Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1908


Ouvrages qui évoquent Nietzsche


ADAM Paul, La morale de l'éducation. La vie des élites, Paris, Flammarion, 1908.

Note que les Allemands ne comprennent rien à Gobineau. Ajoute: "Il y a quelque vingt ans, on erra de même, lorsque les lecteurs de Darwin eurent répété l'expression de « lutte pour la vie », et celle de sélection « naturelle ». Maints et maints jeunes gens se crurent en accord avec la science, parce qu'ils jouaient des coudes sans scrupules, au milieu de la cohue sociale. Aujourd'hui, Nietzsche est le parangon de sots pareils." (p. 31)

Sur le mentalité des jeunes gens: "Aujourd'hui, le bachelier subit l'influence de Nietzsche comme nous subîmes celle de Schopenhauer. Il a la volonté de puissance et le goût de se faire surhomme. Il cultive les sports, afin d'exercer son caractère au risque, à la vaillance, à l'opiniâtreté. Il révère son individu. II croit au bonheur. Pour le savourer, il s'émeut avec Jean-Jacques et l'école naturiste qui perpétue cet esprit devant les fruits, le soleil, la forêt. Tous les opuscules des nouveaux poètes contiennent cette litanie qu'eût lue Bernardin

de Saint-Pierre, les larmes aux yeux." (p. 171)

 

BERGUER Georges, La notion de valeur, sa nature psychique, son importance en théologie, Genève, Imprimerie Romet, 1908.

 

BERTH Edouard, Les nouveaux aspects du socialisme, Paris, M. Rivière, 1908.

 

BOUTROUX Emile, Science et religion dans la philosophie contemporaine, Paris, Flammarion, 1908.

Dans la conclusion: "La nature visible est, universellement, dissociation, dispersion, dissolution, dégradation, destruction. Or, nous rêvons une conservation, une concentration, une conciliation et une harmonie universelles. Le développement d'un individu, selon le cours naturel des choses, suppose l'écrasement de certains autres. Le surhomme de Nietzsche veut de bons esclaves. Le mal est, dans

notre monde, une condition du bien, une condition qui apparait comme indispensable. (...) Supprimez le mal, et le bien retombe dans le néant." (p. 385)

 

CHABOT Charles, "Préface" in Alphonse Piffault, La femme de foyer: éducation ménagère des jeunes filles, Paris, Delagrave, 1908, p. V-XII.

Les jeunes filles oublient que la ménagère est aussi l'épouse, la mère et l'éducatrice. Note que l'auteur le leur rappelle  avec une

sagesse persuasive qui a le courage, quand il le faut, de prendre parti contre les idées courantes. Avec des chiffres il montre que la femme exclusivement ménagère, mais bonne ménagère, apporte plus au budget familial que la femme ouvrière; il répond

aux nietzschéennes que la femme est par nature conservatrice, et que ses qualités sont la patience, le courage, la douceur" (p. VIII).

 

CHIDE Alphonse, Le mobilisme moderne, Paris, Alcan, 1908.

Sur la place de Nietzsche.

 

DAURIAC Lionel, Le musicien-poète Richard Wagner, Paris, Fischbacher, 1908.

 

DENIS Léon, Le problème de l'être et de la destinée: études expérimentales sur les aspects ignorés de l'être humain, Paris, Librairie des sciences psychiques, 1908.

Veut lutter contre le scepticisme et le pessimisme ambiants, qu'il attribue à l'influence de Nietzsche (p. 5).

 

FABRE Joseph, La pensée moderne de Luther à Leibniz, Paris, Alcan, 1908.

Estime: "Il y a un écho du génie de Hobbes dans les rapsodies de l'Allemand Nietzche [sic], fantaisiste déplorablement surfait, qui, partant des mêmes principes, enseigne qu'il n'y a de sacré que le droit de la force; que les pires causes sont sanctifiées parla victoire ; que le Christianisme, avec sa glorification de la charité et des saintes espérances, la Révolution, avec ses rêves d'égalité et de justice, n'ont fait qu'accréditer une morale d'esclaves; que la pitié est malsaine et la fraternité chimérique; que l'individu doit se rendre surhumain à force d'inhumanité et se hausser à une sorte de césarisme ou de napoléonisme.

