Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1905


Articles qui évoquent Nietzsche


DUPRAT G. L., "Ludwig Stein. Der Sinn des Daseins", {Chronique des livres}, in Revue internationale de sociologie, tome, 13, janvier 1905, p. 68-69.

Note que l’auteur étudie la "philosophie sociale" de Nietzsche (p. 69).

 

FOUILLEE Alfred, "La raison pure pratique doit-elle être pratiquée?", in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 1-33.

Explique qu'il y a longtemps, il a formulé des reproches à Kant et que, "depuis cette époque, la question a été reprise, dans le même sens, d'abord par Guyau, puis par Nietzsche, par M. Simmel, enfin par MM. Brochard, Cresson, etc." (p. 1)

 

RICHARD Gaston, "Le conflit de la sociologie et de la morale philosophique", {Revue générale}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 61-85. [17]

Estime que le "grand problème de l'éthique appliquée est sans doute de prononcer sur la notion d'une morale individuelle"; ajoute que la "doctrine de Nietzsche" a fait un "grand abus" de l'idée d' "affirmation de soi-même" (p. 70) et juge que le terme de Selbstüberwindung est intraduisible. Remarque : "La morale formelle supprimée, l'immoralisme triomphe, sous la forme préférée par Nietzsche, ou sous la forme du matérialisme économique, ou sous toute autre, peu importe." (p. 85)

 

SEGOND J., "Georg Simmel. – Kant", {Analyses et comptes rendus. II. Histoire de la philosophie}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 101-106. [18]

Selon Simmel, Nietzsche et Kant ont chacun leur conception de l'individualisme. Segond résume en expliquant : "Or ces deux conceptions ne se détruisent pas l'une l'autre" et "il appartiendra peut-être au XXe siècle de concilier ces deux concepts élaborés par les deux siècles précédents." (p. 106)

 

SEGOND J., "Rivista Filosofica, 1903", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚1, janvier 1905, p. 109-111.

Compte-rendu de l'article de G. Vidari, "Les conceptions modernes de la vie et l'objet de la philosophie morale" (p. 110). Segond résume : "Il y a quatre conceptions principales de la vie : ascétique (Tolstoï), esthétique (Nietzsche), libérale (Kant), solidariste."

 

HERTZ Robert, "Oscar Levy. – Das Neunzehnte Jahrhundert", {Chronique des livres], in Revue internationale de sociologie, tome, 13, février 1905, p. 145-146.

Note que d’après l’auteur, Nietzsche fait partie des trois auteurs qui ont sauvé le XIXe siècle (p. 145). Doute de la capacité de la "doctrine philosophique" de Nietzsche à entraîner des transformations sociales (p. 146).

 

MOREAS Jean, "Le Pour et le Contre", in Gazette de France, 6 février 1905, p. 1.

Pensées autour de Nietzsche. Précise d'emblée: "Nietzsche est un médecin dont il faut se garder. Cependant, ne rejetons pas entièrement ses drogues ; prenons-en pendant qu’elles guérissent encore."

 

DREYFUS Robert, "Gobinisme et nationalisme", in Revue bleue, tome III, n˚8, 25 février 1905, p. 252-256.

Insiste sur les emprunts de Nietzsche à Gobineau (p. 252 et 253).

 

LACOMBE H. de, "Sur la divinité de Jésus-Christ. Controverses du temps de Bossuet et de notre temps", in Le Correspondant, 25 février 1905, p. 633-665.

Critique les successeurs de Kant et note: "Le dernier rejeton de ces philosophies en déliquescence, le populaire Nietzsche, est mort fou, sans qu'on soit sur qu'il ne l'était pas déjà au temps où il philosophait avec le plus d'entrain." (p. 638).

 

Anonyme, "Rudolf Goldscheid. – Grundlinien zu einer Kritik der Willenskraft", {Revue des livres. I ; Sociologie], in Revue internationale de sociologie, tome, 13, mars 1905, p. 244-245.

Au sujet de la "singulière portée" du darwinisme, de l’évolutionnisme et de l’immoralisme de Nietzsche (p. 245).

 

PALANTE Georges, "Amitié et socialité", in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚3, mars 1905, p. 271-282.

