Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940

(Laure Verbaere et Donato Longo)

 

(en savoir plus)

Daniel Halévy (1872-1962)


Né le 12 décembre 1872 à Paris, mort le 4 février 1962 à Paris, Halévy fut un historien et essayiste français, issu d’une famille juive convertie au protestantisme. Il fut un ami de Charles Péguy et de Marcel Proust et un proche de Georges Sorel. Il écrivit des études sur Péguy, Michelet, Proudhon et Vauban, et une biographie de Nietzsche publiée en 1909 qui eut un grand retentissement et qui fut réédité plusieurs fois pendant le XXe siècle. Directeur de la collection des Cahiers verts de 1921 à 1937, il devint membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1949. A part sa biographie de Nietzsche, il est aujourd’hui connu comme auteur de l’Essai sur l'accélération de l'histoire, publié en 1948.-[Don Longo, 2014]

Lire: Sébastien Laurent, Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionalisme, Paris, Grasset & Fasquelle, 2001.

Voir la lettre de Georges Sorel à Jean Bourdeau du 10 octobre 1909 (p. 24)

Lire Marianne et Daniel Halévy-André Spire, Correspondance 1899-1961, Paris, H. Champion, 2020.



HALEVY Daniel et GREGH Fernand, "Frédéric Nietzsche", in Le Banquet, avril 1892, p. 33-35.

Halévy et Gregh contestent la valeur de l'article introducteur de Teodor de Wyzewa : "Avec toute la désinvolture d'un journaliste, Monsieur Teodor de Wyzewa s'est contenté de lire un livre de jeunesse : Menschliches Allzumenschliches! (Humain trop humain!) où l'on aurait peine à trouver trace des véritables idées de Nietzsche ; si bien que Monsieur Teodor de Wyzewa traite de nihiliste le plus affirmatif des penseurs, de pessimiste celui qui a eu le plus de confiance dans la vie". Ils n'hésitent pas à affirmer : "Le nom de Nietzsche a déjà été imprimé dans la Revue bleue, le Figaro, la Revue des Deux Mondes. Mais ceux qui en ont parlé ne l'ont guère lu. Le plus substantiel des articles qui ont été publiés sur la philosophie su concrète et si complexe de Nietzsche, celui de M. Teodor de Wyzewa, doit être considéré comme non avenu". Un peu plus loin, ils insistent encore lourdement. Selon eux, Camille Bellaigue n'a pas compris la portée du Cas Wagner. Ils remarquent : "(...) il n'y a pas de sa faute, car il ne connaissait Nietzsche que par Monsieur Teodor de Wyzewa, c'est-à-dire moins que pas du tout, faussement". Encore : "Il [Nietzsche] ne pouvait travailler que marchant à travers les campagnes. Il relève une phrase de Flaubert : "On ne peut penser et écrire qu'assis", il lui lance une suprême injure : "nihiliste!" lui dit-il. (Monsieur Teodor de Wyzewa avait-il lu ceci?)" (p. 35).

Pour finir, l'article contient un passage d'Au-delà du bien et du mal.

 

HALEVY Daniel (non signé), {Varia}, in Le Banquet, juin 1892, p. 125-128.

Traduction et publication d'un document, reçu "de source autorisée",  qui "rectifie plusieurs inexactitudes commises par un littérateur adroit mais mal informé" :

"1˚ Nietzsche ne se trouve aucunement dans la maison de santé badoise où un ami de M. de Wyzewa prétend l'avoir vu. Il a été placé quelques temps dans une maison de santé en Thuringe ; mais il vit depuis assez longtemps déjà avec sa mère (...). Il est tout aussi pareil à un homme que M. de Wyzewa.

2˚ Il est faux que la quatrième partie d'Ainsi parla Zarathustra soit le dernier ouvrage achevé de Nietzsche. (...).

Au-delà du Bien et du Mal, La Généalogie de la Morale, Le Crépuscule des Faux-Dieux, le Cas Wagner, - ainsi qu'une brochure inédite, traitant le même thème que le Cas Wagner, - sont postérieurs à la quatrième partie de Zarathustra. La couverture de ce dernier porte l'année 1885 comme indication de date, ce que M. de Wyzewa mentionne ; aussi son erreur paraît-elle malaisément saisissable. M. de Wyzewa, tout au long de son article, n'écrit pas une seule fois correctement le nom de Nietzsche ; et de même, au lieu du pasteur Dehler (dont il parle) c'est le pasteur Oehler qu'il faut lire" (p. 126-127).