Ce n'est pas une nouveauté que cette conception de l'homme fort qui relègue dans le royaume du bleu vertus et croyances, et qui marcherait sur le corps de sa mère pour arriver au but. Ce qui est une nouveauté c'est son apothéose.

Il faut s'étonner du nombre d'esprits sérieux dupés par la grandiloquence charlatanesque d'un doctissime cabotin que l'hypertrophie du moi a chemina à la folie" (p. 452). 

 

FAGUET Emile, Le pacifisme, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1908.

Eloge de la formule de Nietzsche "Il faut vivre dangereusement":

"Quand Nietzsche a dit son mot profond, et je permets qu'on ajoute: son mot sublime: « Il faut vivre dangereusement, » il donnait la formule de la vie humaine, non pas seulement telle qu'elle doit être, aux yeux du philosophe, mais telle qu'elle est. Non seulement il faut vivre dangereusement; mais l'homme ne vit que dangereusement, et s'il ne vit pas dangereusement, il périt." (p. 279)

 

FAGUSAphorismes, Paris, Sansot, 1908.

Contient cet aphorisme: "Vous doutez de vous, Français, à voir tel illustre barbare (Goethe, Nietzsche, Tolstoï...) s'extasier sur vos hérauts médiocres, et mépriser vos vrais grands hommes. C'est que ceux-ci sont trop hauts pour eux: ils ne comprennent pas." (p. 66)

 

FOURNIERE Eugène, La crise socialiste, Paris, Fasquelle, 1908.

Dans le chapitre sur "La crise à l'étranger", critique l'évolution du syndicalisme: de nos jours, déplore-t-il, le "vrai syndicaliste" est 

"celui qui dogmatise sur la patrie et sur le néo-malthusisme, sur le parlementarisme et sur l'amoralisme de Nietzsche, et veut traduire en actes son mysticisme ultra-idéaliste ou le nihilisme social qui n'en est que la face pessimiste (p. 149).

 

GOURMONT Remy de, Promenades philosophiques, vol. 3, Paris, Mercure de France, 1908.

Plusieurs fois autour de la même idée. "Nietzsche nous éclipse tous, nous qui avons voulu penser d'après nous-mêmes, avec ingéniosité et avec contradiction. Il a pensé plus fort ; il était d'une nature plus opulente. Mais qu'on n'aille pas chercher dans Nietzsche, tout ce qu'il y a de nietzschéen dans notre littérature, depuis dix ans, car sa grandeur est précisément que sa pensée était pensée à côté de lui-même" (p. 259).

Et : "Nietzsche stupéfie. Pourquoi ? A bien réfléchir, on verra qu'il n'exprime presque jamais que des vérités de bon sens". (p. 277)

Et : "Nietzsche a été un révélateur, au nouveau sens photographique. Le contact de son œuvre a mis au jour les vérités qui sommeillaient dans les esprits". (p. 277)

Et : "Nietzsche a ouvert la porte. Maintenant on entre de plain pied dans le verger dont il fallait, avant lui, escalader les murs". (p. 287)

 

HALEVY Daniel, " Apologie pour notre passé ", in Cahiers de la Quinzaine, 1908, 116 pages, 1 vol. in-18.

 

HURET Jules, En Allemagne. De Hambourg aux marches de Pologne, Paris, Fasquelle éditeur, 1908.

Questionne un professeur : "Alors tous ces jeunes gens qui font des lettres, du droit, des sciences, de la médecine, et à qui vous n'enseignez que les matières de leur spécialité, ne se préoccupent pas du tout d'idées pures? Par exemple, que savent-ils de Spencer? Ont-ils lu Nietzsche? Que font-ils de Goethe?"

Réponse : "Goethe est délaissé par la jeunesse, me fut-il répondu. Spencer est à peine connu. Ignorance bien naturelle : on ne lui en parle ni au gymnase ni à l'Université ! Quelques-uns ont lu Nietzsche. Mais la grande majorité de ces jeunes gens ne songent qu'à se spécialiser dans la branche qu'ils ont choisie" (p. 327).

 

JACOB Baptiste, Devoirs: conférences de morale individuelle et de morale sociale, Paris, E. Cornély, 1908.

Agrégé de philosophie, Baptiste-Marie Jacob est maître de conférence aux Ecoles Normales de Sèvres et de Fontenay-aux-Roses à partir de 1900.  Les conférences publiées ont été données pendant l'année scolaire 1906-1907 devant des élèves de L'Ecole Normale de Sèvres.

