Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1911-1918: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1915


Ouvrages sur Nietzsche ou avec un chapitre sur Nietzsche


ALLIER Raoul, Les Surhommes, Paris, Librairie de Foi et Vie, 1915.

In 16, 18 pages. Conférence prononcée au Temple de la Rédemption le 9 mas 1915.

Référence citée d'après Collection Henri Leblanc destinée à l'Etat, tome 3, 1917, p. 84.

 

BEAUNIER André, Les surboches, Paris, Bloud et Gay, 1915.

Contient: Boches et surboches: Lasson, Ostwald et Ezberger: la folie de Nietzsche: le Nietzschéisme à la guerre: Mégalomanie allemande: Fin de la crise nietzschéenne.

 

CHAM L., Les Nouveaux maîtres de la pensée allemande. Les Ecrivains qui ont créé la mentalité du peuple allemand, Paris, Librairie des publications pratiques, 1915.

In-8. Contient: "Nietzsche: Moralité et guerre".

Référence citée d'après Collection Henri Leblanc destinée à l'Etat, tome 2, Paris, Emile-Paul frères éd., 1917, p. 29.

 

DAUDET Léon, Hors du joug allemand. Mesures d'après-guerre, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1915.

In-16, 59 pages.

Contient: "Nietzsche et le nietzschéisme" (p. 93-108) et des allusions.

Aussi dans Contre l'esprit allemand, Mesures d'après-guerre, Paris, Bloud et Gay, 1915.

 

DAUDET Léon, L'Entre-deux guerres. De 1892 à 1895. Souvenirs des milieux politiques, littéraires, artistiques et médicaux, de 1880 à 1905, 3° série, Paris, Nouvelle Librairie Nationale, 1915.

Sur Nietzsche (p. 193-196).

Réédition en 1932.

 

MONTARIOL Raoul, La guerre et ses leçons, Paris, Sansot, 1915.

In-16, 107 pages.

Contient "Nietzsche ou le prophète que nous lûmes mal". D'après Marcel Rieunier, Collection Henri Leblanc destinée à l'Etat, tome 3, Paris, Emile-Paul frère, 1917.

 

PAQUIER Jules, Le protestantisme allemande: Luther, Kant, Nietzsche, Paris, Bloud et Gay, 1915.

 

RICHEPIN Jean, Proses de guerre (août 1914-juillet 1915), Paris, Flammarion, 1915.

Contient: "Ecce homo" daté du 11 janvier, p. 185-191.

 

SERTILLANGES A-D., La Vie héroïque. Conférences données en l'église de Sainte-Madeleine, à Paris, Paris, Bloud et Gay, 1914-1915. In-8.

Fascicule XLVI: Le héros et le surhomme, 4 juillet 1915, p. 81-100.

Référence citée d'après Collection Henri Leblanc destinée à l'Etat, tome 3, Paris, Emile-Paul frères éd., 1917, p. 119-120

  

SUARES André, Commentaire sur la guerre des Boches, vol. 3: C'est la guerre, paris, Emile-Paul frère, 1915.

Contient long passage: "Ah, chien de Nietzsche!" (p. 79-81)


Ouvrages qui évoquent Nietzsche


ANDLER Charles, « Les études germaniques » in Collectif, La science française, tome 2, Paris, Ministère de l’instruction public et des beaux-arts, 1915, p. 284-310.

L’ouvrage est une compilation de brochures distribuées aux visiteurs de l’Exposition de San Francisco.

La brochure de Charles Andler est publiée en plaquette de 36 pages.


 

Affirme que « le centre véritable des études germaniques en France est dans les universités. On ne veut pas diminuer, en le disant, le mérite des initiatives spontanées qui, dans un pays de libre travail comme la France, ne sauraient cesser d'être intelligemment agissantes. La propagande des théâtres et des revues s'est poursuivie avec un discernement souvent heureux. Richard Wagner a été abondamment traduit et joué. Nietzsche, dans la version de M. Henri Albert, a fini par être lu presque autant qu'en Allemagne. » (p. 300)

Note : « Il n'y a pourtant que trois écrivains allemands qui aient passionné l'opinion française jusque dans les profondeurs des classes cultivées : Heine, Richard Wagner et Nietzsche. » (p. 306).