 

HALEVY Daniel (non signé), {Varia}, in Le Banquet, juin 1892, p. 125-128.

Publication de renseignements biographiques adressés par un "savant ami de Frédéric Nietzsche" (p. 127). Courte notice biographique qui se termine en insistant sur les origines de la folie de Nietzsche : "Il avait voulu passer à Turin l'hiver 1888-1889 ; mais dès les premiers jours de janvier 1889, il fut atteint par une cruelle maladie causée par l'usage immodéré de chloral dont il se servait pour calmer ses insomnies... Tous ses ancêtres paternels et maternels furent des gens gais et robustes, dont la plupart atteignirent l'âge de quatre-vingt-dix ans. La famille de Frédéric Nietzsche était d'origine polonaise. Son véritable nom patronymique est Niezky". Halévy termine en remerciant son "correspondant qui préfère, croyons-nous, garder l'anonymat" (p. 127).

Il est assez cohérent de supposer que ce "savant ami" est Peter Gast qui écrit à Franz Overbeck le 17 février 1893: "Die Herren vom "Banquet" machen ihre Sache besonders gut: dort stand auch im vorigen Jahr eine kurze Biographie Nietzsche's aus meiner Feder, in meinem Französisch!! Halévy hatte sie einem meiner Briefe entnommen, die ich gelegentlich der Übersetzung des "Cas Wagner" geschrieben hatte! Ich habe darüber viel gelacht!"; cf. Franz Overbeck, Peter Gast, Briefwechsel, herausgegeben und kommentiert von David Marc Hoffmann, Niklaus Peter und Theo Salfinger, Berlin, New York, Walter de Gruyter, 1998, p. 376.

 

HALEVY Daniel (non signé), {Varia}, in Le Banquet, n˚6, novembre 1892, p. 191-192.

A la demande des lecteurs, publication d'une bibliographie des publications allemandes sur Nietzsche : liste de huit ouvrages tantôt recommandés, tantôt jugés insignifiants ou curieux, tantôt critiqués. [8]

 

HALEVY Daniel et DREYFUS Robert, "Frédéric Nietzsche : étude et fragments", in Revue Blanche tome 12, n˚87, 15 janvier 1897, p. 57-68.

Introduction des fragments par un récit de la vie de Nietzsche : "L'agonie et la mort de son père, le pressentiment de la vie l'avaient fait à sept ans grave et recueilli. Il fréquentait l'école. Mais il ne jouait, ne riait jamais. Il s'isolait, et ses camarades le surnommaient "Le petit pasteur". Quand on le punissait, il se retirait à l'écart, et méditait. Puis, selon sa conscience, il demandait pardon, ou subissait sa peine en silence.

Son éveil fut rapide. A neuf ans, il fit des vers. A onze, il composa. "Quand on est maître de soi, écrivait-il à treize ans, on est maître de l'univers". A quatorze ans, il avait assez vécu pour résumer ses efforts en une autobiographie qui n'est pas sans beauté. (...)" (p. 57).

Dénoncent l'existence de ce qu'ils nomment une "légende" : "Il existe une légende wagnérienne qui fait de Nietzsche un très méchant enfant vaniteux et désobéissant, puni comme il le mérite par l'imbécilité et la folie" (p. 59).

Racontent la vie de Nietzsche à la manière d'un agréable roman à suspens, avec une volonté évidente d'offrir un portrait avantageux et glorieux ; passent sous silence les dix années de professorat de Nietzsche à Bâle mais insistent sur les souffrances de Nietzsche pour mieux faire apparaître ses victoires sur lui-même ; de même, s'attardent sur les amitiés nouées pour mieux montrer comme l'esprit libre s'en affranchit. Selon eux, Nietzsche montre dès 1882 des signes d'égarement ; ils prétendent qu'ils ne connaissent Nietzsche que par six années de sa vie (1878-1884). Leur description de Nietzsche concordent avec leur récit : "Les yeux rond et fixes presque sortis de la tête, écrit quelqu'un qui le vit alors, les cheveux hérissés, l'air hagard, il semblait un chat en colère" (p. 61).