Conteste les idées de Nietzsche tout en leur reconnaissant une part de vérité qui n'est pas originale. Conclut "qu'à côté d'un ascétisme irrationnel, discrédité longtemps avant Nietzsche, il existe un ascétisme rationnel, aussi durable que la civilisation" (p. 114).

 

LANESSAN J. -L. de, La morale naturelle, Paris, Alcan, 1908.

Lanessan (1843-1919) est professeur agrégé d'histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Paris, ancien Gouverneur général de l'Indo-Chine, ancien ministre

Pose qu'il existe  une relation étroite "entre la politique et la morale sociale. Or, la politique elle-même est placée sous la dépendance de la morale individuelle. Dans un pays ou chaque individu serait exclusivement conduit par son égoïsme, la lutte pour la vie pourrait amener une certaine évolution ascendante des plus forts ou des plus intelligents, mais tout progrès général serait impossible. Les plus forts intellectuellement ou physiquement abuseraient impitoyablement de leurs muscles ou de leur intelligence pour exploiter les plus faibles et les moins habiles; on arriverait peut-être ainsi à l'apparition du « surhomme » de Nietzsche, mais ceux d'entre les habitants d'un tel pays qui auraient atteint le plus haut degré d'évolution ne laisseraient après eux que des ruines habitées par des esclaves et des idiots.

Le résultat serait le même si, négligeant les droits de l'individu et la nécessité de la lutte individuelle pour la réalisation du progrès, on prétendait niveler les esprits et supprimer les inégalités en courbant toutes les tètes sous le despotisme irresponsable de la collectivité. Ce n'est plus, il est vrai, au « surhomme » de Nietzsche que l'on pourrait atteindre, mais à l'avilissement de tout le corps social sous un pouvoir irresponsable et qui, étant autocratique, n'aurait aucun besoin de rien savoir en dehors des connaissances qu'exige l'emploi de la force brutale et anonyme. (p. 226-227)

 

LE FUR Louis, La souveraineté et le droit, Paris, Giard et Brière, 1908.

Long examen critique de Nietzsche, essentiellement à travers Alfred FouilléeJean Bourdeau et Jules de Gaultier.

Extrait publié dans la Revue du Droit public et de la Science politique en France et à l'Etranger, n°3, juillet-août-septembre 1908.

 

MEYSENBUG Malwida vonLe Soir de ma Vie, Suite des Mémoires d'une Idéaliste. Précédée de la fin de la vie d'une Idéaliste, de Gabriel Monod. Ornée de huit portraits, Paris, Fischbacher, 1908.

 

MIRBEAU Octave, La 628-E8, Paris, Fasquelle, 1908.

Journal de voyage avec trois évocations furtives e Nietzsche.

 

Dr PASCAL Melle"Les maladies mentales de Schumann", in Compte rendu des travaux du 1er Congrès international de psychiatrie, de neurologie, de psychologie et de l'assistance des aliénés, tenu à Amsterdam, 2-7 septembre 1907, Amsterdam, J. H. Bussy, 1908, p. 494-504.

Soutient l'indépendance entre génie et démence, dans le ca de Robert Schumann comme dans le cas de Nietzsche.

 

ROBERTY Eugène de, Sociologie de l'action: la genèse sociale de la raison et les origines rationnelles de l'action, Paris, Alcan, 1908.

Fait plusieurs allusions à Nietzsche en renvoyant à son livre sur Nietzsche (1902). Analyse du succès de Nietzsche: C'est "justement à notre époque - caractérisée par un foisonnement prodigieux de menues connaissances échappant aux processus réducteurs et régulateurs de l'abstraction et de la généralisation - que ce cri sacrilège a retenti comme un cri de délivrance : A bas le savoir hostile
à la vie ! Au lieu d'exciter la réprobation universelle, cet appel impie eut un écho retentissant ; il trouva des auditoires enthousiastes. Telle nous semble la raison cachée de l'influence qu'exercèrent sur les esprits contemporains le pathos cruel d'un Nietzsche ou la philosophie naïve d'un Tolstoï.
Le cas de Nietzsche est particulièrement instructif. Nietzsche se donne de bonne foi pour l'irréductible paladin de l'individualisme, aristocratique, affirme-t-il, par définition. Or, dans ses diatribes les plus violentes contre la science, Nietzsche apparaît toujours, en vérité, comme le servant involontaire, l'organe inconscient de ce troupeau humain qui lui faisait horreur, de ces foules abêties pour lesquelles il n'avait pas assez de dédain et de méprisante pitié. Sans qu'il s'en doute, il défend, avec une vigueur que personne ne surpassa, les intérêts pressants de la multitude, ses droits imprescriptibles aux hautes jouissances de l'âme.