Estime que Nietzsche a été "perspicace quand il a relevé ce germe de lutte qui subsiste dans l'amitié." (p. 276)

 

SEGOND J., "Rivista di Filosofia e Scienze affini", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚3, mars 1905, p. 327-332.

Compte-rendu de G. Cimbali, "Les courants négatifs inconscients et la philosophie du droit", article consacré à Filomusi-Guelfi, Encyclopédie juridique. Segond résume : Cimbali "blâme les concessions imprudentes faites en cet ouvrage au pseudo-positivisme, qui réduit le droit au droit positif, et la philosophie du droit à l'histoire de l'évolution du droit, niant ainsi l'idéologie et la téléologie humaines, supprimant la justice, et frayant la voie à Nietzsche, par le meurtre de Grotius." (p. 330)

 

SEGOND J., "Rivista di Filosofia e Scienze affini", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚3, mars 1905, p. 327-332.

Compte-rendu de deux articles de G. Chiabra, "La « Fable des abeilles" de G. Mandeville » : "Chiabra regarde Mandeville comme le plus vigoureux adversaire de l'eudémonisme au XVIIIe siècle, comme le précurseur négatif de Kant, et aussi comme le précurseur de Nietzsche." (p. 330)

 

DELVAILLE Jules, "La crise morale", in Nouvelle Revue, tome 33, 1er mars 1905, p. 3-23.

Cite les livres, articles, cours, programmes d’enseignement qui montrent que les préoccupations se tournent vers la morale. Cite La philosophie morale au XIXe siècle avec Renouvier, Comte, Nietzsche, Proudhon et Marx (p. 8).

 

A., "Les destinées rivales", {Variétés}, in Journal des Débats, n°69, 11 mars 1905, p. 3.

Compte-rendu du roman de Cardeline (alias Madgdeleine de Bouchaud, née de Bussy), Les destinées rivales (Paris, Plon, 1905).

Note que le personnage "Mme Thalloire entend rester une héroïne stoïque de l'intelligence. Jalouse sans doute du surhomme de Nietzsche, elle veut être la surfemme, s'il est permis de s'exprimer avec une telle barbarie."

 

BESSON Paul, "Walter Schinz. - Le problème de la Tragédie en Allemagne", {Analyses et comptes rendus}, in Revue internationale de l'enseignement, tome 49, n˚3, 15 mars 1905, p. 282-283.

Explique que l'auteur "partage les théoriciens de la tragédie après Lessing en quatre groupes" et détaille : "Un troisième groupe est constitué par Nietzsche et Wagner, qui ont adopté une théorie que notre auteur qualifie de mythique, terme assez clair par lui-même et qui se passe de commentaire." (p. 282)

 

LAGARDELLE Hubert, "L'Individualisme Anarchiste, Max Stirner", {Notes bibliographiques. Les livres}, in Le Mouvement socialiste, volume 15, 15 mars 1905, p. 415-417. [19]

 

ROURE Lucien, "Schopenhauer. Utilisation de son pessimisme", in Etudes, t. 102, 20 mars 1905, p. 769-788.

Note: "L'engouement de notre génération pour Nietzsche a rejeté son prédécesseur à l'arrière-plan. Cet engouement, qui sera passager, se trompe. Nietzsche est surtout un imaginatif. Schopenhauer est un penseur et même, plus véritablement que Nietzsche, un écrivain. S'il brille moins par l'éclat, il a la fermeté et la clarté. C'est le plus français des philosophes allemands." (p. 770)

 

Anonyme, "Informations", in Revue internationale de sociologie, tome, 13, avril 1905, p. 333-335.

A propos d’une Société de sociologie en Hongrie, note la publication à venir d’une étude sur Nietzsche (p. 334).

 

BERTAUT Jules, {Les livres}, in Revue hebdomadaire, t. 5, avril 1905, p. 584-593.

