Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1908


Ouvrages sur Nietzsche ou avec une section sur Nietzsche


BERTHELOT René, Evolutionnisme et platonisme. Mélanges d'histoire de la philosophie et d'histoire des sciences, Paris, Alcan, 1908, 1 vol. in -8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

"Frédéric Nietzsche" ; "A propos de l'idée de vie chez Guyau, Nietzsche et Bergson". (p. 88-138) Rattache Guyau, Nietzsche et Bergson à l'évolutionnisme comme "une sorte de vitalisme généralisé, qui voit dans la vie un principe de développement opposé au mécanisme."

 

BOUILLET M. -N., Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, refondu sous la direction de L. -G. Gourraigne, 33ème édition, supplément, Paris, Hachette, 1908.

Entrée "Nietzsche" (p. 2175-2176)

 

HÖFFDING Harald, Philosophes contemporains, Paris, Alcan, 1908.

Traduit par A. Tremesaygues.

Deuxième édition, revue. Chapitre sur Nietzsche p. 136-168.

 

MOREAS Jean, Esquisses et souvenirs, Paris, Société du Mercure de France, 1908.

Contient " Nietzsche et la poésie ". (p. 111-115) déjà publié en 1906.


Ouvrages qui évoquent Nietzsche


ADAM Paul, La morale de l'éducation. La vie des élites, Paris, Flammarion, 1908.

Note que les Allemands ne comprennent rien à Gobineau. Ajoute: "Il y a quelque vingt ans, on erra de même, lorsque les lecteurs de Darwin eurent répété l'expression de « lutte pour la vie », et celle de sélection « naturelle ». Maints et maints jeunes gens se crurent en accord avec la science, parce qu'ils jouaient des coudes sans scrupules, au milieu de la cohue sociale. Aujourd'hui, Nietzsche est le parangon de sots pareils." (p. 31)

Sur le mentalité des jeunes gens: "Aujourd'hui, le bachelier subit l'influence de Nietzsche comme nous subîmes celle de Schopenhauer. Il a la volonté de puissance et le goût de se faire surhomme. Il cultive les sports, afin d'exercer son caractère au risque, à la vaillance, à l'opiniâtreté. Il révère son individu. II croit au bonheur. Pour le savourer, il s'émeut avec Jean-Jacques et l'école naturiste qui perpétue cet esprit devant les fruits, le soleil, la forêt. Tous les opuscules des nouveaux poètes contiennent cette litanie qu'eût lue Bernardin

de Saint-Pierre, les larmes aux yeux." (p. 171)

 

BERGUER Georges, La notion de valeur, sa nature psychique, son importance en théologie, Genève, Imprimerie Romet, 1908.

La troisième partie est consacrée à Nietzsche. 

 

BERTH Edouard, Les nouveaux aspects du socialisme, Paris, M. Rivière, 1908.

 

BOUTROUX Emile, Science et religion dans la philosophie contemporaine, Paris, Flammarion, 1908.

Dans la conclusion: "La nature visible est, universellement, dissociation, dispersion, dissolution, dégradation, destruction. Or, nous rêvons une conservation, une concentration, une conciliation et une harmonie universelles. Le développement d'un individu, selon le cours naturel des choses, suppose l'écrasement de certains autres. Le surhomme de Nietzsche veut de bons esclaves. Le mal est, dans

notre monde, une condition du bien, une condition qui apparait comme indispensable. (...) Supprimez le mal, et le bien retombe dans le néant." (p. 385)

 

CHABOT Charles, "Préface" in Alphonse Piffault, La femme de foyer: éducation ménagère des jeunes filles, Paris, Delagrave, 1908, p. V-XII.

Les jeunes filles oublient que la ménagère est aussi l'épouse, la mère et l'éducatrice. Note que l'auteur le leur rappelle  avec une

sagesse persuasive qui a le courage, quand il le faut, de prendre parti contre les idées courantes. Avec des chiffres il montre que la femme exclusivement ménagère, mais bonne ménagère, apporte plus au budget familial que la femme ouvrière; il répond

aux nietzschéennes que la femme est par nature conservatrice, et que ses qualités sont la patience, le courage, la douceur" (p. VIII).

 

CHIDE Alphonse, Le mobilisme moderne, Paris, Alcan, 1908.

Sur la place de Nietzsche.

 

DAURIAC Lionel, Le musicien-poète Richard Wagner, Paris, Fischbacher, 1908.

 

DENIS Léon, Le problème de l'être et de la destinée: études expérimentales sur les aspects ignorés de l'être humain, Paris, Librairie des sciences psychiques, 1908.

Veut lutter contre le scepticisme et le pessimisme ambiants, qu'il attribue à l'influence de Nietzsche (p. 5).

 

FABRE Joseph, La pensée moderne de Luther à Leibniz, Paris, Alcan, 1908.

Estime: "Il y a un écho du génie de Hobbes dans les rapsodies de l'Allemand Nietzche [sic], fantaisiste déplorablement surfait, qui, partant des mêmes principes, enseigne qu'il n'y a de sacré que le droit de la force; que les pires causes sont sanctifiées parla victoire ; que le Christianisme, avec sa glorification de la charité et des saintes espérances, la Révolution, avec ses rêves d'égalité et de justice, n'ont fait qu'accréditer une morale d'esclaves; que la pitié est malsaine et la fraternité chimérique; que l'individu doit se rendre surhumain à force d'inhumanité et se hausser à une sorte de césarisme ou de napoléonisme.

Ce n'est pas une nouveauté que cette conception de l'homme fort qui relègue dans le royaume du bleu vertus et croyances, et qui marcherait sur le corps de sa mère pour arriver au but. Ce qui est une nouveauté c'est son apothéose.

Il faut s'étonner du nombre d'esprits sérieux dupés par la grandiloquence charlatanesque d'un doctissime cabotin que l'hypertrophie du moi a chemina à la folie" (p. 452). 

 

FAGUET Emile, Le pacifisme, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1908.

Eloge de la formule de Nietzsche "Il faut vivre dangereusement":

"Quand Nietzsche a dit son mot profond, et je permets qu'on ajoute: son mot sublime: « Il faut vivre dangereusement, » il donnait la formule de la vie humaine, non pas seulement telle qu'elle doit être, aux yeux du philosophe, mais telle qu'elle est. Non seulement il faut vivre dangereusement; mais l'homme ne vit que dangereusement, et s'il ne vit pas dangereusement, il périt." (p. 279)

 

FAGUS, Aphorismes, Paris, Sansot, 1908.

Contient cet aphorisme: "Vous doutez de vous, Français, à voir tel illustre barbare (Goethe, Nietzsche, Tolstoï...) s'extasier sur vos hérauts médiocres, et mépriser vos vrais grands hommes. C'est que ceux-ci sont trop hauts pour eux: ils ne comprennent pas." (p. 66)

 

FOURNIERE Eugène, La crise socialiste, Paris, Fasquelle, 1908.

Dans le chapitre sur "La crise à l'étranger", critique l'évolution du syndicalisme: de nos jours, déplore-t-il, le "vrai syndicaliste" est 

"celui qui dogmatise sur la patrie et sur le néo-malthusisme, sur le parlementarisme et sur l'amoralisme de Nietzsche, et veut traduire en actes son mysticisme ultra-idéaliste ou le nihilisme social qui n'en est que la face pessimiste (p. 149).

 

GOURMONT Remy de, Promenades philosophiques, vol. 3, Paris, Mercure de France, 1908.

Plusieurs fois autour de la même idée. "Nietzsche nous éclipse tous, nous qui avons voulu penser d'après nous-mêmes, avec ingéniosité et avec contradiction. Il a pensé plus fort ; il était d'une nature plus opulente. Mais qu'on n'aille pas chercher dans Nietzsche, tout ce qu'il y a de nietzschéen dans notre littérature, depuis dix ans, car sa grandeur est précisément que sa pensée était pensée à côté de lui-même" (p. 259).

Et : "Nietzsche stupéfie. Pourquoi ? A bien réfléchir, on verra qu'il n'exprime presque jamais que des vérités de bon sens". (p. 277)

Et : "Nietzsche a été un révélateur, au nouveau sens photographique. Le contact de son œuvre a mis au jour les vérités qui sommeillaient dans les esprits". (p. 277)

Et : "Nietzsche a ouvert la porte. Maintenant on entre de plain pied dans le verger dont il fallait, avant lui, escalader les murs". (p. 287)

 

HALEVY Daniel, " Apologie pour notre passé ", in Cahiers de la Quinzaine, 1908, 116 pages, 1 vol. in-18.

 

HURET Jules, En Allemagne. De Hambourg aux marches de Pologne, Paris, Fasquelle éditeur, 1908.

Questionne un professeur : "Alors tous ces jeunes gens qui font des lettres, du droit, des sciences, de la médecine, et à qui vous n'enseignez que les matières de leur spécialité, ne se préoccupent pas du tout d'idées pures? Par exemple, que savent-ils de Spencer? Ont-ils lu Nietzsche? Que font-ils de Goethe?"

Réponse : "Goethe est délaissé par la jeunesse, me fut-il répondu. Spencer est à peine connu. Ignorance bien naturelle : on ne lui en parle ni au gymnase ni à l'Université ! Quelques-uns ont lu Nietzsche. Mais la grande majorité de ces jeunes gens ne songent qu'à se spécialiser dans la branche qu'ils ont choisie" (p. 327).

 

JACOB Baptiste, Devoirs: conférences de morale individuelle et de morale sociale, Paris, E. Cornély, 1908.

Agrégé de philosophie, Baptiste-Marie Jacob est maître de conférence aux Ecoles Normales de Sèvres et de Fontenay-aux-Roses à partir de 1900.  Les conférences publiées ont été données pendant l'année scolaire 1906-1907 devant des élèves de L'Ecole Normale de Sèvres.

Conteste les idées de Nietzsche tout en leur reconnaissant une part de vérité qui n'est pas originale. Conclut "qu'à côté d'un ascétisme irrationnel, discrédité longtemps avant Nietzsche, il existe un ascétisme rationnel, aussi durable que la civilisation" (p. 114).

 

LANESSAN J. -L. de, La morale naturelle, Paris, Alcan, 1908.

Lanessan (1843-1919) est professeur agrégé d'histoire naturelle à la Faculté de Médecine de Paris, ancien Gouverneur général de l'Indo-Chine, ancien ministre

Pose qu'il existe  une relation étroite "entre la politique et la morale sociale. Or, la politique elle-même est placée sous la dépendance de la morale individuelle. Dans un pays ou chaque individu serait exclusivement conduit par son égoïsme, la lutte pour la vie pourrait amener une certaine évolution ascendante des plus forts ou des plus intelligents, mais tout progrès général serait impossible. Les plus forts intellectuellement ou physiquement abuseraient impitoyablement de leurs muscles ou de leur intelligence pour exploiter les plus faibles et les moins habiles; on arriverait peut-être ainsi à l'apparition du « surhomme » de Nietzsche, mais ceux d'entre les habitants d'un tel pays qui auraient atteint le plus haut degré d'évolution ne laisseraient après eux que des ruines habitées par des esclaves et des idiots.

Le résultat serait le même si, négligeant les droits de l'individu et la nécessité de la lutte individuelle pour la réalisation du progrès, on prétendait niveler les esprits et supprimer les inégalités en courbant toutes les tètes sous le despotisme irresponsable de la collectivité. Ce n'est plus, il est vrai, au « surhomme » de Nietzsche que l'on pourrait atteindre, mais à l'avilissement de tout le corps social sous un pouvoir irresponsable et qui, étant autocratique, n'aurait aucun besoin de rien savoir en dehors des connaissances qu'exige l'emploi de la force brutale et anonyme. (p. 226-227)

 

LE FUR Louis, La souveraineté et le droit, Paris, Giard et Brière, 1908.

Long examen critique de Nietzsche, essentiellement à travers Alfred FouilléeJean Bourdeau et Jules de Gaultier.

Extrait publié dans la Revue du Droit public et de la Science politique en France et à l'Etranger, n°3, juillet-août-septembre 1908.

 

MEYSENBUG Malwida vonLe Soir de ma Vie, Suite des Mémoires d'une Idéaliste. Précédée de la fin de la vie d'une Idéaliste, de Gabriel Monod. Ornée de huit portraits, Paris, Fischbacher, 1908.

 

MIRBEAU Octave, La 628-E8, Paris, Fasquelle, 1908.

Journal de voyage avec trois évocations furtives e Nietzsche.

 

Dr PASCAL Melle"Les maladies mentales de Schumann", in Compte rendu des travaux du 1er Congrès international de psychiatrie, de neurologie, de psychologie et de l'assistance des aliénés, tenu à Amsterdam, 2-7 septembre 1907, Amsterdam, J. H. Bussy, 1908, p. 494-504.

Soutient l'indépendance entre génie et démence, dans le ca de Robert Schumann comme dans le cas de Nietzsche.

 

ROBERTY Eugène de, Sociologie de l'action: la genèse sociale de la raison et les origines rationnelles de l'action, Paris, Alcan, 1908.

Fait plusieurs allusions à Nietzsche en renvoyant à son livre sur Nietzsche (1902). Analyse du succès de Nietzsche: C'est "justement à notre époque - caractérisée par un foisonnement prodigieux de menues connaissances échappant aux processus réducteurs et régulateurs de l'abstraction et de la généralisation - que ce cri sacrilège a retenti comme un cri de délivrance : A bas le savoir hostile
à la vie ! Au lieu d'exciter la réprobation universelle, cet appel impie eut un écho retentissant ; il trouva des auditoires enthousiastes. Telle nous semble la raison cachée de l'influence qu'exercèrent sur les esprits contemporains le pathos cruel d'un Nietzsche ou la philosophie naïve d'un Tolstoï.
Le cas de Nietzsche est particulièrement instructif. Nietzsche se donne de bonne foi pour l'irréductible paladin de l'individualisme, aristocratique, affirme-t-il, par définition. Or, dans ses diatribes les plus violentes contre la science, Nietzsche apparaît toujours, en vérité, comme le servant involontaire, l'organe inconscient de ce troupeau humain qui lui faisait horreur, de ces foules abêties pour lesquelles il n'avait pas assez de dédain et de méprisante pitié. Sans qu'il s'en doute, il défend, avec une vigueur que personne ne surpassa, les intérêts pressants de la multitude, ses droits imprescriptibles aux hautes jouissances de l'âme.

Absorbées comme elles le sont par de rudes travaux physiques, les masses populaires ploient beaucoup plus facilement que les élites sous le lourd fardeau des connaissances restées inassimilées. Et c'est pour répondre à la peine imméritée de telles foules que surgissent à certaines époques plus chargées de savoir ou plus démocratiques que les autres, les libérateurs qui conquièrent d'un coup la grande vogue : les Rousseau opposant l'état de nature aux vices artificiels de la civilisation, les Guyau glorifiant l'expansion de la vie physiologique, les Marx prônant la primauté de la pratique sur la théorie, de l'action sur la pensée, les Tolstoï dissertant à perte de vue sur les méfaits de la raison, les Nietzsche raillant l'outrecuidante sottise des modernes dévots de la science, amoureux de la vie en soi, tous les zélateurs de l'action pour l'action ! Leurs attaques contre le savoir sont, à leur insu même, provoquées par un malaise social redoutable, - la difficulté soudainement éprouvée de transmettre aux siècles futurs les connaissances acquises par les contemporains. Et leur individualisme outrancier cache mal leur folle appréhension des nombreux dangers courus précisément par le groupe, par la collectivité, par la chaîne ininterrompue des générations de plus en plus expertes et policées, et nullement par l'individu comme tel, qui, échappé au naufrage de la civilisation, retournera à la barbarie primitive, redeviendra vite un bel animal humain.

Quoi qu'il en soit, le cri d'alarme jeté par les prédécesseurs de Nietzsche et par Nietzsche lui-même dans l'intérêt direct – je le-répète - des foules démocratiques, fut des plus utiles. Par lui s'exprima l'un des besoins urgents de l'époque. Assez de science empirique, d'adoration du fait brut et inexpliqué, d'érudition pure et desséchante, de nourriture intellectuelle indigeste et intransmissible à l'ensemble des générations futures !" (p. 83-84)

 

SEILLIERE Ernest, Le mal romantique, Paris, Plon-Nourrit, 1908.