Absorbées comme elles le sont par de rudes travaux physiques, les masses populaires ploient beaucoup plus facilement que les élites sous le lourd fardeau des connaissances restées inassimilées. Et c'est pour répondre à la peine imméritée de telles foules que surgissent à certaines époques plus chargées de savoir ou plus démocratiques que les autres, les libérateurs qui conquièrent d'un coup la grande vogue : les Rousseau opposant l'état de nature aux vices artificiels de la civilisation, les Guyau glorifiant l'expansion de la vie physiologique, les Marx prônant la primauté de la pratique sur la théorie, de l'action sur la pensée, les Tolstoï dissertant à perte de vue sur les méfaits de la raison, les Nietzsche raillant l'outrecuidante sottise des modernes dévots de la science, amoureux de la vie en soi, tous les zélateurs de l'action pour l'action ! Leurs attaques contre le savoir sont, à leur insu même, provoquées par un malaise social redoutable, - la difficulté soudainement éprouvée de transmettre aux siècles futurs les connaissances acquises par les contemporains. Et leur individualisme outrancier cache mal leur folle appréhension des nombreux dangers courus précisément par le groupe, par la collectivité, par la chaîne ininterrompue des générations de plus en plus expertes et policées, et nullement par l'individu comme tel, qui, échappé au naufrage de la civilisation, retournera à la barbarie primitive, redeviendra vite un bel animal humain.

Quoi qu'il en soit, le cri d'alarme jeté par les prédécesseurs de Nietzsche et par Nietzsche lui-même dans l'intérêt direct – je le-répète - des foules démocratiques, fut des plus utiles. Par lui s'exprima l'un des besoins urgents de l'époque. Assez de science empirique, d'adoration du fait brut et inexpliqué, d'érudition pure et desséchante, de nourriture intellectuelle indigeste et intransmissible à l'ensemble des générations futures !" (p. 83-84)

 

SEILLIERE Ernest, Le mal romantique, Paris, Plon-Nourrit, 1908.

 

SOREL Georges, Réflexions sur la violence, Paris, Marcel Rivière, 1908.

 

SOULEY-DARQUE MargueriteL'Evolution de la femme, Gand, Société coopérative Volksdrukkerij, 1908.

Souhaite avènement d'une "surhumanité" qui "ne sera pas la surhumanité dont parle Nietszche [sic]: il ne la conçoit que comme la suprématie d'une élite, « d'un petit nombre de génies supérieurs », faits pour vivre aux dépens de la multitude innombrable des hommes « dont la douleur doit être encore augmentée ». Ce sera une humanité adaptée dans sa totalité aux besoins supérieurs qu'elle s'est créé et qui deviendront de plus en plus des nécessités vitales pour elle : la Justice, mise enfin enfin dans les mains de la Force, la Bonté, le désir impérieux du bonheur de tous, abolissant l'égoïsme, sottise de l'instinct, pour le remplacer par l'amour social. Car cette cellule qu'est l'homme finira par comprendre qu'elle ne peut subsister, croître et atteindre son summum de perfectionnement qu'au profit du grand organisme, l'humanité, dont elle est minuscule partie." (p. 274)

La surhumanité sera à l'humanité ce que l'homme est au singe. Cite Nietzsche en note (p. 275).

Pour y parvenir, "il faudra que la femme soit l'égale absolue de l'homme" (p. 275) 

 

SOURIAU Maurice, Les idées morales de Victor Hugo, Paris, Bloud et Cie, 1908.

Abandonne Wagner mais défend Hugo contre les attaques de Nietzsche.

 

STEINER Rudolf, Le mystère chrétien et les mystères antiques, Paris, Perrin, 1908.

Traduit de l'allemand et précédé d'une introduction par Édouard Schuré qui évoque Nietzsche et sa rencontre avec Rudolf Steiner (p. 20-21)

 

THAMIRY Edouard, Les deux aspects de l'immanence et le problème religieux, études de philosophie et de critique religieuse, Paris, Bloud et Cie, 1908.