Andler souligne les mérites des travaux d’Henri Lichtenberger sur Richard Wagner et sur Nietzsche. Il note : « ce germanisant, le plus complètement outillé que la France ait eu, était qualifié, mieux qu'un autre, pour inaugurer, en France, l'étude de Nietzsche. Son petit livre sur la Philosophie de Nietzsche (1898), si modeste de dimensions, a rendu pourtant un service immense. Il a ouvert l'opinion française aux idées du philosophe de la « culture européenne ». Il a arraché aux mains des dilettantes un penseur difficile. Il a établi la base solide sur laquelle les livres de Pierre Lasserre, Jules de Gaultier, Alfred Fouillée, et la charmante biographie de Daniel Halévy ont pu s'édifier. » (p. 307-308)


 

BEAUNIER André, Les idées et les hommes, Paris, Plon-Nourrit, 1915.

Nombreuses allusions à Nietzsche et au nietzschéisme, notamment à propos de Jules Lemaître et Jacques Vontade (Mme Bulteau)

 

BERGSON Henri, « La philosophie », in Collectif, La science française, tome 1, Paris, Ministère de l’instruction public et des beaux-arts, 1915, p. 14-35

L’ouvrage est une compilation de brochures distribuées aux visiteurs de l’Exposition de San Francisco. L’étude de Bergson a été publiée par ailleurs dans la Revue de Paris du 15 mai 1915.

A propos des travaux d’Alfred Fouillée, Bergson note : « Moins célèbre que Nietzsche, Guyau avait soutenu, avant le philosophe allemand, en termes plus mesurés et sous une forme plus acceptable, que l’idéal moral doit être cherché dans la plus haute expansion possible de la vie. » (p. 28)

 

BLONDEL Georges, La guerre européenne et la doctrine pangermaniste, Paris, Librairie Chapelot, 1915.

Analyse du nietzschéisme dans le chapitre IX: Le pangermanisme dans l'enseignement (p. 87-102). 

2ème édition en 1915.

 

BLOY Léon,  Nous ne sommes pas en état de guerre, Paris, Maison du livre, 1915.

"Faire de beaux livres, me dites-vous. Qui les lirait? Ma Jeanne d'Arc et l'Allemagne ne se vend pas. Nos héros s'entraînent en dévorant les Trois Mousquetaires ou le Comte de Monte Christo. Quelques intellectuels s'arrachent Barrés ou Aristide Bruant.

Il y a même des artilleurs qui ont emporté du Bergson et je connais un avocat sans peur qui avait fourré dans son sac deux ou trois volumes de Nietzsche. Qui pourrais-je intéresser, ne sachant parler que de Dieu?" (p. 329)

 

Repris dans Au seuil de l'apocalypse 1913-1915, Paris, Mercure de France, 1916.

 

CHAPUIS Félix (commandant), Livre du soldat défenseur de la France. Conseils d'instruction militaire et actualités, Paris, Berger-Levrault, 1915.

Expose: "Nietzsche, tout en développant ses théories fameuses sur le surhomme, ne dissimulait pas son effroi de voir se former le bloc monstrueux de l'Allemagne prussifiée. Il parlait en termes sympathiques des vertus des petits peuples libres et des droits de la conscience individuelle, mais Nietzsche passe aujourd'hui pour un esprit étroit" (p. 27-28).

 

COCHIN Denys, "La violation de la neutralité belge", in Coll., Les alliés devant la conscience chrétienne, Paris, Bloud et Gay, 1905, p. 111-124.

Note qu'en "petit", le Cynisme "sert de piment aux conversations; en grand, elle révolte l'univers.
Un Nietzsche spirituel, poétique, désabusé, est un délicieux amuseur de salons. Déjà les Treitschke, les Bernhardi, qui des boutades de Zarathoustra veulent tirer des principes de gouvernement, rééditent la fable de l'Âne et le Petit Chien." (p. 114)

 

DAUDET Léon, Contre l'esprit allemand. De Kant à Krupp, Paris, Bloud et Gay, Pages actuelles 1914-1915, n°7, p. 3-64.

Allusions à Nietzsche.

 

DELBOS Victor, L'Esprit philosophique de l'Allemagne et la Pensée Française, Paris, Bloud et Gay, 1915.

Parle de Nietzsche (pages 23 et 39).

 

DOUMIC René, La défense de l'esprit français, Paris, Bloud et Gay, 1915.

Allusions à Nietzsche.

 

DUMUR Louis, Culture française et culture allemande, Lausanne, Tarin, 1915.

Sur le sens du mot "culture", s'appuie sur Nietzsche et diverses allusions.

 

DURKHEIM Emile, "L'Allemagne au-dessus de tout", la mentalité allemande et la guerre, Paris, A. Colin, 1915.

Evoque Nietzsche, p. 45: "L'État, voilà la seule forme concrète et historique que puisse prendre le sur-être dont Nietzsche s'est fait le prophète et l'annonciateur, et c'est à devenir ce sur-être que l'État allemand doit s'employer de toutes ses forces. L'État allemand doit être « au-dessus de tout»".