 

SOREL Georges, Réflexions sur la violence, Paris, Marcel Rivière, 1908.

 

SOULEY-DARQUE MargueriteL'Evolution de la femme, Gand, Société coopérative Volksdrukkerij, 1908.

Souhaite avènement d'une "surhumanité" qui "ne sera pas la surhumanité dont parle Nietszche [sic]: il ne la conçoit que comme la suprématie d'une élite, « d'un petit nombre de génies supérieurs », faits pour vivre aux dépens de la multitude innombrable des hommes « dont la douleur doit être encore augmentée ». Ce sera une humanité adaptée dans sa totalité aux besoins supérieurs qu'elle s'est créé et qui deviendront de plus en plus des nécessités vitales pour elle : la Justice, mise enfin enfin dans les mains de la Force, la Bonté, le désir impérieux du bonheur de tous, abolissant l'égoïsme, sottise de l'instinct, pour le remplacer par l'amour social. Car cette cellule qu'est l'homme finira par comprendre qu'elle ne peut subsister, croître et atteindre son summum de perfectionnement qu'au profit du grand organisme, l'humanité, dont elle est minuscule partie." (p. 274)

La surhumanité sera à l'humanité ce que l'homme est au singe. Cite Nietzsche en note (p. 275).

Pour y parvenir, "il faudra que la femme soit l'égale absolue de l'homme" (p. 275) 

 

SOURIAU Maurice, Les idées morales de Victor Hugo, Paris, Bloud et Cie, 1908.

Abandonne Wagner mais défend Hugo contre les attaques de Nietzsche.

 

STEINER Rudolf, Le mystère chrétien et les mystères antiques, Paris, Perrin, 1908.

Traduit de l'allemand et précédé d'une introduction par Édouard Schuré qui évoque Nietzsche et sa rencontre avec Rudolf Steiner (p. 20-21)

 

THAMIRY Edouard, Les deux aspects de l'immanence et le problème religieux, études de philosophie et de critique religieuse, Paris, Bloud et Cie, 1908.

Abbé, professeur à la Faculté de théologie de Lille.

Condamne : "En son incurable amour-propre chacun voit en soi-même le Surhomme, dont Renan, et Nietzsche plus encore, se sont efforcés de justifier les cruelles prétentions". Ajoute en note : "Tel est l’aboutissant pratique du monisme contemporain, et telle est la conclusion que tous ses adeptes, - à moins d’un recours illogique aux doctrines chrétiennes - doivent tirer pour eux-mêmes. En leur inconscient orgueil, ils s’appliquent cette parole de Renan (L'Avenir de la Science, préf., p. XVI) : « Le but de l’humanité est la constitution d’une conscience supérieure...» ; l’univers y travaille même en sacrifiant une foule d’existences inférieures, puisqu’une « imperceptible quantité d’arôme s’extrait d’un énorme caput mortuum de matière gâchée » (Ibid., p. III). On n’exprime pas mieux le mépris du Surhomme pour le vulgaire.

Nietzsche est encore plus dur et plus inhumain, quand il reproche aux religions de protéger l’existence d’individus gênants pour le Surhomme : « La religion de la pitié a l’immense inconvénient de prolonger une foule d’existences inutiles, condamnées par la loi de sélection ; elle conserve, elle multiplie la misère dans ce monde ; elle rend, par conséquent, l’univers plus laid, la vie plus digne d’être niée ; elle est une forme pratique du nihilisme. Elle est une menace pour l’existence et la santé morale des plus beaux exemplaires de l’humanité. » (Cf. H. Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche, p. 119)". (p. 31)

Souligne encore le conflit inévitable entre la morale naturaliste et la morale catholique (p. 226 et suivantes) : "et il se résout, quoi qu’on en veuille dire, en une opposition de doctrines : le christianisme enseigne que Dieu a créé l’homme, qu’il lui a donné la liberté et lui laisse le soin de conquérir, par sa valeur personnelle la félicité de l’au-delà ; - le naturalisme répond : l’Humanité est l’incarnation même de Dieu, de l’Absolu, dont l’évolution fatale fera régner sur la terre le parfait bonheur. Mais l’évolution ne progresse que grâce à la sélection, c’est-à-dire à l’élimination des faibles ; c’est pourquoi il est nécessaire de détruire ces derniers en même temps que les religions qui ont eu à cœur de les protéger. C’est la double rançon de la morale scientifique : Renan (1), Spencer (2) et Nietzsche (3) le proclament sans détours.

(1) Cf. L'avenir de la science, p. 3.

(2) Cf. Introduction à la science sociale, trad. Franç., p. 371 : « Nourrir les incapables aux dépens des capables, c’est une grande cruauté. C’est une réserve de misère amassée à dessein pour les générations futures... On a le droit de se demander si la sotte philanthropie, qui ne pense qu’à adoucir les maux du moment et persiste à ne pas voir les maux indirects, ne produit pas au total une

plus grande somme de misère, que l’égoïsme extrême ». - Cf. item, L'individu contre l’État, passim.

(3) Cf. Henri Lichtenberger, La philosophie de Nietzsche, p. 118 et suiv. : « Un inconvénient plus grave encore de la religion de la pitié c’est qu’elle contrarie l’action normale de la loi de sélection, qui tend à faire disparaître les êtres mal conformés et qui, par suite, ont peu de chances de sortir victorieux du combat pour l’existence" (p. 226).


Nietzsche dans la littérature


AICARD Jean, Maurin des Maures, Paris, Flammarion, 1908.

Deux personnages parlent de Nietzsche, de la pitié, des prétentions excessives des philosophes (p. 398-400)

 

BALDE JeanAmes d'Artistes, Paris, Sansot, 1908.

Poème "Un révolté" avec une citation de "Nietzche" [sic] en épigraphe (p. 109)

 

LESUEUR DanielNietzschéenne, Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1908.

En vente début juin, le roman provoque une avalanche de réactions.

Nouvelle édition en 1919 avec une nouvelle préface.

Cette préface paraît aussi dans Le Gaulois du 18 octobre 1919.

 

LYS Georges de et IBELS André, L'Arantelle (roman d'art), Paris, J. Bosc et Cie, 1908.

Discussion au sujet du nihilisme, de l'opposition entre la science et la métaphysique, de l'immoralité, de Nietzsche... (p. 125-127) 


Articles et comptes rendus sur Nietzsche


Anonyme, "Archiv für systematische Philosophie", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°1, supplément de janvier 1908, p. 24-26.

Compte-rendu de l'article de Georges Batault, "Nietzsche négateur de sa philosophie". (p. 25-26)

 

MASSE F., "Figurations nietzschéennes", in Cahiers mensuels de Mécislas Golberg, janvier 1908, p. 209-212.

Texte daté de 1904.

 

TALAYRACH I., "Un ami de Nietzsche. Franz Overbeck", in Revue Germanique, tome 4, janvier 1908, p. 1-14.

Montre qu'Overbeck fut un théologien de premier plan et explique qu'il occupe une place de choix dans l'histoire du protestantisme allemand ; insiste sur les relations amicales et intellectuelles entre Overbeck et Nietzsche. Se pose alors plusieurs questions cruciales qui l'amènent progressivement à prendre le parti d'Overbeck et de Bernouilli contre l'école de Weimar.

Première question : "lequel des deux amis reçut davantage de l'autre?" La réponse est sans ambiguïté totalement différente de celle d'Elisabeth Förster, qui prétend que Nietzsche ne doit rien à Overbeck : "Nous croyons, pour notre part, que Nietzsche, dans sa période bâloise, est beaucoup plus débiteur d'Overbeck qu'on ne l'a jusqu'ici admis." (p. 11)

La deuxième question soulevée concerne la nature de l'amitié entre les deux hommes, question que la sœur de Nietzsche a tranché en minimisant au minimum la profondeur de cette amitié. Mme Talayrach écrit pour sa part qu' "Overbeck fut l'ami - et le meilleur ami de Nietzsche."

La troisième question concerne la valeur du témoignage d'Overbeck. La sœur de Nietzsche prétend que cette valeur est nulle. Mme Talayrach est d'un tout autre avis. Au sujet des souvenirs d'Overbeck, elle écrit : "Ces souvenirs sont un document indispensable pour les biographes de Nietzsche. Ils offrent plus d'un jugement historiquement et moralement remarquables. Overbeck était un historien. Et c'est en historien qu'il retrace le portrait de son ami."

Ajoute ensuite on ne peut plus explicitement : "Ce portrait ne ressemble pas, trait pour trait, à celui que traça de Nietzsche sa sœur. Mais une femme, même une sœur, connaît-elle jamais un homme comme le connaîtra son ami?" (p. 13)

Termine par une nouvelle allusion qui montre clairement ce qui sépare le Nietzsche de Bâle et le Nietzsche de Weimar : "Quant aux rapports d'Overbeck avec les archives de Weimar, ils furent courtois, mais froids. Il se tint loin du culte dont on entourait la mémoire de son ami. "Nietzsche, avait-il coutume de dire, s'est toujours considéré comme l'homme d'un avenir encore lointain." La réclame prématurée, entreprise autour du philosophe et de son œuvre, lui parut dangereuse. Il craignait de la part du public, la réaction d'un oubli d'autant plus rapide que l'engouement aurait été plus vif. Fut-il perspicace en cela? L'avenir nous le dira." (p. 14)

 

CASE Jules, {Tablettes littéraires}, in Gil Blas, 9 janvier 1908, p. 2.

Compte-rendu des Considérations inactuelles de Nietzsche.

 

L'INTIME, "Une lettre appartient-elle à l'expéditeur ou au destinataire?", {Points de droits}, in Havre-Eclair illustré, 12 janvier 1908, p. 30-31.

A propos du procès intenté par la sœur de Nietzsche pour empêcher la publication des lettres de Nietzsche à Franz Overbeck.

Elisabeth Förster-Nietzsche est présentée comme la veuve de Nietzsche.

 

SEILLIERE Ernest, "Une inspiration généreuse", in Journal des Débats, 22 janvier 1908, p. 3.

A propos de la Fondation Nietzsche fondée par la sœur de Nietzsche, Elisabeth Förster-Nietzsche.

 

YVERMONT Ary René d', "Littérature Etrangère", in L'Aurore, 23 janvier 1908, p. 1-2.

A propos de Nietzsche im Spiegelbilde seiner Schrift de la baronne Ungern-Sternberg.

 

LE MASQUE DE VERRE, {Echos}, in Comoedia, n°118, 26 janvier 1908, p. 1.

Signale le dernier billet de Nietzsche à Cosima Wagner: "Ariane, je t'aime..."

 

DUMUR Louis, "Nietzsche et la culture", in Mercure de France, tome 71, n°255, 1er février 1908, p. 385-404.

Se propose d'étudier les notions de "culture" et de "Bildung" en regard des idées que Nietzsche a développées à ce sujet dans les Considérations inactuelles. Loin d'approuver Nietzsche, Dumur montre au contraire en quoi celui-ci a tort. Il s'en prend particulièrement à Nietzsche, estimant : "Nietzsche abomine le développement, il est l'ennemi de ce qui deviendra sans penser que pour être - à supposer que quelque chose soit jamais - il faut d'abord devenir." (p. 404)

 

ROUJON Henri, "Nietzschéisme", in L'illustration, n°3389, 8 février 1908, p. 103-104.

Avec une photo du buste de Frédéric Nietzsche réalisé par Max Klinger, p. 103, et une photo du buste de Mme Daniel Lesueur réalisé par Denys Puech (p. 104). Début du roman de Daniel Lesueur, Nietzschéenne.

 

Anonyme, "H. Höffding. - Philosophes contemporains", {IV. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°3, mars 1908, p. 312-314.

Signale que la troisième partie d' Harald Höffding est consacrée à la philosophie des valeurs rattachée aux quatre noms de Guyau, Nietzsche, Eucken et W. James. Remarque que le plus long chapitre est celui de Nietzsche et ajoute : "Même après les travaux si nombreux dont ce penseur a été l'objet, l'essai de H. se lit avec plaisir ; il est substantiel et pénétrant et H. se demande si finalement il fut un poète ou un penseur." (p. 313) Constate : "Comme Fouillée, il le rapproche de Guyau. Pour tous les deux, le problème capital est celui des rapports entre l'instinct et la réflexion, entre l'énergie indivise de la vie à ses stades antérieurs et son action divisée au cours de la civilisation et de la réflexion. Tous deux font la guerre à l'intellectualisme : à cela se rattache le caractère de leurs ouvrages qui tiennent le milieu entre la philosophie et la poésie. Partout l'émotion et la passion, parfois au détriment de la clarté et de la logique dans la recherche. Leurs idées sont plutôt des symptômes que des contributions actives à la solution des problèmes." Signale un autre point commun : "ils sont malades tous les deux et c'est cependant une lutte continuelle contre la maladie que sont nées la plupart de leurs idées et de leurs œuvres. Cela ne peut rien préjuger sur leur valeur. Il se peut bien qu'il y ait des idées qui répandent de la lumière sur la vie et qui ne pourraient voir le jour que précisément en de telles circonstances." (p. 313)

 

PALANTE Georges, "Deux types d'immoralisme", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°3, mars 1908, p. 274-285.

 

SARCEY Yvonne, "A propos de Nietzsche", {Les lettres de la cousine}, in Annales politiques et littéraires, n°1288, 1er mars 1908, p. 210-211.

Au sujet des conférences sur Nietzsche d'Emile Faguet.

 

MESNIL Jacques, "Stirner, Nietzsche et l'Anarchisme", in Les Temps Nouveaux, n°45, 7 mars 1908, p. 6-7.

 

FAGUET Emile, {La semaine dramatique}, in Journal des débats politiques et littéraires, 9 mars 1908, p. 1-2.

Cite et commente une lettre qu'il a reçue, qui l'accuse de n'avoir rien compris à la pièce d'Henry BatailleLa Femme nue. Pièce nietzschéenne?

 

Anonyme, "Curieux procès", in La Suisse libérale, 14 mars 1908, p. 1.

Sur le procès contre Carl Albrecht Bernoulli pour l'empêcher de publier des lettres compromettantes pour Elisabeth Förster-Nietzsche.

 

MESNIL Jacques, "Stirner, Nietzsche et l'Anarchisme (Suite)", in Les Temps Nouveaux, n°46, 14 mars 1908, p. 7-8.

 

FAGUET Emile, "Une lettre de M. Henry Bataille",  in Journal des Débats politiques et littéraires, 16 mars 1908,p. 1-2.

Suite du problème à propos du caractère "nietzschéen" de la pièce d'Henry BatailleLa Femme nue.

 

FAGUET Emile, "Une lettre de M. Henry Bataille", in Journal des Débat politiques et littéraires, 23 mars 1908,p. 1-2.

Suite du débat sur le caractère "nietzschéen" de la pièce d'Henry BatailleLa femme nue.

 

Anonyme, "Considérations inactuelles", {Au jour le jour}, in Journal de Débats, 14 avril 1908, p. 1.

 

Anonyme, {Les livres. Philosophie}, in Durandal, 15ème année, 1908, p. 198-200.

Compte-rendu des Considérations inactuelles de Nietzsche (I et II) (p. 199).

 

ALBERT Henri, "Carl Albrecht Bernouilli : Franz Overbeck und Friedrich Nietzsche, eine Freundschaft, vol. I", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 72, n°260, 16 avril 1908, p. 742-745.

Prend pour la première fois catégoriquement parti contre Elisabeth Förster.

Commence en affirmant : "L'ouvrage que M. Bernouilli consacre à l'amitié qui unissait Frédéric Nietzsche eu professeur de théologie Franz Overbeck constitue le plus important document sur le grand philosophe qui ait paru depuis fort longtemps." (p. 742)

Se prononce clairement : "L'étude biographique que Mme Förster-Nietzsche consacrait à son frère, à vrai dire, ne possède de valeur historique qu'en tant qu'elle reproduit des lettres et des fragments de journal émanant de Nietzsche lui-même. Et l'attrayant portrait dessiné par Mme Lou Andréas-Salomé n'est après tout qu'une charmante fantaisie, pleine de finesse, écrite avec les nerfs bien plus qu'avec le cerveau.

