Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1893


Articles et comptes rendus sur Nietzsche


C. J. , {La Nouvelle revue}, in La Réforme sociale, n°1, 1893, p. 239-241.

Compte-rendu de Jeannine, "Un moraliste à rebours", p. 239.

 

ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche", in Mercure de France, tome 7, n˚37, janvier 1893, p. 46-64.

Résumé de la vie de Nietzsche : "Friedrich Nietzsche naquit à Roecken près de Lützen le 15 octobre 1844. Il passa son enfance à Nauenbourg-sur-Saale, où son père était pasteur. Du côté paternel, il descend d'une famille de gentilshommes polonais (Nietzki) ; sa mère était Allemande, sa grand-mère faisait partie des cercles de Goethe à Weimar. Après avoir passé son examen de maturité, il étudia les langues anciennes aux universités de Bonn et de Leipzig, sous la direction du célèbre philologue Ritschl, qui bientôt conçut une haute opinion du jeune étudiant. En 1869, sur la recommandation de Ritschl, l'université de Bâle lui offrit une chaire de professeur avant même qu'il fut docteur. Il accepta, âgé à peine de vingt-cinq ans, et l'université de Leipzig lui fit cadeau du doctorat, sans thèse. L'année suivante, il prend part à la guerre comme volontaire dans les ambulances - comme officier d'artillerie disent d'autres...

Des maux de tête le prennent en 1876. En vain cherche-t-il à se guérir en Italie. En 1878, il est forcé de prendre sa retraite, que Bâle lui accorde avec pension entière. Alors commence pour le philosophe cette existence nomade dans le midi de l'Europe. Tantôt à Nice ou dans l'Engadine, tantôt à Rome ou à Turin. Ici l'atteint la terrible maladie qui obscurcit à jamais son esprit gigantesque. Transporté dans un établissement hydrothérapique à Iéna, il en sortit récemment pour être laissé, à Nauenbourg, aux soins pieux de sa mère".

Au sujet du livre de Lou Andreas-Salomé, s'attarde en compliments : "Je voudrais pouvoir reprendre en entier les merveilleux développements de cette extraordinaire femme, qui vécut pendant des mois en communion de pensée avec le maître. Je me permettrai de recourir largement, en déterminant la genèse spirituelle de Nietzsche, aux pages lumineuses de ce subtil Eckermann féminin" (p. 60). [1]

Note sévèrement : "Une traduction française du Cas Wagner vient d'être publiée. Je crois pouvoir affirmer que la publication de cet opuscule, ainsi dégagée de ses autres ouvrages, n'était nullement selon les intentions de l'auteur" (p. 55, note 1).

 

Cet article est évoqué par Peter Gast dans une lettre à Franz Overbeck du 17 février 1893: "Naumann schickte mir gestern Le Mercure de France (Janv. 93) mit einem Artikel "Friedrich Nietzsche" von Henri Albert - sehr nett, ziemlich gut unterrichtet"; cf. Franz Overbeck, Peter Gast, Briefwechsel, herausgegeben und kommentiert von David Marc Hoffmann, Niklaus Peter und Theo Salfinger, Berlin, New York, Walter de Gruyter, 1998, p. 376.

 

MAZEL Henri, "Nietzsche et le présent", in L'Ermitage, 6, janvier 1893, p. 81-87.

Introduit son étude : "Si les produits philosophiques comme les organiques contiennent un principe actif, la nietzschine peut-être un des agents les plus puissants de la thérapeutique sociale, à la fois redoutable et bienfaisante. Notre temps en a besoin, et à doses énergiques. Que ceci me soit une excuse si je consacre quelques pages à Nietzsche après celle si suggestives de mon ami Hugues Rebell dans le dernier numéro de l'Ermitage : Nietzsche est un de ces penseurs qu'on ne fera jamais assez connaître aujourd'hui" (p. 81).

