Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1909


Articles qui évoquent Nietzsche


PICAVET François, "Thomisme et philosophie médiévale (fin)", {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°1, janvier 1909, p. 57-68.

Signale des articles de la Revue néo-scolastique qui évoquent une "conspiration ourdie par un certain nombre de catholiques de France contre la philosophie scolastique" (p. 60) et cite : "(...) sous prétexte de rajeunissement, (...) la philosophie scolastique sera remplacée par l'étude autrement pratique de l'évolution progressive des idées philosophiques modernes, pendant toute la période qui s'étend de Bacon à Nietzsche." (p. 61)

 

CHARBONNEL Victor, "La renaissance du paganisme", in Akademos, tome 1, 15 janvier 1909, p. 26-33.

Recherche les causes de la renaissance du paganisme qu'il constate. Evoque le rôle du positivisme et de Renan et ajoute : "Enfin, la philosophie de Nietzsche a singulièrement contribué à systématiser les tendances que les oeuvres précédentes avaient flattées et entretenues ; elle a répandu, plus que toute autre, le mépris des morales anciennes." (p. 28) Constate que certains ont objecté à Nietzsche : "Admettons que vos prémisses soient justes et que vous ayez raison de faire table rase des morales anciennes! Ne comprenez-vous point que votre système n'est qu'un encouragement à l'orgueil des médiocres, autorisés par vous à se croire capables d'atteindre à l'idéal du surhomme?..." (p. 29) Remarque pour sa part : "A supposer que la lecture des écrits du philosophe allemand fasse naître chez quelques impuissants des illusions grandioses qui les mèneront aux déceptions les plus cruelles, faudra-t-il s'en plaindre à l'excès?... Tôt ou tard, mécaniquement, le triage s'opérera entre les dégénérés et les forts." (p. 29)

Loue Nietzsche "d'avoir sapé, en même temps que le morne pessimisme de Schopenhauer, la Raison pratique de Kant, ce docteur officiel de l'Eglise laïques, dont l'influence est encore prépondérante dans l'Enseignement où trop d'esprits, soi-disant affranchis de tout préjugé, adhèrent à cet étroit dogmatisme." (p. 30)

Considère qu'en somme, "ce qui importe, c'est bien moins d'assurer le pâturage au troupeau confus, que de mettre en lumière les fronts olympiens!" S'en félicite en remarquant : "Et seuls protesteront les utopistes pour qui la fraternité attendrie est un besoin et l'égalité absolue, un dogme! Seuls se récrieront ceux qui se plaisent à être éternellement dupes ou qui se sentent comprimés dans les lisières de leur incurable médiocrité!" (p. 31)

 

VANNOZ Léon, "Les aspirations de la jeunesse intellectuelle", in La Revue, 15 janvier 1909, p. 145-156.

Parmi les tendances nouvelles initiées par Bergson, constate que l'intelligence et la raison "ne sont pas le tout de l’homme, et qu’il est une autre connaissance, aussi légitime et fondée que celle qu’elles nous procurent. Par-delà le domaine des abstractions, il y a la vie profonde, la sensibilité, l’instinct, la volonté, qui se résolvent, par instants, en intuition. Schopenhauer, Nietzsche déjà nous avaient conduits dans cette voie, mais peut-être les études de M. Bergson, par leur finesse et leur documentation biologique, ont-elles singulièrement renforcé et précisé les aperçus de ses illustres devanciers." (p. 150)

Montre l'importance de ces nouvelles tendances dans de nombreux domaines (politique, social, moral, esthétique...)

 

GILLARD, "Les droits de l'enfant", in Le Volume, 16 janvier 1909, p. 218-220.

Dénonce l'hypocrisie du mariage. Approuve les vues de Nietzsche sur le mariage et l'enfant et cite Ainsi parlait Zarathoustra (p. 219).

 

RAPPOPORT Charles, "La Faillite morale de la Bourgeoisie", in Le Midi socialiste, 17 janvier 1909, p. 1.

Note: "De Bonald, Joseph de Maistre, et tout récemment, Nietzsche, le philosophe des hoberaux allemands et polonais, ont précédé M. Georges Soreî, dans les Réflexions sur la violence, prêchant le culte de la cruauté qui, dans la pratique, aboutit tout naturellement à la glorification de la bête humaine et du régime de l’exploitation de l’homme par l’homme."

 

DOUMIC René, "Le droit au bonheur", in Le Gaulois, 22 janvier 1909, p. 1.

Constate le succès de cette idée fausse: le droit au bonheur. Affirme qu'il n'est pas difficile de reconstituer la série des modes littéraires qui ont précédé et préparé ce dogme de la morale nouvelle. Tout remonte à une poussée d'individualisme vingt ans auparavant; puis Ibsen, puis Nietzsche.

"L'influence d'Ibsen était à la veille de s'épuiser quand elle fut reprise et renforcée par celle de Nietzsche. Entre ces deux penseurs, il n'y a, je le sais, que des différences. Mais, encore une fois, il se fait dans les cerveaux les amalgames les plus inattendus, et nous sommes habiles à tirer, même des doctrines les plus contradictoires, des matériaux pour édifier notre propre théorie. La théorie du "surhomme", interprétée d'une certaine façon, est si commode! Les obligations, les devoirs, tout ce qui rend la vie difficile, est bon pour le commun des mortels. Il faut une religion pour le peuple et il faut une morale pour les hommes ordinaires; l'homme supérieur en est dispensé. Cela est bien agréable à savoir! Il n'est alors que de choisir la meilleure part et de se ranger dans la bonne catégorie."

La théorie du droit au bonheur a tout envahi: essais, romans, théâtre. Remise en cause du mariage, féminisme: un vent de folie souffle sur la littérature européenne. "C'est un obscurcissement de la conscience universelle".

 

ARCHAMBAULT Paul, "Autour d'une doctrine", in Le Sillon, n°2, 25 janvier 1909, p. 77-80.

Dénonce les orientations agnostiques, amorales et achrétienne de l'Action française. Reproduit une lettre de Georges Valois (p. 78-79) qu'il avait accusé dans un article du 25 décembre 1908. Georges Valois se défend:

Votre collaborateur me paraît avoir été mal informé, ou avoir jugé après une lecture très superficielle et incomplète à coup sûr, car il me paraît impossible de dire d'un ouvrage qui est un développement, dont l'esprit du dernier chapitre s'oppose en quelque sorte à l'esprit du premier, qui part de la barbarie, de l'absence de foi et de loi pour aboutir à l'extrême civilisation et au Christ, il est impossible, me semble-t-il, de dire de cet ouvrage qu'il est directement inspiré de Nietzche. Le vrai est que je suis parti du point Nietzche, ou plutôt de l'état où, débarrassé par lui des « nuées », je cherchais une voie. J'ai très précisément expliqué cela dans l'Introduction de l'Homme qui vient : « Je dois à Nietzche ma libération », ai-je écrit (p. 8), et j'ai ajouté : « Ces étrangers, en somme, ne nous suffisent pas : avec eux, nous pratiquons le culte de la Force, mais nous autres, Français, nous entendons pratiquer, lorsque nous équilibrons notre esprit, un culte plus parfait : celui de l'ordre. Ce n'est pas Nietzche qui nous l'enseigne » (p. 11). La conclusion de cette introduction est d'ailleurs parfaitement étrangère à l'esprit nietzchéen : « travailler et prier : toute la dignité de l homme est là et toute sa grandeur. Et tout devoir humain, toute nécessité humaine se résume essentiellement en ces deux mots..."