Ce qu'il nous faut, pour démêler l'énigme psychologique que demeure encore, malgré tout ce que l'on a écrit, la personnalité de Frédéric Nietzsche, ce sont des impressions exactes notées avec sincérité par des hommes qui ont approché de près le philosophe. (...) Quoi d'étonnant, si le professeur de bâlois, malgré tout l'éloignement qu'il éprouve à l'endroit des idées maîtresses de Nietzsche, nous apparaît comme le premier témoin de se vie?" (p. 742).

Ajoute encore : "La véracité d'Overbeck ne fait aucun doute et c'est cette véracité qui a mis en conflit son héritier intellectuelle, M. Bernouilli, avec les dépositaires des papiers de Nietzsche, les représentants du Nietzsche-Archiv, en première ligne la sœur du philosophe, en seconde ligne M. Heinrich Köselitz, connu sous le pseudonyme de Peter Gast." (p. 742-743).

Explique les raisons du procès engagé contre Bernouilli et, tout en remarquant que "le fond de ce débat ne nous intéresse que médiocrement" et souligne : "Les premières audiences ont déjà amené des révélations inattendues. Elles ont provoqué entre autres la lecture publique de lettres où Nietzsche s'exprime sur sa sœur en des termes d'une violence au moins singulière." (p. 743)

Enfin, après avoir longuement résumé l'histoire et l'importance de l'amitié entre Nietzsche et Overbeck, il finit en faisant l'éloge du livre de Bernouilli : "Le volume de M. Bernouilli est une source inépuisable de documents biographiques et psychologiques. L'aventure de Nietzsche avec Mlle Lou Salomé y est analysée dans tous ses détails, l'influence de Paul Rée nettement déterminée, le rôle de M. P. Gast cantonné dans ses limites. Des lettres, des témoignages de contemporains étayent le texte de références précieuses." (p. 745)

 

DELFOUR Léon, "Nietzsche et Barrès", in L'Univers, 18 avril 1908, p. 2-3.

Sur les points communs et les différences entre Nietzsche et Maurice Barrès.

 

CRITON, "Nietzsche et Barrès", in L'Action française, 23 avril 1908, p. 3.

A propos de l'article de Léon Delfour sur le analogies et les différences entre Nietzsche et Maurice Barrès.

Pas convaincu par les analogies mais sensible à l'analyse des différences, Charles Maurras cite un extrait et conclut:

"Ceux de nos amis qui sont restés nietzschéens trouveront M. l'abbé Delfour un peu rude. Mais l'emphase tudesque a besoin d'être rudoyée. II faut appeler bienfaiteur quiconque diminue le fardeau d'impertinence et d'hébétement que représente la vogue de Nietzsche dans un certain monde français."

 

DALMA Jean, {Croquis étrangers}, in La Petite Gironde, 26 avril 1908, p. 1.

Ironique, à propos de la sœur de Nietzsche, Elisabeth Förster-Nietzsche, qui veut contrôler la postérité de Nietzsche; procès contre Bernoulli..

 

Anonyme, "Société des langues et des littératures modernes. Extrait de la séance du 8 mars 1908", dans Revue Germanique, t. IV, n°2, mars-avril 1908, p. 206.

Communication de Charles Andler à propos de Nietzsche.

 

BERTRAND Ludovic, "Notes de Philosophie Individualiste", in Le Libertaire, 4 mai 1908, p. 1-2.

 

Discute les relations entre Nietzsche et l'anarchisme.

Suite le 24 mai 1908

 

LASSERRE Pierre, "La "culture allemande" ; Idées de Nietzsche sur l'histoire", {Chronique des lettres}, in L'Action française, n°46, 5 mai 1908, p. 3.

Compte-rendu partiel de Nietzsche, Considérations inactuelles. Discute brièvement et uniquement la deuxième sur l'Utilité et les inconvénients des Etudes historiques pour la Vie, qui constitue selon lui "le principal morceau" du livre. Au sujet du volume entier, Pierre Lasserre félicite Henri Albert qui a traduit "de la façon magistrale qui lui est coutumière" et souligne l'intérêt de ce "très riche et un peu confus trésor de pensées" : "Il s'y montre avec un certain charme de juvénilité et de bonne grâce que la solitude et l'orgueil devaient bientôt lui faire perdre."

Contre les historiens français, les "Sorbonniques" comme Charles Andler, qui empruntent à l'Allemagne et emmènent les jeunes gens en voyage en Allemagne. Lasserre résume : "Nietzsche montre fort bien que cette prétendue objectivité ou passivité intellectuelle dont sa vantent tant d'historiens est un mythe : on n'aborde l'étude des événements qu'avec une philosophie et dans un sentiment préalables, sans quoi on ne pourrait essayer l'explication du moindre d'entre eux. Et c'est à la force ou à la faiblesse de cette philosophie, à l'ampleur ou à la misère de ce sentiment, que se juge, non moins qu'à sa documentation et à sa technique, l'historien."

Déplore que les historiens français aient fait des emprunts aux Allemands et remarque : "Le Romantisme nous a-t-il fait assez donner là-dedans! Mais M. Andler n'en est pas encore revenu.

Quelqu'un qui en était bien revenu, tout Allemand qu'il fût, c'est cet âpre satiriste de l'esprit germanique, Frédéric Nietzsche (...)."

 

DUMEILHAC Prosper, "Immoralistes", in Revue augustienne, 15 mai 1908.

Analyse de l'article de Georges Palante"Deux types d'immoralisme", dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger.

Référence citée d'après la reproduction publiée dans La Croix du 29 mai 1908.

 

LICHTENBERGER Henri, "Franz Overbeck und Friedrich Nietzsche. Eine Freundschaft. Nach ungedruckten Dokumenten und im Zusammenhang mit der bisherigen Forschung dargestellt von Carl Albrecht Bernouilli", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 413-414.

Commence par rappeler "la lutte engagée" entre "le Nietzsche-Archiv et les héritiers d'Overbeck". Il signale que la mise en vente du second volume est retardée par un procès et en profite pour réserver son avis : "Je me borne donc pour l'instant, dans ces conditions, à indiquer très brièvement et d'une manière toute objective l'intérêt et la signification de ce qui a paru."

Remarque : "Il n'est guère possible, dans les limites que m'imposent ces comptes rendus, d'arriver à donner une idée de ce que contient le volume si riche et si touffu de M. B." et conseille tout simplement : "Il faut le lire."

Cependant, entreprend quand même de résumer brièvement et avec une certaine bienveillance : "On y trouve une biographie d'Overbeck et de Nietzsche, l'histoire spéciale de l'amitié de Nietzsche et Overbeck, une psychologie de Nietzsche telle qu'elle se formulait dans l'esprit de son ami, une polémique contre Mme Förster-Nietzsche et le Nietzsche-Archiv, une discussion des opinions de la critique nietzschéenne, l'analyse des souvenirs que Nietzsche a laissés à ses connaissances de Bâle, enfin une masse considérable de documents très divers (...), etc. - qui lui confèrent, en tout état de cause, une indiscutable importance. Le livre de M. B. n'est pas une œuvre d'art, mais il est d'intérêt soutenu : il donne l'impression de la réalité vivante et vécue. Il apporte surtout un grand nombre de faits nouveaux qui ne peuvent manquer d'intéresser au plus haut point le biographe de Nietzsche."

Continue en rappelant brièvement ce qu'Overbeck fut pour Nietzsche et statuant : "L'impression qui se dégage dès à présent de cette lecture, c'est que le témoignage d'Overbeck sur Nietzsche est d'une importance de tout premier ordre."

Un peu plus loin, il se répète : "Overbeck nous apparaît ainsi comme un témoin très informé, clairvoyant, d'une loyauté au-dessus de tout soupçon et dont la déposition a dès lors le plus grand prix et mérite d'être écoutée avec la plus scrupuleuse attention."

Devient subitement plus critique lorsqu'il soulève le problème de la valeur de "cette déposition". Il développe alors trois points. Premièrement, il prévient que ce problème ne sera résolu "que lorsque nous aurons entre les mains toutes les pièces du litige." Deuxièmement, reprenant dans ses grandes lignes les problèmes soulevés par Elisabeth Förster dans son Das Nietzsche-Archiv, seine Freunde und Feinde, il s'interroge : "Dans quelle mesure le livre de M. B. peut-il tenir lieu de cette déposition qu'Overbeck lui-même n'a pas rédigée? Les impressions d'Overbeck sur son ami ont-elles varié avec l'âge et peut-on mettre en opposition le témoignage de l'Overbeck des années soixante-dix avec les souvenirs d'Overbeck vieillissant?"

Troisièmement enfin, il pose la question vraiment importante que soulève le livre de Bernouilli : "Dans quelle mesure enfin la déposition de l'ami vient-elle compléter, corriger peut-être sur certains points, le témoignage de la sœur?"

Finit en précisant qu'il se garde d'aborder ces questions "dans ce compte-rendu sommaire."

  

 

LICHTENBERGER Henri, "Hans Bélart. - "Friedrich Nietzsche und Richard Wagner. Ihre persoenlichen Beziehungen, Kunst und Weltanschauungen", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 414-415.

Expose le contenu de l'ouvrage et constate qu'avec "un très louable souci d'équité et d'impartialité", l'auteur "s'efforce de ne sacrifier ni l'un ni l'autre des deux grands adversaires." (p. 414) Précise que l'auteur "reconnaît le caractère "pathologique" du Cas Wagner, mais déclare en revanche que "les assauts dirigés contre Wagner par le Nietzsche de la dernière période sont certainement dangereux pour le wagnérisme" et qu'il est impossible de les repousser en se bornant comme le fait Chamberlain à traiter Nietzsche de "fou fin de siècle." (p. 414-415)

 

LICHTENBERGER Henri, "Heinrich Weinel. - Ibsen. Bjoernson. Nietzsche. Individualismus und Christentum", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 415-416.

Signale que l'auteur remarque que le christianisme traverse une grave crise et reconnait que la question qui se pose aujourd'hui n'est "pas de savoir si les dogmes proposés par le christianisme sont vrais ou faux mais bien de décider si la morale chrétienne est pernicieuse ou bienfaisante, s'il existe ou non un idéal de vie supérieur à l'idéal chrétien." (p. 415) Explique comment Weinel essaie de comprendre et de "dépasser" loyalement Nietzsche, de rendre compte de la genèse de sa personnalité et de concevoir comment cette personnalité a été déviée. Selon Weinel, Nietzsche a ruiné "un pseudo christianisme caduc et mûr pour la disparition" mais qu'il reste à "redécouvrir les vérités éternelles et fondamentales du christianisme vrai", à "comprendre que l'homme doit tendre non pas à l'indépendance hautaine et illusoire du moi vis-à-vis de l'univers, mais à l'absorption du moi dans le divin, à la félicité de la "vie en Dieu"." (p. 416) Conclut en affirmant qu'il s'agit d'un livre "très sincère où s'affirme sans étroitesse confessionnelle ni fanatisme doctrinal la foi très optimiste dans une renaissance toute proche d'un idéalisme chrétien dont l'aube commence à luire après les ténèbres du nihilisme pessimiste et les tempêtes de l'individualisme en révolte." (p. 416)

 

LICHTENBERGER Henri, "Carl Spitteler. - Meine Beziehungen zu Nietzsche", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 416-417.

Explique que les relations entre Carl Spitteler et Nietzsche se réduisent à très peu de choses ; reconnaît que Spitteler "conte ces relations avec beaucoup d'humour et sur un ton de franchise qui plaît" mais regrette qu'il ne donne pas "les pièces mêmes sur lesquelles se base son récit." (p. 416)

 

BERTRAND Ludovic, "Notes de Philosophie Individualiste II", in Le Libertaire, 24 mai 1908, p. 2.

Discute les relations entre Nietzsche et l'anarchisme.

 

LICHTENBERGER Henri, "Düringer. Nietzsches Philosophie und das heutige Christentum", in Revue Germanique, tome 4, n°3, mai-juin 1908, p. 210-211.

Explique longuement que l'auteur "est de ceux qui séparent nettement, chez Nietzsche, l'homme et la doctrine, qui accordent leur respect ou plutôt leur commisération à l'homme mais combattent avec acharnement ses théories et sont convaincus du caractère anti-scientifique de ses élucubrations, de la perversité absolue de ses conceptions morales et sociales, du cynisme grossiers de son fanatisme anti-chrétien." (p. 210) Explique encore qu'il s'agit, selon Düringer, d'"une œuvre de salubrité publique que de combattre à outrance un penseur qui corrompt l'atmosphère spirituelle de notre époque, qui a ruiné moralement de nombreuses existences et a porté le trouble dans d'innombrables familles." Constate que l'auteur s'est acquitté de cette mission avec conscience et vigueur, textes à l'appui , et qu'on peut trouver profit à le lire (p. 211). Reconnaît qu'il y a certainement chez Nietzsche beaucoup d'opinions "subversives" et ajoute même que "nombre de ces opinions, prises dans leur sens littéral, sont très vraisemblablement fausses et ne seront pas ratifiées par la postérité." Refuse pour autant d'en conclure que Nietzsche est "un malfaiteur intellectuel et que son succès est dû à l'ignorance et au snobisme du public." Conclut en affirmant que l'ouvrage de Düringer "ne saurait guère contenter que ceux qui sont a priori persuadés qu'il n'y a rien de bon à tirer de Nietzsche ou qui se préoccupent surtout de la question toute pratique de savoir si l'influence de Nietzsche est actuellement utile ou funeste et applaudissent à tout ce qui peut ruiner cette influence sur la génération contemporaine."

 

IVRY Paul, "Les Sous-Hommes", in Le Radical Algérien, 21 mai 1908, p. 2.

 

FAGUET Emile, "Nietzsche contre les historiens", in Revue latine, Tome 7, n°5, 25 mai 1908, p. 257-286.

Réflexions à propos de la publication des Considérations inactuelles et plus particulièrement de la seconde.

 

DUMEILHAC Prosper, {Revue des revues}, in La Croix, 28 mai 1908, p. 4.

Reproduction de l'article "Immoralistes" publié dans la Revue augustienne, 15 mai 1908.

Analyse de l'article de Georges Palante"Deux types d'immoralisme", dans la Revue philosophique de la France et de l'étranger.

 

ALBERT Henri, "La lutte autour des papiers posthumes de Nietzsche", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, 1er juin 1908, p. 563-565.

A propos du procès contre Carl Albrecht Bernoulli pour empêcher la publication de lettres de Peter Gast. Prend la défense d'Elisabeth Förster-Nietzsche. Critique l'attitude de Charles Andler.

 

COMPAYRE Gabriel, "L' "Amoralisme" à l'école primaire", in La Revue, 1er juin 1908, p. 257-263.

Reconnaît le succès de Nietzsche en France et explique les conséquences néfastes de son influence.

 

DUMUR Louis, "Le surhomme contre Nietzsche", in Mercure de France, tome 73, n°263, 1er juin 1908, p. 399-409.

Commence par résumer : "Dans son bel article sur le Bovarysme de l'histoire, M. Jules de Gaultier, rappelant une étude que je publiais précédemment, incrimine mon appréciation de certaines partie de l'œuvre de Nietzsche et va jusqu'à m'imputer de méconnaître le véritable caractère de la pensée du philosophe du Zarathoustra." (p. 399)

Quant au différent qui l'oppose à Gaultier, Dumur se défend en trois temps. Il commence d'abord par postuler : "les interprétations peuvent et doivent être différentes suivant les prédispositions des commentateurs et selon ce qu'il cherchent ou ne cherchent pas dans Nietzsche, où il y a tout et où les opinions les plus opposées peuvent trouver tout à tour d'admirables arguments."

Dans un deuxième temps, Dumur insiste sur ce qui constitue la base de sa défense : "Je dois faire observer tout d'abord que je ne me suis nullement placé au même point de vue que M. Jules de Gaultier. Je n'ai pas écrit un article sur Nietzsche, mais sur la culture, où, à propos des Considérations inactuelles, je me proposais d'exposer quelques vues personnelles. (...) Loin de chercher à concilier Nietzsche avec lui-même, j'ai accentué consciemment ses contradictions et j'ai poussé à l'absurde ce que M. Jules de Gaultier appelle très justement ses "opinions circonstancielles", qui sont précisément celles qu'invoquent le plus volontiers les nouveaux théologiens de la culture classique." (p. 400)

Dans un troisième temps enfin, il insiste sur ce qui constitue la véritable opposition entre Gaultier et lui : "C'est qu'il y a deux Nietzsche : le philosophe et l'homme (...) Ces deux Nietzsche sont inconciliables, ou plutôt ils sont tellement différents que l'on ne doit pas chercher à les concilier." (p. 402)

 

MOREAS Jean, "Autour de la Tragédie", in Vers et prose, tome 14, juin-août 1908, p. 5-12.