Abbé, professeur à la Faculté de théologie de Lille.

Condamne : "En son incurable amour-propre chacun voit en soi-même le Surhomme, dont Renan, et Nietzsche plus encore, se sont efforcés de justifier les cruelles prétentions". Ajoute en note : "Tel est l’aboutissant pratique du monisme contemporain, et telle est la conclusion que tous ses adeptes, - à moins d’un recours illogique aux doctrines chrétiennes - doivent tirer pour eux-mêmes. En leur inconscient orgueil, ils s’appliquent cette parole de Renan (L'Avenir de la Science, préf., p. XVI) : « Le but de l’humanité est la constitution d’une conscience supérieure...» ; l’univers y travaille même en sacrifiant une foule d’existences inférieures, puisqu’une « imperceptible quantité d’arôme s’extrait d’un énorme caput mortuum de matière gâchée » (Ibid., p. III). On n’exprime pas mieux le mépris du Surhomme pour le vulgaire.

Nietzsche est encore plus dur et plus inhumain, quand il reproche aux religions de protéger l’existence d’individus gênants pour le Surhomme : « La religion de la pitié a l’immense inconvénient de prolonger une foule d’existences inutiles, condamnées par la loi de sélection ; elle conserve, elle multiplie la misère dans ce monde ; elle rend, par conséquent, l’univers plus laid, la vie plus digne d’être niée ; elle est une forme pratique du nihilisme. Elle est une menace pour l’existence et la santé morale des plus beaux exemplaires de l’humanité. » (Cf. H. Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche, p. 119)". (p. 31)

Souligne encore le conflit inévitable entre la morale naturaliste et la morale catholique (p. 226 et suivantes) : "et il se résout, quoi qu’on en veuille dire, en une opposition de doctrines : le christianisme enseigne que Dieu a créé l’homme, qu’il lui a donné la liberté et lui laisse le soin de conquérir, par sa valeur personnelle la félicité de l’au-delà ; - le naturalisme répond : l’Humanité est l’incarnation même de Dieu, de l’Absolu, dont l’évolution fatale fera régner sur la terre le parfait bonheur. Mais l’évolution ne progresse que grâce à la sélection, c’est-à-dire à l’élimination des faibles ; c’est pourquoi il est nécessaire de détruire ces derniers en même temps que les religions qui ont eu à cœur de les protéger. C’est la double rançon de la morale scientifique : Renan (1), Spencer (2) et Nietzsche (3) le proclament sans détours.

(1) Cf. L'avenir de la science, p. 3.

(2) Cf. Introduction à la science sociale, trad. Franç., p. 371 : « Nourrir les incapables aux dépens des capables, c’est une grande cruauté. C’est une réserve de misère amassée à dessein pour les générations futures... On a le droit de se demander si la sotte philanthropie, qui ne pense qu’à adoucir les maux du moment et persiste à ne pas voir les maux indirects, ne produit pas au total une

plus grande somme de misère, que l’égoïsme extrême ». - Cf. item, L'individu contre l’État, passim.

(3) Cf. Henri Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche, p. 118 et suiv. : « Un inconvénient plus grave encore de la religion de la pitié c’est qu’elle contrarie l’action normale de la loi de sélection, qui tend à faire disparaître les êtres mal conformés et qui, par suite, ont peu de chances de sortir victorieux du combat pour l’existence" (p. 226).


Nietzsche dans la littérature


AICARD Jean, Maurin des Maures, Paris, Flammarion, 1908.

Deux personnages parlent de Nietzsche, de la pitié, des prétentions excessives des philosophes (p. 398-400)

 

BALDE JeanAmes d'Artistes, Paris, Sansot, 1908.

Poème "Un révolté" avec une citation de "Nietzche" [sic] en épigraphe (p. 109)

 

LESUEUR DanielNietzschéenne, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1908.

En vente début juin, le roman provoque une avalanche de réactions.

Nouvelle édition en 1919 avec une nouvelle préface.

Cette préface paraît aussi dans Le Gaulois du 18 octobre 1919.

 

LYS Georges de et IBELS André, L'Arantelle (roman d'art), Paris, J. Bosc et Cie, 1908.

Discussion au sujet du nihilisme, de l'opposition entre la science et la métaphysique, de l'immoralité, de Nietzsche... (p. 125-127)