 

GOURMONT Remy de, Pendant l'orage, Paris, Champion, 1915.

A propos de la guerre, allusions à Nietzsche.

 

JOHANNET René (avant-propos), La conversion d'un catholique germanophile; lettre ouverte de M. Émile Prüm, chef du parti catholique luxembourgeois à M. Mathias Erzberger, député au Reichtag, leader du Centre catholique allemand. Saisie et interdite en Allemagne, Paris, Bibliothèque des ouvrages documentaires, 1915.

Sur l'influence de Nietzsche.

 

LASSERRE Pierre, Le germanisme et l'esprit humain, Paris, Champion, 1915.

De longs extraits ont été publiés la même année dans la Revue bleue: voir les articles qui évoquent Nietzsche.

 

LE BON Gustave, Enseignements psychologiques de la guerre européenne, Paris, Flammarion, 1915.

Plusieurs allusions à Nietzsche, notamment dans le paragraphe "Le culte de la Force". Par exemple: "Le plus populaire, Nietzsche, ne fit que vulgariser l’apologie de la force, déjà établie par les historiens allemands."

 

LEROUX Ernest, France et Allemagne: les deux cultures, Paris, 1915.

 

LICHTENBERGER Henri, L'opinion américaine et la guerre, Paris, Bould et Gay, Pages actuelles, n°36, p. 5-50.

Explique sa mission de professeur et ses cours sur Nietzsche (p. 7).

 

MARGUERITTE Paul, Contre les Barbares 1914-1915, Paris, Flammarion, 1915.

Sur la responsabilité de Nietzsche (p. 20, 35-36, 67 et 105).

 

MILHAUD Edgard, Du Droit de la force à la force du droit, Genève, Atar, 1915.

Extrait: "De l'arrêt de l'investigation scientifique et critique à l'apologétique il n'y a qu'un pas. L'acceptation silencieuse des coups de force achemine à la réduction théorique du droit à la force, puis à la proclamation du droit de la force. Schopenhauer déclare : « Dans le monde de l'homme, comme dans le monde animal, ce qui règne, c'est la force et non le droit... Le droit n'est que la mesure de la puissance de chacun ». Et Max Stirner : « Que m'importe le droit ? Je n'en ai pas besoin. Ce que je puis acquérir par la force, je le possède et j'en jouis. Ce dont je ne puis m'emparer, j'y renonce, et je ne vais pas, en manière de consolation, me pavaner avec mon prétendu droit, avec mon droit imprescriptible. » Quand à Nietzsche, son nom seul est l'évocation de l'amoralisme transcendantal, et sa maxime célèbre : « Alles ist erlaubt - Tout est permis » devance, couvre et dépasse le « Not kennt kein Gebot - Nécessité ne connaît pas de loi » de M. de Bethmann-Hollweg".

 

MURET Maurice, L'orgueil allemand. Psychologie d'une crise, Paris, Payot, 1915.

 

ROLLAND Romain, Au-dessus de la mêlée, Paris, Ollendorf, 1915.

Un exemplaire de 1915 porte la mention de 39ème édition.

Evocations de Nietzsche et du nietzschéisme. Note par exemple: (...) vous savez combien j'aime votre vieille Allemagne et tout ce que je lui dois. Je suis fils de Beethoven, de Leibnitz et de Goethe, au moins autant que vous. Mais à votre Allemagne d'aujourd'hui, dites-moi, que dois-je, que devons-nous, en Europe ? Quel art avez-vous bâti, depuis les monuments de Wagner, qui marquent la fin d'une époque et sont déjà du passé ? Quelle pensée neuve et forte, depuis la mort de Nietzsche, dont la géniale folie a par malheur laissé son empreinte sur vous, mais ne nous a pas marqués ? Où avons-nous cherché, depuis plus de quarante ans, notre nourriture d'esprit et notre pain de vie, lorsque notre grasse terre ne suffisait pas à satisfaire notre faim ? Qui ont été nos guides, sinon les écrivains russes ? Qui pouvez-vous opposer, Allemands, à ces colosses de génie poétique et de grandeur morale, Tolstoï, Dostoievsky? Ce sont eux qui m'ont fait mon âme; en défendant la race qui fut leur source, c'est ma dette que j'acquitte envers eux, envers elle. Le mépris que j'éprouve pour l'impérialisme prussien, — si je ne l'avais puisé dans mon cœur de Latin, — je l'eusse puisé en eux". (p. 41)