Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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René Doumic (1860-1937)


Premier de sa promotion à l’École Normale Supérieure en 1879, René Doumic est également premier à l’agrégation de lettres. De 1883 à 1897, il est professeur de rhétorique au collège Stanislas et donne aussi un cours de littérature à l’Alliance française.

Parallèlement , il fait une brillante carrière dans le journalisme. Critique littéraire dans de nombreux journaux (Le Journal des Débats, Le Gaulois, La Revue bleue, Le Correspondant, Lectures pour tous, La Revue des deux mondes). De 1916 à 1937, il dirige la Revue des Deux Mondes.

En 1909, il est élu à l'Académie française.



DOUMIC René, Les jeunes : études et portraits, Paris, Perrin et Cie, 1896.

 

DOUMIC René, "Le bilan d'une génération", {Revue littéraire}, in Revue des Deux Mondes, tome 157, 15 janvier 1900, p. 434-445.

A propos de l'invasion des littératures étrangères, Doumic décrit l'intolérance des "tolstoïsants", des "ibséniens", des "nietzschéens" : " (...) ce sont toujours les mêmes. (...) Ils apprennent le dilettantisme chez Amiel, le nihilisme chez Tourguéniew, l'évangélisme chez Tolstoï, l'individualisme chez Ibsen, et la philosophie du sur-homme chez Nietzsche" (p. 441).

 

DOUMIC René, "Le cosmopolitisme littéraire en 1900", in Revue bleue, tome 13, n˚10, 10 mars 1900, p. 289-295.

Texte d'une conférence faite le 20 février pour la Société des Conférences. Doumic passe en revue les "invasions" littéraires successives : "la dernière en date de ces importations étrangères, ç'a été une importation allemande, celle de la philosophie de Nietzsche" (p. 290). Le cosmopolitisme littéraire est une mode : le snob cite "Ainsi parla Zarathustra" (p. 292). Analyse les conséquences sociales du cosmopolitisme et plus particulièrement les incidences morales de la philosophie de Nietzsche (p. 294).

 

DOUMIC René, « Romans de femmes », {Revue littéraire}, in Revue des Deux Mondes, tome 33, 15 mai 1906, p. 447-458.

A propos de la publication récente des romans de Marcelle Tynaire, Gérard d'Houville et de la Comtesse Mathieu de Noailles. Remarque que ces romans sont « tout imprégnés de l'atmosphère où ils furent conçus. Ils nous renseignent sur certains états d'esprit, et se trouvent, sans y avoir tâché, avoir une valeur de documens. Combien sont précieux, à ce point de vue, les romans de la comtesse de Noailles! Vivant dans un monde qui est précisément celui où les nouvelles modes intellectuelles sont tout de suite adoptées et exagérées, elle excelle à en reproduire la physionomie. » Précise : « Elles avaient à peine commencé de tolstoïser, qu'il leur fallait devenir ibséniennes ou nietzschéennes. (...) On devine quel chaos toutes ces doctrines disparates peuvent faire dans des cerveaux mal préparés pour les accueillir. Quelle incohérence! Quel fatras! Quelle prétention! Telles qui eussent été de délicieuses perruches se métamorphosent en d'insupportables pédantes. » (p. 449)

 

DOUMIC René, « Le théâtre déliquescent », {Revue dramatique}, in Revue des Deux Mondes, tome 36, 15 décembre 1906, p. 912-922.

A propos de la pièce de Paul Adam, Les Mouettes (p. 912-917). Résume l'intrigue et présente le personnage de Chambalot comme un « butor » qui « s'étale avec impudence dans son cynisme de malotru : il parle fort, fait taire les gens, fume devant les dames, se sert le premier à table et commet toutes les incongruités qui concernent son état. » Remarque que sa « goujaterie s'autorise des plus récentes hypothèses mise en circulation par la philosophie et la science » et en conclut que Chambalot est « darwinien et nietzschéen. » (p. 914)

 

DOUMIC René, "Le droit au bonheur", in Le Gaulois, 22 janvier 1909, p. 1.

Constate le succès de cette idée fausse: le droit au bonheur. Affirme qu'il n'est pas difficile de reconstituer la série des modes littéraires qui ont précédé et préparé ce dogme de la morale nouvelle. Tout remonte à une poussée d'individualisme vingt ans auparavant; puis Ibsen, puis Nietzsche.

"L'influence d'Ibsen était à la veille de s'épuiser quand elle fut reprise et renforcée par celle de Nietzsche. Entre ces deux penseurs, il n'y a, je le sais, que des différences. Mais, encore une fois, il se fait dans les cerveaux les amalgames les plus inattendus, et nous sommes habiles à tirer, même des doctrines les plus contradictoires, des matériaux pour édifier notre propre théorie. La théorie du "surhomme", interprétée d'une certaine façon, est si commode! Les obligations, les devoirs, tout ce qui rend la vie difficile, est bon pour le commun des mortels. Il faut une religion pour le peuple et il faut une morale pour les hommes ordinaires; l'homme supérieur en est dispensé. Cela est bien agréable à savoir! Il n'est alors que de choisir la meilleure part et de se ranger dans la bonne catégorie."

La théorie du droit au bonheur a tout envahi: essais, romans, théâtre. Remise en cause du mariage, féminisme: un vent de folie souffle sur la littérature européenne. "C'est un obscurcissement de la conscience universelle".

 

DOUMIC René, "Le retour à la culture française", {Revue littéraire}, in Revue des Deux Mondes, tome 24, 15 novembre 1914, p. 317-328.

Pour appuyer l'idée de que la culture française et allemande sont "deux ennemies", cite des extraits du livre d'Agathon (L'esprit de la Nouvelle Sorbonne) sur Nietzsche (p. 326).

 

DOUMIC René, La défense de l'esprit français, Paris, Bloud et Gay, 1915.

Allusions à Nietzsche.