S'intéressant au retour de la tragédie en tant que genre difficile, étudie plusieurs livres et particulièrement "le travail de Nietzsche sur  l'Origine de la tragédie", "peut-être un chaos d'idées et d'images ; mais un chaos débrouillable, et même susceptible de nous tirer après tout d'une certaine confusion." (p. 9) Rappelle que Nietzsche "jugea plus tard sévèrement ce livre de jeunesse" (p. 9) et qu'il regrettait de ne pas avoir rompu franchement avec les idées chères à Schopenhauer (p. 11). Conclut : "Mais le plus amer regret de Nietzsche fut d'avoir été par moment, dans son livre de l'Origine de la tragédie, le jouet des fantasmagories modernes ; par exemple, de cette musique wagnérienne, qu'il commença par admirer et qu'il finit par attaquer dans un écrit d'une cruauté terriblement clairvoyante." (p. 11)

 

LESUEUR Daniel, "Nous avons une maladie de la volonté", in Le Matin, 4 juin 1908, p. 1.

Sous-titre: "Qui la guérira? La discipline... répond Nietzsche ... et la femme ajoute Daniel Lesueur". Avec un portrait de Daniel Lesueur.

Voir l'enquête à ce sujet quelques jours plus tard: "Avons-nous une Maladie de la Volonté?", in Le Matin, 15 juin 1908, p. 2. Enquête auprès de Paul Bourget, Henry Roujon, Alfred Mézières, Henry Lavedan qui évoquent Nietzsche.

 

DESCHAMPS Gaston, {La vie littéraire}, in Le Temps, 7 juin 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

CASE Jules, {Tablettes littéraires}, in Gil Blas, 11 juin 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

GLASER Ph. -Emmanuel, "Petite chronique des lettres", in Le Figaro, 12 juin 1908, p. 4.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

LECOMTE Georges, "Littérature d'énergie", in Le Radical, 13 juin 1908, p. 1.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

Anonyme, "Avons-nous une Maladie de la Volonté?", in Le Matin, 15 juin 1908, p. 2.

Enquête auprès de Paul Bourget, Henry Roujon, Alfred Mézières, Henry Lavedan qui évoquent Nietzsche.

Portrait de Nietzsche.

 

ACKER Paul, "Les Héros Nietzschéens", in Gil Blas, 18 juin 1908, p. 1.

 

JOLLIVET Gaston, "La Femme Forte", in L'Eclair, 18 juin 1908, p. 1.

 

ROUJON Henry, "Propos de table", in Le Figaro, 19 juin 1908, p. 1.

Conversation au sujet du roman de Daniel Lesueur, Nietzschéenne.

 

SAVOYANT Marcel, "Les sous-hommes", in Le Courrier de Tiemcen, 19 juin 1908, p. 1.

 

LESUEUR Daniel, "La cure d'énergie", in Le Matin, 21 juin 1908, p. 2.

Sous-titre: "Les leçons de Nietzsche".

 

ALLAIN Marcel, "Nietzschéenne", in L'Auto, 23 juin 1908, p. 1.

 

COUGNY Gaston, {Actualités Littéraires}, in La Dépêche du Berry, 24 juin 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne

 

MORLAND Jacques, {Arts et Littérature}, in Le Télégramme, 24 juin 1908, p. 5.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

Note: "Nietzsche a été souvent trahi par ceux mêmes qui croyaient avoir le mieux pénétré son génie. Autant par son mode de travail que par la diversité de ses recherches, ce philosophe a été amené à se .contredire assez souvent pour que les idées les plus opposées en apparence puissent être tirée de son œuvre ; ce n'est qu'après l'avoir bien étudié que l'on saisit le caractère véritable de cette pensée si nette et si puissante. Aussi peut-on presque à coup sûr juger les écrivains d'aujourd'hui selon la manière dont ils comprennent Nietzsche. Je n'hésite pas à dire que le point de vue de Mme Daniel Lesueur est le meilleur, le plus juste : celui qui montre l'élévation et la grandeur de l'idéal nietzschéen".

 

PRADELS Octave, "Nietzschéen!", in Gil Blas, 25 juin 1908, p. 1.

Poème satirique inspiré de Nietzsche et de Daniel Lesueur.

 

Anonyme, {Les livres. Littérature}, in Durandal, 15ème année, 1908, p. 715-716.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne (p. 716)

 

Inconnu, "Une Théorie Nietzschéenne sur la Colonisation", in L'Echo de Madagascar, 1908.

Référence citée d'après une reproduction de l'article dans La Politique coloniale, 27 juin 1908, p. 1.

 

Anonyme, "Evolutionnisme et Platonisme, mélanges d'histoire de la philosophie et d'histoire des sciences, par René Berthelot", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°4, supplément de juillet 1908, p. 6-8.

Se dispense d'exposer l'analyse que René Berthelot propose au sujet de Nietzsche parce qu'un article à ce sujet est déjà publié dans la revue (p. 7).

 

Anonyme, "Revue de synthèse historique", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°4, supplément de juillet 1908, p. 19-21.

Compte-rendu d'un article de Charles Andler, "Nietzsche et Burckhardt, leur philosophie de l'histoire". (p. 21)

 

Anonyme, "Société des langues et des littératures modernes", in Revue germanique, tome 4, juillet 1908, p. 335-337.

Compte-rendu de la séance du 9 février 1908 avec une communication de Charles Andler sur l'état de la biographie de Nietzsche.

 

BAUËR Henri, "La conception de l'hellénisme dans Goethe et dans Frédéric Nietzsche", in Revue Germanique, tome 4, juillet 1908, p. 365-413.

Etudie les conceptions de l'Hellénisme, en apparence contradictoires, chez Goethe et Nietzsche, "cet autre Allemand, romantique et chrétien dans l'âme, mais prophète d'une nouvelle morale païenne et d'une Renaissance classique." (p. 365) Soutient que les deux aspects de la vie religieuse et artistique des Grecs que Goethe et Nietzsche ont aperçus, "le Titanesque et le Dionysien d'une part, l'Olympien et l'Apollinien d'autre part", "débordent la formule d'art "classique" et la formule "romantique", et sont infiniment plus profonds, plus complets, plus humains que l' "optimisme" et que le "pessimisme" vulgaires." (p. 366)

 

BERTHELOT René, "Sur le pragmatisme de Nietzsche", in Revue de métaphysique et de morale, tome 16, n°4, juillet 1908, p. 403-447.

Justifie l'objet de son étude : "Par son audace et son intransigeance passionnée, la théorie nietzschéenne de la connaissance mérite d'attirer l'attention : c'est une sorte de cas-limite. Elle le mérite aussi par son originalité : Nietzsche n'a pas connu le mot de pragmatisme, mais il a le premier aperçu distinctement une grande partie des idées qu'aujourd'hui on désigne d'habitude par ce terme. Elle a pourtant assez longtemps passé inaperçue : ce qui, chez le poète philosophe, a d'abord provoqué l'admiration, c'est la magnificence lyrique de la forme ; ce qui ensuite a excité la curiosité, le scandale ou l'enthousiasme, ce sont ses paradoxes moraux et sociaux." (p. 405)

 

M. L., "Les nouveaux livres", in Le Mois littéraire, t. 20, juillet-décembre 1908, p. 87.

Compte-rendu du roman de Daniel Lesueur, Nietzschéenne. Conteste le "Nietzschéisme" de l'héroïne.

 

Anonyme, {Echos}, in L'Action française, 1er juillet 1908, p. 1.

Eloges du roman de Daniel Lesueur, Nietzschéenne.

Commence ainsi: "On peut tirer bien des leçons diverses et contradictoires de ce penseur agité, génial et protéiforme que fut Frédéric Nietzsche. Depuis une dizaine d'années, la littérature romanesque justifiait par la philosophie de Nietzsche et l'idéal du « Surhomme », les cent manières d'en prendre à son aise avec la discipline des mœurs, qui n'avaient pas attendu Nietzsche pour tenter les pauvres humains. Mme Daniel Lesueur a négligé les conseils d'anarchie que l'on peut, si l'on veut, trouver dans l'auteur de Zarathustra. Et ce que son héroïne cherche chez lui, ce sont les préceptes d'énergie personnelle, et de domination de soi-même".

 

MICHEL Georges, "Nietzschéenne, par Daniel Lesueur", in L'Aurore, 3 juillet 1908, p. 1.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne. 

 

BOIS Jules, {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, n°1306, 5 juillet 1908, p. 5-7.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

LESUEUR Daniel, "Le livre du jour", in Annales politiques et littéraires, n°1306, 5 juillet 1908, p. 7.

Extrait de son roman Nietzschéenne.

 

A., {Revue des livres}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 7 juillet 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

Extrait: "Le roman de Mme Daniel Lesueur, dont on a beaucoup parlé, est la mise en action dramatique de la crise de la volonté. Au fond, on l'a dit, comme moyen de relèvement moral et comme école de perfection et d'héroïsme, le nietzschisme est peut- être discutable. Le christianisme est tout indiqué et serait bien plus efficace: on n'a rien trouvé de mieux jusqu'ici. Le livre de Mme Daniel Lesueur est extrêmement attrayant il remue les idées, il fait penser et réfléchir et, littérairement ou philosophiquement, il ne sera indifférent à personne."

 

PASCAL Félicien, "Les Mauvais Maîtres", in La Gazette de France, 7 juillet 1908, p. 1-2.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

ELZEVIR, "Chronique des livres", in Le Petit Journal, 9 juillet 1908, p. 3.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

Eloges. Conclut: "Tout le public féminin sera pour Nietzschéenne qui sème à pleine main des idées neuves et, on peut l'écrire sans exagération, lève un drapeau, - sous lequel bien des hommes, j'en suis sûr, ne refuseront pas de marcher".

 

 

GEFFROY Gustave, "Nietzschéenne", {Causeries},  in La Dépêche, 11 juillet 1908, p. 1-2.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

CHARLES Etienne, {Revue des livres}, in La Liberté, 13 juillet 1908, p. 1.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

DELORME Hugues, "Nietzschomanie", in L'Auto, 19 juillet 1908, p. 1.

Poème ironique.

 

LOYSON Paul-Hyacinthe, "Les statues de sel", in L'Aurore, 13 juillet 1908, p. 1-2.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

BERTH Edouard, " "Les "Considérations Inactuelles" de Nietzsche", in Le Mouvement socialiste, n°200, 15 juillet 1908, p. 52-63.

Remarque concernant l'ordre de la publication des œuvres de Nietzsche : "On pourrait tout d'abord demander à Henri Albert, sous la direction de qui se publient en France les œuvres complètes de Nietzsche, pourquoi ce volume vient à la suite des autres, alors que, logiquement, et pour une bonne entente de l'évolution intellectuelle du grand penseur allemand, c'est peut-être par lui qu'il aurait fallu commencer." (p. 52)

Il argumente un peu : "Car, incontestablement, ce livre des Considérations inactuelles est le plus jeune de tous." (p. 52)

Finalement termine en minimisant l'importance de ces "condamnations" et conclut : "Après tout, il n'est peut-être pas mauvais qu'on nous redonne, après le Nietzsche intellectualiste et le Nietzsche dionysien, le premier Nietzsche, le Nietzsche encore mal dégagé du romantisme ; par ce brusque rapprochement avec le point de départ, on a la sensation très vive, en effet, du chemin parcouru et, du même coup, de l'unité de l'œuvre entière." (p. 52-53)

Résume brièvement la thèse de Nietzsche : "(...) contre quoi s'élève précisément Nietzsche? Il s'élève contre ce qu'on pourrait appeler l'histoire pour l'histoire, contre l'histoire érigée en absolu, et non plus mise au service de la vie ; il reproche à la culture moderne d'être trop abstraite, d'avoir dissocié l'être interne et la réalité extérieur, le contenu et la forme, l'idée et l'action." (p. 53)

Explique que la thèse de Nietzsche s'applique au matérialisme historique et il conclut par une longue critique des marxistes orthodoxes et de la Social-Démocratie allemande : "Le matérialisme historique n'est clair, intelligible, fécond, que si on le détache le moins possible de sa véritable base, je veux dire de la lutte des classes ; mais si on le pousse dans le sens d'une interprétation ne varietur et abstraitement idéologique de tous les événements humains, comme ont fait les marxistes orthodoxes, non seulement il devient grotesque, absurde, ridicule, mais encore - ce qui est plus grave - d'un usage parfaitement vain, indifférent, inutile, une parfaite superfluité et curiosité érudite." (p. 55-56)

 

HALEVY Daniel, "Nietzsche et l'Empire allemand, 1870-1872", in Revue de Paris, 15 juillet 1908, p. 372-394.

 

VAREDE R., "A travers les Romans du mois", in Romans-Revue, n°5, 15 juillet 1908, p. 293-301.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne, classé dans les romans "dangereux ou réservés aux très grandes personnes".

 

MIGOT Robert, "A la gloire de Nietzsche", in Le Progrès des communes, 23 juillet 1908, p. 1.

 

MARYX Camille, "La femme dans trois romans de femmes", in Les Entretiens idéalistes, 25 juillet 1908, p. 292-298.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

SEILLIERE Ernest, "Nietzsche dans le roman français", in L'Opinion, 25 juillet 1908, p. 15-16.

 

FERRY René-Marc, "Nietzschéenne par Daniel Lesueur", in L'Eclair, 27 juillet 1908, p. 3.

A propos du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

Anonyme, "A travers les romans du Mois", in Romans-Revue: guide de lectures, 1908.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne, classé parmi les "Romans dangereux ou réservés aux très grandes personnes". Note que c'est le roman "qui a fait sans doute le plus de bruit et de tapage le mois dernier, ou qui du moins a fait couler le plus d'encre dans toutes les feuilles du matin et du-soir" (p. 293). Désapprouve la morale et cite longuement un article allemand qui dénigre Nietzsche.

Conclut: "On serait tenté de croire que le nietzschéisme de Daniel Lesueur est modéré, n'étaient certaines déclarations bruyantes

qu'elle fit dans la presse, il n'y a pas bien longtemps. Son roman, en a pris l'allure et le ton d'un manifeste. Tout le monde a parlé

soudain de Nietzsche : et il parait que les jeunes filles commencent à se préoccuper maintenant du brumeux philosophe, et

qu'elles écoutent Zarathoustra" (p. 294).

 

DEHERME Georges, "Nietzsche ou Comte", in Coopération des idées, 1er août 1908.

A propos de Nietzschéenne de Daniel Lesueur, estime que seul Comte peut amener la société au salut moral alors que Nietzsche ne montre que la voie de la dégénérescence.

 

Anonyme, "Daniel Lesueur, Nietzschéenne", in Gazette de Lausanne, 5 août 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

Anonyme [Georges Favre], "L'éducation de l'énergie", in La Liberté (Fribourg), 5 août 1908, p. 1.

Proteste contre le roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

Sera suivi d'une lettre de Daniel Lesueur dans La Liberté du 17 août 1908.

 

ARMON Paul d', "Nietzschéenne", {La vie littéraire}, in La Dépêche de Brest, 8 août 1908, p. 2.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

ROUANET Gustave, "Nietzschéenne, de Daniel Lesueur", in L'Humanité, 10 août 1908.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

DRUMONT Edouard, "De Lélia à la Nietzschéenne", in La libre parole, 13 août 1908, p. 1.

A propos du roman de Daniel Lesueur, Nietzschéenne.

 

FLORENCE Jean, "Commentaires nietzschéens", in La Phalange, n°26, 15 août 1908, p. 126-132.

