Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1906


Articles qui évoquent Nietzsche


Anonyme, "Examens", in L'enseignement secondaire des jeunes filles, tome 25, janvier 1906, p. 17-30.

Nietzsche figure au programme 1905 des épreuves orales pour le certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire des jeunes filles (p. 22).

 

LALO Charles, « R. Wallaschek. - Psychologie und Pathologie der Vorstellung. Beiträge zur Grundlegung der Aesthetik », {IV. - Esthétique}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚1, janvier 1906, p. 112-115.

Concernant l'étude des « faits pathologiques », remarque : « De semblables faits concernant la mimique, le geste et l'action, conduisent à distinguer à peu près à la façon de Nietzsche deux types d'activités fondamentales et irréductibles : la spontanéité et l'imitation (Vormänner, Nachmänner), fait qui ne manque pas de portée sociale. » (p. 113)

Cf. Richard Wallaschek, Psychologie und Pathologie der Vorstellung. Beiträge zur Grundlegung der Aesthetik, Leipzig, Barth, 1905. En 1908, Richard Wallaschek publiera un article sur « Nietzsches Freundeskreis » [Krummel, II, 795, p. 345-346] ainsi qu'un compte-rendu d'Ecce Homo [Krummel, II, 797, p. 346].

 

LALO Charles, « Alfredo Rolla. - Storia delle Idee estetiche in Italia », {IV. - Esthétique}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚1, janvier 1906, p. 115-116.

Signale que selon l'auteur, des « tendances plus philosophiques ou métaphysiques se manifestent (...) dans l’œuvre de Morasso, qui tient quelque chose de Nietzsche. » (p. 116)

Cf. Elfredo Rolla, Storia delle Idee estetiche in Italia, Torino, Bocca editori, 1905.

 

PERES J., « José Ingegnerios. - La simulacion en la lucha por la vida », {II. Psychologie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚1, janvier 1906, p. 98-100.

Remarque en conclusion : « Il reste, somme toute, assez difficile de comprendre, - difficulté sentie par M. I., qui cite Nietzsche (p. 192), et se préoccupe d'assigner au médecin une tâche de « défense biologique de l'espèce orientée vers des fins purement sélectives » (p. 194), - comment une atténuation de la lutte pour la vie, donc un ralentissement de l'évolution sélective, peut constituer un progrès. » (p. 100)

Cf. José Ingegnerios, La simulacion en la lucha por la vida, Valencia-Madrid, Sempere y comp.

 

RICHARD Gaston, « La philosophie du droit au point de vue sociologique », {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚1, janvier 1906, p. 63-87.

Au sujet de deux ouvrages de Adolfo Posada (p. 64-66). Expose qu'on peut voir dans la volonté de l'Etat « soit une volonté collective réelle, soit une somme de volontés individuelles juxtaposées » (p. 66) et remarque : « De ces thèses la seconde conduirait logiquement, selon Posada, à l'individualisme anarchique de Stirner et de Nietzsche. » (p. 66)

Adolfo Posada, Teorias politicas, Jorro, Madrid, 1905 et Socialismo y reforma social, Fe, Madrid, 1904.

 

SEILLIERE Ernest, "Thomas Hobbes et la volonté de puissance", in Revue Germanique, tome 2, 1906, p. 145-161.

 

BAINVILLE Jacques, "A propos de Carlyle", {Chronique}, in Gazette de France, 5 janvier 1906, p. 1-2.

Compare l'influence de Carlyle à celle de Nietzsche. Note que "malgré son lyrisme rebutant, malgré toutes ses impuretés et toutes ses obscurités", Carlyle fut accueilli par la jeunesse française "comme un révélateur et un nettoyeur des intelligences. On a beaucoup parlé de Nietzsche et de l'influence de Nietzsche. Mais celle de Carlyle lui est antérieure et supérieure. Comment n’est-il pas permis d’escompter un succès absolu pour les idées de contre révolution quand on se rappelle tous les livres qui furent à la mode en France dans les classes cultivées à partir de 1890? C’était des livres effrénément réactionnaires. Ce qu’on y apprenait de plus certain, c’est que le gouvernement du monde revient de droit à l’intelligence, que les volontés et les sentiments du vulgaire ne comptent pas." (p. 1)

Et encore: les idées de Carlyle "avaient besoin d’être sérieusement amendées. Elles avaient certes du bon. Grâce à leur tour exotique et nouveau, elles ont pu pénétrer là où toutes qui était suspect d’antiquité, de tradition et de nationalisme était frappé d’ostracisme. Carlyle, — comme Nietzsche, dans son genre —- aura été un excitateur et un préparateui. Il aura appris à ne plus avoir peur de certains mots. Il aura entrouvert la porte à de grandes vérités. Mais il n’aurait pas été très profitable que les intelligences françaises s’en tinssent à lui. Son culte des héros, comme l’aristocratisme de Renan, c’étaient des choses séduisantes mais dangereuses et peu fécondes. Elles avaient fortement soin d’être tempérées. Une critique équitable reconnaîtra un jour que le nationalisme intégral a rendu raisonnablement réactionnaires tous les Français de nos jours qui l’étaient devenus frénétiquement, et certainement sans s’en douter, grâce aux écrivains que les gardiens de l’Université avaient laissé pénétrer par surprise dans leur bergerie." (p. 2)

 

AJALBERT Jean, in  Courrier saïgonnais, 6 janvier 1906.

