Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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G. Valbert (1829-1899)


Valbert est le pseudonyme qu'utilise Victor Cherbuliez dans la Revue des Deux Mondes. Né à Genève, il est naturalisé français en 1880 et entre dès l'année suivante à l'Académie française. Auteur de nombreux romans, il publie aussi des ouvrages de critiques. En 1894, Richard M. Meyer fait l'éloge de cet article de Valbert sur Nietzsche; cf. Krummel, I, 176, p. 128.


VALBERT G., "Le Dr. Friedrich Nietzsche et ses griefs contre la société moderne", in Revue des Deux Mondes, tome 113, 1er octobre 1892, p. 677-689.

Qualifie d'emblée Nietzsche de détracteur de la société moderne qui "professe un égal mépris pour les réactionnaires et les socialistes" (p. 677-678). Expose la pensée de Nietzsche, plus particulièrement ses idées sur la morale, les femmes et la démocratie en insistant à la fois sur leur violence et sur le charme du style. Remarque : "(...) ; quelques-uns de nos jeunes gens qui savent l'allemand commencent à s'occuper de lui ; je crois savoir qu'ils se proposent de traduire les plus importans de ses ouvrages" (p. 678) en estimant pour sa part : "(...) il est à croire que personne ne lui donnera raison, que chrétiens et libres penseurs, il se mettra tous les partis à dos". Conclut : "M. Nietzsche est un esprit vigoureux, sagace, mais abstrait ; il voit le monde à travers les lunettes d'un idéologue. (...) Nains ou géants, que sont nos courtes et incertaines destinées, si on les compare à celles de l'humanité? Asseyez-vous sur la plage, à la marée montante, et regardez venir les vagues. Quelques-unes sont des montagnes d'eau, et elles déferlent avec un assourdissant fracas ; d'autres, plus modestes, se déroulent doucement, leur clapotis n'est qu'un léger murmure ; c'est à peine si on les a entendues, c'est à peine si le sable les a senties passer, - après quoi toutes ces vagues, les plus orgueilleuses et les plus humbles, celles qu'on entend et celles qu'on entend pas, celles qui jettent sur le rivage une abondante écume et celles qui n'en jettent point, retournent également se perdre dans l'éternel abîme" (p. 689).