Argumente un peu mais Paul Archambault persiste.

 

GAULTIER Jules de, "Les deux erreurs de la métaphysique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°2, février 1909, p. 113-141.

Expose la théorie de la connaissance de Kant en renvoyant à un de ses propres ouvrages sur Nietzsche. (p. 128)

 

RZEWUSKI Stanislas, "La Criminelle", in Le Gaulois, 3 février 1909, p. 3.

Roman. L'héroïne, la comtesse Rostoff "était bien une de ces reines de beauté et d'orgueil dont le monde d'aujourd'hui acclame la souveraineté, un de ces êtres néfastes, charmants et redoutables qui ne connaissent point d'autre loi que celle de leur volonté et de leur orgueil, qui ne pardonneraient pas une injure, mais eux-mêmes une fois terrassés ou vaincus par le sort, n'acceptent pas de pardon.

Le dur, l'implacable Nietzsche, le philosophe à la mode des temps présents, l'ennemi des faibles, le panégyriste de la violence et de la force était son maître et son guide dans la vie".

 

CASE Jules, "Les doigts de fée", in Gil Blas, 4 février 1909, p. 1.

A propos d'un roman de Marcel Boulenger et d'un personnage "nietzschéen", note: "On ne s'étonnera pas de voir surgir dans ce roman la grosse moustache et les yeux flamboyants de Frédéric Nietzche. Il est l'invité de rigueur de tout écrit moderne. On peut même dire qu'on se l'arrache. Car il a assez de complaisances ou du moins un évangile suffisamment sibyllique pour permettre aux uns et aux autres, fussent-ils d'irréductibles ennemis, de se recommander, à raisons égales, de son entraînante parole.

Notre orfèvre, par exemple, qui, sauf erreur, a tous les caractères du bijoutier de la Reine, peut l'invoquer en toute sécurité. Mais ses

adversaires, les croquants de la République, prêts à saccager toutes les beautés pour arriver, parlent, eux aussi, la langue de Zarahoustra."

 

DRUMONT Edouard, "L'Ex-Abbé Loisy au Collège de France", in La Libre parole, 20 février 1909, p. 1.

Cite un article de J. Sortel dans Le Progrès de Salonique: "Le surhomme de Nietzsche est juif. Ce fou génial, qui transcrivit les prophéties de Zarathustra, était Juif par sa mère. Sa table des valeurs transvaluée est un code du parfait anarchiste. Marx et Lassalle, ce sont des Juifs. Si la Société chancelle sur ses bases, c'est que ces apôtres, ces nabis modernes l'ont ébranlée avec le souffle puissant de leur verbe régénérateur.

Flavien Brenier réagit à cet article dans La Bastille, le 27 février 1909.

 

BRENIER Flavien, "Les Juifs et la Réforme", in La Bastille: journal antimaçonnique, 27 février 1909, p. 3-4.

Réagit à l'article d'Edouard Drumont dans La Libre parole du 20 février 1909. Cite à son tour un article de J. Sortel dans Le Progrès de Salonique: "Le surhomme de Nietzsche est juif. Ce fou génial, qui transcrivit les prophéties de Zarathustra, était Juif par sa mère. Sa table des valeurs transvaluée est un code du parfait anarchiste. Marx et Lassalle, ce sont des Juifs. Si la Société chancelle sur ses bases, c'est que ces apôtres, ces nabis modernes l'ont ébranlée avec le souffle puissant de leur verbe régénérateur."

 

Anonyme, "Les suicides dans la jeunesse", in La Croix, 27 février 1909, p. 4.

Détaille les résultats d'une enquête sur le suicide de jeunes en Suisse. Parmi les causes: "des lectures démoralisantes (Nietzsche, Zola, Schopenhauer)".

 

BALDENSPERGER Fernand, "Le procès de l'individualisme", in Mercure de France, 1er mars 1909, p. 24-39.

Note: "Bien des indices, à l'heure présente, se rencontrent et se renforcent pour annoncer, dans divers domaines, un phénomène dont on pouvait désespérer il y a quelques années: le retour d'attention, au moins théorique" à l'individualisme.

Remarque le rôle de Nietzsche dans ce retour: "Il est possible que la diffusion des idées de  Nietzsche soit pour quelque chose dans cette résistance opposée par l'individualisme aux excès des doctrines communautaires; et on doit savoir gré à ses traducteurs et à ses exégètes français d'avoir fortifié cette citadelle aristocratique. Cependant, il fallait que la divulgation du nietzschéisme perdît sa roideur agressive et émoussat sa pointe pour que le bénéfice en fût assuré: le tumulte dionysiaque a dû au préalable se calmer, et l'on s'est

convaincu, en somme, que le surhomme ne viendrait jamais." (p. 24-25)

Suppose aussi l'influence de Tolstoï et l'insuffisance des morales uniquement altruistes.

 

CHIAPELLI Alessandro, "Naturalisme, humanisme et philosophie des valeurs", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°3, mars 1909, p. 225-255.

Constate que le pragmatisme, qui "tire sa force de la critique du naturalisme",  "enlève aussi tout crédit à ce qui fait le fond de la culture moderne, à la recherche scientifique (...)." (p. 239-240)

Compare : "De même que Nietzsche a renversé le tableau des valeurs morales, le pragmatisme retourne le système des valeurs de la connaissance en substituant au concept, qui devient pour lui un pur expédient, l'intuition, de façon à aboutir à un radicalisme empirique." (p. 240)

 

WEBER Louis, " La morale d'Epictète et les besoins présents de l'enseignement moral ", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°2, mars 1909, p. 203-236.

En matière éducative, désire qu'on insiste sur le contraste entre le moral et l'immoral, le bien et le mal et déplore : "(...) on saute volontiers, chez nous, d'une exagération à l'autre : les petits-fils de nos égalitaires de 1848 s'engouent de l'idéal hyper-aristocratique de Nietzsche. L'Uebermensch est à la mode. Ce n'est certes pas sur cet idéal extravagant, imagination d'un paralytique au début de sa maladie, que se modèlera la réalité éthique de demain. Il n'exprime pas moins cependant, sous une forme boursouflée et quasi caricaturale, le besoin ressenti par la société contemporaine d'hommes choisis, spécialement entraînés, qui ne reflètent pas seulement les idéaux ordinaires, dépréciés parce qu'ils sont tombés dans le domaine des médiocres, mais qui donnent l'exemple d'une action morale supérieure au niveau moyen." (p. 216)

 

BOUGLE Célestin, "Opinions. A la CGT", in La Dépêche, 3 mars 1909, p. 1.

S'interroge sur les orientations de la CGT. Note que les aphorismes de Nietzsche et les métaphores de Bergson ont servi à construire un syndicalisme antidémocratique.

 

MARNI J., "Souffrir", in Le Journal, 18 mars 1909, p. 2.

Roman. Un jeune homme soutient "à la Sorbonne, dans l'amphithéâtre Descartes, une thèse latine et une thèse française: Les Sources françaises de la philosophie de Nietzsche."