Commence en remarquant : "(...) puisque ce commentaire, n'étant pas le premier, ne saurait être le dernier que l'on fasse de la pensée nietzschéenne, s'il est faux, du moins il m'exprime, et s'il déplaît, bonnes gens, les marges de "la Phalange" sont assez large pour que votre crayon y commente le commentaire sans épargner le commentateur." (p. 126)

Constate la prodigieuse vitalité de la pensée nietzschéenne qui a su survivre, s'accroître et se reproduire : "Nietzsche aujourd'hui se perpétue parmi nous, pensant par mille cerveaux, parlant par mille bouches." p. 126) "C'est ainsi que la philosophie de Nietzsche, toujours incomplète, toujours incline à des développements nouveaux, continue à s'élaborer dans tous les esprits qui l'accueillent." (p. 127)

Remarque que Nietzsche, "critique à son tour, psychologue et logicien plus audacieux que maint spécialiste" a "poussé jusqu'à sa dernière limite l'hypothèse du phénoménisme." (p. 127) Expose les idées de Nietzsche sur le phénoménisme et conclut : "Nietzsche lui a reconnu un domaine très grand. Il en a élargi et approfondi l'idée, il l'a étendu et il en a fait, sous le nom de "Perspectivisme", une sorte de spacieuse enclave - hôpital, oasis, paradis? - réservée aux esprits spéculatifs qui voudraient séjourner dans une philosophie qui n'est pas faite pour eux. D'aucuns s'y étant égarés, trompés par de séductrices apparences, il a paru charitable de leur indiquer, amoureusement aménagé par la sollicitude du Maître, ce vrai "Coin des Poètes"." (p. 132)

 

GAULTIER Jules de, "Nietzsche contre le surhomme", in Mercure de France, tome 74, n°268, 16 août 1908, p. 561-585.

Reconnaît en Louis Dumur "un de ces ennemis dont il convient de se parer" mais ajoute aussitôt : "Je voudrais seulement lui faire accepter un terrain de mésintelligence moins contestable que celui qu'il a choisi. Je voudrais montrer qu'il n'est point utile, pour marquer son désaccord avec Nietzsche, de mettre Nietzsche en désaccord avec lui-même." (p. 561)

Renonce à le "réconcilier avec Nietzsche" mais continue juste après : "Je voudrais insister de nouveau pour faire voir que cet état de contradiction de Nietzsche avec lui-même n'existe pas (...)." (p. 561)

Avant d'entrée dans des considérations philosophiques, il reconnaît au passage : "Je sais bien que M. Dumur (...), dès qu'il prend l'offensive contre Nietzsche, cède à l'aversion que lui inspire, en raison de l'importance exagérée, à son gré, qu'elle assume dans l'œuvre, l'une des deux tendances de la philosophie nietzschéenne (...)."

Il suppose :" Par une opposition de termes, qui l'entraîne, je l'imagine, très au delà de sa pensée, en contraste avec la philosophie du Surhomme, il la nomme la philosophie du soushommes." (p. 562)

Cependant il constate et finalement condamne : "(...) il discrédite d'un terme péjoratif une partie de cette philosophie que je tiens quant à moi pour un contrepoids indispensable à l'autre, et à vrai dire pour aussi forte et non moins belle." (p. 562)

 

GIBOUT Henri, "Chez le libraire", in Foi et Vie, n°16, 16 août 1908, p. 491-495.

Analyse du roman de Daniel LesueurNietzschéenne (p. 491-493). Avec une analyse de la place de Nietzsche en France. Commence ainsi: "Pauvre Nietzsche! Lui qui volait en songe, lui qui goûtait le bonheur « alcyonien » de planer bien au-dessus des petits hommes et des petites femmes, il faut le plaindre de n’être plus aujourd’hui pour nous qu’un jouet, quelque chose comme ces ballons rouges que les enfants promènent au bout d’une ficelle. Nous avons tous un ballon sur lequel il est écrit: Nietzsche, et que nous avons gonflé avec le peu que nous savons de Nietzsche, de sa vie, de sa doctrine. Un écrivain, un beau parleur, une femme du monde, ne peuvent aller en ville sans s’être munis de ce ballon philosophique" (p. 491).

 

LESUEUR Daniel, "Une lettre", in La Liberté (Fribourg), 17 août 1908, p. 1.

Proteste contre l'accusation de faire la promotion de la morale de Nietzsche. Voir Anonyme [Georges Favre], "L'éducation de l'énergie", in La Liberté (Fribourg), 5 août 1908, p. 1.

Sera suivi d'une réponse: voir Georges Favre, "Réponse à Mme Daniel Lesueur", in La Liberté (Fribourg), 20 août 1908, p. 1.

 

Anonyme, "A la montagne", in Le Figaro, 18 août 1908, p. 2.

A propos d'un pèlerinage à Sil-Maria organisé par Robert de Montesquiou.

 

FAVRE Georges, "Réponse à Mme Daniel Lesueur", in La Liberté (Fribourg), 20 août 1908, p. 1.

Réponse à lettre de Daniel Lesueur dans La Liberté du 17 août 1908.

 

DOURY Charles, "Nietzschéenne", in L'Intransigeant, 21 août 1908, p. 3.

Entretien avec Daniel Lesueur.

 

WILLY, "Lettre de Bayreuth", in Comoedia, n°325, 20 août 1908, p. 1-2.

Répond à un correspondant allemand, un "nietzschéen attardé" qui le suspecte de ne pas avoir lu Nietzsche. S'exclame: "Ô Philosophe cher à Daniel Lesueur, que de coups de rasoir on donne en ton nom!" (p. 1) Réplique moqueur.

 

WILLY, "Encore Nietzsche", in Comoedia, n°327, 22 août 1908, p. 1-2.

 

LIONNET Jean, {Les livres}, in Revue hebdomadaire, 29 août 1908, p. 664-687.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne (p. 673-677).

 

HALEVY Daniel, "Overbeck et Nietzsche", in Journal des Débats, 30 août 1908, p. 3.

 

Anonyme, {Chronique russe}, in Bibliothèque universelle et revue suisse, t. 51, 1908, p. 404-412.

Compte-rendu de Léon ChestovLe bien dans les doctrines de Tolstoï et de Nietzsche (p. 409-410).

 

LE FUR Louis, "La souveraineté et le droit", in Revue du Droit public et de la Science politique en France et à l'Etranger, n°3, juillet-août-septembre 1908.

D'après le livre publié aux éditions Giard et Brière en 1908.

Long examen critique de Nietzsche, essentiellement à travers Alfred Fouillée, Jean Bourdeau et Jules de Gaultier.

 

DUMUR Louis, "Nietzsche et M. Jules de Gaultier", {Echos}, in Mercure de France, tome 75, n°269, 1er septembre 1908, p. 187-188.

Commence par une question : "Si, comme le croit M. Jules de Gaultier, il n'y a pas de contradiction entre les deux tendances manifestées par Nietzsche (...), comment se fait-il que chaque fois que Nietzsche sort du domaine des idées générales pour passer à celui des faits concrets, c'est-à-dire qu'il est amené à exposer son point de vue dans un fait d'histoire, d'art ou de sociologie, il prenne toujours parti pour le pouvoir d'arrêt et jamais pour le pouvoir d'impulsion?"

Il reste fidèle à la conception qu'il défendait quelques mois auparavant : "Nietzsche demeure donc contradictoire, malgré l'ingénieuse argumentation de M. Jules de Gaultier."

 

ALBERT Henri, "La fondation Nietzsche", {Echos}, in Mercure de France, tome 75, n°270, 16 septembre 1908, p. 366-367.

Signale que le Nietzsche-Archiv "vient de se transformer en une fondation perpétuelle, sous la surveillance d'un groupe de professeurs, de savants et de fonctionnaires allemands." (p. 366)

Signale que cette fondation attribuera annuellement des prix divers et explique comment seront choisis les candidats. Conclut ironique: "Nous ne savons pas si l'on imposera aux bénéficiaires de la fondation Nietzsche l'étude approfondie des œuvres du maître. Ils y puiseraient en tous les cas le mépris profond du byzantinisme germanique qui a réglé les conditions de cette entreprise et en a établi les bases." (p. 367)

 

GAULTIER Jules de, "Nietzsche et M. Louis Dumur", {Echos}, in Mercure de France, tome 75, n°270, 16 septembre 1908, p. 359-361.

Contre Louis Dumur, cite des exemples de cas dans lesquels Nietzsche a pris le parti du mouvement. Il reconnaît que Nietzsche a parfois aussi des partis pris en faveur du pouvoir d'arrêt et poursuit : "Ils ne feront qu'attester, mis en regard des partis pris contraires que je viens d'énumérer, que Nietzsche (...) apprécie bien la réalité comme un compromis entre deux tendances contraires et que, (...), il tente de fortifier, selon les circonstances, tantôt l'une et tantôt l'autre de ces tendances."

Il conclut : "Non, la pensée de Nietzsche ne comporte pas de contradiction. Tout penseur a le droit d'opposer à ses appréciations des appréciations contraires, mais non pas, en logique, de voir une contradiction de Nietzsche dans le fait d'une contradiction de sa pensée personnelle avec celle de Nietzsche." (p. 361)

 

SOUDAY Paul, {Notes et lectures}, in Le Temps, 16 septembre 1908, p. 3.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

Conclut: "Nous, serions bien ingrats de ne pas aimer un peu ce pauvre, étrange et merveilleux Nietzsche, qui a tant aimé l'esprit français".

 

Anonyme, "Nietzsche et la France", in L'Univers 17 septembre 1908, p. 1.

A propos de lettres de Nietzsche publiées dans La Revue.

 

LE DIABLE BOITEUX, "Nietzsche et la France", in Gil Blas, 17 septembre 1908, p. 1.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

LE DIABLE BOITEUX, "Encore et toujours Nietzsche", {Le Boulevard}, in Gil Blas, 19 septembre 1908, p. 1.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

BEAUNIER André, "Nietzsche", {A travers les revues}, in Le Figaro, 3 octobre 1908, p. 3.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

Anonyme, "En marge", in Le Temps, 5 octobre 1908, p. 1.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

BEAUNIER André, "Nietzsche", {A travers les revues}, in Le Figaro, 10 octobre 1908, p. 3.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

LE DIABLE BOITEUX, "La folie de Nietzsche", {Le Boulevard}, in Gil Blas, 12 octobre 1908, p. 1.

A propos des lettres de Nietzsche publiées par Paul Lévy dans La Revue.

 

LAZARILLE, "Lettres de Nietzsche", {Echos de partout}, in Semaine littéraire, 17 octobre 1908.

Référence citée d'après l'annonce dans la Gazette de Lausanne du 27 octobre 1908, p. 3.

 

Anonyme, "International Journal of Ethics", {Revues et périodiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°6, supplément de novembre 1908, p. 21-24.

Compte-rendu d'un article de A. -C. Pigon sur "L'Ethique de Nietzsche" (p. 24).

 

GUY-GRAND Georges, "Les nietzschéennes", in Annales de la Jeunesse laïque, novembre 1908.

Référence citée d'après la bibliographie publiée dans Armée et démocratie, 7 novembre 1908, p. 710.

 

Anonyme, {Notes bibliographiques}, in La Croix, 7 novembre 1908, p. 4.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

 

Anonyme, "Nietzsche et les femmes", in Journal des Débats, 12 novembre 1908, p. 2.

A propos des souvenirs sur Nietzsche de Silex publiés dans la Bibliothèque universelle et revue suisse.

 

LE DIABLE BOITEUX, "Nietzsche et les femmes", {Le Boulevard}, in Gil Blas, 18 novembre 1908, p. 1.

A propos de la misogynie de Nietzsche.

 

Anonyme, "Société pour l'étude des langues et des littérature modernes", in Revue germanique, tome IV, n°5, novembre-décembre 1908, p. 559-562.

Compte-rendu de la séance du 19 juillet 1908, avec une communication de Charles Andler sur l'état de la biographie de Nietzsche.

 

ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche : Ecce Homo. Wie man wird was man ist", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 76, n°275, 1er décembre 1908, p. 553-554.

Se montre critique : "A vrai dire, nous n'espérions plus que ce dernier écrit du philosophe vit le jour. (...) Des scrupules dont nous n'avons pas à examiner le bien-fondé, firent renoncer à incorporer Ecce Homo dans les Œuvres complètes. Mme Förster-Nietzsche en donna quelques fragments, soigneusement élagués, dans l'étude biographique qu'elle consacra à son frère, mais l'amputation paraissait définitive." (p. 553)

Continue avec quelques remarques désobligeantes : "On décida donc de faire, chez un autre éditeur que celui des Œuvres complètes, un tirage restreint d'un prix élevé, pour empêcher l'ouvrage de pénétrer jusque chez les "humbles".

Nietzsche avait fixé lui-même, dans une lettre à Peter Gast, le prix de vente d'Ecce Homo : "Un mark 1/2, comme le Crépuscule des idoles" (26 novembre 1888). Mais qu'importe la dernière volonté de Nietzsche! On vend maintenant son livre vingt marks, on l'édite dans un format ridicule, avec des ornementations d'un style si déplaisant que les Belges mêmes n'en ont pas voulu, et cela après avoir attendu vingt ans!" (p. 553-554)

  

ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche : Briefe an Peter Gast (Gesammelte Briefe, vol. IV)", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 76, n°275, 1er décembre 1908, p. 554-555.

Ne tarit pas d'éloges pour Peter Gast, l'homme, l'ami et le disciple : "Peter Gast était pour Nietzsche le correspondant idéal. Il répondait minutieusement à toutes les lettres, il saisissait toutes les allusions et savait se plier à toutes les exigences du maître." (p. 554-555)

Considère que Peter Gast est un témoin tout à fait privilégié : "Aussi, devant ce jeune homme, Nietzsche se donnait-il beaucoup plus que devant ses amis d'enfance, les compagnons de son âge." (p. 555)

Enfin, consécration suprême : "N'était-il pas aussi le seul homme qui connaissait parfaitement son œuvre?" (p. 555)

  

ALBERT Henri, "Carl Albrecht Bernouilli : Franz Overbeck und Friedrich Nietzsche, eine Freundschaft, vol. II", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 76, n°275, 1er décembre 1908, p. 555-557.

Commence par expliquer pourquoi la publication du second volume a été retardé. Précise que c'est le Nietzsche-Archiv qui s'opposait à la publication des lettres de Peter Gast et ajoute, comme pour bien marquer son camp, que selon lui, le droit de Gast ne faisait aucun doute.

Continue par un long réquisitoire d'une sévérité exemplaire : "(...) le second volume de M. Bernouilli paraît aujourd'hui avec de nombreux passages "caviardés". (...) M. Bernouilli a fait un ouvrage allemand. C'est le seul qualificatif que nous puissions trouver pour cette accumulation de documents à peine reliés les uns aux autres, où les passages importants disparaissent sous un fouillis d'inutiles bavardages, où rien n'est véritablement à sa place." (p. 556)

Explique sa position personnelle ainsi : "Nous n'avons pas à intervenir dans ce débat. Nous avons dit plus haut, à propos d'Ecce Homo, les griefs que l'on pourrait invoquer contre le Nietzsche-Archiv." (p. 556)

Sur le fond, il conteste les compétences des amis de Nietzsche, celles d'Erwin Rohde et de Franz Overbeck : "Ils étaient tous les deux les amis de Nietzsche, ils n'étaient pas ses disciples. S'ils admiraient les dons prodigieux de ce génial camarade, ils ne se rendirent cependant pas compte de l'importance énorme de sa doctrine. Nietzsche souffrait de cet état de choses et il s'en est expliqué maintes fois. Mais il avait en Overbeck un compagnon dévoué qui s'occupait de régler ses affaires, de sorte qu'il apparaît comme assez naturel que celui-ci, une fois qu'il eut ramené Nietzsche, malade et perdu à jamais, dans sa patrie allemande, considérât sa mission comme terminée. Pouvait-il raisonnablement s'occuper de son œuvre, lui qui n'y avait jamais rien compris?" (p. 556-557)

Ne concède au volume de Bernouilli que deux mérites : le premier est d'offrir le témoignage d'Overbeck concernant l'effondrement de Nietzsche à Turin. C'est une réaction tout à fait logique venant d'Henri Albert : il se fie systématiquement aux personnes qu'il juge les plus qualifiées pour témoigner. Overbeck étant seul à Turin avec Nietzsche, son récit est sinon le seul, du moins le plus crédible.

Le second mérite qu'il souligne concerne la réhabilitation de Fritz Kögel. Il écrit : "Soyons aussi reconnaissant à l'écrivain suisse de sa belle défense de Fritz Kögel, le premier collaborateur du Nietzsche-Archiv. N'oublions pas que c'est à cet esprit magnifiquement organisé que nous devons la publication de l'Antéchrist, qui sans lui n'aurait probablement vu le jour que d'une façon clandestine, de même qu'Ecce homo. Il avait un véritable culte pour Nietzsche, dont il saisissait (n'oublions pas qu'il y a maintenant quatorze ans de cela!) toutes les finesses. Sa force de travail était prodigieuse. Si notre traduction de Zarathoustra est si parfaitement adéquate à l'original, c'est à une correspondance presque quotidienne avec Kögel que nous le devons."