Note que le nietzschéisme des personnages du roman de Claude Farrère, Les civilisés (Paris, Ollendorf, 1905), ne monte pas plus haut que la ceinture. Référence d'après Michel Leymarie, "La Grande Guerre et le Prix Goncourt" in Jean-Louis Cabanès, Robert Kopp,Jean-Yves Mollier (éd.), Les Goncourt dans leur siècle: Un siècle de Goncourt, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2005, p. 311.

 

D.[AGAN] H.[enri], "Lettres de Gustave Flaubert", {Les Revues}, in Les Cahiers de l'Université Populaire, t. 1, n°1, 10 janvier 1906, p. 24-25.

Note que Nietzsche est "travesti par de misérables et ridicules disciples" (p. 24)

 

GODEFROY Emile, {Les livres}, in Les Cahiers de l'Université Populaire, t. 1, n°1, 10 janvier 1906, p. 40-48.

Reproduit une épigramme attribuée à Remy de Gourmont:

"Lindor qui se surnomme
Le Nietzschéen ou Nietzsche-nain
Ne sera jamais homme
Et se croit surhumain." (p. 47)

 

LICHTENBERGER Henri, « E. Kühnemann. – Schiller », {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n˚1, 15 janvier 1906, p. 48-49.

Souligne que c'est devenu un lieu commun d'opposer Goethe et Schiller, « de la glorifier avec Wagner comme le poète du « jeune homme allemand » ou de le railler avec Nietzsche, comme l'incorrigible Moraltrompeter, le héraut de l'impératif du devoir. » (p. 48) Indique que l'auteur trouve dans l’œuvre de Schiller " »a notion centrale de la doctrine nietzschéenne, l'idéal de la personnalité géniale qui vit et se développe selon la loi qu'elle se donne à elle-même. » (p. 49) Signale qu'il se sépare de l'auteur sur certains points de détail, ne voyant pas, « par exemple, la nécessité d'immoler Nietzsche (p. 363) et Ibsen (p. 406) à la gloire de Schiller. » (p. 49)

Cf. E. Kühnemann, Schiller, München, Beck, 1905.

 

Anonyme, "Lettre de Russie", in Journal des Débats, n°24, 25 janvier 1906, p. 1-2.

Souligne les dangers des idées révolutionnaires à la mode, en insistant sur le rôle des femmes: "Ce qu'il y a de grave est que ces utopies, ces chimères, sont colportées, propagées ici surtout par les femmes, qui forment, en Russie, l'élément actif et progressif de la nation. On dit qu'en Occident l'homme est d'ordinaire libéral et la femme conservatrice. Ici, c'est tout le contraire. Les femmes, les jeunes filles surtout, dédaignant les grâces de leur âge et de leur sexe, ne s'emploient qu'à propager le nouveau culte, celui de l'anarchie. On les retrouve partout, dans les salons, pérorant contre la tyrannie dans les théâtres, applaudissant aux allusions les plus subversives; aux barricades même, guidant, avec une frénésie admirable et tragique, la fureur des combattants. Et je ne parle pas ici des pauvres femmes, des ouvrières; mais bien des demoiselles de la société, des filles de hauts fonctionnaires, de gentilshommes. de ministres, de généraux.
Nourries de pamphlets subversifs, mais ignorantes, pour la plupart, des choses de l'histoire, elles se représentent, en général, le peuple allemand comme devant être le régénérateur du monde. Ces anarchistes ont pris pour modèle la nation la plus conservatrice de l'Europe. Pourquoi? C'est qu'elles ont lu, ou plutôt dévoré, Karl Marx et Nietzsche. Toutes sont éprises, théoriquement, du "surhomme". Toutes veulent être des "surfemmes". Toutes se proposent, un jour ou l'autre, de faire de leurs fils des "surenfants "." (p. 1)

 

Anonyme, « Un curieux procès », {Echos}, in Mercure de France, tome 59, n˚207, 1er février 1906, p. 479.

Suite à un procès contre Ludwig Thoma, l'auteur de Simplicissimus, celui-ci est acquitté mais le numéro incriminé est cependant « confisqué sous le curieux prétexte que, sans être précisément contraire aux mœurs, il ne saurait tomber entre les mains « des femmes, des mineurs et des enfants ». Tout le monde en Allemagne se demande avec consternation où iront, à ce taux, l'art, la musique et la littérature. Faust, la Walkyrie, l’œuvre de Nietzsche peuvent-ils, oui ou non, être mis aux mains des enfants? » (p. 479)

 

MARITAIN Jacques, « Adolphe Landry. - Principes de morale rationnelle », {I. - Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚2, février 1906, p. 209-213.

