Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche (Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

Maurice Barrès (1862-1923)


Portrait par Jacques Emile Blanche (1891)
Portrait par Jacques Emile Blanche (1891)

"En France, (…) l’influence de Nietzsche est sensible chez nombre d’écrivains, tout particulièrement chez M. Maurice Barrès, qui, d’ailleurs, - je le tiens de lui-même, - n’a connu le philosophe allemand qu’indirectement, de seconde main, si l’on peut dire. Il n’avait pas lu une seule ligne de Nietzsche quand parut l’Homme libre. Ce roman ne se rattache donc pas historiquement à Nietzsche. Mais il n’en appartient pas moins à la même lignée philosophique." (MAURICE MURET, 1902)

Le 4 juillet 1892, Maurice Barrès écrit dans Le Figaro: "Depuis trois mois, Nietsche, philosophe allemand qui n'a pas encore été traduit, peut compter sur les parfaites sympathies de la jeunesse qui lui ont été acquises dès qu'on a eu prononcé son nom".

Dans Mes Cahiers, publiés entre autres dans la Revue hebdomadaire en 1930, Maurice Barrès décrit sa lecture de Nietzsche: "Jeudi, 29 août 1901. —Je suis en train de lire Nietzsche ; il outrage mon état d'esprit..." lire



BARRES Maurice, "La querelle des nationalistes et des cosmopolites", in Le Figaro, 4 juillet 1892, p. 1.

Note: "Depuis trois mois, Nietsche, philosophe allemand qui n'a pas encore été traduit, peut compter sur les parfaites sympathies de la jeunesse qui lui ont été acquises dès qu'on a eu prononcé son nom".

Souligne : "(...) il se publie en Belgique un magazine : La Société nouvelle, [...] qui est bien le plus intéressant avec Nietzsche, Kropotkine, Emerson, Whitman, Gustave Kahn, Brouez, etc, de tous les recueils imprimés en langue française."

 

BARRES Maurice, "Enquête franco-allemande. I. Réponses françaises. M. Maurice Barrès", in Mercure de France, tome 14, n˚64, avril 1895, p. 7-8.

"Jamais l'échange des idées n'a été interrompu entre la France et l'Allemagne, qui l'une et l'autre ont su tirer de cette collaboration un bénéfice admirable. (...) N'est-ce pas chez nous que la pensée allemande reprenait contact avec la réalité?". Barrès cite Heine et poursuit : "Schopenhauer et, me dit-on, Nietzsche ont trouvé chez nous leurs ressources d'expressions" (p. 7-8).

 

BARRES Maurice (Préface) in Jean Lorrain, La petite classe, 1895.

Cite les femmes éprises de "Nietsche et Mallarmé“ (p. II).

 

BARRES Maurice, "Enquête sur l'influence allemande. M. Maurice Barrès", in Mercure de France, tome 44, n˚155, novembre 1902, p. 300-303. [13]

"Les grands Allemands, Goethe, Heine et (si vous voulez) Nietzsche, ont eu besoin de se soumettre à l'influence française" (p. 301).

 

BARRES Maurice, Les amitiés françaises. Notes sur l'acquisition par un petit Lorrain des sentiments qui donnent un prix à une vie, Paris, Félix Juven, 1903.

Nombreuses rééditions (1908, 1911, 1918, 1919, 1924, 1927) d'après le site Maurras.

Note: "[...] tout Wagner et tout Nietzsche et leur solide administration, qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse? Ce n'est pas la question de savoir où est la supériorité. Tout mon cœur est parti dans ma sixième année par la route de Mirecourt, avec les zouaves et les turcos qui grelottaient et qui mendiaient et de qui, trente jours avant, j'étais si sûr qu'ils allaient à la gloire" (p. 24).

 

BARRES Maurice, De Hegel aux cantines du Nord, Paris, Sansot, 1904.

Voir la note 6 (Max Stirner) rédigée par le secrétaire de Maurice Barrès, Eugène Nolent: "Précurseur du « Sur homme » il [Stirner] appelle son livre « le livre qu'on quitte monarque .» Mais l'individualisme doit chercher ailleurs que chez Stirner, l'expression raisonnable de sa doctrine; Nietzsche en Allemagne, un « Homme libre » et « l'Ennemi des lois en France », en sont, avec moins d'outrance, des expositions plus parfaites" (p. 85).