Continue en insistant sur les trop nombreuses inexactitudes contenues dans le livre et conclut finalement en s'indignant : "(...) pour montrer l'influence qu'exerce Mme Förster-Nietzsche sur le mouvement nietzschéen, l'auteur résume son jugement en écrivant : "Elle domine les lettres françaises par le Mercure de France." Après cela, il n'y a plus qu'à nous arrêter. Bâle est-il donc si loin de Paris, pour que de pareilles erreurs de perspectives soient possibles, ou bien M. Bernouilli est-il victime d'une documentation qui, pour venir jusqu'à lui, fait le détour de la Sorbonne ?" (p. 557)

 

BATAULT Georges, "Apollon et Dionysos. Leur vrai sens chez Nietzsche", in Mercure de France, tome 76, n°275, 1er décembre 1908, p. 435-444.

Après un bref résumé de la controverse qui vient d'opposer Louis Dumur et Jules de Gaultier, il désapprouve successivement les deux. Il commence par s'en prendre à Louis Dumur : "(...) nous sommes en droit de reprocher à M. Dumur de n'avoir voulu étudier Nietzsche et ses idées culturelles qu'au travers une seule œuvre." (p. 435)

C'est ensuite au tour de Jules de Gaultier : "(...) doit-on considérer que M. Jules de Gaultier a toutes les qualités pour défendre la pensée de Nietzsche? (...) M. Jules de Gaultier, tout attaché, ce dont je le loue, à faire triompher son système, tend trop souvent, ce me semble, à englober Nietzsche, qui est un des maîtres à qui il doit le plus, dans sa systématique, à l'accaparer pour un usage trop strictement personnel." (p. 435-436)

Il résume l'opposition entre Dumur et Gaultier : "Nietzsche est-il, à le bien considérer, apollinien ou dionysien? (...) Je veux m'attacher à démontrer dans la présente étude que Nietzsche est à la fois apollinien et dionysien, sans que l'on puisse voir là l'ombre d'une contradiction (...)." (p. 437)

Tranche finalement : "Apollon ou Dionysos, Nietzsche ne choisit pas, ne peut pas choisir, c'est Apollon et Dionysos, si intimement liés dans sa pensée qu'on ne peut pas les séparer. Et c'est pourquoi je pense qu'il est inutile que la discussion entre M. L. Dumur et M. J. de Gaultier prenne pour prétexte l'œuvre de Nietzsche. M. J. de Gaultier s'est affirmé philosophe intellectualiste, il a exposé dans des œuvres fort intéressantes ses idées, et l'on sait avec quelle science et quel courage il les a toujours défendues. M. L. Dumur, absolument pragmatiste, autant que l'on peut en juger par ses derniers travaux, s'écarte, par la base même, du système de M. de Gaultier. Je pense pourtant, s'il m'est permis de porter une appréciation, que M. Dumur est plus près de la pensée vivante de Nietzsche que M. Jules de Gaultier." (p. 444)

Conclut : "Quoi qu'il en soit, Nietzsche ne doit pas sortir de ce débat entaché de cent contradictions irréductibles ; sa pensée, quelque peu difficile à saisir au travers du morcellement de son œuvre, n'en ressort pas moins, à un examen attentif et impartial, comme une idéologie très pure et très haute, se coordonnant dans un système parfaitement logique. Ceux qui ont accusé Nietzsche de n'être aucunement systématique ne doivent ce reproche qu'à eux-mêmes, qu'à une impuissance logique qui leur est propre. Pour tous ceux qui l'étudient de près, l'œuvre de Nietzsche se présente comme une des synthèses les plus grandioses qui soient de la vie (...)." (p. 444)

 

BATAULT Georges, "Quatre méditations sur Nietzsche", in L'Occident, n°85, décembre 1908, p. 265-277.

 

LICHTENBERGER Henri, "Walter Jesinghaus : Nietzsches Stellung zu Weib, Liebe und Ehe", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1908, p. 423.

Compte-rendu bref mais dense : "Fort agréable commentaire des idées de Nietzsche énoncées par Nietzsche sur la femme, l'amour et le mariage. L'auteur repousse avec raison les accusations d'immoralité (n'est-on pas aller jusqu'à parler de "sadisme!!!") ou de duretés portées contre Nietzsche par certains critiques peu psychologues. Et il conclut fort justement que ses théories sur la femme sont inspirées par l'idéalisme le plus pur et le plus délicat et que, en dépit de certains aphorismes "cruels" ou peu flatteurs que l'on rencontre chez lui et qui s'expliquent sans peine, les femmes ont, elles aussi, les meilleurs motifs d'aimer et de respecter le grand philosophe."

 

RONDACHE, "La religion nouvelle. Le Nietzschéisme", in La Croix de l'Algérie et de la Tunisie, 17 décembre 1908, p. 1.

 

Anonyme, {Les Revues}, in La Gazette de France, 19 décembre 1908, p. 1-2.

Extrait d'Ecce homo et moquerie sur le manque d'humilité de Nietzsche (p. 2).

 

Anonyme, "Les livres nouveaux", in Le Monde illustré, n°2700, 26 décembre 1908.

Compte-rendu du roman de Daniel LesueurNietzschéenne.

  

ARNAUD Charles, "Romans de mœurs", {Romans, contes et nouvelles}, in Polybiblion, tome 113, 1908, p. 294-297.

Compte-rendu de Daniel LesueurNietzschéenne (p. 295-297), n°1028.

 

SILEX, "Quelques souvenirs sur Frédéric Nietzsche", in Bibliothèque universelle et revue suisse, tome 52, n°3, p. 340-353.

 

SILEX, "Quelques souvenirs sur Frédéric Nietzsche. Seconde et dernière partie", in Bibliothèque universelle et revue suisse, tome 52, n°4, p. 545-558.  


Articles qui évoquent Nietzsche


BOS C., "Systematische Philosophie, von W. Dilthey, A. Riehl, W. Wundt, W. Ostwald, H. Ebbinghaus, R. Eucken, Fr. Paulsen, W. Münch, Th. Lipps", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°1, janvier 1908, p. 100-107.

Dans le compte-rendu consacré à l'étude de W. Wundt, signale que l'auteur constate chez les naturalistes une résurrection de la métaphysique dans trois directions : poétique, dialectique et critique. Remarque : "D'ailleurs, avant même qu'on ne le constate chez les naturalistes, le renouveau des mêmes tendances était apparu chez les philosophes eux-mêmes : Schopenhauer, Hartmann, Fechner et Nietzsche marquent un retour du caractère poétique, - tandis que la double direction dialectique est reprise, d'une part par Hegel (qui continue Platon), de l'autre par Herbart (qui continue Aristote)." (p. 102)

 

DAURIAC Lionel, "Victor Brochard", {Nécrologie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°1, janvier 1908, p. 111-112.

Finit en soulignant la valeur des écrits de Victor Brochard : "Ses livres, sa thèse sur l'Erreur, et plus, bien plus encore, son ouvrage renommé sur les Sceptiques Grecs ont marqué une date dans l'histoire de notre littérature philosophique. M. Salomon Reinach estimait grandement ce livre, le livre d'un vrai savant, et quelqu'un qui s'y connaissait en philosophie grecque, avait éprouvé à le lire, l'une des dernières joies de sa vie consciente : ce quelqu'un était Frédéric Nietzsche." (p. 112)

 

LALANDE André, "Pragmatisme, humanisme, et vérité", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°1, janvier 1908, p. 1-26.

A propos des deux ouvrages qu'il se propose d'analyser, remarque : "Tous les deux sont des recueils de pièces détachées, articles ou conférences, réunies par quelques idées communes : que la vérité et la représentation elle-même dépendent de l'action, qu'il n'existe aucune pensée purement intellectuelle, aucune "immaculée connaissance", comme disait Nietzsche, et que toute opération mentale, tout jugement, tout raisonnement, n'a de sens que par le mouvement total qui le porte et par le but où il tend (...)." (p. 1)

  

B. O. de, "Revues étrangères", in Revue hebdomadaire, 1er janvier 1908, p. 272-280.

Réponses à une enquête sur les relations franco-allemandes. Nietzsche est cité par Eugène Melchior de VogüéGeorges Renard et M. Ernest Charles.

 

VERHAEREN Emile, "La condamnation de la Prusse. Réponses à l'appel de Sienkiewicz en faveur des Polonais", in L'Echo de Paris, 4 janvier 1908, p. 1.

"Monsieur, Si une nation mérite d'être aimée et admirée de toutes les autres, certes, c'est la vôtre, si simplement héroïque et si hautement cultivée. Vos poètes sont des directeurs de conscience européenne et vos héros sont aussi grands que les plus universellement chantés. Voilà pourquoi la nouvelle persécution qu'on dirige contre la Pologne révolte plus que toute autre. Elle est brutale comme si elle frappait un peuple barbare, alors qu'en réalité elle s'acharne sur un peuple d'élite. Elle n'a aucune excuse. Je veux croire que toute l'Allemagne pensante y est étrangère et qu'il est temps encore, grâce aux protestations venues du pays même qui vous opprime, de la con jurer. Si cela n'était pas, si le pays de Goethe, de Schiller, de Kant et de Nietsche [sic] oubliait à tel point son rôle et sa destinée, il ne resterait plus qu'à ranger le gouvernement prussien au nombre des monstrueuses tyrannies d'Orient. Il travaillerait à son indignité avec des mains sauvages".

 

LEP S., "Gendelettrie et Basbleuisme", in L'Ouest-Eclair (Rennes), 10 janvier 1908, p. 1.

Se moque d'une "gaffe" de Marcelle Tinayre (aussi d'Anna de Noailles) et conclut: "Nietsche [sic] disait qu'il y avait des superhommes. Pourquoi faut-il que nos superfemmes fassent avec tant d'allégresse des supergaffes?"

 

SEILLIERE Ernest, "Les cinq générations du romantisme", in Revue bleue, tome IX, n°2, 11 janvier 1908, p. 54-57.

Enumérant les cinq générations du romantisme, remarque que "Nietzsche flotte entre la quatrième et la cinquième génération." (p. 57)

 

COMPAYRE Gabriel, "Agrégation de l'enseignement secondaire des jeunes filles (Lettres)", in L'Enseignement secondaire des jeune filles, 15 janvier 1908, p. 105-119.

Rapport du concours 1907. Constate (et regrette) que les aspirantes aient beaucoup cité Nietzsche et n'aient pas hésité à lui emprunter "les idées les plus bizarres" (p. 107).

 

Anonyme, {Le Sottisier universel}, in Mercure de France, tome 71, n°254, 16 janvier 1908, p. 384.

"Mme Foerster-Nietzsche, la veuve du célèbre philosophe. - Gil Blas, 24 décembre."

  

NOZIERE, "A Bâtons rompus", in Le Temps, 22 février 1908, p. 2.

Moquerie dans un dialogue:

- Vous avez une belle énergie I

- Oui! Je suis une surfemme.

- Vous avez lu Nietzsche?

- Non. Mais je sais l’orthographe de son nom : un de mes amis était attaché à l’ambassade d’Allemagne."

 

Anonyme, "L'Individualisme économique et social, ses origines, son évolution, ses formes contemporaines, par Albert Schatz", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°2, supplément de mars 1908, p. 1-2.

Précise que l'auteur veut réhabiliter la doctrine individualiste en réaction contre le socialisme à la mode. Résume puis conclut : "L'erreur de M. Schatz est, croyons-nous, d'avoir voulu parler la langue, nécessairement mal faite, des partis politiques. Pour avoir voulu faire rentrer tous les penseurs du siècle dernier dans les deux grandes armées du socialisme et de l'individualisme, quels états-majors hétéroclites n'a-t-il pas été condamné à donner aux deux partis! A gauche, Rousseau, Hegel, Karl Marx. A droite, Adam Smith, Proudhon, Léon XIII et Frédéric Nietzsche." (p. 2)

 

Anonyme, "La dépendance de la morale et l'indépendance des mœurs, par Jules de Gaultier", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°2, supplément de mars 1908, p. 2-3.

Résume le point de vue de Jules de Gaultier : "Pour constituer une morale collective, ni le logicien, ni le philosophe, ni le savant ne conviennent, mais seulement l'homme doué d'une sensibilité fortement accentuée, le créateur de valeur, le héros de Carlyle ou le surhomme de Nietzsche. A tout débat de conscience en vue de savoir qui a tort et qui a raison, doit être substituée cette seule interrogation possible : sommes-nous des hommes de même désir?" (p. 3)

 

Anonyme, "Spinozismus. Ein Beitrag zur Psychologie und Kulturgeschichte des Philosophierens, von Dr. E. M. Gans", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°2, supplément de mars 1908, p. 8-10.

Constate qu'il s'agit d'un livre "à la manière de Nietzsche" : "C'est une série de "considérations" sur le spinozisme. Considérations à la Nietzsche - comme on en fait beaucoup en Allemagne, en ce moment - sur la psychologie de la philosophie et la psychologie du philosophe. Considérations à la Nietzsche, écrites "à la manière de Nietzsche" avec une continuelle affectation de tragique et de familier. Pastiche appliqué, où manquent la verve et l'imprévu du maître. Sans doute, à la page 5 Socrate est bien traité de "Philistin", et de "petit bourgeois d'Athènes" ; on peut lire à la page 6 une réhabilitation de cette brave femme de Xantippe ; à la page 96 la philosophie de Spinoza est bien qualifiée de "tragi-comédie". Mais c'est uniquement par de tels traits que la manière de M. Gans s'apparente à la manière de Nietzsche." (p. 9)

 

DELVAILLE Jules, "L'année philosophique, 1906", {I. Philosophie générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°3, mars 1908, p. 293-297.

Au sujet de l'article de Lionel Dauriac, "Le Crépuscule de la morale kantienne", signale qu'au dilemme : "Kant ou Aristote", se superpose le dilemme : "Nietzsche ou Tolstoï" puis résume et commente : "On s'adresse à Nietzsche, car on désire se débarrasser de tous les devoirs de surcharge. Mais cette crise, ce ne sont pas les philosophes qui l'ont fait naître ; ce sont plutôt des écrivains, des artistes, des esthètes qui s'insurgent contre la doctrine du péché, contre l'impératif catégorique. Nietzsche a eu pour précurseurs Renan, dans les Dialogues et dans les drames, Guyau dans l'Esquisse, et M. Maurice Barrès, bien que ces écrivains aient parfois pensé autre chose que ce que leur a pris la génération qui les a lus. Nietzsche, refusant d'admettre morale ou science qui seraient imposées par une loi supérieure aux consciences, favorise l'individualisme anarchique ; aussi, la crise actuelle est-elle une véritable épidémie d'individualisme à outrance. Quoi qu'il en soit, elle servira à montrer que l'explication morale de Kant n'est ni infaillible ni définitive ; mais il ne faut pas oublier qu'elle est moins une crise de la pensée ou de la conscience qu'une crise de l'imagination ; c'est surtout une crise littéraire." (p. 297)

 

DUJARDIN Edouard, "Le mouvement symboliste et la musique", in Mercure de France, tome LXXII, 1er mars, 1908, p. 5-24.

Raconte: "A l’époque où nous devînmes des jeunes hommes, Wagner était entré déjà, ainsi qu'Hugo, dans l’immortalité ; à peine quelques-uns de nous purent-ils l’entrevoir. Nietzsche a vécu loin de nous, inconnu de nous ; il s’est enfui, terriblement solitaire, dans les montagnes de l’Engadine et a disparu du milieu des hommes, sans que les jeunes gens qui alors approchaient de la trentaine aient seulement soupçonné ce génie et cette agonie ; et c’est une tristesse dont beaucoup restent inconsolés. Au-dessus de notre jeunesse, nous n’eûmes que Mallarmé (…)" (p. 23).

 

GAULTIER Paul, "L'indépendance de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°3, mars 1908, p. 256-273.