Compte-rendu de Paul Adam, Le Serpent noir. Rappelle ce qu'il a écrit en 1903: "J'écrivais ici même, il y a quelque deux ans, et je n'ai certes pas la prétention que d'aucuns s'en souviennent, à propos d'un livre sur l'influence allemande et la France «Nietzsche qui exerce une telle influence sur les esprits intermédiaires de tous les pays est ignoré de la foule française quant à ses idées et à sa méthode qu'un romancier, qu'un homme de théâtre, qu'un poète s'inspire de lui directement demain, et cette pensée hardie pourra pénétrer jusqu'aux couches ultimes de la nation. » Cette hypothèse que je formais, et qui n'était certes pas un vœu, se trouve vérifiée, ce mois-ci, par M. Paul Adam, le fécond romancier, qui nous donne la première œuvre française inspirée directement de la théorie nietzschéenne, le Serpent noir." (p. 584)

 

Anonyme, "Hugues Rebell", {Echos}, in Mercure de France, tome 54, n˚187, 1er avril 1905, p. 476-477.

Article nécrologique. Rappel des œuvres de Hugues Rebell, dont "Sur une traduction des œuvres de Nietzsche" (p. 477).

 

MOREAS Jean, "Le Pour et le Contre", in Gazette de France, 3 avril 1905, p. 1-2.

Réflexions sur Nietzsche, L'origine de la tragédie (p. 1)

 

MAZEL Henri, "Hugues Rebell", in Mercure de France, tome 54, n˚188, 15 avril 1905, p. 481-502.

Compare la haine de la morale chrétienne d'Hugues Rebell et de Nietzsche et rappelle le rôle de "combattant de la première heure" d'Hugues Rebell dans la réception de Nietzsche, p. 485. Compare leur haine de la démocratie, remarquant qu'ils partageaient le même rêve, "rêve d'une domination de héros et de génies." (p. 487)

 

PELLETIER Madeleine Dr, "La morale et la lutte pour la vie", in L'Œuvre nouvelle, t. 3, n°25, 15 avril 1905, p. 211-228.

"Ainsi la table rase étant faite ; toutes les « valeurs » comme disait Nietzsche étant provisoirement annulées ; considérons d'abord les morales altruistes et demandons-nous si l'obligation qu'elles nous font de mettre notre fin en autrui répond à quelque rondement. " (p. 214)

 

FRANON Eugène, "Deux morales naturalistes", in Bulletin de littérature ecclésiastique, n°4-5, avril-mai 1905, p. 101-120.

Texte d'une conférence prononcée le 8 février 1905 à l'Institut catholique de Toulouse.

Signale les dangers des nouveaux ouvrages de morale. Leur succès conduirait à "la fin de toute morale, ou plutôt, au triomphe de la morale de Nietzsche et de la morale pessimiste" (p. 119).

 

ALBERT Henri, "Oscar Bie, Das Ballett als Litteratur", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 55, n˚189, 1er mai 1905, p. 135-136.

Cite intégralement le préambule d'Oscar Bie "pour montrer la forme supérieure que parvient à prendre la critique littéraire en Allemagne, lorsqu'elle sait s'inspirer des idées directrices dont Frédéric Nietzsche fut le promoteur" et cite "Dionysos, dieu équivoque et tentateur": « Donnez-moi un masque, un masque de plus! » (p. 136)

 

CASELLA Georges et GAUBERT Ernest, "Les prosateurs", in Revue illustrée, Année 20, n°10, 1er mai 1905.

Commence par un long exposé de l'influence de Nietzsche sur les "prosateurs".

 

LEPIEUX Antonin, {Les livres}, in Revue du Midi, n°5, mai 1905, p. 369-378.

Compte-rendu du livre d’Hugues Rebell, Le diable est à table, publié de manière posthume. (p. 369-373)

Note : "Dans le domaine des idées, ce fut une sorte de Nietzsche français, un théoricien de la force effrénée, un contempteur de toutes les faiblesses, qu'elles provinssent de la débilité des muscles ou de l'attendrissement des âmes. Il prôna l'orgueil, la violence, la cruauté, le débordement de toutes les passions." (p. 369)

 

 

OSSIP-LOURIE, "Voprossi filosofii i psychologuii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 59, n˚5, mai 1905, p. 554-555.