En filant la métaphore médicale, décrit la "veulerie" et l'"avachissement" d'un monde moderne menacé du "hideux socialisme" (p. 82). Estime : "C'est pourquoi il faut sonner les fanfares à l'arrivée des Gylippes sauveurs peut-être de la cité atone. Nietzsche en est un par qui nos reins seront, fut-ce à coup de lanières, redressées, et nos cœurs cuirassés de triple orgueil. Jamais homme n'a tendu d'un bras plus âpre les cordes hautaines de l'âme" (p. 81-82). Précise : "Je ne parlerais pas ainsi si notre temps au lieu d'être de lâcheté était d'orgueil. Alors la nietzschine deviendrait un toxique redoutable, comme la nicotine pour le cardiaque, et le corpus social n'en supporterait que des doses infinitésimales" (p. 83). Reconnaît que la théorie de Nietzsche est "monstrueuse" mais ajoute qu'"il ne faut rien moins que la veulerie universelle pour nous faire résigner à ce révulsif" (p. 85).

 

REBELL Hugues, "Le Cas Wagner par Frédéric Nietzsche", {Littérature d'actualité}, in L'Ermitage, 6, janvier 1893, p. 66-69.

Eloges appuyées : "Aujourd'hui dans une traduction qui leur fait honneur, d'abord pour l'avoir entreprise, et ensuite pour n'avoir point trahi le génie de l'écrivain qu'ils nous présentent, MM. Halévy et Dreyfus nous donnent le "Cas Wagner"". (p. 67)

 

LAZARE Bernard, {Revue des revues}, in Entretiens politiques et littéraires, 6, janvier 1893, p. 47-48.

Mentionne "une très bonne étude de Henri Albert sur Friedricht Nietzche" dans le Mercure de France (p. 47).

 

LAZARE Bernard, "Le Cas Wagner, par Frédéric Nietzsche", {Les livres}, in Entretiens politiques et littéraires, 6, janvier 1893, p. 89

Compte-rendu du Cas Wagner. "MM. Daniel Halévy et Robert Dreyfus ont entrepris la traduction complète des œuvres de Nietzsche. Nous ne saurions trop les en louer et les en remercier. Mais ils comprendront que ce n'est pas sur le Cas Wagner ou sur les fragments très restreints de Zarathustra, connus de tous, qu'il nous est possible de parler du philosophe. D'autant que, comme le dit Henri Albert dans son étude publiée par le Mercure de France : "La publication de cet opuscule (le Cas Wagner) ainsi dégagée de ses autres ouvrages, n'était nullement dans les intentions de l'auteur".

Pour parler des rapports de Nietzsche et de Wagner, il faudrait rapprocher le Cas Wagner de Richard Wagner à Bayreuth ; nous attendrons donc la publication des Considérations inopportunes qui ne peut tarder"

 

LAZARE Bernard, "Le Cas Wagner, par Frédéric Nietzsche", {Les livres}, in Entretiens politiques et littéraires, 6, janvier 1893, p. 92-93.

Même compte-rendu que précédent.

 

ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche (suite)" in Mercure de France, tome 7, n˚38, février 1893, p. 163-173.

Brosse un portrait héroïque de Nietzsche : "Derrière chacune de ses phrases, on sent palpiter sa vie intense, aussi son œuvre a-t-elle, comme une vie de héros, quelque chose de morcelé, de décousu, de parfois contradictoire. Derrière sa joie apparente, on pressent les gouffres béants de terribles souffrances. Et sa souffrance même lui est motif de pensée. Il semble être sous le coup de ses idées comme de ses maux physiques, il en tombe malade et il en guérit.

A mesure qu'il va, ses pensées deviennent toujours plus vivantes, plus personnelles, elles se mêlent et se confondent à sa vie affective, elles l'entraînent jusqu'aux frontières du visionnaire, au sacrifice de lui-même, à sa propre apothéose" (p. 170).

Remarque : "Peut-être que seul ce qu'il y a de profondément humain en Nietzsche devrait nous intéresser dans son œuvre. Dégagée de sa personnalité, elle tombe dans le néant" (p. 171).