Concernant les dernières œuvres de Nietzsche, ils jugent : "Et ce sont bien des livres de morsure et de rage, ces trois livres qu'il écrivit alors : Le Cas Wagner, Le Crépuscule des faux Dieux, L'Antéchrist" (p. 61).

Ils concluent : "Un jour enfin, affolé de ses souffrances, il écrivit à ses amis qu'il était le Christ, et que, pour la seconde fois, il venait de mourir sur la croix : c'était la fin.

Dès lors sa conscience faiblit, s'obscurcit, s'éteignit. Une nuit, il fut lucide pour la dernière fois : il s'éveilla, s'assit sur son lit, et murmura par deux fois: "Ich bin dumm"." (p. 61).

Traduction de deux fragments autobiographiques de Nietzsche. Le premier est intitulé "Début d'une petite autobiographie intitulée Aus meinem Leben" (p. 62-63). Le second fragment n'a pas de titre. Traduction d'un chapitre du Crépuscule des idoles, "Le problème de Socrate".

 

HALEVY Daniel, "Nietzsche et Wagner - 1869-1876", in Revue de Paris, 15 novembre 1897, p. 302-327.

 

HALEVY Daniel, "Nietzsche et Wagner - 1869-1876", in Revue de Paris, 1er décembre 1897, p. 649-674.

Suite et fin.

 

HALEVY Daniel, "Frédéric Nietzsche (Oeuvres posthumes)", in Le Temps, 4 décembre 1902.

 

HALEVY Daniel, Histoire de quatre ans, Paris, 1903.

L'ouvrage est tiré à 3000 exemplaires car Charles Péguy est optimiste. A la fin de l'année 1903, il n'y a que vingt exemplaires vendus. Cf. Sébastien Laurent, Daniel Halévy. Du libéralisme au traditionalisme, Paris, Grasset & Fasquelle, 2001.

 

HALEVY Daniel, Un épisode, Paris, Cahiers de la quinzaine, 1907.

 

HALEVY Daniel, "L'enfance et la jeunesse de Nietzsche", in Revue de Paris, 1er mai 1907, p. 105-120.

 

HALEVY Daniel, "L'enfance et la jeunesse de Nietzsche", in Revue de Paris, 15 mai 1907, p. 372-394.

 

HALEVY Daniel, "Apologie pour notre passé", in Cahiers de la Quinzaine, 1908, 116 pages, 1 vol. in-18.

 

HALEVY Daniel, "Nietzsche et l'Empire allemand, 1870-1872", in Revue de Paris, 15 juillet 1908, p. 372-394.

 

HALEVY Daniel, "Overbeck et Nietzsche", in Journal des Débats, 30 août 1908, p. 3.

 

HALEVY Daniel, "Mademoiselle de Meysenbug et Frédéric Nietzsche", {Variétés}, in Journal des Débats, mercredi 18 août 1909, p. 3..

Exposé des relations amicales et affectueuses entre Malwida von Meysenbug et Nietzsche à partir de 1872.  Montre qu'elle a blâmé l'attitude de Nietzsche à l'égard de Wagner à partir de Humain trop humain, sans lui retirer son affection. Raconte la rencontre avec Lou Salomé sans reprendre totalement la version alors proposée par Elisabeth Förster Nietzsche, se contentant de dire : "Qu'advint-il? (...) Nous le savons mal." Raconte la rupture au moment de la publication du Cas Wagner et remarque : "Melle de Meysenbug aurait été moins sévère si elle avait prévu le désastre imminent : trois mois après, Nietzsche était fou." Conclut : "Aussitôt vint la gloire et Mlle de Meysenbug ne vit pas sans surprise l'apothéose de ce malheureux homme qu'elle avait si bien aimé, si peu compris. Onze ans plus tard, quand elle apprit sa mort, cette vieille, très vieille amie, obstinée survivante à tous ses compagnons et à son siècle même (...) coupa de ses mains, à Sorrente où le hasard l'avait ramenée, de longues branches d'olivier. Mme Förster-Nietzsche reçut ces feuillages et les déposa sur le cercueil de son frère, - double souvenir d'un coeur de femme toujours fidèle, d'une terre toujours aimée."

 

HALEVY Daniel, "Les nouveaux aspects du socialisme", {Etudes sociales}, in Pages libres n°457, 2 octobre 1909, p. 367-379.

