Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
Homme de lettres et historien, Paul Desfeuilles est professeur agrégé d'allemand à Evreux, Amiens et Paris (Lycée Voltaire 1920-1930)
DESFEUILLES Paul, "Origines du pangermanisme (1800-1888)", in Les Langues modernes, n°6, novembre-Décembre 1915, p. 214-219.
Beaucoup sur la préface de Charles Andler. Note: "II est bon que M. Andler rappelle qu'il n'y eut pas toujours antinomie entre germanisme et humanité. Non, nous n'avons pas gâché notre temps, nous tous qui avons passé une partie de notre vie à étudier l'Allemagne. (...) En faveur du fond permanent du germanisme, aurons-nous le devoir, aurons-nous moralement le droit de pousser l'abnégation jusqu'à pardonner un jour l'impardonnable? (...) L'avenir en décidera. Nous règlerons notre attitude sur celle des vaincus. « Nous espérons fortement la régénération du peuple allemand, dit M. Andler, nous l'espérons de sa défaite même, qu'il, faut décisive et irrémédiable. » Là-dessus je n'ai point d'opinion, ou je serais plus pessimiste que M. Andler, du moins pour une longue période. Toutefois si l'Allemagne cesse d'être prussienne, si elle fait une révolution, si elle vomit son militarisme, si... (mais y a-t-il apparence dès maintenant que la génération d'après nous voie cela ?)... alors le lien spirituel possible entre nous serait naturellement « la tradition de Kant, de Beethoven, de Gœthe, de Schiller, de Heine, de tous les bons Européens dont la lignée aboutit à Nietzsche... le théoricien douloureux de l'absolu sacrifice, de la vertu qui fait largesse d'elle-même. Elle travaille pour nous dans la profondeur du peuple allemand. Il y a plus d'un fragment de tradition française dans cette tradition allemande intégrale. Il nous faut la redécouvrir, la dégager, l'affranchir... Le peuple allemand fera (pour peu qu'on l'y aide) le procès de ses dirigeants »." (p. 216)