 

LAZARE Bernard, {Revue des revues}, in Entretiens politiques et littéraires, 6, février 1893, p. 141-142

Mentionne la suite de l'étude d'Henri Albert sur Nietzsche dans le Mercure de France (p. 142).

 

Anonyme, "La Nietzschine", in Le Voltaire, 3, mars 1893.

D'après une coupure de presse conservée au Goethe- und Schiller-Archiv (Signatur GSA 165/3845)

 

BOURDEAU Jean, « Max Stirner et Frédéric Nietzsche », {Revue philosophique. Nouvelles modes en philosophie}, in Journal des débats, 16 mars 1893, p. 1.

 

THOREL Jean, "Les Pères de l'anarchisme : Bakounine, Stirner, Nietzsche", in Revue bleue, 51, n˚15, 15 avril 1893, p. 449-454. [3]

 

BOURDEAU Jean, "Nouvelles modes en philosophie : le néo-cynisme aristocratique -Frédéric Nietzsche", {Revue philosophique}, in Journal des Débats, 20 avril 1893, p. 1-2.

Résume la vie de Nietzsche : "Né en 1844 à Lützen, il descend d'une famille de gentilshommes polonais, les Niëski. Sa grand-mère avait vécu dans le cercle de Goethe à Weimar, son père était pasteur protestant. Après les plus brillantes études, il fut reçu docteur à Leipzig sans examen. A vingt-quatre ans, il professait la philologie à l'Université de Bâle. Il avait l'âme d'un chevalier soldat plutôt que d'un rongeur de livres. Il prit part à la campagne de 1870 contre la France, en qualité d'officier d'artillerie, ou, selon d'autres, comme attaché au corps sanitaire. Il renonça plus tard à sa nationalité allemande. A partir de 1876, sa santé exigea des ménagements extrêmes, des séjours à Sorrente, à Nice, dans la Haute Engadine. Quand ses maux d'yeux et ses névralgies lui laissaient quelques répits, il écrivait ses plus belles pages. Il finit par sombrer dans les abîmes de la folie (janvier 1889). Enfermé dans un asile, il en est maintenant sorti. Mais le penseur, l'artiste sont mort en lui".

Ne manque pas d'évoquer tour à tour les différentes hypothèses qui ont été avancées avant lui pour expliquer les raisons de l'effondrement mental de Nietzsche, mais n'en favorise aucune. Se demandant s'il existe "une sorte de parenté entre certaines formes de talent et de folie", il se contente de plaisanter : "Mais si l'orgueil démesuré d'auteur devait signifier la démence, il n'est guère d'homme de lettres, et jusqu'au dernier barbouilleur de papier, auquel il ne faille ouvrir un cabanon dans une de ces maisons dites de santé".

Insiste : "Il y a d'ailleurs chez Nietzsche un absolu contraste entre l'homme d'une modestie parfaite, d'une politesse exquise, d'un commerce sans aigreur ni âpreté, très aimé de ses élèves et chéri des femmes (lui qui dans ses livres leur prodigue l'insulte et les flagellations), et l'écrivain cynique, qui soufflète au visage tous les principes sur lequel repose l'ordre social établi".

Poursuit : "L'œuvre de Nietzsche présente deux aspects bien différents, par où il nous attire à la fois et nous rebute".

 

Anonyme, "La santé de Friedrich Nietzsche", {Bulletin. Nouvelles de l'étranger}, in Revue bleue, tome 51, n˚16, 22 avril 1893, p. 512.

 

LAZARE Bernard, {Revue des revues}, in Entretiens politiques et littéraires, 6, avril 1893, p. 335-336.

Mentionne l'article de Henri Mazel, "Nietzche et le préent" (sic) dans L'Ermitage (p. 336).

 

DESCHAMPS Gaston, « Les hommes supérieurs »,  {Au jour le jour}, in Journal des Débats, 5 mai 1893, p. 1.