Constate qu'Adolphe Landry tente de « concilier ce qu'il y a de bon dans tous les systèmes, sans oublier Guyau, Nietzsche, ni M. Rauh. » (p. 209)

 

PALANTE Georges, « L'ironie, étude psychologique », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚2, février 1906, p. 147-163.

 

SEILLIERE Ernest, "L'Impérialisme allemand dans le roman. La Baronne Frieda von Buelow", in Le Corespondant, t. 186, 10 février, p. 509-528.

"Nous nous sommes efforcés ailleurs d'établir un lien logique entre quelques-unes des théories de Nietzsche et les tendances contemporaines de l'impérialisme de race sans nous dissimuler d'ailleurs que Nietzsche ignora jusqu'au mot d'impérialisme et ne discerna pas de façon consciente cette direction de sa pensée philosophique. La baronne de Buelow apporte une confirmation éclatante à nos affirmations sur ce point. En effet, cette impérialiste par vocation de naissance est devenue de bonne heure une nietzschéenne avouée, parce qu'elle a trouvé chez le penseur
saxon un aliment pour sa disposition d'esprit fondamentale. Les coloniaux prussiens qu'elle aime à décrire ont souvent le type très marqué du surhomme nietzschéen, dans ce qu'il y a de sainement impérialiste (ou d'apollinien pour employer un terme dont nous avons cherché à fixer la signification morale)." (p. 527)

 

GRASSET J., "Demi-fous et demi-responsables", in Revue des Deux mondes, vol. 31, 15 février 1906, p. 887-921.

Note que Nietzsche "a été interné à plusieurs reprises dans des maisons de santé et y a fini, dément incurable" (p. 911).

 

LEVY-BRUHL Lucien, « Emile Boutmy », in Revue de Paris, tome 1, 15 février 1906, p. 795-805.

Remarque que les « aphorismes de Nietzsche sont plus éblouissants » que les propos de Boutmy mais qu’ils « ne portent pas plus loin » (p. 804).

 

NOZIERE, "A bâtons rompus. La petite vieille de Rouen", in Le Temps, n°16319, 24 février 1906, p. 2.

A propos des goûts des "mondaines": "Elles ne lisent plus les poètes que j'adorais sans les bien comprendre; mais comprennent-elles bien les écrivains et les philosophes qu'elles adorent? Elles ont connu l'extase devant l'indolente tendresse et la crédulité de Paul Verlaine. Elles sont devenues anarchistes en coupant les volumes de Nietzsche. Elles hésitent aujourd'hui entre la parole évangélique de Tolstoï et les appels fiévreux de Mme de Noailles."

 

Anonyme, « Les éléments sociologiques de la morale, par Alfred Fouillée », in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚2, supplément de mars 1906, p. 1-2.

Précise qu'Alfred Fouillée étudie « les phénomènes de la vie, pour en marquer le caractère synthétique et harmonieux, pour montrer, d'accord avec Guyau contre Nietzsche, que déjà nutrition et génération attestent l'effort des êtres pour franchir l'égoïsme, qu'ils font présager le triomphe de la coopération interindividuelle, et que le problème est déjà résolu en partie chez les animaux. » Cite : « (...), chez les animaux, il y a déjà de l'humanité et de la pitié. Ils n'ont pas lu Zarathoustra. » (p. 1)

 

Anonyme, « International Journal of Ethics », {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚2, supplément de mars 1906, p. 13-15.

Compte-rendu d'un article de W. -R. Benedikt sur le fait religieux, publié en octobre 1903. Résume : « Notre siècle est celui de Nietzsche : nous voulons vivre, revivre individuellement. Y-a-t-il des faits expérimentaux qui puissent nous donner cet espoir? Telle est la question. » (p. 13) Juge brièvement : « Tout ce personnalisme nous paraît aussi peu viril que philosophique. » (p. 13)

 

BELOT Gustave, « En quête d'une morale positive », in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚2, mars 1906, p. 165-195.

Pose la question : « Comment la conscience individuelle jugeant d'une manière autonome, peut-elle légitimement prononcer, sans consulter la conscience collective existante, et même finalement contre elle? » (p. 186) Constate que le relativisme exclut de trouver une solution dogmatique à ce problème et conclut : « Mais le relativisme nous permet aussi d'approximer la solution, en nous souvenant que toute vérité offre un double aspect, et que les antinomies ne résultent ordinairement que de ce qu'on sépare et de ce qu'on réalise par abstraction des conditions ou des éléments qui sont unis dans le réel. Si, à la limite, l'autonomie du jugement nous plonge dans l'immoralisme nietzschéen, si, à la limite, une sociologie réaliste et mécaniste nous réduit à une négation inverse de toute conscience et de toute morale, n'est-ce pas parce qu'on a indûment séparé la rationalité et la socialité, parce qu'on a conçu une volonté autonome sans finalité. » Là, ajoute une note : « C'est bien la doctrine de Nietzsche. Justifier une cause, c'est du dogmatisme, de « l'esprit de lourdeur ». « C'est la bonne guerre qui a justifié toute cause. » Elle ne se justifie que par la joie absolue qu'elle donne au sage. Il faut « désapprendre le pour, le à cause de. » Zarathoustra, trad. fr., p. 356, 297, 453. » (p. 187)

 

GAULTIER Jules de, « La métaphysique du spectacle », in Mercure de France, tome 60, n˚209, 1er mars 1906, p. 22-34.