Compte-rendu de N. Berdiaiev, "Le néo-idéalisme russe ", qui proclame la supériorité de la philosophie russe sur les philosophies européennes. Ossip-Lourié s'insurge : "(...) il faut être atteint de mégalomanie nationale pour affirmer que « Pouchkine est le seul poète et philosophe qui pénètre l'esprit de toutes les nationalités ». D'ailleurs, après une crise d'épilepsie, Dostoïevsky écrivit dans son Journal : « Etre un vrai Russe, c'est être un surhomme »." (p. 555)

 

ANDLER Charles, "Le centenaire de Schiller", in L'Humanité, n°392, 14 mai 1905, p. 2.

Note: ce que la pensée de Schiller "recèle, c'est à la fois la prédiction de la République sociale que nous attendons tous, et les linéaments de la morale surhumaine d'un Nietzsche, que nous utiliserons un jour pour le socialisme."

 

RAPPOPORT Charles, "La vraie question", in Le Socialiste, 14 mai 1905, p. 2.

A propos de l'idée de nation. Note: "Je ne veux pas même effleurer ici les bases théoriques du patriotisme doctrinal. Tout le monde sait, même dans le monde bourgeois, que depuis les philosophes stoïciens jusqu’à Frédéric Nietzsche, en passant par Spinoza, Voltaire, Lessing, Gœthe, Schiller, Ludwig Boerne et Henri Heine, — tous plus « cosmopolites » qu' « internationalistes », — ce sont ces vrais « citoyens du monde «, ces glorieux « sans-patrie » qui ont le plus contribué à l’honneur et à la gloire de leur pays natal. Et presque tous ont été persécutés par les nationalistes et les « patriotes » de l’époque."

Article cité et commenté dans la Gazette de France, 14 mai 1905, p. 1.

 

BLUM Léon, "Un livre de Maurice Barrès", {La Vie littéraire}, in L'Humanité, n°393, 15 mai 1905, p. 1-2.

Compte-rendu de Maurice Barrès, Au service de l'Allemagne. Note: "Et Nietzsche, en effet, parle à peu près le même langage. Seulement Nietzsche était plus rigoureux avec sa propre pensée. Il avait expurgé sa critique et sa théorie de tout résidu nationaliste. Ce n'est pas lui qui aurait lié l'artiste ou l'homme d'action à sa terre et à ses morts. Bien loin de là, le plus haut éloge qu'il puisse décerner à un artiste, c'est d'avoir été « un phénomène européen »." (p. 2)

 

ROLLAND Romain, "Hugo Wolf", in Revue de Paris, tome 3, 15 mai 1905, p. 401-421.

Evoque la folie de Nietzsche (p. 416).

 

STAPFER Paul, "L'œuvre en prose et en vers de la Comtesse Mathieu de Noailles", in Revue chrétienne, série 4, t. 1, 1905, p. 421-434.

Se moque des épigraphes avec des citations de Nietzsche (p. 428).

 

SANGNIER Marc, "Le respect de l'individu", in Le Sillon, n°10, 25 mai 1905, p. 362-367.

Note: "Dans les milieux socialistes eux-mêmes, — je veux dire, tout au moins, dans ceux que les cupidités politiciennes n'abêtissent pas complètement, — on commence à découvrir un curieux et très intéressant courant d'individualisme, disons même d'anarchisme. L'influence de Nietzsche se fait tout particulièrement sentir dans les écrits des jeunes socialistes les plus hardis et les plus indépendants, et la philosophie d'Ibsen commence à pénétrer, sans qu'on s'en doute toujours, plus d'une pensée française... Alors peut-être que, après avoir vaincu d'innombrables résistances et soulevé le poids lourd des malveillantes indifférences, les catholiques sociaux seront parvenus à gagner la masse de leurs coreligionnaires à une sorte de pseudo-socialisme-chrétien, déjà les apôtres du vieux socialisme anticlérical démodé, après avoir traversé le syndicalisme révolutionnaire, s'élanceront dans la voie fraîchement ouverte d'un individualisme étrange et passionné..." (p. 364-365)

 

BOIS Henri, "La valeur absolue et éternelle de Jésus-Christ", in Foi et Vie, n°11, 1er juin 1905, p. 338-341.