En 1915, ce rapprochement entre Nietzsche et Barrès est rappelé dans la presse, pour protester contre l'article de Barrès, "Nous élargirons notre Nationalisme".

 

BARRES Maurice, "Les Affinités Franco-Espagnoles", in L'Echo de Paris, 8 janvier 1915, p. 1.

Rappelle que contrairement à d'autres, il a résisté au "germanisme": "Il y a vingt ans, alors que mes camarades s'en allaient chez les Nietzsche et les Ibsen et prétendaient recevoir la lumière à travers les brouillards germaniques, je trouvais mes inspirations à Venise, à Tolède, à Cordoue. Parsifal, qui ne m'avait pas parlé dans une atmosphère de bière et de charcuterie sur la colline de Bayreuth, me fut révélé au Montserrat, en Catalogne, comme un épisode essentiel de la Reconquête."

 

BARRES Maurice, "Nous élargirons notre Nationalisme", in L'Echo de Paris, 20 avril 1915, p. 1.

Soutient: "Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux en applaudissant les délires de Nietzsche ont trahi la cause de la France. Ils n’ont pas servi leur patrie. On devait prévoir qu’ils préparaient un milieu où l’on verrait plus aisément apparaître ce dont nous fûmes les témoins en août, Unser Gott, le Méphisto d’Outre-Rhin, Satan surgissant au milieu de ses bataillons barbares et disant : « Tu m’as livré ton âme. Je viens prendre possession de toi ». N’y avait-il pas droit? Il croyait bien avoir détourné les Français de leur source primitive (...)"

 

BARRES Maurice, "Nous élargirons notre nationalisme", in La Patience, 22 avril 1915, p. 8-10.

Reprise de l'article dans L'Echo de Paris du 20 avril: "Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux en applaudissant les délires de Nietzsche ont trahi la cause de la France. Ils n’ont pas servi leur patrie. On devait prévoir qu’ils préparaient un milieu où l’on verrait plus aisément apparaître ce dont nous fûmes les témoins en août, Unser Gott, le Méphisto d’Outre-Rhin, Satan surgissant au milieu de ses bataillons barbares et disant : « Tu m’as livré ton âme. Je viens prendre possession de toi ». N’y avait-il pas droit? Il croyait bien avoir détourné les Français de leur source primitive (...)" (p. 10).

 

BARRES Maurice, L'âme française et la guerre, 4 L'amitié des tranchées, Paris, Emile-Paul Frères, 1916.

"Il est clair que certains ouvriers français, en adoptant le Marxisme, certains amateurs, en se livrant aux rêves wagnériens, d'autres curieux, en applaudissant les délires de Nietzsche, ont trahi la cause de la France. Ils n'ont pas servi leur Patrie" (p. 252).

A propos de l'engagement patriotique de Barrès pendant la guerre, lire par exemple Paul Souday: "On se souvient aussi de la phrase fantastique sur les admirateurs de Wagner et de Nietzsche qui ont « trahi la cause de la France ». (...) Barrès n'était certes pas de la première espèce alors pourquoi cette absurde et inutile xénophobie littéraire? Toute âme un peu bien située est patriote; mais en quoi le patriotisme est-il intéressé à nier des génies universellement humains, quoique nés hors de nos frontières? C'est le particularisme égotiste de Barrès qui l'égare." in Les livres du temps, deuxième série, Paris, Emile-Paul frères, 1930, p. 193-194.

 

BARRES Maurice, Autour de Jeanne d'Arc, Paris, Champion, 1916.

Note que "l'Allemagne s'enfonce dans une conception inhumaine et antichrétienne, dont Nietzsche est le plus récent prophète" (p. 58). Mêle Goethe, Hegelianisme, Marxisme, Wagnérisme, les doctrines de l'état-major et de Nietzsche (p. 59). 

Barrès et Nietzsche
10 mai 1915

 

BARRES Maurice, Les diverses familles spirituelles de la France, Paris, Emile-Paul Frères, 1917.

Raconte comment un jeune instituteur change quand se déclare la guerre (p. 128-130).

 

BARRES Maurice, "Nietzsche, Wagner et les dieux du Nord", in L'Echo de Paris, 8 novembre 1920, p. 1. (L.V.)