Rappelle la définition et la réflexion autour de la notion de Bovarysme qu'il a exposées dans Nietzsche et la Réforme philosophique, p. 22-23. A propos de l'immoralisme de Nietzsche, se réfère à son De Kant à Nietzsche (p. 28-29).

 

BERTNAY Paul, "Le Passeur de la Moselle", in Le Petit Parisien, n°10726, 11 mars 1906, p. 1.

Roman feuilleton. Le personnage de Fritz conseille à sa fiancée de lire Nietzsche. Elle demande: "N'ai-je pas encore un peu trop de sang français pour goûter ce plaisir-là?".

 

SEILLIERE Ernest, « La morale impérialiste chez Stirner », in Mercure de France, tome 60, n˚210, 15 mars 1906, p. 179-198.

Cite, parmi les récents travaux sur Stirner, M. Lévy, Stirner et Nietzsche (p. 179). Se réfère à son récent livre, Nietzsche et l'utilitarisme impérialiste (p. 179). Parmi les injures inventées pour qualifier « les races endormies par le défaut d'initiative et de self-control », évoque « esclaves » et « bêtes de troupeau » en les attribuant à Nietzsche. (p. 193)

 

BELOT Gustave, « Esquisse d'une morale positive », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚4, avril 1906, p. 378-390.

Dans le cours de sa réflexion, écarte le cas de Nietzsche d'une phrase : « L'individualisme de la sensibilité (hédonisme) ou de la volonté (Nietzsche) se placent en dehors des conditions de la réalité et ne sont que des moyens d'analyse ou des chimères poétiques. » (p. 386-387)

 

DUMESNIL Georges, "L’œuvre critique de M. Pierre Lasserre", in Revue de philosophie, 1er avril 1906.

Critique des idées de Pierre Lasserre sur Nietzsche d'après la Revue pratique d'apologétique (1906)

 

LEVY Paul, "Retour à Platon", in L'Aurore, n°3094, 9 avril 1906, p. 1.

A propos de Keyserling, Système du monde et d'Emile Faguet Pour qu'on lise Platon, note: "La lecture des deux livres qui viennent de paraître révèle chez l'un et l'autre écrivains un goût du recueillement qui ne peut manquer de frapper, si on se souvient que tous deux ont subi l'influence de Nietzsche et que tous deux ont suivi avec une inlassable curiosité tout le mouvement philosophique et littéraire de l'heure présente. Or, ce double penchant pour la philosophie de Nietzsche et pour l'infinie diversité des productions littéraires, les générations actuelles l'ont partagé. Tous nous avons été touchés, consciemment ou non, docilement ou en révoltés, de la grâce nietzschéenne, et tous nous avons fiévreusement cherché, dans l'océan des ouvrages que notre époque agitée a mis au jour, l’œuvre qui pût nous indiquer une direction."

 

LOTI Pierre, "Les désenchantées", in Revue des Deux Mondes, vol. 32, 15 mars 1906, p. 241-278.

Publication du roman en plusieurs livraisons de mars à mai 1906. Description de la chambre de la jeune fille: "Sur un petit bureau laqué de blanc, une bougie oubliée brûlait encore, parmi des feuillets manuscrits,
des lettres toutes prêtes dans des enveloppes aux monogrammes dorés. Il y avait là aussi du papier à musique sur lequel des notes avaient été griffonnées, comme dans la fièvre de composer. Et quelques livres traînaient parmi de frètes bibelots de Saxe le dernier de la comtesse de Noailles, voisinant avec des poésies de Baudelaire et de Verlaine, la philosophie de Kant et celle de Nietzsche. Sans doute, une mère n'était point dans cette maison pour veiller aux lectures, modérer le surchauffage de ce jeune cerveau." (p. 246)

 

Anonyme, « Ethische Präludien, par M. Kronenberg », in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚3, supplément de mai 1906, p. 9.

Souligne que l'auteur critique la morale religieuse : « ce n'est pas sur le modèle de l'Evangile, à la façon de Tolstoï, qu'il concevra son Ethique ». Ajoute : « Mais il n'imitera pas plus Nietzsche que Tolstoï. L'égoïsme absolu n'a pas un fondement plus solide que l'altruisme absolu. A son avis, le succès de Nietzsche est excessif ; Nietzsche a éveillé les esprits, mais ses paradoxes ne sont pas viables. »

 

SEGOND J., « Rivista filosofica », {Revue des périodiques étrangers}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚5, mai 1906, p. 562-565.