A propos du concept de valeur, note l'importance de Nietzsche et discute Théodule Ribot. Notamment: "Il n'est pas sans intérêt de nous demander pourquoi M. Ribot cherche à débouter Kant et Lotze et les kantiens ou néokantiens de tout droit sur la notion de valeur, et à confisquer celle-ci au profit des utilitaires et des économistes, ou des philosophes anti-moraux comme Nietzsche." (p. 339)

 

VALETTE G. de, "Les Disparus", in Revue illustrée, Année 20, n°12, 1er juin 1905.

Article sur Robert de Bonnières, mort le 7 avril. Note: "M. Robert de Bonnières, dont les critiques furent appréciées par beaucoup de jeunes écrivains, les meilleurs d'aujourd'hui, avait le premier en France, parlé de Frédéric Nietzsche et c'est lui qui conseilla à M. Henri Albert de traduire en français l'œuvre du philosophe de la Gaya Scienzia et de Ainsi parla Zarathustra. Pour cela seul, M. Robert de Bonnières méritait mieux que l'oubli ou la demi-indifférence de notre époque."

 

BOYLESVE René, "Le bel avenir", in Revue de Paris, tome 3, 15 juin 1905, p. 673-711.

Contient une citation de Nietzsche (p. 673).

 

Anonyme, "Société de sociologie de Paris", in Revue internationale de sociologie, tome, 13, juillet 1905, p. 539-551.

Compte-rendu de la séance du 14 juin 1905 sur la définition de la sociologie. Dans son intervention, Charles-M. Limousin cite Nietzsche (p. 550).

 

LALANDE André, "The Monist. Tome XIV (1903-1904)", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚7, juillet 1905, p. 116-119.

Compte-rendu d'un article de N. Vaschide et G. Binet-Valmer, "L'élite de la démocratie », présenté comme des « variations sur les thèmes de Nietzsche." (p. 118)

 

ROLLAND Romain, "Une fête musicale en Alsace-Lorraine", in Revue de Paris, tome 4, 1er juillet 1905, p. 134-152.

A propos d’une symphonie de Mahler, remarque que les paroles sont de Nietzsche (p. 144).

 

THOMAS Louis, "Les Aînés. L’œuvre de Hugues Rebell", in La Plume, n˚375, 1er juillet 1905, p. 647-653.

Etudie, p. 648-650, les relations entre Nietzsche et Hugues Rebell en distinguant tout d'abord les œuvres de jeunesse "car l'influence de Nietzsche a été un fait d'une grande importance dans l'évolution de ses idées." (p. 647)

 

JAURES Jean, "Conférence de M. Jaurès", in Le Journal, n°4665, 9 juillet 1905, p. 5.

Texte d'un discours sur "L'idée de la paix et la solidarité prolétarienne" qui devait être prononcé à Berlin le 9 juillet 1905 mais qui a été interdit par le Chancelier d'Empire, le prince de Bülow. Le discours a finalement été prononcé à Paris.

Evoque Nietzsche: "Quand Nietzsche fait appel, pour diversifier le monde et pour relever l'homme, à une aristocratie nouvelle, il oublie de se demander sur quelle base économiques s'appuierait, dans le monde transformé, cette aristocratie de privilège et de proie. Mais enfin ce n'est pas dans l'enceinte de nationalités exclusives et jalouses qu'il prévoit le large développement des individualités humaines. il affirmé sans cesse que l'homme nouveau doit être avant tout « un bon Européen » que l'Europe va vers l'unité, et qu'il faut qu'elle y aille. Mais comment Nietzsche lui-même pourrait-il nier que c'est l'action du prolétariat social qui est dès maintenant, et qui sera de plus en plus la force décisive d'unification de l'Europe et du monde?"

 

JAURES Jean, "La paix et le socialisme", in L'Humanité, 9 juillet 1905, p. 1-2.

Discours qui devait être prononcé à Berlin le 9 juillet 1905 mais qui a été interdit par le Chancelier d'Empire, le prince de Bülow. Le discours a finalement été prononcé à Paris.