Compte-rendu du livre d'Edouard BerthLes nouveaux aspects du socialisme. Trouve dans cet ouvrage des traces évidentes de l'influence de Nietzsche (p. 378).

 

HALEVY Daniel, "Friedrich Nietzsche, Briefe an Mutter und Schwester", {Revue des livres}, Journal des Débats politiques et littéraires, 5 octobre 1909, p. 3.

Le volume de lettres n'a qu'un seul intérêt: montrer qu'il n'existait aucune intimité réelle entre Nietzsche, sa mère et sa soeur, Elisabeth Förster-Nietzsche.

 

HALEVY Daniel, "La fin de Frédéric Nietzsche" in Le Figaro, 9 octobre 1909, p. 4.

Extrait de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche.

 

HALEVY Daniel, Le travail du Zarathoustra, Paris, Cahiers de la Quinzaine, 12e cahier de la Xe série, avril 1909, 85 pages, vol. in-16.

Première version des trois chapitres de la quatrième partie de la biographie de Nietzsche à paraître : La tentatrice, Ainsi parla Zarathoustra et La visite de Heinrich von Stein.

 

HALEVY Daniel, La vie de Frédéric Nietzsche, Paris, Calmann-Lévy, 1909, 383 pages, vol. in-18.

 

HALEVY Daniel, "Lettre", in La Phalange, n°47, 20 mai 1910, p. 668.

Lettre de Daniel Halévy en réponse à une plainte d'Elisabeth Förster-Nietzsche. Commentaire de la revue : "Nous espérons que Madame Förster-Nietzsche, déférant au désir bien naturel de M. Daniel Halévy, voudra bien préciser ses allégations pour permettre à l'auteur de La Vie de Frédéric Nietzsche d'y répondre, nous n'en doutons pas, victorieusement."

 

HALEVY Daniel, La vie de Frédéric Nietzsche, Paris, Calmann-Lévy, 1912.

4ème édition.

 

HALEVY Daniel, "Sur un ami de Nietzsche", in L'Opinion, 10 avril 1920, p. 408-410.

L’article dans L’opinion est une étude sur l’amitié entre Nietzsche et Jacob Burckhardt. L’image de Nietzsche qui ressort de l’article est la même que celle dans sa biographie de 1909: Nietzsche n’avait qu’une seule passion et une seule souffrance – la haine de la médiocrité; la vie du philosophe n’avait été en fin de compte que le calvaire de l’homme noble. -[Don Longo, 2014]

 

HALEVY Daniel, "Ce que penserait Zarathoustra de l'U.R.S.S.", in La Petite Gironde, 19 septembre 1931, p. 1.

Repris sous le titre "Nietzsche et les Soviets" in Courrier d'Europe, Paris, Grasset, 1933.

 

HALEVY Daniel, Courrier d'Europe, Paris, Grasset, 1933.

Contient "Nietzsche et les soviets" (p. 61-69).

Reprise de "Ce que penserait Zarathoustra de l'U.R.S.S." in La Petite Gironde, 19 septembre 1931, p. 1.

Voir le compte-rendu de Georges Blondel dans la Revue internationale de l'enseignement (1933) [L.V.]

 

HALEVY Daniel, "Nietzsche et la crise de l'esprit contemporain", in Bulletin de l'Union pour la vérité, avril-mai 1937, p. 323-327.

 

HALEVY Daniel, "Lettre à Julien Benda à propos de Nietzsche", in Bulletin de l'Union pour la vérité, décembre 1937-juin 1938, p. 183.

 

HALEVY Daniel, "Solitude de Nietzsche", in Adrien Dansette, Explication de la IIe République, Paris, Séquana, "Hier et demain" n°1, 1942, p. 71-103.

 

HALEVY Daniel, "Frédéric Nietzsche : II : l’adolescence", in Revue universelle, n°47, 10 décembre 1942.

 

HALEVY Daniel, "Vie de Nietzsche (fin)", in Revue universelle, n°50, 25 janvier 1943.

 

HALEVY Daniel, "Masques et détours de Nietzsche", in Henri Clouard, Bilan de Barrès, Paris, Séquana, "Hier et demain", n°3, 1943, p. 41-76.

 

HALEVY Daniel, Nietzsche, Paris, Grasset, 1944.

Voir par exemple le compte-rendu par René Gerin dans L'Œuvre, 22 juillet 1944, p. 2.