Compte-rendu d'un article de E. Morselli, « La société et l'idéal éthique (fin) ». (p. 562-563) Remarque : « Kant et même Nietzsche sont réclamés par certains socialistes, comme étant des leurs. » (p. 563)

 

SEGOND J., « Rivista filosofica », {Revue des périodiques étrangers}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 61, n˚5, mai 1906, p. 562-565.

Compte-rendu d'un article de G. Calo, « Sur les progrès actuels du Pragmatisme et l'une de ses formes nouvelles ». (p. 563) Constate que l'auteur « rapproche les thèses de Nietzsche des thèses soutenues -logiquement selon lui - par certains bergsoniens. »

 

DOUMIC René, « Romans de femmes », {Revue littéraire}, in Revue des Deux Mondes, tome 33, 15 mai 1906, p. 447-458.

A propos de la publication récente des romans de Marcelle Tinayre, Gérard d'Houville et de la Comtesse Mathieu de Noailles. Remarque que ces romans sont « tout imprégnés de l'atmosphère où ils furent conçus. Ils nous renseignent sur certains états d'esprit, et se trouvent, sans y avoir tâché, avoir une valeur de documens. Combien sont précieux, à ce point de vue, les romans de la comtesse de Noailles! Vivant dans un monde qui est précisément celui où les nouvelles modes intellectuelles sont tout de suite adoptées et exagérées, elle excelle à en reproduire la physionomie. » Précise : « Elles avaient à peine commencé de tolstoïser, qu'il leur fallait devenir ibséniennes ou nietzschéennes. (...) On devine quel chaos toutes ces doctrines disparates peuvent faire dans des cerveaux mal préparés pour les accueillir. Quelle incohérence! Quel fatras! Quelle prétention! Telles qui eussent été de délicieuses perruches se métamorphosent en d'insupportables pédantes. » (p. 449)

 

MOREAU Lucien, "Tradition française et raison humaine", in L'Action française, t. 22, n°166, 15 mai 1906, p. 287-305.

Exposé des théories de Nietzsche, dans le prolongement des exposés de Jules de Gaultier.

 

STROWSKI S., "Le principe des nationalités et la sociologie contemporaine", in Bulletin polonais littéraire, scientifique et artistique, n°214, 15 mai 1906, p. 122-129.

Sur l'arrivisme et le Nitzschisme (sic) des Etats (p. 123).

 

WEBER Louis, « A. Chide : L'idée de rythme », {Philosophie}, in Mercure de France, tome 61, n˚214, 15 mai 1906, p. 264-265.

Approuve l'idée défendue par A. Chide mais remarque qu'elle « n'a plus le mérite de la nouveauté, après Nietzsche et surtout après son vulgarisateur français, M. Jules de Gaultier. » Remarque que Nietzsche aurait été « un cas clinique remarquable, si sa situation de bourgeois aisé ne l'avait préservé de l'indiscrète curiosité des psychiatres. » (p. 265)

 

Anonyme, « L'année philosophique », {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚4, supplément de juillet 1906, p. 11-12.

Compte-rendu élogieux de l'article de Lionel Dauriac, « La philosophie de Gabriel Tarde » : « Est-ce Héraclite, demande en terminant M. Dauriac, dont je paraphrase la philosophie? Est-ce Nietzsche dont je cherche à dégager la pensée favorite? Est-ce Tarde dont je suis occupé à résumer la doctrine? Choisissez. En aucun cas vous ne choisirez mal. »

 

DAURIAC Lionel, {Revue critique}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 62, n˚7, juillet 1906, p. 64-81.

Compte-rendu de Th. Gomperz, Les penseurs de la Grèce. Histoire de la philosophie antique (p. 70-72). Constate que ce qui frappe Gomperz « pendant l'âge héroïque de la pensée grecque, c'en est précisément... l'héroïsme » et ajoute : « En écrivant ce mot j'espère ne point trahir le jugement de l'historien. Il est un héroïsme de l'action qui consiste, selon la belle expression de Nietzsche, à « vivre dangereusement ». La formule se passe de commentaires. Mais la pensée, elle aussi, a ses aventures, ses risques, ses dangers mêmes. » (p. 70)

 

FOUILLEE Alfred, « La doctrine de la vie chez Guyau. Son unité et sa portée », in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚4, juillet 1906, p. 514-544.

 

ADAM Paul, "Deux jeunesses", in Le Journal, n°5052, 21 juillet 1906, p. 1.

Note: "Aujourd'hui, le bachelier subit l'influence de Nietzsche comme nous subîmes celle de Schopenhauer. Il a la volonté de puissance et le goût de se faire surhomme. Il cultive les sports afin d'exercer son caractère au risque, à la vaillance, à l'opiniâtreté. Il révère son individu."

