Bibliographie inédite des publications sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1919-1940: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE DONATO LONGO

 

(en savoir plus)

1920


Ouvrages sur Nietzsche


ANDLER Charles, Nietzsche, sa vie et sa pensée, tome 1, Les précurseurs de Nietzsche, Paris, Bossard, 1920.

Nietzsche, sa vie et sa pensée, fut l’ouvrage majeur d’Andler, comme Nietzsche fut son grand amour intellectuel au cours de sa vie. Commencé aux alentours de 1900, l’ouvrage reste la plus grande analyse de la pensée nietzschéenne qui ait été écrite jusqu’à notre temps, dans n’importe quelle langue, de par son ampleur et de par son ambition. Six volumes furent publiés entre 1920 et 1931; une nouvelle édition fut publiée chez Gallimard, en trois volumes, en 1979.

Ce premier tome, publié en 1920, met en évidence un « nietzschéisme diffus » qui existait en Europe avant Nietzsche, c’est-à-dire les auteurs qui, de par les idées et leurs ouvrages, ont fécondé le terrain où l’œuvre de Nietzsche pouvait germer. Ce sont les influences directes et indirectes qui sont étudiées, surtout les influences allemandes (Goethe, Kleist, Schopenhauer, etc) et les influences françaises (Montaigne, Pascal, les moralistes du XVIII siècle, Stendhal); mais les influences anglophones (Emerson) ont aussi leur place. Le livre d’Andler met l’accent sur les maîtres français dont « l’enseignement complète bien celui de ses maîtres allemands » (Cf. E. Tonnelat, Charles Andler, sa vie et son oeuvre, 1937, p. 215. -[Don Longo, 2014]

FOUILLEE Alfred, Nietzsche et l'Immoralisme, Paris, Alcan, 1920, XI et 294 pages, vol. in-8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

 

Réédition (voir 1902)

 

KLUGMANN Narcisse et LATZARUS Bernard, Frédéric Nietzsche et le pensée grecque, Paris, Ed du livre, 1920.

Frédéric Nietzsche et le pensée grecque prend la défense de Nietzsche contre ceux qui, pendant la Grande Guerre, voyait en lui le modèle même du pangermanisme agressif prussien. Selon l’auteur, Nietzsche est au contraire un Latin à part entière, dont l’esprit se fonde en larmes à l’aspect des « horizons noirs et plats de la Germanie ». Sa philosophie en fait doit tout à la civilisation greco-latine, à la tradition de l’antiquité méditerranéenne. Nietzsche n’était-il pas, se demandent Klugmann et Latzarus, « qu’un Hellène égaré en Germanie? » (p. 211). Très peu d’exemplaires du livre furent tirés en 1920 par les Editions du Livre Mensuel – à peine 44! Le livre fut réédité par les Editions du Livre Mensuel, en 1970. -[Don Longo, 2014]


Ouvrages où apparaît une forte influence nietzschéenne


BLOCH Jean-Richard, Carnaval est mort, Paris, NRF, 1920.

Carnaval est mort est un recueil d’articles parus dans L’Effort Libre (d’abord connu comme L’Effort) entre juin 1910 et juillet 1914. C’est en effet le premier ouvrage d’une série d’ « Essais pour mieux connaître mon temps », publiée entre 1920 (Carnaval est mort) et 1936 (Naissance d’une culture) en passant par Destin du siècle (1931) et Offrande à la politique (1933).

Chacun de ces « Essais » contient des réflexions sur Nietzsche ou sur des thèmes nietzschéens. Carnaval est « consacré à l'examen des rapports réciproques de l'art et de la société actuelle », c’est-à-dire, de la IIIe République. Le nom de Nietzsche apparaît trois fois dans l’ouvrage: à propos du surhomme (p. 39); de l’érotisme (p. 148); et de « l’esprit dansant » (p. 168). -[Don Longo, 2014] 

FAURE Elie, La danse sur le feu et sur l'eau, Paris, G. Crès, 1920.

La danse sur le feu et sur l’eau est une réflexion sur le sens de l’histoire qui prend son point de départ dans le phénomène de la Grande Guerre. Faure continue ici les thèmes déjà abordés dans son roman La roue (1919) : les guerres (« il y a des guerres qui fécondent, d’autres qui écrasent l’esprit’ »); le progrès (« …[qui], en augmentant la masse de bonheur, augmente du même coup la masse de souffrance »); le tragique (« mère des arts »); la morale et la religion (« la foi inexorable et combattante est le rançon de l’art »); l’héroïsme (« L’art, quand il abandonne les peuples, survit dans le héros »); les maîtres nécessaires (l’équilibre social est atteint quand « se mettent d’accord [..] l’élément aristocratique […] et l’élément populaire »). L’ouvrage fait usage, mais sans le mentionner, des idées nietzschéennes sur l’art, la morale des maîtres et le rôle du héros dans l’histoire. Le style du livre est très émotionnel, parfois hyperbolique, où des généralités superficielles côtoient des intuitions fulgurantes. -[Don Longo, 2014]


Le nietzschéisme dans la littérature


MARX Henry, L'enfant-maître, Paris, Ed. Clarté, 1920.

L’Enfant-Maître est une pièce en 3 actes jouée la première fois au Théâtre de Vaudeville le 19 sep 1920. Dans la pièce, Marx s’oppose à la religion qui faisait une part trop grande à la faiblesse, à l’indulgence et à la résignation, et fait un appel à une morale nouvelle, communiste et nietzschéenne, faite de vie et de force: « Ce qui compte c’est la règle, la discipline rigide, le fouet de Nietzsche ou le cilice de Pascal, tout ce qui mate, tout ce qui domine sévèrement… » (p. 31). -[Don Longo, 2014]