Evoque Nietzsche: "Quand Nietzsche fait appel, pour diversifier le monde et pour relever l'homme, à une aristocratie nouvelle, il oublie de se demander sur quelle base économiques s'appuierait, dans le monde transformé, cette aristocratie de privilège et de proie. Mais enfin ce n'est pas dans l'enceinte de nationalités exclusives et jalouses qu'il prévoit le large développement des individualités humaines. il affirmé sans cesse que l'homme nouveau doit être avant tout « un bon Européen » que l'Europe va vers l'unité, et qu'il faut qu'elle y aille. Mais comment Nietzsche lui-même pourrait-il nier que c'est l'action du prolétariat social qui est dès maintenant, et qui sera de plus en plus la force décisive d'unification de l'Europe et du monde?"

 

LICHTENBERGER Henri, "O. Ewald. - Die Probleme der Romantik als Grundfragen der Gegenwart", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚7, 15 juillet 1905, p. 140. [20]

Constate et regrette que "l'auteur n'ait pas davantage simplifié son exposé qui se complique d'une foule de dissertations ou digressions sur les matières et les personnalités les plus diverses, - problème du Génie, du Judaïsme, de l'Eglise, Spielhagen et Heyse, Wagner et Nietzsche, la Renaissance, Raphaël et Giordano Bruno, etc."

 

LICHTENBERGER Henri, "I. Rouge. - Frédéric Schlegel et la genèse du romantisme allemand", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n˚7, 15 juillet 1905, p. 140-142. [21]

Regrette que l'auteur n'ait pas fait de comparaison entre la pensée de Schlegel et "l'impressionnisme moderne, notamment avec Nietzsche." (p. 141)

 

ROBERT Louis de, "Françoise", in La Presse, n°4804, 24 juillet 1905, p. 4.

Feuillleton. (suite) "Il vit en elle l'adversaire et se retrouva hostile. Il s'était levé, avait pris sur un meuble une jolie reliure qu'il examinait. Il ouvrit le livre.
- Nietzche! Peste. C'est votre livre de chevet?
- Non, mais je le lis quelquefois.
- Vous le feuilletez. Je suis sûr que c'est le relieur qui a coupé les pages. Car vous n'allez pas me faire croire... Un livre qu'on aime doit être l'expression de ce qu'on porte en soi, un peu l'image de votre âme. On se cherche des parents dans la grande famille des écrivains et des artistes. Ils vous aident à vous révéler à vous-même, à prendre conscience de votre personnalité, à voir clair dans ce que vous éprouvez de confus et d'inexprimable. Que peut faire Nietzche à une femme sensible et nerveuse comme vous?"

 

ROBERT Louis de, "Françoise", in La Presse, n°4804, 25 juillet 1905, p. 2.

Feuilleton (suite).

"Lisez un livre intelligent sur l'amour, un bon roman où vous vous retrouverez. Mais Nietzche. c'est du snobisme! Pourquoi pas Kant et Spinosa, Auguste Comte, Herbert Spencer?... Voulez-vous que je vous envoie la Critique de la raison pure ou le Traité sur les causes finales?... C'est passionnant."

 

GERARD-VARET L., "E. Fournière. - Les théories socialistes au XIXe siècle : de Babeuf à Proudhon", {Analyses et comptes rendus. IV. - Sociologie}, in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚8, août 1905, p. 210-215. [22]

Compte-rendu du livre d'Eugène Fournière. A propos de l'individualisme et de la liberté selon Proudhon, Gérard-Varet se demande : "Ne pourrait-on pas observer qu'ici nous dépassons Marx et que nous pressentons le Zarathoustra de Nietzsche, sa hautaine exaltation de la volonté de puissance, sa parole de flamme? Mais alors, dira-t-on, ce n'est plus le socialisme ivre de justice, c'est une orgueilleuse et stérile anarchie! Non pas. L'anarchie n'est dans Proudhon qu'une étape dialectique." (p. 214)

 

GOURMONT Jean de, "Collection des plus belles pages : Chamfort", {Littérature}, in Mercure de France, tome 56, n˚195, 1er août 1905, p. 435-437.

Chamfort pensait "qu'il fallait détruire les privilèges des castes, remplacer l'aristocratie du nom par l'aristocratie de la force et de l'intelligence". Gourmont remarque dans en note : "On retrouve cette idée dans Nietzsche." (p. 435)

 

MARIE Georges, "Au lycée", in Le Sillon, n°3, 10 août 1905, p. 102-109.