Conteste la prétention des biologistes à fonder une morale : "Rien donc de plus extra-scientifique et de moins justifié que tous les essais, quels qu'ils soient, qui ont été faits de divers côtés, - que ce soit par M. Gumplowicz ou par M. Lilienfeld, pour ne rien dire de Nietzsche, - d'une morale purement biologique." (p. 259)

Dénonce le moralisme, qui fait de l'éthique une question de sentiment, parce qu'il prépare la négation de la moralité : "Effectivement, parce que la foi morale qu'il institue est un sentiment sans aucun fondement dans la conscience ou dans la nature, l'idéal moral qu'il invoque s'y superpose comme s'il lui était, non seulement tout à fait étranger, mais hostile. C'est autoriser les réflexions des Stirner et des Nietzsche, qui, après avoir qualifié la morale d'illusion, l'accusent d'être nuisible, de marcher contre la nature et, pour ainsi dire, à rebours." (p. 270)

Conclut que affirmer l'illégitimité d'une science de la morale entraîne un scepticisme pratique qui lui même a son naturel et nécessaire aboutissement dans "un amoralisme qui permet, à son tour, toutes les fantaisies de l'immoralisme de la puissance ou de la volupté, ainsi que Nietzsche en est l'illustration qui commença par renverser les tables de valeurs et contester à l'éthique le titre de science." (p. 273)

 

"Notre enquête. Le rôle de l'Ecole et de l'Université dans l'œuvre d'éducation démocratique", in Le Sillon, t. 1, n°5, 10 mars 1908, p. 171-183.

Réponses à une enquête sur l'enseignement. Réponse de Baptiste Jacob, maître de conférence (p. 172). A son avis, "un Etat a toujours le droit de professer, dans son enseignement officiel, les principes sur lesquels il se fonde, et (...) il me paraît donc parfaitement légitime que notre démocratie républicaine enseigne dans ses écoles la république et la démocratie. Mais j'y mets une condition: c'est que l'Etat ne s'attribue pas le monopole de l'enseignement et qu 'il laisse se constituer des écoles où pourront être affirmés d'autres principes que les siens. Je n'aime pas l'aristocratisme de Renan ou de Nietzsche, mais il me paraîtrait intolérable que Renan ou Nietzsche fussent privés de la faculté d'enseigner leurs idées aux adolescents dont les familles partageraient ces idées. J 'ai d'ailleurs très nettement exprimé mon avis sur ce point dans un article sur la crise du libéralisme qu'a publié la Revue de métaphysique et de morale au mois de janvier 1903".

 

FLAT Paul, {Théâtre}, in Revue bleue, tome 9, n°11, 14 mars 1908, p. 348-350.

Compte-rendu d'une pièce d'Henri Bataille, La Femme Nue. Se demandant ce qu'Henri Bataille a voulu montrer, pense que c'est une question qu'il faut se poser car il faut "s'en tenir à l'ingénieuse doctrine soutenue par Nietzsche du Pouvoir de l'art, opposée à celle de l'art pour l'art." A ce sujet, cite quelques lignes de Nietzsche qu'il approuve totalement (p. 349).

 

Anonyme, "A toi, Nietzsche! A toi, Pasteur!", in La Gazette de la capitale, 15 mars 1908, p. 10.

Surnom de Georges Clemenceau: le surhomme tétanique.

 

BERTH Edouard, "Marchands, intellectuels et politiciens (Fin)", in Le Mouvement socialiste, n°196, 15 mars 1908, p. 202-222.

Berth reproduit (p. 202-204) et commente (p. 204-205 et 208-209) des extraits de Nietzsche, Origine de la Tragédie, qui constituent selon lui "une préface toute indiquée à cette philosophie de la production que nous voudrions dégager et dont l'idée de la grève générale est le mythe grandiose." (p. 202)

 

FLORENCE Jean, "Considérations sur le Romantisme et la première génération post-romantique", in La Phalange, n°21, 15 mars 1908, p. 829-833.

Estime que le romantisme correspond à un déluge de livres destinés à plaire à des millions de lecteurs ; face à ce déluge, "une nouvelle aristocratie se forme, aristocratie spontanée de rescapés. Déjà on lui impose des noms : Nietzsche parle du Surhomme et Wells des Samouraïs. Peu importe le nom, nous sommes sûrs d'avoir la chose! Nous sommes sûrs d'être la première génération post-romantiques." (p. 832-833)

 

WEILL L., "Henri Lichtenberger. - L'Allemagne moderne. Son évolution", {Analyses et comptes rendus}, in Revue internationale de l'enseignement, tome 55, n°3, 15 mars 1908, p. 274-275.

Fait l'éloge du livre d'Henri Lichtenberger, "sérieux et utile" mais regrette l'absence de vue d'ensemble : "Qu'il s'agisse du libéralisme ou de la politique coloniale, du catholicisme ou de la libre pensée, de Nietzsche ou de Wagner, on souhaiterait ne fût-ce qu'un aperçu des mouvements concomitants dans d'autres pays." Critique l'application d'Henri Lichtenberger à "introduire en français le plus de germanisme possible" : "Quel avantage y-a-t-il à parler des "années trente" de la vie "agonate" du réalisme "nitzschéen"? ou bien d'avoir recours à des tournures comme celle-ci : "et si tout le monde ne se hâtera pas de conclure de là, comme Nietzsche, qu'ils sont encore insuffisamment affranchis, on s'expliquera en revanche, aisément, etc." ?" (p. 275)

 

DUBOIS Lucie, "Stendhal en Amérique", {La France jugée à l'étranger}, in Mercure de France, tome 72, n°258, 16 mars 1908, p. 374-378.

Compte-rendu de James Huneker, "A Sentimental education. Henry Beyle-Stendhal", publié dans le Scribner's Magazine. Rappelle que Stendhal mit son empreinte "sur Nietzsche, qui lui doit tant, qui y trouva la morale de l'égotisme." (p. 374)

  

"Notre enquête. Le rôle de l'Ecole et de l'Université dans l'œuvre d'éducation démocratique", in Le Sillon, t. 1, n°6, 25 mars 1908, p. 207-216.

Réponse de Lucien Brocard, professeur d'économie politique à la Faculté de droit de Nancy. "(...) l'expérience nous révèle qu'on peut contribuer à faire sortir de la conscience de l'homme par une éducation appropriée et qu'on en voit sortir tous les jours les conceptions les plus manifestement destructrices et antisociales, ou au contraire les plus généreuses et les plus fécondes: l'idéal nietzschéen du surhomme qui n'aspire qu'à déployer ses énergies et à vivre « dangereusement », ou l'idéal chrétien et humain aussi, de justice, de liberté et d'amour. Suivant qu'un homme s'inspirera de l'une ou de l'autre de ces deux conceptions, il se comportera dans la vie comme l'homo homini lapus de Hobbes qui se complaît dans la mêlée humaine, qui renverse et piétine impitoyablement, ou comme le bon citoyen, qui sans oublier que l'homme est asservi à ses intérêts, dominé par des instincts de combat et qu'il est lui-même un homme, sans méconnaître les dures nécessités de la vie sans énerver les énergies, s'efforce cependant d'organiser, de régulariser, d'atténuer les inévitables luttes, de respecter la faiblesse et de soulager la souffrance" (p. 211-212)

 

CHIDE A., "Pragmatisme et intellectualisme", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°4, avril 1908, p. 367-388.

Constate une crise de "la pensée claire", admet qu'elle a commis des excès, "qu'elle a cru à la suite de Descartes, tirer d'elle-même tout le cosmos et qu'à la suite de Kant elle a fait mieux encore, s'est mise délibérément à la place de Dieu et par ses décrets a constitué le monde. Il ne lui restait plus, pour arriver aux dernières limites de l'autothéisme, qu'à se déclarer, avec Nietzsche et son Zarathoustra, créatrice de valeurs, en supprimant ce vieux fond théologique de la Raison cosmique". Cependant, se demande si c'est un motif suffisant "pour prononcer la déchéance et lui substituer, pas même le sentiment trouvé encore trop lumineux, mais l'action et sa mystérieuse dialectique." (p. 370)

Estime que la réaction contre l'intellectualisme va parfois trop loin, notamment chez certains esthète "agissant pour agir, pour le simple plaisir de traduire sous le soleil les gestes qui lentement sont issus de son tréfonds, manifestent à la clarté l'on ne sait quelles intentions profondes - perverses ou non, la chose demeure énigmatique après Schopenhauer et Nietzsche..." (p. 371-372)

Etudie le pragmatisme en se référant au Nietzsche de la "première période, toute pleine de la hantise de Schopenhauer" (p. 381) et remarque que "Nietzsche semble croire - c'est l'aboutissement fatal du pragmatisme - que la plus vitale de toutes les logiques est probablement la plus aberrante, j'ai nommé le rationalisme." (p. 381)

 

PARODI Dominique, "La Morale des idées-forces", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°4, avril 1908, p. 337-366.

Souligne que l'ouvrage d'Alfred Fouillée est l'aboutissement d'une entreprise philosophique soucieuse de ne pas perdre contact avec son temps. Rappelle que sa pensée, "si merveilleusement intelligente et souple, la plus hospitalière et la plus compréhensive qui soit, avait semblé suivre docilement, dans ces dernières années, tous les mouvements de l'opinion philosophique, pour les critiquer et les juger ; avec celle-ci elle abordait tour à tour les problèmes de l'enseignement ou les études de psychologies nationales, ou regardait de près, sans hostilité de parti-pris, mais avec une clairvoyance pénétrante, les modes et les idoles du jour, Nietzsche et l'immoralisme, la réaction anti-kantienne, dont elle avait été en partie l'initiatrice, l' "amoralisme contemporain", ou encore la constitution de la nouvelle école sociologique." (p. 337)

Fait l'éloge de la "morale de la conciliation et de la bonté" de Fouillée en remarquant que le "moment est passé des systèmes rigides et froids." Ajoute : "En revanche, l'amoralisme nietzschéen ou néo-hédonisme, si fréquent dans la littérature courante, est une doctrine de dissolution où la pensée philosophique ne saurait s'arrêter longtemps." (p. 352) Devant l'impuissance du positivisme et l'inefficacité du sociologisme dogmatique, conclut que "le problème se pose donc bien tel que M. Fouillée l'aperçoit : il s'agit de réconcilier, en faisant à chacun sa juste part, tous ces éléments divers, également agissants autour de nous, naturalisme et idéalisme, positivisme scientifique et exigences du sentiment, expansion individuelle et règles sociales, prétention illimitée du moi à se créer ses tables de valeur, et force bienfaisante des traditions et des contraintes collectives." (p. 353)

  

COMBARIEU Jules, "Histoire du Théâtre lyrique. Le culte de Dionysos", in La Revue musicale, vol. 8, n°7, 1er avril 1908, p. 193-200.

Cours au Collège de France.

Extrait: "Dans un livre qui est plein d'étrangetés, de chimères et de belles fulgurations, Nietzsche a mis son intelligence à la torture pour découvrir un lien entre ces deux extrêmes: le culte de Dionysos, tout de libre joie sensuelle, et le spectacle offert à la foule (comme épisode d'une fête !) des pires catastrophes que l'homme puisse connaître. Avec sa grande imagination d'esthéticien allemand et romantique, Nietzsche agrandit le problème et y voit tout de suite un intérêt d'ordre universel. En constatant chez les Grecs un désir toujours grandissant de réjouissances bruyantes, avec un amour contraire de l'« horrible », une âpre inclination pour le mythe tragique, pour tout ce qu il y a de terreur, de cruauté, de mystère, de néant, de fatalité au fond des choses de la vie, il pose des questions troublantes comme celles-ci : en somme, le sensualisme débridé des Hellènes n'était-il pas fait de détresse initiale, de misère, de mélancolie et de douleur ? ou bien, si l'on admet l'antériorité du bonheur de vivre, le tragique sort-il naturellement de la force, de la santé exubérante, de l'excès de vitalité ? Y a-t-il une névrose de la jeunesse des peuples et de leur adolescence ? Les Grecs, précisément dans la splendeur première de leur jeunesse, ont-ils eu le besoin du tragique parce qu'ils étaient pessimistes ? Nietzsche, très intrépide, va jusqu'à demander : s'il est vrai que le culte de Dionysos est d'un naturalisme absolument libre, ignorant le quod decet des sociétés modernes, et que ce culte coïncide avec la plus grande force du génie grec et l'éclat premier de sa jeunesse, faut-il dire que tout ce qui est venu plus tard pour régler la nature (goût, logique, morale, esprit scientifique) n'a pu être qu'un symptôme du déclin de la force, une preuve de vieillesse, de lassitude physiologique, le signe d'une corruption à laquelle il fallait trouver un remède?... J'indique ces problèmes à titre de curiosité ; je n'ai nullement à les résoudre. Je me bornerai à marquer les étapes principales de l'évolution d'où le théâtre lyrique est sorti" (p. 193-194).

 

GAULTIER Jules de, "Le bovarysme de l'histoire", in Mercure de France, tome 72, n°260, 16 avril 1908, p. 577-593.

Discussion en regard de Nietzsche, Considérations inactuelles. David Strauss. De l'utilité et des inconvénients des études historiques, traduites par Henri Albert. Rappelle sa théorie du Bovarysme et précise en effet que l'examen des Considérations inactuelles "permettra de préciser, par des applications concrètes, les vues abstraites et théoriques que l'on vient de rappeler." (p. 579)

A propos de l'article de Louis Dumur : "Quelque sympathie qu'inspire la pensée de M. Louis Dumur, excellente à tant d'égards, et en raison même de l'autorité que l'on attribue à ses jugements critiques, il est impossible de ne pas protester contre cette appréciation (...). M. Dumur a-t-il oublié cet aphorisme de la Volonté de Puissance où Nietzsche, niant la possibilité que l'existence ait un but ("Si la vie avait un but, il serait atteint de toute éternité"), nie l'existence de l'être au profit d'un devenir sans fin! Nietzsche est expressément le philosophe du devenir et pour se former une idée du sens plus général de sa philosophie, il faut en revenir au jugement déjà cité que je portais sur elle en De Kant à Nietzsche et selon lequel je la tenais pour un principe d'accélération du mouvement de la vie éternellement impatiente de se surmonter en ne nouvelles métamorphoses." (p. 583)

  

Anonyme, "Le mobilisme moderne, par A. Chide", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°3, supplément de mai 1908, p. 8.

D'emblée : "Nietzsche semblait avoir fait peu de disciples en France : quelques esprits ardents paraissent pourtant se proposer aujourd'hui de nous donner quelque chose de sa manière romantique et violente, de son dogmatisme négatif, de sa philosophie au fond si essentiellement antiphilosophique. M. Jules de Gaultier représentait cette tendance : il faut joindre désormais à son nom celui de M. Chide."

  

MERTENS Bertha, "La genèse psychologique de la conscience morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°5, mai 1908, p. 483-502.

A partir de cas de physiologie morbide, entend démontrer que "la morale procède d'une diffusion des fonctions dans le métabolisme général" et remarque : "Nietzsche, dans une intuition géniale, toucha la question d'amoralité liée à la physiologie normale. Depuis près d'un siècle cependant le problème tourmente la littérature et la philosophie française." (p. 484) Constate que dans son livre, Le mécanisme des émotions, Paul Sollier a confirmé "par l'analyse rigoureuse l'intuition de Nietzsche sur la généalogie de la morale." (p. 491) A l'appui de sa démonstration, cite Nietzsche : "Tout instinct est avide de domination et comme tel il aspire à philosopher" pour montrer que l'état organique détermine l'ordre des valeurs dans la représentation (p. 492). Cite encore mais cette fois conteste : "Toute morale qui, jusqu'à présent, a été enseignée, vénérée, prêchée, se dirige, au contraire, précisément contre les instincts vitaux ; elle est condamnation, tantôt secrète, tantôt bruyante et effrontée de ces instincts." (p. 496) Se fonde sur un autre extrait en signalant la contradiction (p. 497).

 

SEGOND J., "Publications récentes sur la morale", {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°5, mai 1908, p. 503-526.

Au sujet de Jean DelvolvéL'organisation de la conscience morale, signale que l'auteur confronte sa théorie de l'art morale aux doctrines morales contemporaines : "Elle l'oppose, non seulement à la conception chr??????s, R. Eucken, Fr. Paulsen, W. Münch, Th. Lipps ", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°1, janvier 19l (Stirner et Nietzsche)." (p. 509)

  

Anonyme, "Lettre d'un universitaire", {Tribune électorale}, in La Dépêche de Brest, 8 mai 1908, p. 1.