 

BOIS Jules, {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, t. 47, n°1205, 29 juillet 1906, p. 68-70.

Compte-rendu du roman de Pierre Loti, Les désenchantées. Note: "Et quelles révélations sur les intérieurs de harems, les détails des cérémonies du mariage, des enterrements, de la menue vie turque, surtout celle des épouses et des jeunes filles claustrées (elles lisent, elles aussi, Mme de Noailles et Nietzsche!) dont les gestes et les modes (elles s'habillent chez nos grands couturiers !) nous étaient restés, jusqu'ici, presque totalement inconnus." (p. 70)

 

Anonyme, « Lettres inédites d'Henrik Ibsen », {Echos}, in Mercure de France, tome 62, n˚219, 1er août 1906, p. 476.

Comparaison entre les lettres d'Ibsen à Emilie Bardach et « une autre correspondance, celle de Nietzsche avec Mme Louise O » : « C'est durant quelques mois le même ravissement intellectuel. Puis les spéculations morales, le souci d’œuvres nouvelles et de nouvelles expériences, effacent tout, sauf un petit souvenir heureux... » (p. 476)

 

LUX Jacques, « Nos philosophes. L’œuvre de M. Alfred Fouillée », in Revue bleue, tome VI, n˚5, 4 août 1906, p. 158-160.

Mentionne la place de Nietzsche dans la vie et l’œuvre d'Alfred Fouillée (p. 159-160).

 

TANNERY Jules, "L'adaptation de la pensée", in La Revue du mois, t. 2, 10 août 1906, p. 129-147.

Note: "(...) j'ai le droit d'imaginer que le progrès finisse par se réaliser, que l'homme apparaisse, et même le surhomme. Au fait, dans notre monde réel, ceux qui étaient capables de donner naissance au surhomme et à la surfemme ont peut-être disparu sans laisser de descendants. Vous savez que certaines supériorités, qui ne viennent pas à la bonne heure, sont funestes à ceux qui les possèdent." (p. 134)

 

GOURMONT Jean de, « André Gide : Amyntas », {Littérature}, in Mercure de France, tome 62, n˚220, 15 août 1906, p. 583-585.

Reconnaît une « concordance entre les idées de M. Gide et celle de Nietzsche » et ajoute aussitôt : « sans doute Nietzsche a-t-il précisé et fixé quelques-unes des idées de M. Gide. Il ne faut pas craindre de se laisser influencer par un esprit supérieur : la crainte de « l'influence » est le signe d'une vanité étroite. » (p. 584) Poursuit en encourageant la lecture du roman de Gide, l'Immoraliste, « qui est plus qu'une transposition des idées de Nietzsche. » (p. 584) Conclut en s'exclamant : « Soyons immoralistes ». (p. 585)

 

WALKLEY A. B., "L'année théâtrale en Angleterre", in Le Temps, 27 août 1906, p. 1-2.

Note: "Le nietschéisme envahit toutes les dernières pièces de M. Shaw. Cela n'est peut-être qu'une mode intellectuelle passagère, mais je note le fait pour ce qu'il vaut". (p. 2)

 

MAMELET A., « L'idée de Rythme par A. Chide », {Etudes critiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XIV, n˚5, septembre 1906, p. 735-743.

Souligne qu'Alphonse Chide s'efforce de restaurer la philosophie héraclitéenne, de « la rénover, en mettant à son service l'histoire générale et surtout l'histoire contemporaine de la philosophie, les résultats des sciences, les thèses générales d'un Boutroux, d'un Bergson, d'un Darwin, d'un Nietzsche, les tendances esthétiques des symbolistes, des impressionnistes et des occultistes, affranchies des restrictions rationalistes qui, chez ces penseurs, en entravent encore le développement. » (p. 735) Fait l'éloge du style de l'ouvrage qui « a la spontanéité, la finesse, la recherche de celui de Barrès, et, par instants, la grandeur apocalyptique de celui de Nietzsche. » (p. 739)

 

SEIPPEL Paul, "Les "Désenchantées"", in Journal de Genève, 2 septembre 1906, p. 1.

Compte-rendu du roman à succès de Pierre Loti.

Note que les femmes lisent Kant, Schopenhauer, Nietzsche... et qu'elles n'y comprennent rien.

 

OHNET Georges, "La Dixième Muse", in Le Figaro, n°247, 4 septembre 1906, p. 4.

Feuilleton. Réplique de Florise: "Je ne vous demande pas d'être un surhomme. Dieu! je ne suis pas nietzschéenne pour un sou je hais cette doctrine égoïste et féroce. Soyez tout simplement un homme raisonnable et probe. Votre intelligence fera le reste."

 

Anonyme, « Le cas du lieutenant Sigmarie », in Revue de Paris, tome 5, 15 septembre 1906, p. 225-269.

Evoque la jeune fille, « bas-bleu » qui est peintre, sculpteur, écrivain qui « croit avoir lu Nietzsche » (p. 246).