A propos d'un professeur de philosophie "l'air angélique et doux, —anarchiste déclarant avec un suave sourire que le Christ n'avait rien dit d'humain et de beau : que tendre l'autre joue est monstrueux et non sublime; que si les hommes le prisent tant, c'est qu'ils ne comprennent rien à sa doctrine, qu'enfin ne sachant si le Galiléen était fou ou Dieu, ils l'avaient cru Dieu, parce qu'un fou, même très doux, ne se laisse pas crucifier sans devenir furieux. Donc Jésus ne fut pas même un grand philosophe. Parlez-moi de Nietzsche. Voilà le surhomme, le dieu ! Nietzsche n'a pas favorisé son prophète, qui n'a pas su trouver encore de disciples. Le jeune anarchiste aussi, avait donné d'abord de grandes espérances, mais le prophète n'a réussi qu'à le dégoûter de Nietzsche et à lui faire aimer Jésus." (p. 107)

 

VASCHIDE N. et BINET-VALMER G., "Introduction à l’étude de la psychologie des élites de la démocratie", in Revue internationale de sociologie, tome, 13, août-septembre 1905, p. 621-643.

Nietzsche cité (p. 628, 641 et 642). Notent que l’influence directe de Nietzsche a été contraire à la morale et que "chaque jour, nous sommes écœurés par les sottises qu’on accomplit en son nom" (p. (642).

 

TRUC Gonzague, "Une illusion de la conscience morale", in Revue Philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚9, septembre 1905, p. 300-313.

Au cours de sa réflexion, remarque qu'il "naît sans cesse des devoirs nouveaux" et remarque : "C'est le sens profond de l’œuvre de Nietzsche : Délivrez-nous des vieilles nécessités auxquelles votre responsabilité attardée vous attache." (p. 307) Cite de courts extraits de Nietzsche, Also sprach Zarathustra (p. 308).

 

Anonyme, {Chronique de l’Institut}, in Bulletin de littérature ecclésiastique, n°7-8, juillet-octobre 1905.

A propos des jeunes filles qui se pressent pour assister aux cours de philosophie à la faculté des lettres de Toulouse (Nietzsche cité p. VIII)

 

GOURMONT Jean de, "L'idée du retour éternel dans les religions de l'Inde", in Mercure de France, tome 57, n˚199, 1er octobre 1905, p. 338-356.

 

Anonyme, "Le roman d'un voleur", in Le Matin, n°7903, 15 octobre 1905, p. 1-2.

Soupçonnée de complicité dans l'affaire Gallay (escroquerie), Valentine Merelli a demandé des livres pour ne pas s'ennuyer dans sa cellule, dont De Kant à Nietzsche (p. 2)

 

HARDUIN H., "Propos d'un parisien", in Le Matin, n°7904, 16 octobre 1905, p. 1.

Soupçonnée de complicité dans l'affaire Gallay (escroquerie), Valentine Merelli a demandé des livres pour ne pas s'ennuyer dans sa cellule, dont De Kant à Nietzsche.

 

SEIPPEL Paul, "Jean-Christophe", in Journal de Genève, 22 octobre 1905, p. 1.

Compte-rendu du roman de Romain Rolland.

Note que Jean-Christophe "devient - sans le savoir - un adepte de cette morale de Nietzsche, si en faveur aujourd'hui dans le monde des jeunes universitaires français auquel appartient M. Romain Rolland".

 

Anonyme, {Bibliographie}, in Revue du Midi, n°11, novembre 1905, p. 397-399.

Compte-rendu de René Boylesve, Le Bel avenir (p.398)

Note : "Le roman est intéressant et écrit avec verve. Mais il finit bien tristement ! Quand donc les auteurs modernes s'inspireront-ils un peu moins des doctrines de Nietzche ?"

 

ALBERT Henri, "J. Meier-Graefe : Der Fall Boecklin und die Lehre von den Einheiten", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 58, n˚201, 1er novembre 1905, p. 141-144.

Signale que Meier-Graefe cite Nietzsche (p. 143).

 

RICHARD Gaston, "Les lois de la solidarité morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚11, novembre 1905, p. 441-471.