En volume: Juven félix, 1909, in12.

 

RESCLAUZE DE BERMON MmeLe lien, in L'Eclair, 18 mars 1909, p. 2.

Roman inédit. Met en scène une femme insensible: "Avant de rentrer chez elle, Mme Bresle s'arrêta au Louvre pour quelques emplètes. Comme elle remontait en voiture, une enfant en haillons, le visage bleui sous une capeline dont l’usure avait ajouré les mailles, lui tendit des épingles plantées dans un papier rose. Elle passa, indifférente, mettant sans pitié entre elle et la petite main tuméfiée qui l'implorait, la portière qu’elle referma d’un coup sec.

Et cette femme qui, pelotonnée dans ses fourrures, les pieds sur la bouillotte, fixait d’un regard insensible les plus pitoyables misères, avait la prétention d'être philanthrope. Rêvant avec Nietzsche d’une liberté qui ramènerait l’homme à l’état de nature, elle éprouvait pour l’humanité en général cette pitié vague qui flotte dans les romans de Tolstoï." Elle est d'un esprit "calculateur et froid, nourrie de lectures subversives, avec le goût dangereux du paradoxe et le besoin d'étonner son prochain".

Evocations de Nietzsche dans la suite du roman, cf. L'Eclair du 20 mars et du 27 mars 1909.

 

Collectif, "Adhésions et objections", in Poesia, vol. 5, n°6, avril 1909, p. 5-11.

Réactions au Manifeste du futurisme (publié dans Le Figaro le 20 février 1909) et à une interview de Marinetti: "Les victoires du futurisme". Réaction d'André Ibels (p. 6-7) qui conclut ainsi:

"Vivent les Vivants ! Tuons les Morts ! Vinci, le Tasse, Corneille, Dante, ne sont que des souvenirs.., mais des souvenirs qui nous forcent à piétiner sur place. En verité qu'on délaisse leurs oeuvres !... Chaque époque ne doit avoir que ses artistes, et ceux-ci, vieillis, doivent disparaìtre sitòt que se lève une aube nouvelle. Que m'importe de vivre demain dans la mémoire des hommes?... C'est le soleil radieux d'aujourd'hui que je désire et que je veux de toutes les forces de mon corps et de mon esprit assez émancipé pour savoir que le geste seul affirme la vie — et l'affranchit ! Les imbéciles ne manqueront point de dire que c'est là du Nietzschisme, comme si, avant Nietzsche, l'homme n'avaint pas osé penser et agir! Mais hélas... tout cela n'est, et ne sera encore pendant longtemps, que de la littérature !..." (p. 7)

 

LE DIABLE BOITEUX, "La bonne bibliothèque", in Gil Blas, 3 avril 1909, p. 1.

Signale une enquête réalisée par une revue franco-italienne (Coenobium) pour déterminer les "quarante vrais immortels, les quarante écrivains dont un "libre cénobite" composerait sa bibliothèque". Dante est premier; Nietzsche arrive en 23ème position.

  

VONTADE Jacques, "La Lueur sur la cime", in La République française, 4 avril 1909, p. 2.

Les personnages discutent des idées de Nietzsche.

 

BOUGLE Célestin, " Syndicalistes et bergsoniens", in Revue du mois, tome 7, 10 avril 1909, p. 403-416.

Constate que les théoriciens du syndicalisme révolutionnaire ne sont pas issus de la classe ouvrière mais qu'il s'agit d'intellectuels, des "évadés de la classe ennemie" (p. 404) qui "portent, à des degrés divers, les marques d'une forte culture, ou scientifique, ou littéraire. Ils ne peuvent se retenir de citer, dans leurs savants commentaires de la pensée syndicaliste, non seulement du Marx ou du Proudhon, - cela va de soi, - mais du Nietzsche, du Hegel, et par dessus tout du Bergson." (p. 405)

 

Anonyme, "Le Bottin des lettres", in L'Intransigeant, 11 avril 1909, p. 2.

Anecdote: "B..., qui est mort récemment, était un éditeur confiant, mais peu lettré. Un jour que nous regardions les livres nouveaux à  un étalage, me désignant un ouvrage, paru à une librairie célèbre par son intransigeance littéraire :

—« Hein ! ces esthètes, ils ont capitulé, les voilà qui éditent de la physique amusante!

C’était la Gaya Scienza (la Gaie Science) de Frédéric Nietzsche!"

 

LICHTENBERGER Henri, "Malwida de Meysenbug. - Le Soir de ma Vie", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°4, 15 avril 1909, p. 369.

Souligne que les "souvenirs historiques ne sont pas la partie la moins intéressante du volume" et énumère : "Mlle de Meysenbug avait des amis dans toute nation et de tout parti : Wagner, Nietzsche, Liszt, M. et Mme Minghetti, Alex. Warsberg, Romain Rolland, M. de Bülow, etc."

 

ALBERT Henri, "G. Ouckama Knoop : Aus den Papieren des Freiherrn von Skarpl", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 78, n°284, 16 avril 1909, p. 732-733.

Au sujet de certains propos du héros, le baron Skarpl, remarque : "Involontairement, ces boutades nous font penser aux sentences de Zarathoustra. Mais l'auteur semble avoir deviné les rapprochements que l'on ne manquera pas de faire et il s'en est expliqué en faisant dire à Skarpl que Nietzsche "n'est pas son prophète". Il trouve chez lui trop de théologie. Ses propos sont ceux d'un prédicateur tombé dans la démence. Il ne parle pas comme un fils des dieux qui a grandi en liberté.  Chez le demi-aristocrate Nietzsche, Skarpl croit deviner l'homme qui n'a jamais joui d'une parfaite santé sexuelle." (p. 733)

 

L.L., "Choses et autres", in L'Univers israélite, 23 avril 1909, p. 178-181.

Citation: "Antisémite est un nom pour les ratés" (Nietzsche)" (p. 179)

 

LALO Charles, "Beauté naturelle et beauté artistique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°5, mai 1909, p. 480-518.

Constate que même dans "les arts imitatifs, comme a peinture et le plus souvent la littérature, l'imitation est loin d'être absolue" sans quoi l'art "cesserait aussitôt d'être lui-même" et cite une phrase de Nietzsche : "Avec la nature sans style aucun, dit Nietzsche, l'art n'a rien à faire". (p. 495)

 

LECOQ Jean, "L'Education pessimiste", {Propos d'actualité}, in Le Petit journal, 28 mai 1909, p. 1.

A propos du suicide d'un jeune garçon de quatorze ans, s'indigne des lectures pessimistes (Nietzsche, Schopenhauer...) que ses maîtres et ses parents ont autorisées.

 

COULON Marcel, "La complexité de Remy de Gourmont", in Mercure de France, 1er juin 1909, p. 385-416.

Souligne les affinités de Remy de Gourmont avec Nietzsche.

 

LABERTHONNIERE L., "Une alliance avec L'Action française. Réponse à M. Pedro Descoqs", in Annales de philosophie chrétienne, t. 10, juin 1909, p. 277-345.

Réponse à un article de Pedro Descoqs. Persiste à dénoncer l'influence de Nietzsche sur les orientations de membres de L'action française.

 

CANUDO Ricciotto, "Le théâtre", in La Phalange, 20 juin 1909, p. 150-158.

