Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)
Ecrivain et biographe français, Ernest Delahaye était un ami d'Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine.
DELAHAYE Ernest, « Rimbaud (conclusion) », in La jeune Champagne, n°15, juin 1904, p. 259-265.
Note : « Il serait non moins superflu de chercher en lui [Rimbaud] cette surhumanité que Nietzsche inventa plus tard, au marnent d'entrer dans la folie. Ce n'est pas que la théorie du philosophe allemand n'ait recueilli parmi nous plus d'une adhésion badaude. On sait que ce pauvre diable, dont le « moi » tuméfié affection bien moderne finit par étouffer les facultés de mesure et de comparaison qui constituent la raison humaine, avait cru intéressant de bâtir, en concurrence avec les enfantines idées de Schopenhauer sur l’inutilité de l'existence, un système qui justifierait la vie précieuse découverte – en exaltant les beautés et la puissance de la volonté. Maint snob a répété d'un air farouche ce mot terrible et contracté sa petite intelligence… animula vagula … pour lui procurer ce que mettait en œuvre, sans faire tant d'histoire, le premier trilobite apparu sur la surface du globe. Ce serait, parait-il, en développant à outrance la volonté » que l'on deviendrait un surhomme ». Rimbaud connaissait assez les lois générales de l'histoire naturelle pour savoir qu il ne peut exister de « surhomme » pas plus qu'il n'existera de surrose ni de surnavet. » (p. 259-260).