A propos des traductions de Nietzsche dans L’Ermitage.

 

Anonyme, "Wagner et Nietsche", {Variétés}, in Revue bleue, tome 51, n˚19, 13 mai 1893, p. 609-611.

 

ALBERT Henri, {Journaux et revues}, in Mercure de France, tome 8, n˚41, mai 1893, p. 88-91.

Compte rendu d'un article de Louis Stein intitulé "La philosophie de Nietzsche et ses dangers" (p. 88-91). Henri Albert est sensible au sérieux de l'étude et va jusqu'à reprocher à Stein de n'avoir pas développé les aspects négatifs de Nietzsche : "Je trouve encore dans l'étude de M. Stein quelques détails intéressants sur l'activité de Nietzsche comme professeur à l'Université de Bâle, quelques rectifications biographiques utiles à noter, mais ce qu'il y a de néfaste [souligné en italique] dans les tendances du philosophe n'y est nullement approfondi ; (...)" (p. 91). [3/1]

 

BOUYER L. Raymond, « Un ( ?) sur Wagner », {Chroniques musicales}, in L’Ermitage, vol. 6, janvier-Juin 1893, p. 215-217.

Remarque que Nietzsche "en s'attaquant musicalement au pseudo-Wagner des apparences, a pris un vrai dieu pour le dieu Baal" (p. 217).

 

ROBERTY Eugène de, "Voprosy filosofii y psichologii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 35, n˚6, juin 1893, p. 659-663.

Compte-rendu de V. Préobrajensky, "Friedrich Nietzche : Une critique de la morale de l'altruisme" (p. 659-660). [4]

 

ROBERTY Eugène de, "Voprosy filosofii i psichologii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 35, n˚6, juin 1893, p. 659-663.

Compte-rendu de W. Solovieff, "Une théorie de l'amour" (p. 660-661). Précise que l'auteur, comme Nietzsche, est "hanté par la radieuse vision de l'Etre supérieur, de l'Uebermensch ; seulement, sa "marche à l'étoile" n'exige pas de nos faibles efforts le mépris hautain de toute morale traditionnelle. Le "Werdet hart" du farouche Saxon est remplacé - grâce en soit publiquement rendue à l'équitable âme slave - par une maxime infiniment plus douce" (p. 661). [5]

 

ROBERTY Eugène de, "Voprosy filosofii y psichologii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 35, n˚6, juin 1893, p. 659-663.

Compte-rendu d'un article de L. Lopatine sur Nietzsche intitulé "Une sincérité malade" (p. 662). [6]

 

ROBERTY Eugène de, "Voprosy filosofii y psichologii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 35, n˚6, juin 1893, p. 659-663.

Compte-rendu d'un article de N. Grote sur Nietzsche, intitulé "L'idéal éthique et les fins morales de notre temps" (p. 662-663). [7]

 

ROBERTY Eugène de, "Voprosy filosofii y psichologii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 35, n˚6, juin 1893, p. 659-663.

Compte-rendu de la seconde partie d'un article de P. Astafieff sur Nietzsche intitulé "La genèse de l'idéal moral du décadent" (p. 663). [8]

 

M. K., "Le Cas Wagner, par Frédéric-Nietzsche", {Bulletin bibliographique}, in La Cocarde, 8 juin 1893, p. 3.

 

Anonyme, « A travers l’œuvre de Frédérick Nietzche » {Les livres}, in Revue d’art dramatique, tome XXXI, n°15, juillet 1893, p. 186-191.

