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L'histoire de la réception de Nietzsche est pendant longtemps un champ de la recherche peu investi par les historiens.
1929 Geneviève Bianquis, Nietzsche en France. L'influence de Nietzsche sur la pensée française
1990 Angelika Schober, Nietzsche et la France : cent ans de réception française de Nietzsche, thèse de Paris X
Les travaux universitaires non publiés connaissent une diffusion très limitée (c'est un eupémisme!). L'ambitieux passage à l'échelle du siècle effectuée par Angelika Schober me semble un peu prématuré. Pour moi, Daniel Lindenberg constate avec raison en 1990 que l'histoire de Nietzsche en France reste à écrire (Les années souterraines)
Mon travail commence par des lectures sur le sujet, le dépouillement de quelques revues apparemment incontournables et le rassemblement des sources imprimées répertoriées par Geneviève Bianquis (Nietzsche en France, 1929) et par Karl Schlechta et Wilhelm Reichert (International Nietzsche Bibliography, Chapel Hill, 1960, révisée en 1968).
Le dépouillement de quelques revues et les sources de la thèse de Christopher Forth m'amènent à un incontournable constat: les bibliographies existantes sont très lacunaires. Les erreurs et les approximations sont nombreuses. Les critères de sélection ne sont pas toujours compréhensibles. Ces bibliographies ne me sont donc d'aucune utilité et il faut tout reprendre depuis le début: construire mon propre corpus.
A l'approche du centenaire de la mort de Nietzsche, l'histoire de sa réception en France devient d'une brûlante actualité. Le champ se remplit.
Un bébé plus tard et après d'interminables investigations, ma bibliographie compte en 1998 environ 10 fois plus d'entrées que celle de Geneviève Bianquis (Nietzsche en France), beaucoup plus que L'International Nietzsche Bibliography de W. Reichert et K. Schlechta. C'est à ma bibliographie que je dois d'être invitée par Jacques Le Rider en octobre.
Je me souviens que je suis à la fois flattée et intimidée de communiquer le résultat de mes recherches. Depuis 1992, les travaux se sont multipliés et Jacques Le Rider lui-même s'apprête à publier son livre. C'est pour cela du reste qu'il a décidé de réunir des "spécialistes": Paolo d'Iorio, Catherine Krahmer, Alexandre Kostka, Angelika Schober...
Le premier jour, chacun fait connaissance. C'est un véritable désastre. Lorsque j'annonce le sujet de mon intervention et de ma thèse, c'est la douche froide : Quoi? C'est une blague? Comment puis-je être si mal renseignée et conseillée pour avoir choisi un tel sujet ? Quelle petite provinciale mal dégourdie! Je ne trouve rien à répondre. Je me tais et baisse la tête comme si j'étais en ciré jaune à une soirée mondaine.
Le lendemain, c'est le soulagement. Je n'ai pas fini ma présentation qu'on me glisse sa carte de visite avec des mots encourageants. Bientôt on me prie de communiquer le manuscrit de ma thèse en vue d'une publication partielle. Je dois décliner l'offre car je n'ai rien de prêt. J'ai encore besoin de nombreux mois pour achever la rédaction.
Entre-temps, le champ se clôture.
Je soutiens enfin ma thèse en novembre.
Je m'oriente vers la recherche d'un poste, pose des candidatures (habilitation, CNRS...) et m'efforce de valoriser mes travaux.
J'aurais du lire Bourdieu: sexe féminin, province, section histoire avec un sujet sur Nietzsche, mes chances sont maigres, voire statistiquement nulles. Je crois naïvement à la valeur de mon travail alors que mon seul point fort est mon origine sociale: mon père est professeur d'université. Mais je n'ai jamais écouté mon père.
Les échecs se succèdent et les temps deviennent difficiles. Le projet avec les éditions Walter de Gruyter avorte car à cette époque, je n'ai pas les moyens de payer la somme que cette maison d'édition réclame traditionnellement à ses auteurs. J'abandonne mes espoirs de trouver un poste au CNRS ou à l'Université. Pour des raisons personnelles, je dois renoncer à des possibilités à l'étranger qui m'éloigneraient trop de Nantes.
J'abandonne mes travaux sur Nietzsche. Je me tourne vers l'enseignement spécialisé auprès d'enfants et de jeunes hospitalisés, auprès de jeunes traumatisés crâniens déscolarisé(e)s, dans la cadre associatif, dans des Instituts de rééducation (IR) et des Instituts médico-éducatifs (IME). Les années passent.
En 2010, je suis contactée à ma grande surprise pour participer à la publication des actes d'un colloque auquel je n'ai pas participé et dont j'ignorais même l'existence. En marge de mon activité professionnelle, je me remets à écrire.
Je prends contact avec Donato Longo (Australie), auteur d'une thèse sur la réception de Nietzsche en France dans l'entre-deux-guerres (1985), et nous décidons de mettre en commun nos bibliographies. La possibilité de générer un volumineux PDF ennuyeux est exclue. Je me souviens que dix ans plus tôt, j'ai beaucoup réfléchi à un projet plus ambitieux que j'ai présenté en 2001: "Les bibliographies dans l'HyperNietzsche"» (participation au colloque organisé par Paolo d’Iorio, "Un esprit libre sur Internet, Menschliches, Allzumenschliches dans la genèse de la philosophie de Nietzsche, l’HyperNietzsche dans l’évolution des études nietzschéennes", Fondation des Treilles, 4-9 mai 2001, Tourtour). Ainsi naît l'idée de créer Nietzsche en France.
NOTE *** Je profite de cette petite préhistoire pour signaler ce qui est pour moi depuis vingt ans à la fois un sujet d'amusement et d'agacement. Bien que non publiée, ma thèse a la "chance" de figurer dans la bibliographie de certains travaux mais je peux constater qu'à de rares exceptions près, elle n'est jamais consultée.
Je peux m'en apercevoir infailliblement car elle est citée avec le titre que Jacques Le Rider a inventé en juin 1999 (La réception française de Nietzsche 1890-1910), à une époque où je n'avais pas encore moi-même défini le titre. Souvent, une erreur s'est par ailleurs malicieusement glissée et le titre est devenu - car l'erreur est méticuleusement répétée: La Réception français de Nietzsche.
Depuis peu, elle apparaît parfois avec son vrai titre: Le nietzschéisme français. Approche historique de la réception de Nietzsche en France de 1872 à 1910.
(Laure Verbaere, 2023)
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