A propos de la pièce d'Henri-René LenormandLes possédés, jouée au Théâtre des Arts (p. 154-158).

Juge: "navrant". Et: "Zarathoustra aurait souri longuement devant la pièce de M. Lenormand, mais le sachant jeune, et en art au moins peu expérimenté, il serait allé avec bonté lui donner des conseils : celui-ci surtout que Nietzsche a noté de sa main : « Près des fleurs, des herbes et des papillons il faut savoir s'abaisser à la hauteur d'un enfant qui les dépasse à peine... Celui qui veut prendre part à toute les bonnes choses doit aussi s'attendre à avoir des heures où il est petit ». Et il lui aurait rappelé aussi peut-être qu'un « génie » ne sort pas tout armé du cerveau de son père, mais qu'il n'est au contraire que la résultante d'une longue formation, martelée par tous les coups, mentaux, moraux, sentimentaux de la vie hostile."(p. 157)

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. Science et philosophie", in La Phalange, 20 juin 1909, p. 159-177.

Suite le 20 juillet et le 20 août, fin le 20 septembre 1909.

Commence: "Malgré les différences personnelles de tempérament, de génie, d'habitudes, les penseurs les plus en vue d'une

période intellectuelle semblent être entraînés, quelquefois malgré eux, par un même courant, vers une même direction. (...), la tendance générale du siècle dernier, particulièrement en France, a été marquée avec tant de netteté qu'il n'est pas difficile de la caractériser": "démontrer  l'impossibilité radicale de toute philosophie sérieuse".

Insiste: "Je me suis, après tant d'autres, laissé entraîner à défendre la philosophie. C'est qu'elle fut tant attaquée dans ces dernières années !" Nietzsche a "maltraité la philosophie" (p. 161) et les "philosophes de vocation ou de profession ne l'ont guère ménagée, eux non plus. La plupart ne songent plus à édifier, mais à détruire ; les grandes constructions métaphysiques du début du siècle, celles de Hegel, par exemple, sont considérées plutôt froidement. Comme les Ribot, les Janet, les Binet, on aspire surtout à faire de la philosophie une partie des sciences d'observation, d'expérimentation, d'analyse.

Bilan: "(...) tandis que les uns nient toute philosophie non expérimentale ; que les autres, suivant la même idée, appliquent à des observations leurs facultés généralisatrices, un troisième groupe, celui des ratiocineurs, s'efforce, selon l'expression de M. Rageot, « de replâtrer le Kantisme selon la marche de la science » ou d'adapter le positivisme à un certain idéalisme qui lui ressemble comme un frère cadet.

Observe: "De Fichte à Schelling, de Schelling à Hegel, puis, indirectement, à Schopenhauer et à Nietzsche, la négation du monde est allée s'affirmant, et ses adeptes sont toujours plus certains de la vérité de leur erreur" (p. 165)

Montre les similitudes entre Nietzsche et Haeckel (p. 168) et Nietzsche et Henri Poincaré (p. 169) quant à la "valeur" de la vérité. Cf. Poincaré, La Valeur de la science et La science et l'hypothèse.

  

DAUDET Léon, "Les Poisons de l'adolescence", in L'Action française, 6 juin 1909, p. 1.

Part d'un fait divers, un lycéen qui s'est suicidé, qu'il attribue l'influence démoralisante de la philosophie allemande en France. En 1884 déjà et note: "Nietzsche n'existait pas encore en tant que fétiche de pensée. Pour la bonne raison qu'il promenait alors son début

de paralysie générale et le plan de la quatrième partie de son satané Zarathoustra autour des lacs de l'Engadine. Mais nous avions pour le remplacer Hartmann et la Philosophie de l'lnconscient. On jouait à se désespérer avec ce fameux inconscient, mer sombre, froide et sans rivages où l'on peut pêcher toute espèce de poissons, à la manière de Monaco-Roulette, et piquer une tête quand on en a décidément assez du monde des apparences et du poids du Fatum. J'ai gardé mes cahiers d'alors. Quand j'en ouvre un, par hasard, je retrouve cette odeur de désenchantement, de cave humide, qui émane de ces diables d'hyper-criticistes. Les misérables ont-ils assez tirebouchonné les cerveaux de ceux que mon père appelait: les petits de la Défaite!"

 

SERNADA Fernand, "La Féministe", in Gil Blas, 24 juin 1909, p. 1.

Moqueries contre la féministe, avec par exemple: "Elle a lu Karl Marx, Schopenhauer et Nietzsche, ce qui ne l'a point empêchée de vibrer à des strophes de Musset et de se sentir délicieusement triste  aux mélodies de Schumann"

Finit: "Son but, c'est le grand soir féminin, l'heure sublime de l'affranchissement et des jougs brisés ; elle l'espère, elle l'attend et quand tout sera prêt pour la lutte dernière, si la révolution n'éclate pas alors, c'est qu'une couturière n'aura pas à temps livré sa robe, ou qu'elle aura, ce soir-là, par inadvertance, oublié sa boîte de poudre de riz ou son bâton de rouge".

 

BORDIER Paul, "Sealsfield, ses idées, ses sources", in Revue germanique, t. V, juillet 1909, p. 369-421.

Voit en Sealsfield un "précurseur naturel de Nietzsche" (p. 418-420).

  

VALTOUR G. M., "Pensées", in Le Travail de la femme et de la jeune fille, n°36, juillet 1909, p. 233.

"Ce pauvre fou de Nietzsche retardait, il nous a donné le « surhomme », aujourd’hui c’est la « surfemme » qu'il nous faut."

G. M. Valtour est le pseudonyme de Louis-Gustave Vapereau et de son gendre Maurice Tourneux.

 

ARREAT Lucien, "Ludwig Stein. - Philosophische Strömungen der Gegenwart", {I. Philosophie générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°7, juillet 1909, p. 76-78.

Précise la structure de l'ouvrage de Louis Stein et signale qu'il contient un chapitre "individualisme" qui parle de Stirner et de Nietzsche "auxquels on pourrait opposer la sentence de Comte : "L'individu est une fiction comme l'atome"." (p. 77)

 

MONTFORT Eugène de, "Mélanges. A propos de Walt Whitman", in Les Marges, 4, juillet 1909, p. 6-11.

Remarque : "La traduction de Bazalgette nous paraît venir à point. On est préparé ici à goûter la voix de Walt Whitman. Ce poète de l'énergie, de la force, de la santé continuera chez nous l'oeuvre de Nietzche." (p. 9-10) Met en évidence les points communs mais aussi les différences : "(...) s'ils chantent tous les deux la force, l'un en ferait sans doute un plus mauvais usage que l'autre." (p. 10)

 

JAURES Jean, "Mouvement social", {La politique}, in Le Midi socialiste, 12 juillet 1909, p. 1.

Au temps de l'Affaire, les "les savants, les artistes, les philosophes se promettaient de mettre la force de la vérité et de la beauté au service d’une idée nouvelle, d’un monde nouveau. Tout ce mouvement s’est arrêté et dispersé". Emile Zola est mort, Anatole France est retourné à une sorte de désenchantement, Romain Rolland ne connait rien au socialisme...