 

ARREAT Lucien, "Wilhelm Weigand. Friedrich Nietzsche. Ein psychologischer Versuch", {Notices bibliographiques}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 36, n˚7, juillet 1893, p. 104-106. [9]

Commence par remarquer qu'il a déjà eu l'occasion de parler de Nietzsche et reconnaît que Nietzsche est un "véritable écrivain" (p. 105). Expose son propre point de vue : "Mais les lueurs qui brillent dans son œuvre font peut-être mieux paraître la nuit qui enveloppait son esprit, et les voix éloquentes qui y résonnent accusent trop la confusion d'une âme tumultueuse". Remarque que c'est à peu près ce que M. Weigand dit, "à demi-mot quelquefois, avec la discrétion qu'impose une terrible infortune". Finit : "Que valent, au fond, certains nouveaux dieux que nous feignons d'adorer? A cela personne ne répond bien franchement. Les meilleurs prophètes ne voient jamais très loin dans l'avenir : c'est une excuse contre la révolution d'hier, une assurance contre celle de demain" (p. 106).

 

ALBERT Henri, {Journaux et revues} in Mercure de France, tome 8, n˚44, août 1893, p. 371-373. [11]

Henri Albert commence par citer longuement Stein : "(...) "La culture philosophique de notre temps est trop imparfaite, trop superficielle, trop peu systématique chez la plupart d'entre ceux de la génération nouvelle, pour que l'ont soit armé contre les formules séductrices de la philosophie de Nietzsche. Qu'on jette un regard sur la conformation des adhérents du penseur, chez qui sa parole a pénétré le plus profondément et avec le plus de puissance. En première ligne le socialisme et son moniteur éhonté (sic), la Freie Bühne. L'enthousiasme pour Nietzsche dans ces milieux est devenu un véritable sport...".

Puis, s'emporte : "C'est ici que nous tenons M. Stein. Terminer une volumineuse étude, très précieuse et très pénétrante en somme, par des invectives aux rédacteurs de revues d'art sincères et convaincues comme la Freie Bühne et la Gesellschaft, semble vraiment bien inutile, et l'on ne peut plus voir, pour conclure, dans le travail de M. Stein qu'une rancunière élucubration d'universitaire (oh, bien intelligent cependant!) contre des artistes indépendants et chercheurs, sur le point d'arriver, dont le seul crime est d'aimer trop celui qui leur montra la voie" (p. 372-373).

 

P.L. "L'art-névrose", in L'oeuvre d'art, n°9, 20 août 1893, p. 1-2.

A propos de Max Nordau, Entartung. Evoque les pages sur Nietzsche (p. 2.)

 

SAINT-CHARLES, "Chez Frédéric Nietzsche", in Le Figaro, n°260, 17 septembre 1893, p. 1.

 

BALTUS, Geroges M., "Frédéric Nietzsche", in Le Mouvement littéraire, 23 septembre 1893.

Référence citée d'après Archivdatenbank des Goethe- und Schiller-Archivs (voir)

 

ALBERT Henri, {Les livres}, in Mercure de France, tome IX, n˚46, octobre 1893, p. 173-184.

Compte-rendu de Paul Lauterbach et Adrien Wagnon, A travers l’œuvre de Nietzsche (1893). Cite un extrait, critique la traduction ainsi que la conception du recueil et conclut : "En définitive, l'anthologie française des œuvres de Nietzsche est encore à faire" (p. 181).

 

Anonyme, "La santé de Frédéric Nietsche", {Bulletin. Nouvelles de l'étranger}, in Revue bleue, tome 52, n˚20, 11 novembre 1893, p. 639.

 

Anonyme, "Une préface inédite de Frédéric Nietsche", {Bulletin. Nouvelles de l'étranger}, in Revue bleue, tome 52, n˚21, 18 novembre 1893, p. 670-671.

Présentation et extraits d'une préface que Nietzsche avait prévu pour Goetzen-daemmerung. Comme l'indique le traducteur,  Nietzsche a opéré des changements de dernière minute. [12]

 

DUCHOSAL Louis, {Publications nouvelles}, in Journal de Genève, 30 novembre 1893, p. 3.

Compte-rendu de la pièce de J.-V. Widmann, Au-delà du bien et du mal. Jenseits von Gut und Böse (Stuttgart, Colla, 1893).