 

LE BLOND Maurice, "Le panthéon", in L'Aurore, n°3257, 19 septembre 1906, p. 1.

Note: "Est-ce notre faute si notre génération a grandi, en quelque sorte, dans cette religion du génie, dont des hommes aussi différents qu'Auguste Comte, Victor Hugo, Michelet, Carlyle, Emerson, Nietzsche se sont faits les apôtres. Puisque la glorification par le marbre perd, chaque jour, de son prestige, que les honneurs du Panthéon restent dignes de la haute pensée révolutionnaire !"

 

SEGOND J., « Rudolf Goldscheid. - Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft », {II. - Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 62, n˚10, octobre 1906, p. 431-433.

Explique que l'auteur insiste sur un fait : « progrès et recul ne sont pas en fonction de la lutte pour l'existence, mais bien de l'accroissement ou de la déchéance de notre faculté téléologique. » Ajoute : « C'est de ce point de vue qu'il juge l'immoralisme volontariste d'un Nietzsche. » (p. 432)

Cf. Rudolf Goldscheid, Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft, Vienne et Leipzig, Braumüller, 1905.

 

BOIS Jules, "Où en est le Roman Français", {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, t.47, n°1216, 14 octobre 1906, p. 244-247.

A propos du roman de Paul Adam, Le Serpent noir: "(...) au moment où l'ère démocratique tente de tout égaliser, M. Paul Adam, fidèle aux enseignements de « Zarathoustra » et du philosophe Nietzsche, — ah ! ce Nietzsche, nous le sert-on à toutes les sauces, aujourd'hui! — francisa l'évangile de l'Uebermensch, du nouveau héros déprédateur et exalté, du « surhomme ». Nous assistons au conflit entre l'ancienne notion — toujours vivace, heureusement — du sacrifice, du dévouement, et la nouvelle qui commande le développement à outrance de la ténacité indomptable." (p. 245)

 

Anonyme, "Le nouveau drame de D'Annunzio", in Journal de Genève, 1er novembre 1906, p. 2.

Signale la réaction hostile du public: "Più clic l'Amore, représenté dimanche soir au théâtre Costanzi à Rome est tombé lamentablement à la première représentation. Malgré la valeur littéraire incontestable de la pièce, le public, charmé au premier acte, n'a pas tardé à exprimer son mécontentement par des interruptions et des exclamations violentes.
C'est en peu de mots l'histoire d'un explorateur qui a conçu un projet grandiose de nouvelles explorations africaines et qui se heurte à l'indifférence et à l'hostilité du gouvernement et du public. Dégoûté de toutes choses, le héros risque au jeu tout son avoir et le perd en une nuit. Alors il attend dans la rue le croupier auquel il a livré sa fortune, il le tue et lui reprend son bien et cherche à justifier son acte par des arguments tirés de la philosophie de Nietzsche.
Le public n'a pas admis ce raisonnement et a chuté le sauvage africain avec une non moins sauvage énergie."

 

PSYCHA C., « Les courtisans de la gloire », in Revue de Paris, tome 6, 1er novembre 1906, p. 40-72.

Le personnage Charles lit Nietzsche et prend le « surhomme » pour modèle (p. 46). Le soir, il tient des propos étranges à « des jeunes filles « intellectuelles » » si bien que les mères le traitent d’» homme dangereux et immoral » (p. 46). A propos des « Devoirs » des parents envers leur fille, le père proteste qu’il est « élève de Nietzsche » et ne connaît que le devoir d’être « soi-même, tout soi-même » (p. 65).

 

SAINT-POINT Valentine de, « La double personnalité de Rodin », in Nouvelle Revue, tome 43, 1er novembre 1906, p. 29-42.

Cite Nietzsche (p. 30).

 

BOIS Jules, "«La Divine Thérèse»", in La Revue hebdomadaire, t. 11, n°45, 10 novembre 1906, p. 129-160.

Observe qu'elle "suivit pour la femme le conseil de Nietsche: «L'homme doit se surmonter»" et la qualifie deux fois de «surfemme» (p. 133 et 136).

 

LICHTENBERGER Henri, « Georg Brandes. - Henrik Ibsen. Die Literatur, 32e et 33e vol. », {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚9, 15 novembre 1906, p. 327.

Signale qu'il s'agit d' « une agréable causerie sur Ibsen, sa situation dans la littérature européenne, son caractère, l'origine vécu de ses drames, sur les bizarreries de sa nature, sur ses rapports avec Renan ou Nietzsche, etc. »

L'ouvrage de G. Brandes est publié dans la collection Die Literatur, Berlin, Bard u. Marquardt, 1906.

 

SAINT-POINT Valentine de, « La double personnalité de Rodin (fin) », in Nouvelle Revue, tome 43, 15 novembre 1906, p. 189-204.

Cite Nietzsche (p. 191).

 

HEROS Eugène, "Les premières", in La Lanterne, n°10799, 16 novembre 1906, p. 2.