Constate "que la pensée nationale est coupée en deux, et que la part de pensée qui s’exprime par les formes de l’art ne comprend plus ou presque plus la part de pensée qui se traduit par l’action politique et sociale. Les romanciers, Marcel Prévost, Mme Daniel Lesueur, semblent s’appliquer surtout à être maintenant les conseillers, les éducateurs de la bourgeoisie.

Développe: "Mme Lesueur, qui dans un roman précédent avait tenté une application assez aventureuse des théories de Nietzsche et exalté l’énergie individuelle, réclame maintenant pour la classe bougeoise le droit à la vigoureuse action collective, « le droit à la force ». (...) Soit ; mais il ne suffit pas d’avoir la force et d’être résolu à l’exercer. Encore faut-il que ce soit au nom d’une idée".

Analyse: "Mme Daniel Lesueur hésite à aller jusqu’au bout de ses thèses. Dans « Le Droit à la force », Clément Fontes, qui doit être le représentant de la noble et dure doctrine nietzschéenne et régénérer par des initiatives d’énergie farouche la mollesse bourgeoise, n’ose pas cependant frapper son père, coupable des plus lâches méfaits. Et il laisse à un alcoolique, à un dégénéré, le soin d’éliminer l'individu malfaisant."

Conclut: "Non, les courants de pensée qui iront contre le socialisme n'aboutiront pas ; ils se perdront dans le sable. Mais à quoi tient le divorce de forces qui, au temps de l'Affaire, avaient paru se rapprocher et s’unir ? Pour une part, au besoin factice de changement des artistes qui, quand ils ont épuisé l'émotion d’une idée passent à une autre ; pour une part aussi à la médiocrité de l'action politique et sociale qui se traîne depuis quelques années. Dans cet ordre aussi, les défaillances du gouvernement radical ont fait œuvre de dissociation, de dïssolution."

 

LICHTENBERGER Henri, "Maurice Muret. - La littérature allemande aujourd'hui", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°7, 15 juillet 1909, p. 149-151.

Constate que Maurice Muret "a l'impression  que la renaissance économique dont le nouvel Empire est le théâtre ne va pas de pair avec un renouveau littéraire et artistique" (p. 150) et acquiesce. Remarque : "Il a trop de souci de l'équité et de la mesure pour reprendre à son compte les véhémentes invectives de Nietzsche contre la culture allemande et proclamer avec lui que "la puissance abêtit" ou que "l'Allemagne est le grand pays plat d'Europe"." (p. 150) Reconnaît, comme Muret, qu'aucun penseur de l'Allemagne d'aujourd'hui n'approche de Nietzsche.

 

PELLISSIER Georges, "Les derniers romans français", in La Revue, 15 juillet 1909, p. 256-260.

A propos de Marcel PrévostPierre et Thérèse, note: "Son livre est une protestation contre ce faux nietzschéisme en vertu duquel le fort se met au-dessus de la morale « bourgeoise » : ridicule encore plus qu’odieux lorsqu’il est prôné, comme à l’ordinaire, par de bien petits hommes, les véritables surhommes qui l’ont mis en pratique ne sauraient le justifier, quelque bien qu’ils aient pu faire, — mais la plupart ont d’ailleurs fait beaucoup plus de mal que de bien, — il faut maintenir contre eux ce principe imprescriptible, que la force, même quand elle veut se rendre utile, ne crée aucun droit contre le droit." (p. 259)

 

RZEWUSKI Stanislas, "La grande Beauté", in Le Siècle, 17 juillet 1909, p. 1.

Roman. 

"—Lanfrey est un des rarissimes décavés parisiens qui soient parvenus à refaire une existence nouvelle. Les autres, après leurs folies de jeunesse, finissent lamentablement, comme moi, par exemple, sans nulle vanité, inutiles et aigris, s'ennuyant à mourir dans quelque petite ville de province. Lui, a trouvé moyen de gagner plusieurs millions après sa débâcle, je ne sais où, en Amérique... ou en Australie, dans je ne sais quelles spéculalions... oh ! il est très intelligent, très instruit, il est très fort! Impossible de le nier!

— C'est fantastique ! dit Césarine.

— Oui, mais c'est comme ça, continua le vicomte ; personne ne pensait plus à lui dans le pays... Dix ans de vagabondage et d'exil... Puis, tout à coup, le voilà qui revient riche, indépendant, se moquant de tout le monde.

— Achille te l'a dit, ajouta Fabienne, il acheta sans marchander le manoir et la terre d'IIauteville.

— Oui, et il y vit dans la retraite et le bien-être, comme un coq en pâte, il se repose des orages d'autrefois.

—Ah ! c'est un veinard !

—Sans doute, insistait Fabienne, mais c'est aussi un homme si pervers, si dangereux ! Il vous débite des choses à faire frémir, des théories que la police ne devrait pas permettre !

Césarine ne put s'empêcher de sourire, elle n'en avait pourtant guère envie.

— La police ? Ah ! ma pauvre Fabienne !... Celle-ci continuait toutefois ses récriminations.

— Tu ne l'as pas vu depuis dix ans, tu ne peux pas savoir ! C'est un homme qui ne respecte plus rien, ni la morale, ni les lois, ni les convenances mondaines ! rien !

— Oh ! Je connais ses théories d'anarchiste lettré, répondait Césarine d'un ton ennuyé. Tout cela est bien en fantin, bien démodé, bien inoffénsif !— Ah ! tu trouves ? Et bien nous, en province, nous estimons que c'est un révolutionnaire dangereux ! Très intelligent, très lettré, tout ce que tu voudras, mais dangereux au possible !

— Ne dites donc pas de bêtises, ma petite Fabienne!

—Comment ! Les idées de M. Lanfrey ? Mais c'est le scandale du pays !' Tiens ! Il y a trois mois à peine,- au bal du sous-préfet, on en parlait encore avec indignation ! Et insolent avec ça, et orgueilleux ! II ne fréquente personne !

— Oui, c'esï un individu bien antipathique, ajouta M. de Parpacé. Mais le monde est si bête ! On en a fait une espèce de personnage fatal, un héros de roman. Alors, tout de suite, cela lui donne du prestige... Les femmes en raffolent !

— Décidément, je vois que vous ne l'aimez guère, ce pauvre Lanfrey !

— En province, chère amie, nous détestons les poseurs. Or, ce monsieur, évidemment, veut épater le monde avec ses théories, mais cela ne prend plus !

— Vous disiez le contraire à l'instant même, riposta Césanne un peu agacée.

— Auprès des  imbéciles, je ne dis pas. Tenez, un académicien de Caen l'a surnommé le surhomme. Eh bien, les gens du pays répètent ça sans comprendre. Il parait que c'est une allusion à je ne sais quel bouquin subversif d'un philosophe allemand, un nommé Nietzsche... Dire que nous serons toujours envahis par l'étranger !... Nietzsche, vous devez connaître ça, Césarine, vous qui lisez tant de choses ?

— Oui,mon cher Achille, je connais ça, répondit la belle madame Duparc sans daigner mettre la moindre ironie dans sa réponse. Oui, j'ai même lu autrefois les œuvres de ce grand et agaçant écrivain allemand, ce qui ne m'empêche pas d'être une aussi bonne Française que les femmes du monde de votre sous-préfecture.