Note: "Le drame est une piquante critique des théories de Frédéric Nietzsche, de ce qu'on appelle la nietzschine, dans quelques publications de Paris où l'on commence à écouter ce grand cynique auprès duquel Schopenhauer n'est que de la pimpilvinette, comme aurait dit le peintre Hornung, Robert Pfeil en est tout imprégné, il n'exprime pas une pensée qui ne soit selon le canon de l'ancien professeur de Bâle."

 

STEIN Louis, "Frédéric Nietzsche : l'homme et l'écrivain", in Revue bleue, tome 52, 9 décembre 1893, p. 748-751. [13]

Le traducteur a inséré cette note en bas de la première colonne : "(...) Cette étude fait partie d'un ouvrage plus étendu : La philosophie de Nietzsche et ses dangers, dont nous rendrons compte très prochainement : nous ne pouvons aujourd'hui que le signaler, comme la tentative la plus sérieuse qui ait été faite en Allemagne pour enrayer les progrès croissants de l'esprit nietzschéen" (p. 748).

Concernant la folie finale de Nietzsche, tant sujette à controverses, entre un peu dans les détails mais il se justifie aussitôt, comme pour s'en excuser : "Si je n'ai point passé sous silence ce triste épilogue d'une carrière si brillante et si féconde, c'est que je tenais à protester contre les rapprochements, tout à fait illégitimes, à mon avis, qu'on a cru pouvoir établir entre l'œuvre philosophique de Nietzsche et la maladie dont il est frappé. Les lecteurs de Nietzsche reconnaîtront avec moi que ses derniers écrits, la préface de son Crépuscule des Faux Dieux, écrite le 20 septembre 1888, et ses Dithyrambes de Dionysos, datés de la même époque, que ces pages, pas plus que les œuvres précédentes du malheureux philosophe, ne fournissent pas le moindre indice qui puisse faire prévaloir une folie prochaine" (p. 751).

Insiste longuement : "La physionomie littéraire de Nietzsche était exactement l'opposé de son apparence personnelle et de ses manières privées. Jamais on n'a vu peut-être un contraste plus frappant entre les habitudes de parler et les habitudes d'écrire d'un homme de lettres. "En société, c'était l'homme le plus modeste, le plus doux, le plus affable que j'aie rencontré, et dès qu'il écrivait, il n'y avait personne de plus libre, de plus violent et de plus orgueilleux" . Voilà ce que me disait de Nietzsche un fonctionnaire de Bâle, qui avait eu pleine occasion de le connaître durant les dix années de son séjour à l'Université" (p. 748).

Tout en expliquant point par point les dangers de la philosophie de Nietzsche, il peut ainsi écrire sans se contredire : "Son apparence extérieure était très sympathique. Elle semble surtout lui avoir conquis la faveur des femmes. (...) Dans les cercles intelligents de Leipzig, notamment, c'était toujours une fête quand il arrivait : et à peine était-il entré dans un salon que toute une troupe de dames se pressaient autour de lui, des dames pour la plupart assez âgées, et qui recueillaient toutes ses paroles avec un respect religieux.

Peut-être est-ce encore à cette cause qu'il faut attribuer la recherche constante de propreté et de correction extérieures qui était devenue chez Nietzsche une véritable manie. (...), ainsi que nous l'avons dit, on ne saurait imaginer un homme plus rempli de réserve et plus timoré, aussi longtemps qu'il n'avait pas la plume à la main" (p. 749).

Conclut en prenant bien soin de préciser : "Et si je me sens dans l'obligation de combattre à fond toutes les idées philosophiques de Nietzsche, je ne puis en revanche m'empêcher de déclarer que ses œuvres, même lorsqu'elles me choquent par leur cynisme, prennent rang, au point de vue littéraire, parmi les chefs-d’œuvre de la langue allemande" (p. 751).

 

Anonyme, « Friedrich Nietzsche, von Wilhelm Weigand », in Polybiblion, 1893, p. 340.