Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1906


Ouvrages qui évoquent Nietzsche


BLUM Léon, En lisant. Réflexions critiques, Paris, Ollendorff, 1906.

Contient des réflexions sur Nietzsche et Maurice Barrès ainsi que la réponse de Léon Blum à une enquête sur le roman contemporain réalisée par une revue franco-anglaise, The Weekly Critical Review.

Réédité dans L'oeuvre de Léon Blum, Paris, Albin Michel, cf. les pages 77-82 et 90-94.

Voir le compte-rendu d'Emile Faguet en février 1907.

 

CASELLA Georges, La nouvelle littérature (1895-1905), Paris, Sansot 1906.

Contient "Mallarmé et Nietzsche" (p. 35-37). 

Apprécie: " Ce qui fut mauvais et contraire à notre génie propre dans les influences reçues de l'étranger, une influence étrangère le neutralisa. Frédéric Nietzsche fit contrepoids à Tolstoï. Avec Zarasthoustra, c'était, mêlée aux inquiétudes modernes, toute la lumière d'Hellas qui venait à nous, ses méthodes, son âme, ses erreurs, sa volupté précise. Au troupeau stupide, il opposa le conducteur de troupeau; à l'adoration naturaliste de l'éphémère, il opposa le culte de l'inactuel ; à l'observation hésitante et méticuleuse du détail, la vision lyrique, la prescience du prophète. Il nous apprit surtout à discipliner les forces et les élans de la cité intérieure. Sa morale fut haute comme son esthétique, elles étaient humaines dans le sens que la Grèce antique donnait à cette épithète, surhumaines par rapport à nous. Ses disciples eurent l'ivresse de la plastique idéale. A la religion de la pitié il substitua celle de l'énergie, du désir de

dominer « La vertu qui donne »" (p. 36).

Sur Remy de Gourmont: "A son propos, quand on a parlé de l'influence nietzschéenne, il a fait remarquer très justement que

Nietzsche n'aurait pas eu tant de succès, si sa pensée n'avait été pensée par des esprits orientés déjà comme le sien, si Zarathoustra n'avait été la traduction de la pensée d'une génération..." (p. 55)

Rapporte un jugement du critique Ernest-Charles: "Il ne saurait être superflu de se demander encore si ce n'est pas précisément parce qu'il mourut fou qu'il est bien prouvé que Nietzsche fut véritablement un homme de génie" (p. 60).

 

DELVOLVE Jean, L'organisation de la conscience morale, Paris, Alcan, 1906.

Cf. le compte-rendu de J. Segond en mai 1908.

 

GOYAU Georges, L'Ecole d'Aujourd'hui, série 1, Paris, Perrin, 1906.

Critique de la vision du patriotisme de Jules Payot. Quelques pages sur le "surhomme" primaire. (p. 127-132)

 

JAMES William, L'expérience religieuse: essai de psychologie descriptive, Paris, Alcan, Genève, Kündig, 1906.

Traduit avec l'autorisation de l'auteur par Frank Abauzit (professeur de philosophie au lycée d'Alais), avec une préface d'Emile Boutroux (professeur d'histoire de la philosophie moderne à la Sorbonne).

Dans le chapitre IX "critique de la sainteté", examine le point de vue de Nietzsche (p. 318-321)

 

LANDRY Adolphe, Principes de morale rationnelle, Paris, Alcan, Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1906.

 

LE DANTEC F., La lutte universelle, Paris, Flammarion, 1906.

 

MAZEL Henri, Ce qu'il faut lire dans sa vie, Paris, Mercure de France, 1906.

Auteurs et ouvrages conseillés par tranche d'âge. Recommande la lecture des oeuvres de Nietzsche aux 25-31 ans. Déconseille les pages choisies, recommande quelques titres, indique quelques ouvrages sur Nietzsche.

11ème édition en 1917.

 

MERCIER Désiré Joseph, Cours de philosophie. 4, Critériologie générale ou Théorie générale de la certitude, Paris, Alcan, 1906.

Assimile la pensée de Nietzsche à "la loi du plus fort", à des "théories brutales"  (p. 203).

 

Société des artistes indépendants, Catalogue de la 22e exposition 1906, Paris, l'Emancipatrice, 1906.

Exposition notamment d’œuvres d'Edvard Munch dont n°2470: Nietzsche. (p. 298)

 

SOUZA Robert de, Où nous en sommes. La victoire du silence, Paris, H. Floury, 1906.

"Il est clair que si l'on ne parle plus de Wagner ni d'Ibsen, c'est qu'ils sont assimilés. Nous n'avons plus à les aimer d'une façon extérieure à nous, nous les aimons en nous-mêmes ; ils font partie de notre chair, ils recomposent en nous une nouvelle substance. Notre curiosité de l'étranger n'en est pas amoindrie ; le prouve assez la vogue récente des musiciens russes et des écrivains Gorki, Tchékhov ; ou des Anglais, Kipling et Wells, pendant que Nietzsche, insuffisamment digéré, en est à la période suivante, intermédiaire entre l'émotion initiale et l'assimilation complète." (p. 108)

 

THIAUCOURT Camille, Les Gaulois et les Germains. Le passé explication du présent, Malzéville-Nacy, Imprimerie EDG, 1906.

Contient une petite section sur Nietzsche.


Nietzsche dans la littérature


LOTI Pierre, Les désenchantées, Paris, Calmann-Lévy, 1906.

Roman à succès: 122ème édition en  1908.

Egalement publication du roman en plusieurs livraisons dans la Revue des Deux Mondes de mars à mai 1906.

Description de la chambre de la jeune fille: "Sur un petit bureau laqué de blanc, une bougie oubliée brûlait encore, parmi des feuillets manuscrits, des lettres toutes prêtes dans des enveloppes aux monogrammes dorés. Il y avait là aussi du papier à musique sur lequel des notes avaient été griffonnées, comme dans la fièvre de composer. Et quelques livres traînaient parmi de frètes bibelots de Saxe le dernier de la comtesse de Noailles, voisinant avec des poésies de Baudelaire et de Verlaine, la philosophie de Kant et celle de Nietzsche. Sans doute, une mère n'était point dans cette maison pour veiller aux lectures, modérer le surchauffage de ce jeune cerveau." (p. 11)