— Oh ! Je n'en doute pas ! Seulement, si les idées de ce M. Nietzsche sont celles de Jacques Lanfrey, je ne lui en fais pas mon compliment ! Le surhomme ! Quelle ineptie ! De mon temps, les gens de cette espèce s'appelaient des démagogues, des anarchistes. Au moins , on comprenait tout de suite !

(...)"

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. L'évolution et la psychologie comparée", in La Phalange, 20 juillet 1909, p. 235-250.

Suite de l'article publié le 20 juin 1909; suite le 20 août et fin le 20 septembre 1909.

Sur le "dieu Hasard de Nietzsche" (p. 242) et sur les similitudes entre le Dr. Janet et Nietzsche (p.  248).

 

BONNAUD Dominique, "Faits divers... et d'été", in Annales politiques et littéraires, 25 juillet 1909, p. 81-86.

Voir Traces orales/Théâtre/Dominique Bonnaud.

 

RZEWUSKI Stanislas, "Detlev de Liliencron", {La vie littéraire à l'étranger}, in Le Figaro, 31 juillet 1909, p. 

"Pour tout dire en un mot, Liliencron a défendu avec éclat, dans la poésie allemande, les idées de Nietzsche, le grand, sublime et

décevant apologiste de la volonté de puissance. La doctrine du surhomme qui fut à la mode chez nous il y a quelques années et

qui commence, fort heureusement, à paraître singulièrement inefficace et vide au point de vue philosophique ce qu'elle a toujours

été, d'ailleurs, cette doctrine antisociale et dont tout le génie littéraire de Nietzche ne parvient plus à dissimuler l'insuffisance, n'a

point trouvé, jusqu'à présent, d'adeptes mieux doués ni plus célèbres que le poète auquel nous consacrons cet article et ce fut là, peut-

être, une des raisons de sa popularité".

 

PAWLOWSKI Gaston de, "Cueillez, si m'en croyez...", in Comoedia, 31 juillet 1909, p. 1.

 Il faut vivre avec son temps, se faire une philosophie, ne pas s'embarrasser de lourds préjugés et de vains scrupules, accomplir honnêtement son petit bonhomme de chemin, cueillir l'heure présente, être indulgent pour autrui, pas trop sévère pour soi, se cuirasser d'indifférence, lire de beaux livres, aimer de belles filles, vivre pour une belle idée, fut-elle une chimère, et, comme Figaro, se hâter de rire de tout.

Ainsi comprise, la vie, en dépit de ce que prétendent ceux qui souffrent de Nietzsche et de l'estomac, vaut tout de même d'être vécue et d'être aimée."

 

OLIVETTI A. O., "Action directe et médiation", in Le Mouvement Socialiste, juillet-août 1909, p. 26-38.

Utilise les idées de Nietzsche sur la Grèce antique pour faire l'éloge de l'action directe du prolétariat.

 

SAINT-YVES Jean, "La lumière perdue", in La Patrie, 15 août 1909, p. 4.

Roman. Idées de Nietzsche dans la discussion.

Aussi dans les feuilletons suivants: 16 août...

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite) Les mystiques modernes", in La Phalange, 20 août 1909, p. 375-383.

Fait suite aux articles du 20 juin et du 20 juillet 1909; fin le 20 septembre.

S'intéresse au point de vue moral et note: "de cette conception d'activité, de force, dominante dans les penseurs contemporains des écoles les plus diverses ; de ce désir, même morbide, de s'assujettir les entités que certains soupçonnent sous la matière et au

centre des phénomènes physiques ; de cette tendance à prendre possession d'un domaine dont la science a tant reculé les limites ; de tout cela doit surgir une morale plus hautaine, plus vigoureuse et plus active, proche parente de la morale des maîtres, comme dit Nietzsche." (p. 379)

Analyse, Guyau puis Nietzsche (p. 379-381). Sur Nietzsche, conclut: "Dans les époques de grande force et d'activité forcenée, les grandes natures se sont souvent imposées au monde par des égoïsmes débordants, créateurs de grandes choses, mais dont les heurts étaient terribles : leur immoralité était la morale de Nietzsche de « Par delà le bien et le mal ». Quelques auteurs, renchérissant sur cette idée, ont proclamé l'immoralité ou l'amoralité de l'avenir : je ne crois pas qu'il faille s'y arrêter longtemps." (p. 381)

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite et fin)", in La Phalange, 20 septembre 1909, p. 385-404.

Voir les articles du 20 juin, 20 juillet et 20 août 1909.

Conclut qu'on peut "dire que la période ouverte par les travaux du 19e siècle qui ont élargi le domaine de l'esprit sera une

période d'activité spirituelle intense et, peut-être, sans précédent. Une énergie plus grande circulera parmi l'humanité. (...) Quels seront, dans cette période nouvelle, les porte-paroles de la philosophie ? Je ne me charge pas de le deviner. Cependant, je crois utile de citer ceux qui, en France, dans le moment présent, peuvent, à mon sens, être considérés comme les représentants les plus remarquables de la pensée moderne ; je veux dire : MM. Poincaré, Le Bon, Bergson, et Warrain, les trois premiers pourvus de toutes les estampilles officielles nécessaires pour parvenir à la célébrité, le dernier, penseur solitaire, mais non moins remarquable.

M. Poincaré est proclamé le plus grand mathématicien vivant ; il est membre de l'Académie des Sciences, membre de l'Académie Française, professeur de mécanique céleste."

Finalement: "Il n'est donc point de vérité absolue et M. Poincaré serait un suivant de Nietzsche ? La science, comme la philosophie, n'a qu'une valeur, celle de sa commodité et de la richesse de ses applications ; mais, dit à peu près le savant mathématicien, la science pratique n'a d'autre valeur que de nous mettre à même de penser plus librement. « La seule réalité objective, dit-il, ce sont les rapports des choses d'où résulte l'harmonie universelle. Ils ne sauraient être conçus en dehors d'un esprit qui les conçoit» mais ils «sont objectifs parce qu'ils sont, deviendront ou resteront communs à tous les êtres pensants ».

 

SEILLIERE Ernest, "Les cinq générations du romantisme", in Journal des Débats politiques et littéraires, 15 septembre 1909, p. 1.

Note: "Après les désillusions de 1848, l'Allemagne inaugure une nouvelle période morale en prêtant l'oreille aux leçons, longtemps dédaignées, de Schopenhauer, qui devient le philosophe de la quatrième génération romantique. Le jeune Nietzsche et ses amis sont tout surpris de reconnaître dans la doctrine de ce maître vénéré de leur adolescence une sorte de « cristallisation » des doctrines du romantisme allemand qu'il a su débarrasser pourtant de ses « impuretés cléricales ». Nietzsche sera donc lui aussi un pur romantique pendant la première et la dernière période de sa vie, mais il parviendra très tard à la notoriété et, avant lui le plus influent des guides de la jeunesse, c'est Richard Wagner."

  

DUGAS L., "A. Leclère. - L'éducation morale rationnelle", {II. Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°10, octobre 1909, p. 417-423.