Au sujet des doctrines qui concluent de la conscience du Nous à la conscience morale, remarque que "la difficulté est d'imposer ce jugement de valeur à la conviction." (p. 466) Estime que les "arguments pseudo-scientifiques n'y peuvent rien, car ceux du néo-darwinisme détruisent ceux du comtisme." A ce sujet, ajoute : "Les paradoxes de Nietzsche n'auront pas été inutiles. Nous ne dirons pas, comme Zarathoustra, que l'amour du prochain est une perversion de l'amour de soi-même, mais il est permis de penser que l'égoïsme collectif est la forme la plus basse de l'égoïsme." (p. 466)

 

TARBOURIECH Ernest, "Alfred Fouillée. – Le moralisme de Kant et l’amoralisme contemporain", {Chronique des livres], in Revue internationale de sociologie, tome, 13, novembre 1905, p. 843-845.

Compte-rendu du livre d'Alfred Fouillée. Note que "Stirner, Nietzsche et ses disciples sont l’extrême gauche de l’amoralisme" (p. 843) et que le "vrai centre" est constitué par les sociologues contemporains, soit socialistes, soit libertaires ou anarchistes, qui vont jusqu’à "anathématiser" l’idéal. (p. 644). Nie l’originalité des idées de Nietzsche et conclut : "Les merveilleux feux d’artifice que tire l’auteur de Zarathoustra n’éblouissent pas assez les lecteurs sérieux pour leur dissimuler le vide scientifique, l’incohérence et la contradiction profonde d’un auteur qui n’a pas eu une doctrine, mais trois doctrines successives" (p. 845).

 

ARREAT Lucien, "Remy de Gourmont. - Promenades philosophiques", {IV. - Lexicographie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚12, décembre 1905, p. 668-669.

Remarque : "Je ne voudrais pas passer sous silence un volume de M. de Gourmont sans le signaler à nos lecteurs. On me pardonnera pourtant de ne pas donner une analyse détaillée de celui-ci. Il me faudrait faire le tour de la philosophie, parler de Bacon, de Kant, de Spencer, de Leopardi, de Nietzsche, de l'idéalisme, du matérialisme, du pessimisme, et d'autres chose encore." (p. 668-669)

 

FOURNIERE Eugène, "A. Hamon. - Socialisme et anarchisme", in Revue socialiste, t. 42, n°252, décembre 1905, p. 748-750.

Compte-rendu du livre d'Augustin Hamon. Note: "Il va sans dire que les aristocrates, nihilistes sociaux et moraux, strugglers, nietzchéens, littérateurs, fantaisistes, « en dehors », qui se qualifient d'anarchistes et d'individualistes, n'ont rien de commun avec l'anarchie contractuelle de Proudhon et avec le communisme fédéraliste de Kropotkine et de ses amis." (p. 748).

 

FOURNIERE Eugène, "Han Ryner. - Petit manuel individualiste", in Revue socialiste, t. 42, n°252, décembre 1905, p. 763-764.

Note qu'Han Ryner n'est pas un disciple de Nietzsche. Il réprouve Montaigne, Stendhal et Nietzsche, "les « égoïstes lâches » et « tous ceux qui étendent aux relations des hommes la loi brutale du combat pour la vie »" (p. 763).

 

LAMBERT Alfred, "Robert Dreyfus. –La vie et les prophéties du comte de Gobineau", in Revue internationale de sociologie, tome, 13, décembre 1905, p. 909-910.

Compte-rendu du livre de Robert Dreyfus. Note la parenté intellectuelle étroite entre Gobineau, Nietzsche et Wagner (p. 909).

 

PAULHAN François, "Victor Basch. - L'individualisme anarchiste. Max Stirner", {III. - Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 60, n˚12, décembre 1905, p. 656-660.

Compte-rendu du livre de Victor Basch. Signale deux récentes traductions françaises du livre de Stirner et remarque : "Si Stirner est ainsi devenu à la mode, c'est à Nietzsche qu'il le doit." (p. 656) Constate qu'on l'a d'abord considéré comme le précurseur de Nietzsche mais que désormais, on admet avec Edouard Hartmann que la valeur philosophique de L'Unique et sa propriété est bien supérieure à celle de l’œuvre de Nietzsche (p. 656).