Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

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Ecouter Eugène Fournière (1912)

Eugène Fournière (1857-1914)


Eugène Fournière commence par militer dans les milieux guesdistes mais se rapproche de Jean Jaurès au moment de l'Affaire Dreyfus. En 1902, il abandonne la Chambre des députés pour devenir un intellectuel socialiste et républicain. Franc-maçon, membre de la Ligue des droits de l'homme, animateur des Universités populaires, il est professeur à l'Ecole des hautes et études sociales puis à l'Ecole polytechnique et au Conservatoire des Arts et Métiers dans la chaire de sociologie (1905). Il collabore aussi activement à la Revue de l'enseignement primaire. Possibiliste de l'école de Benoît Malon, il a tenté de définir une doctrine "d'individualisme socialiste". C’est dans le cadre de cette recherche qu'il aborda Nietzsche et les autres théoriciens allemands et anglais des droits de l'individu. Résolument contre les doctrines individualistes de Nietzsche, il écrit pourtant des pages pleines d'émotion, de lyrisme et de sympathie réelle devant le drame intellectuel et spirituel de sa vie : une sorte d'hommage à Nietzsche à la fois touchant et édifiant.

Lire Robert Jean-Louis, "FOURNIÈRE, Eugène (1857-1914). Professeur d'Histoire des associations ouvrières (1908-1914)" et Philippe Chanial, "Le socialisme, un libéralisme d'extrême-gauche? Eugène Fournière, la question individualiste et l'association", in Eugène Fournière, Essai sur l'individualisme, réédition, Editions Le Bord de l'eau, 2009, p. 7-113.



FOURNIERE Eugène, Essai sur l'individualisme, Paris, Alcan, 1901, 1 vol. in-12.

Contient quatre pages sur Nietzsche, p. 77sq.

 

FOURNIERE Eugène, "Bilan de l'individualisme" in La Petite République, 10 février 1902, p. 1.

Compte6rendu de M. Fidao, Bilan de l'individualisme. Fournière reconnaît que l'individualisme, celui qui opposait l'individu à la société, celui que l'on "a rencontré dans les écrits de Spencer et de Nietzsche", cet individualisme verbal est mort.

 

FOURNIERE Eugène, L'artifice nationaliste, Paris, 1903.

 

FOURNIERE Eugène, "A. Hamon. - Socialisme et anarchisme", in Revue socialiste, t. 42, n°252, décembre 1905, p. 748-750.

Note: "Il va sans dire que les aristocrates, nihilistes sociaux et moraux, strugglers, nietzchéens, littérateurs, fantaisistes, « en dehors », qui se qualifient d'anarchistes et d'individualistes, n'ont rien de commun avec l'anarchie contractuelle de Proudhon et avec le communisme fédéraliste de Kropotkine et de ses amis." (p. 748).

 

FOURNIERE Eugène, "Han Ryner. - Petit manuel individualiste", in Revue socialiste, t. 42, n°252, décembre 1905, p. 763-764.

Note qu'Han Ryner n'est pas un disciple de Nietzsche. Il réprouve Montaigne, Stendhal et Nietzsche, "les « égoïstes lâches » et « tous ceux qui étendent aux relations des hommes la loi brutale du combat pour la vie »" (p. 763).

 

FOURNIERE E., L'individu, l'association et l'Etat, Paris, 1907.

 

FOURNIERE Eugène, La crise socialiste, Paris, Fasquelle, 1908.

Dans le chapitre sur "La crise à l'étranger", critique l'évolution du syndicalisme: de nos jours, déplore-t-il, le "vrai syndicaliste" est "celui qui dogmatise sur la patrie et sur le néo-malthusisme, sur le parlementarisme et sur l'amoralisme de Nietzsche, et veut traduire en actes son mysticisme ultra-idéaliste ou le nihilisme social qui n'en est que la face pessimiste (p. 149).