Note qu'Alain Leclère est favorable à l'enseignement moral sous la forme philosophique, au moins pour "prévenir ou enrayer la mauvaise philosophie, qui germe spontanément dans les esprits ou qui se forme, comme elle peut, au hasard des lectures." (p. 420) Remarque qu'il ne faut pas craindre "la liberté philosophique, comme si elle devait toujours engendrer et ne pouvait engendrer que le scepticisme moral d'un Nietzsche ou d'un Hobbes." (p. 421)

 

PALANTE Georges, "Fr. Paulhan. - La morale de l'ironie", {II. Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°10, octobre 1909, p. 414-417.

Au sujet du second chapitre du livre de Fr. Paulhan, consacré au Rôle de la morale, remarque : "La morale intervient pour réconcilier les adversaires ou plutôt pour faire céder le moi individuel devant le moi social. On peut prévoir que cette pauvre morale aura fort à faire et qu'elle sera battue plus d'une fois. Du moins, si l'âme sociale ne réduit pas complètement l'âme individuelle, elle la dupe sans cesse à l'aide de déguisements nouveaux. Elle inspire secrètement même les doctrines les plus antisociales telles que l'anarchisme d'un Stirner et l'individualisme d'un Nietzsche." (p. 415)

 

PICAVET François, "L'histoire de la philosophie à la licence ès lettres", in Revue internationale de l'enseignement, t. 58, octobre 1910, p. 332-337.

Enumère les auteurs (grecs, latins, français...) au programme pour la licence de 1910 et 1911. Parmi les auteurs allemands pour la licence de philosophie, Kant apparaît 15 fois, Schopenhauer 7 fois, Nietzsche 3 fois, Fichte 2 fois, Wundt et Weber 1 fois. (p. 336) Donne le détail par faculté.

 

Signale que ces auteurs allemands ne figurent pas pour la licence de langues et littératures étrangères vivantes.

 

HALEVY Daniel, "Les nouveaux aspects du socialisme", {Etudes sociales}, in Pages libres n°457, 2 octobre 1909, p. 367-379.

Compte-rendu du livre d'Edouard BerthLes nouveaux aspects du socialisme. Trouve dans cet ouvrage des traces évidentes de l'influence de Nietzsche (p. 378).

 

WELLS H. -G., "Au temps de la comète", in Revue hebdomadaire, n°42, 15 octobre 1909, p. 363-375.

Roman publié en 1906 (In the days of the Comet); traduction française publiée en plusieurs fois dans la Revue hebdomadaire. En volume aux éditions du Mercure de France en 1910.

Chapitre V. Révolté contre Dieu et les hommes, le héros se revendique disciple de Nietzsche par provocation lors d'une discussion:

"Je ne sais comment la supériorité morale du christianisme sur toute autre religion fut mise en cause: alors la hardiesse de nos affirmations et de nos généralisations ne connut plus de limites, nos données historiques étant de part et d'autre des plus vagues. J'en

arrivai à citer Nietzsche, un philosophe allemand fort en vogue à l'époque, et dont je me déclarai le disciple.

Pour un disciple, je dois avouer que je connaissais mal les ouvrages de mon auteur. A vrai dire, tout ce que je connaissais de lui me venait de la lecture d'un article de deux colonnes, paru la semaine précédente, dans le Clairon, mon journal socialiste" (p. 368-369).

Se prépare à commettre des crimes et se décrit ainsi " Je me sentais aussi énergique et amoral que si j'eusse été le Surhomme même de Nietzsche" (p. 371)

 

FAGUET Emile, "Le souligné", in Revue hebdomadaire, n°43, 23 octobre 1909, p. 451-457.

Soutient que l'excès de soulignement est signe de folie: "Les fous soulignent furieusement. Ils soulignent en double, en triple expédition. (...) Tous les aliénistes sont d'accord sur cette observation. Nietzsche a toujours souligné énormément mais dans son dernier volume, Ecce homo, non seulement il souligne plus que jamais, mais il souligne les mots évidemment insignifiants. Il écrira par

exemple « L'humanité se partage en animaux d'élite et en bêtes de troupeau. Plus on va loin dans la connaissance, plus on se convainc de cette conviction sur laquelle nous devons faire reposer toute la morale, comme aussi toute la sociologie pratique »; ou quelque

chose d'approchant. Ce n'est pas le seul signe de proche aliénation mentale que donne le pauvre grand homme dans Ecce homo, mais c'en est un, très significatif" (p. 456).

 

BLUM Léon, "Pulcinella. Pièce en trois actes, en vers de Melle J. d'Orliac", in Comoedia, 25 octobre 1909, p. 1.

Résume l'histoire: "Une vieille bohémienne, nommée Mittra, tient prisonniers dans sa roulotte, deux belles filles, Pulcinella et Colombine, un joli garçon, Scaramouche. Tous trois sont mimes, et de leur talent nourrissent la vieille qui, en revanche, les injurie

et les bat. Scaramouche et Colombine supportent assez patiemment cette vie, d'autant qu'ils sont amoureux l'un de l'autre; Pulcinella, au contraire, se révolte et voudrait s'enfuir. Mais voilà: pour fuir, il fau-rait de l'argent, et c'est Mittra qui tient la caisse. Il faudrait encore que Pulcinella pût décider Scaramouche à fuir avec elle, or elle aussi est amoureuse du joli garçon. Un berger, nommé Zaffri, appelé en consultation, lui donne un conseil fort simple. Il suffira de tuer Mittra et de voler Scaramouche à Colombine. De quoi s'agit-il?

D'être heureux. Quand un obstacle s'oppose à notre bonheur, on le brise, et seuls les faibles, les esclaves se laissent arrêter par

le scrupule ou la pitié. Pulcinella exécute docilement la première partie de l'ordonnance; elle étrangle la vieille sorcière. Mais quand il s'agit d'enlever Scaramouche à Colombine, elle recule devant le désespoir de sa douce compagne. Puïcinella n'est pas encore tout à fait mûre pour la « morale des maîtres » Nous repasserons.

Juge: Pulcinella est donc, révérence parler, un symbole nietzschéen. Ce que le sage berger conseille à son insuffisante élève, c'est de sauter « par delà le bien et le mal » ou encore de broyer la tête du serpent noir, ainsi qu'il est dit dans l'apologue de Zarathustra, dont M. Paul Adam a fait un si bel usage. Le malheur est que pour un sujet si ample et si simple à la fois, il faudrait d'autres dons dramatiques ou poétiques que ceux dont Mlle Jehanne d'Orliac a jusqu'ici donné la preuve. Nulle clarté, nulle force; ce n'est, trois actes durant, qu'un tourbillonnement confus d'idées et de mots. Il faut un vigoureux effort pour écouter jusqu'au bout ces tirades interminables, d'une verbosité incohérente et dévergondée."

 

NOZIERE, {Le Théâtre}, in Gil Blas, 25 octobre 1909, p. 3.

Compte-rendu de la pièce de Jehanne d'OrliacPulcinella (Théâtre des Arts), "qui combat, non sans générosité, l'égoïsme philosophique de Nietzsche".

 

SHAW Bernard, "Manuel de poche du parfait révolutionnaire", in La Grande revue, 25 octobre 1909, p. 639-655.