A propos de la pièce de Paul Adam, Les Mouettes, note: "Je ne discuterai pas le caractère de ce Chambalot, l'auteur a voulu représenter un struggle-lifer, un Nietzschéen comme on dit aujourd'hui.
Pauvre Nietzsche ! Comme on travestit tes opinions.
Ce Chambalot est simplement un monsieur mal élevé, voilà tout."

 

BOIS Jules, {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, t. 47, n°1221, 18 novembre 1906, p. 324-326.

Compte-rendu du roman de Georges Ohnet, La Dixième Muse. A propos de Georges Ohnet, note: "Avant que Nietzsche ait passé les Vosges, un romancier de notre race a pu, avec mesure et sans aller jusqu'à la glorification du cruel et de l'égoïste, dresser en exemples, pour la génération qui est née un peu avant la guerre et celle qui l'a suivie, des types de vaillance civique et d'initiative privée." (p. 325)

 

BRISSON Adolphe, {Chronique théâtrale}, in Le Temps, n°16586, 19 novembre 1906, p. 1-2.

Note au sujet de la pièce de Paul Adam: "Chambalot, c'est ce qu'on appelait autrefois un « cynique », ce qu'on nomme aujourd'hui un « arriviste », et, depuis que Nietzsche est à la mode, un « surhomme ». C'est avant tout un homme très mal élevé, un « mufle » et un mufle conscient, qui cite ses auteurs, se propose en exemple, se dilate dans la satisfaction de soi-même." (p. 1)

 

SALES, {La Semaine dramatique}, in Journal du dimanche, n°3416, 25 novembre 1906, p. 748-749.

A propos de la pièce de Paul Adam, Les Mouettes: (...) sa pièce, telle que l'a construite M. Paul Adam, n'est qu'un roman où il expose des théories. Et ces théories, qu'il me permette de le lui dire, sont tout bonnement abominables. Je crois, du reste, qu'elles, commencent à avoir fait leur temps que nous en avons assez du philosophe Nietzsche, de Zarathustra et du surhomme, c'est-à-dire de l'individu qui se croit avoir tous les droits, parce qu'il est, ou du moins, qu'il se figure être supérieur aux autres hommes. La science nous a prouvé, depuis longtemps, qu'entre le cerveau d'un grand homme et celui d'un simple paysan, il n'y avait pas de différence." (p. 749)

 

RICHARD Gaston, « Les obscurités de la notion sociologique de l'histoire. Sociologie et axiologie », {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 62, n˚ 12, décembre 1906, p. 616-644.

Compte-rendu de Eduard Spranger, Die Grundlagen der Geschichtswissenschaft. Eine erkenntnisstheoretisch-psychologische Untersuchung (p. 627-630). Développe l'idée que seule la subjectivité confère à l'histoire une portée philosophique. Remarque : « Nietzsche nous le dit avec raison : « Ne croyez pas à une description historique qui ne sort pas de la tête des penseurs les plus originaux ». » et ajoute : « En effet, la conception de l'histoire est inévitablement influencée par l'image idéale ou normative que l'on se fait du monde. » (p. 630) Cf. Eduard Spranger, Die Grundlagen der Geschichtswissenschaft. Eine erkenntnisstheoretisch-psychologische Untersuchung, Reuther et Reichard, Berlin, 1905.

Compte-rendu de Rudolf Goldscheid, Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft. Willenstheoretische Betrachtung des biologischen, ökonomischen und sozialen Evolutionismus (p. 630-635). Développe la thèse de l'Energétisme que Goldscheid propose de donner pour fondement à la philosophie sociale et signale qu'elle s'oppose au « Rationalisme étroit » et au « Volontarisme aveugle », « Volontarisme immoral des néo-darwinistes et de Nietzsche. » (p. 635)  Cf. Rudolf Goldscheid, Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft. Willenstheoretische Betrachtung des biologischen, ökonomischen und sozialen Evolutionismus, Braumüller, Wien und Leipzig, 1905.

 

BAYET Jean, {Revue dramatique}, in Nouvelle Revue, tome 43, 1er décembre 1906, p. 426-431.

A propos de Paul Adam, Les Mouettes, à la Comédie Française, note qu’on retrouve l’influence de Nietzsche » et que la pièce a « une allure toute ibsénienne » (p. 426).

 

BREITENSTEIN Jules, "Une promesse merveilleuse du Christ", in Foi et Vie, tome 1906, p. 601-605.

Conférence prononcée en 1906 à Versailles et à Thaon-les-Vosges.

"Un troisième facteur de l'oubli dans lequel est tombé le Christ se trouve dans ce que j'appellerai le nietzschéisme inconscient de la multitude. Inconscient, parce que nos contemporains n'ont pas lu Nietzsche, mais professent pourtant sa philosophie. Vous la connaissez, c'est ce que son fondateur a nommé lui-même la  « transvaluation des valeurs », c'est-à-dire le bouleversement radical de toutes les notions acquises, de tous les axiomes moraux jusqu'à présent admis." (p. 603)