Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940
(Laure Verbaere et Donato Longo)
ERNST Alfred, "Le Cas Wagner - Der Fall Wagner", {Musique}, in Revue Blanche, tome 3, n˚14, décembre 1892, p. 334-336.
Commence par se montrer très satisfait : "Le Cas Wagner - Der Fall Wagner - vient de paraître, élégamment et consciencieusement traduit par MM. Daniel Halévy et Robert Dreyfus" (p. 334). Remarque : "Quelque antipathie que puissent inspirer à un wagnérien les théories de Nietzsche, il y a lieu d'en dire quelques mots à cette place, en toute sincérité" (p. 334). Ajoute aussitôt : "L'écrit de Nietzsche est caractéristique : il veut paraître railleur et profond tout ensemble, et il est seulement curieux et rageur. Rien ne saurait indifférer, venant d'une intelligence aussi vive, aussi amère que celle du philosophe ; mais il est moral de voir que les ennemis d'un maître sont diminués par la grandeur même de celui qu'ils attaquent, et, en l'espèce, de constater qu'un Nietzsche peut descendre à l'étage d'un Paul Lindau" (p. 334).
Se refuse à discuter les idées de Nietzsche sur Wagner, constatant seulement que Nietzsche commet de nombreuses erreurs matérielles. Estime que l'intérêt de l'ouvrage tient seulement au "contraste entre l'esprit de Nietzsche et le génie de Wagner" et que sa lecture montre "quelle est l'idée morale de l'œuvre wagnérienne, quels doivent être les admirateurs de cette œuvre et d'où lui viennent forcément ses ennemis" (p. 335). Souligne que Nietzsche "s'y montre dans toute sa laideur morale" et qu'il n'est "au fond, ni un passionné véritable, ni même un sensuel, mais un voluptueux - les termes ne sont pas synonymes - tout au moins un voluptueux intellectuel, un dilettante, un orgueilleux, un égoïste, un aristocrate dans le sens le plus raffiné, le plus odieux du mot" (p. 335).
ERNST Alfred, L’art de Richard Wagner, Paris, Plon, Nourrit, 1894.
Evoque les relations entre Nietzsche et Wagner, p. 65.