Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche (Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Aurel (1869-1948)


Aurel est un des pseudonymes d'Aurélie Octavie Gabrielle Antoinette de Faucamberge . Elle signe également du nom de ses deux maris, Cyrille Besset et Alfred Mortier, ou encore Aurélie Aurel, Madame Aurel, Marie-Antoinette Aurel...

Romancière et essayiste, elle tient de 1915 à sa mort un salon littéraire à Paris où elle reçoit entre autres les poètes Jean Cocteau, Max Jacob, Lucie Delarue-Mardrus, Anna de Noailles et Guillaume Apollinaire.

Voir Alfred Mortier.



"Société de sociologie de Paris, séance du mercredi 11 novembre 1908", in Revue internationale de sociologie, n°12, décembre 1908, p. 858-876.

Communication de Mme Aurel (p. 869-875). Sur Nietzsche: "Ce qui caractérise l’antiféminisme littéraire quand il devient brutal, c’est son manque absolu d'observation, nous vînt-il des plus grands esprits.

Je vais vous citer un ou deux exemples (…). Il est trop certain que tous ceux qui, en ce moment, dévorent de la femme seraient les hommes les plus doux s’ils nous adressaient la parole (mais oui, sans cela ils n’auraient aucun talent!) Aussi personnellement ces violences me sont-elles suspectes. Et cependant citons. Le grand Nietzsche avait dit, voici un quart de siècle: «Si tu vas parmi les femmes, prends ton fouet ! » Or, me dit Henri Albert, son traducteur admiratif et passionné, Nietzsche est mort chaste, et peut-être bien de cela. Il fallait bien payer un jugement pareil, et fondé sur quoi, je vous prie, puisqu’il n'a vu les femmes que de loin? (p. 870)

 

AUREL, "Chronique dramatique", in Les Ecrits français, n°1, 5 décembre 1913, p. 69-73.

Profession de foi pour ce premier numéro de la revue. Explique: 

Quand une flambée chauvine ne sera émotive que patriotiquement, je ne dirai pas qu’elle est patriote mais qu'elle nous trahit. Je dirai

qu’il est temps que l’on sache que le génie français est plus actif à se renouveler en tourment et en profondeur que les beaux Dostoiewsky de partout.

Je parlerai des pièces qui montreront qu’avant Nietzsche et sans lui, nous étions surhumains et le restons à Paris tous les jours, puisqu’on ne nous permet pas d’être humains, ce qui est au delà.

Sans Tolstoï et peut-être malgré lui, parce que nous n’aimons pas ressembler, nous sommes déchirés de compassions lustrales. Dans nos vies ordonnées comme un convoi funèbre, tous les cataclysmes ont place, et notre goût, notre mesure, qui sont notre prison, sont un fort élément du drame perpétuel. Et nous sommes aussi de grands mystiques, puisque nos sens sont infinis. Que tout cela se prouve à la française sur nos scènes, où je resterai sur ma faim et le dirai." (p. 70)

 

AUREL, "Les erreurs de la force", in Mercure de France, tome 111, n°416, 1er août 1915, p.671-681.

Evoque Nietzsche (p. 676).