Note: "A chaque génération réapparaissent et la désespérance des institutions et l'inexorable « Il faut naître de nouveau » et même « naître différent », comme l'a établi Mme Poyser (...). Ce n’est pas avec Nietzsche qu’est née l’aspiration de l’Homme vers le Surhomme. Ce n’est pas avec la fin de la vogue de Nietzsche que cessera cette aspiration. Mais toujours, elle fut étouffée par la même question : Quelle espèce d’homme sera ce surhomme ? On ne demande pas une surpomme, mais une pomme mangeable... On ne demande pas un surcheval, mais un cheval plus fort ou plus rapide. De même, on ne doit pas demander le surhomme, mais spécifier l’espèce d’homme que l’on veut. Malheureusement, on ne sait pas quelle espèce d’homme on veut. Peut-être est-ce une sorte d’athlète-philosophe de bonne mine, qui aurait pour compagne une femme belle et saine ?" (p. 640)

 

DROMARD Dr., "Le dilettantisme sentimental", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°11, novembre 1909, p. 487-503.

Commence : "Nietzsche insiste à plusieurs reprises sur ce fait qu'en toutes circonstances nous trouvons à nos états d'âme une raison unique, alors que cette raison n'est en somme, parmi beaucoup d'autres que la plus apparente, et non point même la plus importante ni la plus profonde. Et c'est ainsi qu'on pleure "pour avoir la réputation d'être tendre" ; on pleure "pour être plaint" ; on pleure "pour être pleuré" ; enfin, on pleure "pour éviter la honte de ne pleurer pas." Mais il est bien étonnant que l'auteur n'ait point complété le cortège des motifs par ceci encore qui me semble essentiel : "On pleure pour se voir pleurer." (p. 487)

 

DUGAS L., "Mes souvenirs affectifs d'enfant", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°11, novembre 1909, p. 504-516.

Distingue "deux mémoires : émotive et passionnelle" et soutient que le passionné "n'a pas de souvenir affectif au sens propre" parce qu' "il oublie systématiquement le passé qu'il ne réussit pas à intégrer dans le présent ; il le raye de sa vie." Ajoute une note : "Cf. le parti philosophique que Nietzsche a tiré de la même observation ou de la même loi psychologique dans le paradoxe sur le danger des études historiques (Considérations inactuelles : les études historiques, notamment p. 196 et suiv. de la trad. franç.)." (p. 512)

 

JACQUES-PIERRE, "Brillante réouverture", in Le Figaro, 30 novembre 1909, p. 1.

Signale la réouverture très suivie (notamment par les femmes) des cours à la Sorbonne pour l'année 1909-1910.

Evoque le cours public (lundi) de Charles Andler sur "Nietzsche, sa vie et sa pensée" dans l'amphitéâtre Turgot:

"(...) par une petite porte, derrière la chaire, entre un homme mince, un peux roux, ayant l'air d'un Anglais né en Allemagne:  c'est M. Andler, professeur de langue et littérature allemandes. Penché sur ses feuillets, d'une voix un peu timide et qui n'atteint pas toujours les hauteurs lointaines de l'amphithéâtre Turgot, il aborde le sujet de son cours de cette année « Nietzsche, sa vie et sa, pensée ». II fait un tableau remarquable du milieu où est né le philosophe, des influencës qu'il a subies pendant son enfance. Et son langage clair, précis, est très apprécié par son auditoire.

L'annonce de ce cours figure déjà dans "Aux Ecoles" dans Le Figaro du 29 novembre 1909, p. 2.

 

LUQUET G. -H., "W. Windelband. - Die Philosophie im deutschen Geistesleben des XIX. Jahrhunderts", {I. Philosophie générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°12, décembre 1909, p. 657-660.

Détaille le contenu du chapitre V : "Les nouveaux problèmes de la valeur et le retour à l'idéalisme". (p. 659-660) Note : "Tendance toujours croissante à l'individualisme, qui se manifeste surtout dans l'art (impressionnisme) et qui a trouvé son expression dans Nietzsche, ce qui explique le succès de celui-ci. Il a bien posé, s'il n'a pas su le résoudre, le problème, qui consiste dans l'opposition entre intellectualisme et volontarisme, rationalisme et irrationalisme." (p. 660)

 

FEUILLEDEVIGNE, {Echos}, in La Lanterne (Supplément), 11 décembre 1909, p. 1.

Rappelle que Nietzsche aimait beaucoup la France mais note qu'il était très injuste pour Hugo. Résume quelques appréciations sur Michelet et Georges Sand.

 

GERARD Rosemonde (Mme Rostand), pièce en vers à la gloire de son fils Maurice Rostand, dans le numéro de Noël de l'Illustration, décembre 1909.

Référence citée d'après la parodie publiée dans Gil Blas, 25 décembre 1909, p. 1.

 

Anonyme, "Chemins en Espagne", in Ruy Blas, 18 décembre 1909, p. 14.

L'homme d'affaire Edouard Lepelletier serait un "surfinancier".

 

PICK-ME-UP, "Le rire de la semaine", in Le Rire: journal humoristique, n°359, 18 décembre 1909, p. 2-3.

Se moque d'un poème de Mme Rostand (alias Rosemonde Gérard) qui vante la science de son fils de dix-huit ans, Maurice Rostand.

"Tu m'apportes le mot, tu me tends la pensée

Tu parles avec feu; tu juges avec goût,

Et l'on peut tout te demander, car tu sais tout,

Oui, tu sais tout.

 

C'est dire qu'il en sait plus long que M. Lintilhac lui-même.

Le jeune Maurice sait :

 

Tous les rois, tous les dieux de la mythologie !

Tous les poètes grecs, tous les auteurs latins !

Et tous les Boniface! et tous les Constantins!

Les seize Ptolémée et les deux Zoroastre!

 

Décidément, il n'y a plus de gosses ! Continuons à savourer :

 

J'écoute et tu sais tout : les paroles des Sages,

Les discours des Romains et les lois des Hébreux!

(...)

Toi, tu connais les plus terribles philosophes

D'aujourd'hui, les plus sombres penseurs d'autrefois.

(...)

Et maintenant ton front pâlit » sur Epictète !

(...)

Et maintenant tu lis Renan, tu connais Nietzsche

Et tu trouves Leibnitz enfantin.

 

Il trouve Leibnitz enfantin! Voyez-vous cela, le petit coquin !

Mais voici mieux :

 

Et maintenant, voilà, tu connais le « surhomme »,

Tu lis Pline le jeune et Pline l'ancien,

Et tu sais ce que c'est qu'un carpocratien."

Raille.

 

YVERMONT Ary-René d', "Lettres étrangères", in Flammes, 20 décembre 1909, p. 271-274.

 

MUSTIERE Henry, "Tu-sais-tout!", in Gil Blas, 25 décembre 1909, p. 1.

Parodie de la pièce en vers de Rosemonde Gérard à la gloire de son fils de dix-huit ans, Maurice Rostand.

 

HOREAU L. -J., "Traditions de Noël", in L'Echo nogentais, 25 décembre 1909, p. 1.

Poème de Noël, avec Nietzsche.

 

BRAUNSCHWIG Marcel, "La vie spirituelle", in Revue du mois, tome 8, juillet-décembre 1909, p. 209-225.

Discussion au sujet de la solitude de notre moi et de l'incommunicabilité entre les âmes. Vigny le déplorait, Quincey aussi : "Et Nietzsche déclarait également que "l'impossibilité de se communiquer est en vérité la pire des solitudes"." (p. 211)