penseur aux yeux duquel la bonté - qui est le trait le plus divin de l'homme - n'est qu'une faiblesse dégradante, se met d'emblée hors de la philosophie qui éclaire, instruit et réchauffe, comme il est hors de l'humanité" (p. 12-13).