Invoque Nietzsche pour justifier son vote.

  

 

LICHTENBERGER Henri, "Ernest Seillière. La philosophie de l'Impérialisme, tome IV : le Mal romantique, Essai sur l'impérialisme irrationnel", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 409-411.

Estime qu'"il serait aisé d'interpréter à l'aide des idées de M. Seillière l'évolution de la littérature allemande depuis le Sturm und Drang ou le romantisme de Schlegel, Novalis et Tieck jusqu'au dionysisme de Nietzsche ou néo-romantisme contemporain" (p. 410).

 

LICHTENBERGER Henri, "H. Roettenken. - Heinrich von Kleist ; Wissenschaft und Bildung 22", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°5, 15 mai 1908, p. 411.

 

Souligne que l'auteur de cette biographie de Kleist "se refuse à faire de lui un "anormal", à nous le décrire comme un dégénéré et comme un malade." Ajoute aussitôt :" Je ne saurais assez l'en louer. Il est très facile et aussi très vain de souligner outre mesure les excentricités de certains grands artistes comme Kleist ou Nietzsche et de les représenter comme des "monstres" très éloignés de l'humanité saine et morale." 

  

RIVAROL, "Echos", in L'Action française, n°61, 20 mai 1908, p. 1.

Signale qu'Emile Faguet abandonne son feuilleton au Journal des Débats et remarque : "On ne verra plus, les soirs de première, la silhouette légèrement hirsute de cet excellent homme averti de Nietzsche et démodé comme un personnage de La Bruyère, amoureux de la mesure et du baroque." (colonne 5)

  

GIDE André, "Dostoievski d'après sa correspondance", in La Grande revue, 25 mai 1908, p.  289-315.

Citation de Nietzsche en exergue et parallèles entre Dostoïevski et Nietzsche.

Article repris dans André Gide, Dostoievski, Paris, Plon, 1923

Un extrait est publié dans Paris-Midi, 27 avril 1911, p. 2.

 

ATALONE, "Dangereusement", in L'Auto, 30 mai 1908, p. 1.

 

FLAT Paul, {Théâtres}, in Revue bleue, tome 9, n°22, 30 mai 1908, p. 700-702.

A propos de Snegourotchka, pense que la musique étonnera car le goût musical a subi vingt années de "wagnérisme aigu" et cite Nietzsche pour illustrer "l'action propre des vrais novateurs." (p. 701)

  

PAULHAN Fr., "Gaultier (Jules de). - L'indépendance de la morale et l'indépendance des mœurs", {II. Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 65, n°6, juin 1908, p. 654-657.

Tout en émettant des réserves, souscrit globalement à la théorie de Jules de Gaultier selon laquelle les mœurs gardent "leur indépendance non seulement vis-à-vis de la morale, mais encore vis-à-vis de la logique, et leur caractère incalculable, rebelle à toute déduction." Les vertus morales, qui s'opposent sous un certain jour complètement aux "vertus logiques" sont "tout d'abord, le parti-pris, ce roc de fatalité", ce "je suis cela" de Nietzsche, indemne de toute motivation, décelant la présence effective, à titre d'élément chimique et de corps simple, d'une modalité indécomposable du fait, puis, à la suite de cette vertu dont on est tenté de dire qu'elle a la valeur positive d'une propriété, l'intransigeance, la fidélité à soi-même et à sa volonté, le degré de force et de courage en vue de la faire triompher, l'esprit de risque et l'intrépidité, d'un mot d'héroïsme qui incite à lutter et à jouer sa vie pour une cause dont les chances sont inconnues et dont on sait seulement qu'elle est sienne." (p. 655)

  

Anonyme, "Le christianisme et la formation de l'individu", in La Croix, 16 juin 1908, p. 1.

Reproduit la réponse de Paul Bourget à l'enquête publiée dans Le Matin du 15 juin 1908.

 

LASSERRE Pierre, "Abel Bonnard (fin) ; Opinion d'une femme sur la "Princesse de Clèves"", in L'Action française, n°88, 16 juin 1908, p. 3.

A propos d'une suite de poèmes d'Abel Bonnard consacrés à l'Héroïsme, Lasserre soutient : "(...) il n'y a pas poésie si les grandes pensées ne se font pas chair et vie, et image et passion. Je suis souvent offensé dans ces vers par un certain didactisme et, qui pis est, un didactisme nietzschéen. Hercule lui-même parle trop souvent comme un héros à la Nietzsche, comme un héros de cabinet, comme un héros sans œuvres. (...) Il a trop soin de souligner que ses exploits ont pour but la culture de sa personnalité intégrale et je n'attends pas des exploits bien considérables d'un homme ni même d'un demi-dieu qui pense tant à ça..." (colonne 3)

  

LALANDE André, "Vocabulaire technique et critique de la philosophie", in Bulletin de la société française de philosophie, tome 8, 2 juillet 1908, p. 334.

Définition de l'immoralisme : "doctrine de Nietzsche". Critique : "Cette expression est à désapprouver". Radical international : "Il n'y pas lieu de proposer de radical international."

  

MYCHO André, {Ce que disent nos lecteurs}, in Le Matin, 6 juillet 1908, p. 2.

Contre la "cure d'énergie" préconisée par Daniel Lesueur et certains "alarmistes". "Qu'ils voyagent donc, ces alarmistes d'abord dans Paris et même dans les quartiers ouvriers. Puis, dans les campagnes, dans les villes de province, et, plus loin, en Italie, en Allemagne, en Angleterre et jusqu'au Japon. Ils verront alors une multitude infinie de gens actifs, robustes et courageux, auxquels une diminution des impôts, du prix des loyers et des denrées alimentaires ferait plus de bien que toutes les divagations de Nietzsche sur l'énergie par l'obéissance (?) et autres histoires à dormir debout!"

 

NICOLAS Pierre, "Walt Whitman (1819-1892)", in Pages libres, 16, 11 juillet 1908.

  

LAURIN M. T., "L' "Amoralisme" à l'école primaire, par Gabriel Compayré", {Revue des revues. Les revues françaises}, in Le Mouvement socialiste, n°200, 15 juillet 1908, p. 78-79.

Commente l'article de Gabriel Compayré.

 

LEOGUIL, "Ma gazette", in Les Tablettes marseillaises, 15 juillet 1908, p. 2.

Développement ironique à propos de l'appel à la volonté de Daniel Lesueur.

  

FEUILLEDEVIGNE, {Echos}, in Le Supplément, 28 juillet 1908, p. 1.

Nietzsche fait partie des quarante auteurs choisis (23ème) pour composer une bibliothèque d'ermite, selon une enquête de la revue Coenobium. Moquerie.

  

FOUILLEE Alfred, "La volonté de conscience comme fondement philosophique de la morale", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 113-137.

Constate : "Un des caractères dominants de la philosophie, à notre époque, c'est qu'elle est devenue volontariste" et se propose d'étudier la "volonté de conscience". (p. 113) Précise aussitôt : "telle est la formule que, dans un récent ouvrage, nous avons proposée pour donner une base immanente, non transcendante, à la philosophie théorique et pratique. Il nous a semblé nécessaire d'emprunter la terminologie de Schopenhauer et de ses continuateurs, pour marquer notre opposition même à ceux qui ne considèrent que la volonté de vie ou la volonté de puissance. (...) En outre, ces termes ont l'avantage de mieux "situer" la doctrine des idées-forces au milieu des théories contemporaines avec lesquelles elle soutient des rapports. Nous ne voudrions pas paraître faire des emprunts à certaines doctrines, comme celle de Nietzsche, que, par plusieurs points, nous avons nous-mêmes devancées." (p. 113) Tout au long de sa réflexion, se réfère de nombreuses fois à Nietzsche soit pour montrer ses erreurs (p. 117), soit pour nier son originalité en insistant sur ses précurseurs (p. 114 et p. 128), soit enfin pour subordonner les idées de Nietzsche à sa théorie des idées-forces (p. 132-133).

 

JANKELEVITCH Dr. S, "Walter Pollack. - Ueber die philosophischen Grundlagen der wissenschaftlichen Forschung, als Beitrag zu einer Methodenpolitik", {I. Théorie de la connaissance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 180-181.

Cite un passage de l'ouvrage : "(...) La volonté de vérité est une expression de l'impuissance créatrice de la volonté... La puissance de la volonté se mesure par l'aptitude plus ou moins grande à se passer du sens des choses, à vivre dans un monde dépourvu de sens, parce qu'on en organise soi-même un morceau" et remarque : "C'est à ces paroles de Nietzsche et à la conception nietzschéenne en général que M. Pollack rattache ses idées sur les fondements philosophiques de la recherche scientifique." (p. 180) Ajoute encore : "On considère généralement que la fin et l'aboutissement de tout travail scientifique consistent dans la recherche de la vérité objective. Avec Nietzsche, l'auteur trouve cette manière de considérer la science comme étroite et de nature à paralyser l'action." (p. 180)

 

LANDRY Adolphe, "Rudolf Goldscheid.- Entwicklungs-werttheorie. Entwicklungsökonomie. Menschenökonomie. Eine Programmschrift", {IV. Sociologie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 204-205.

Remarque avant de conclure : "J'ai résumé les conceptions que M. Goldscheid nous expose. Ces conceptions ne sont pas toutes aussi neuves que notre auteur paraît dire quelque part. Ce qu'il y a de plus original dans son système, c'est l'importance qu'il y donne au futur, - sous l'influence de la doctrine évolutionniste en général, et plus particulièrement sous l'influence de Nietzsche, - c'est la place qu'il y donne à l'idée du "développement"." (p. 205)

 

MIOMANDRE Francis de, "Propos", in L'Occident, tome 8, août-décembre 1908, p. 86-97.

Compte-rendu d'Oscar Wilde, De Profundis. Termine: "Il y avait au fond de son cœur quelque chose des saints et des martyrs. Et cette famme divine brûla, lorsqu'elle bondit, tout ce qu'il avait amasse au-dessus de superficiel et de faux. Mille méditations fécondes ressortent de cet exemple unique.

Pour moi j'y verrai avec un contentement profond l'avènement ou plutôt la résurrection d'un idéal autrement élevé que celui que précipita dans le monde un philosophe qui fut d'ailleurs un ascète. La morale de Nietzsche n'est autre que J'hédonisme, en dernière analyse. Elle a eu un prodigieux succès parce qu elle était proposée à des foules lasses du sacrifice, mais les résultats qu'elle donne ne peuvent être bons que pour les élites. La morale des esclaves, - et j'appelle esclaves tous ceux qui souffrent - n'a pas de fixité formelle,

ne dépend pas d'un dogme, mais elle possède un caractère universellement semblable : c'est de préférer à tout le dévouement et d y trouver toute la joie. Et c'est une morale sublime. On peut être hédoniste, mais cette théorie ne peut guère valoir que pour l'époque de la vie où on ne réfléchit pas. La moindre épreuve, physique ou morale, ramène au respect de la douleur et à l'amour du sacrifice. La vie et le malheur d'Oscar Wilde illustrent cette remarque d'une manière saisissante. Quarante ans employés à cueillir les fleurs, jusqu'au

vertige, pour reconnaître que tout cela ne pouvait pas avoir de valeur devant la réalité vraie du monde et de l'âme, et que la félicité suprême consiste à ne pas la chercher pour soi !" (p. 97)

 

MILLIOUD Maurice, "La formation de l'idéal", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°8, août 1908, p. 138-159.

Se demandant, ce que se passe en nous quand un idéal se forme et ce qui se passe quand il est formé, prend un exemple d'ordre littéraire : "Qu'est-ce donc qu'on faisait passer dans l'idéal romantique? Tout un ensemble de tendances, tumultueuses et comprimées, qui, de cette façon se traduisaient et, en se traduisant, se dépensaient et s'apaisaient. (...) Ce qui entre dans l'idéal en détermine la formation, ce sont les tendances refoulées, non celles qui se développent librement." Remarque : "C'est en pleine période d'industrialisme, de civilisation commerciale et de solidarisation croissante des intérêts matériels que Nietzsche a proclamé son ivresse de la solitude, son culte de la personnalité, son mépris de celui qui marche avec la caravane humaine." (p. 152)

  

BENRUBI J., "Le mouvement philosophique contemporain en Allemagne", in Revue de métaphysique et de morale, tome 16, n°5, septembre 1908, p. 547-582.

Cite en note Simmel, Schopenhauer und Nietzsche, p. 572. Constate l'influence du kantisme dans les universités françaises et remarque que "Fichte, Hegel, Schelling, Schopenhauer, Hebart, Hartmann, Nietzsche ont des admirateurs et des disciples parmi les représentants du monde universitaire". S'agissant de Nietzsche : "(...) s'il n'a pas d'élèves parmi les professeurs de philosophie, on s'efforce du moins de l'interpréter d'une manière impartiale et de voir en lui quelque chose de plus qu'un "immoraliste" et un fou." (p. 578)

 

CALDERON Fransisco Garcia,  "La philosophie dans l'Amérique du Sud", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°5, septembre 1908, p. 674-681.

Bilan : "Ni le kantisme, ni l'hégélianisme, ni le pessimisme, parmi les grandes écoles du siècle, n'ont suscité d'imitateurs. Il n'en a pas été de même pour le positivisme de Spencer, et, tout dernièrement, pour les idées de Nietzsche." (p. 681)

 

MACKENZIE J. S., "La philosophie en Grande-Bretagne", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVI, n°5, septembre 1908, p. 583-606.

Note : "Le "Problème de la Conduite" de Taylor trahit l'influence de Bradley et celle de Nietzsche, et il a une très considérable valeur critique." (p. 599)

  

JANKELEVITCH Dr. S., "Du rôle des idées dans l'évolution des sociétés", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°9, septembre 1908, p. 256-280.

Examinant le rôle respectif des facteurs matériels et des idées dans l'évolution historique et sociale des peuples civilisés, estime pour sa part : "Ceux qui ont conçu l'évolution historique comme un mouvement circulaire, qui n'y ont vu, comme Vico, qu'une série de corsi e ricorsi ou, comme Nietzsche, un "éternel retour" des mêmes faits et des mêmes événements, doivent leur erreur précisément à leur incapacité de s'abstraire des faits pour ne considérer que les idées et de discerner parmi ces dernières celles qui ne sont que de simples survivances, qu'un effet de la répercussion produite dans les esprits par la persistance du passé et celles qui, après avoir engendré le passé, conditionnent le présent et commencent à percer les nuages qui voilent l'avenir." (p. 277)

  

GAULTIER Jules de, "Une philosophie est-elle encore possible?", in Mercure de France, tome 75, n°270, 16 septembre 1908, p. 245-252.

  

JOLLIVET Gaston, "L'Ecole polytechnique", in Le Progrès de la Côte-d'Or, 29 septembre 1908, p. 1.

Rapporte: "Nous employons à l’Ecole une méthode que nous croyons bonne pour apprendre à apprendre. Plus tard, dans le loisir des carrières abordées par lui, notre ancien élève peut, avec cette méthode, devenir, sinon le « surhomme » de Nietzsche, du moins un homme aussi complet que possible. Et notre but sera tout à fait atteint."

  

CHARPENTIER J. -L., "Les médecins et l'idéal scientifique à la scène", in Revue du mois, tome 6, n°34, 10 octobre 1908, p. 457-480.

Chambalot, le héros de Paul Adam (Les Mouettes) n'est qu'une caricature du surhomme de Nietzsche.

  

BATAULT Georges, "L'idée d'évolution et le concept de durée", in Revue des idées, n°59, 15 octobre 1908.

Constate que le concept de durée, inséparable de l'idée d'évolution, est réintégré dans la philosophie et dans les sciences grâce à Bergson, mais aussi grâce à Nietzsche.

 

BRULAT Paul, "L'éducation sociale", in Le Radical, 29 octobre 1908, p. 1.

S'oppose à Nietzsche: "Nietzsche ne serait pas si célèbre, si les nouvelles générations n'avaient été préparées à accueillir favorablement ses désolantes doctrines d'un individualisme forcené. Sa détestable gloire, lui vint de ce qu'il exprima les tendances et flatta l'orgueil d'une jeunesse âpre, avide, rusée, troupeau d'arrivistes, qui se croient supérieurs et peut-être destinés à devenir, des surhommes, parce qu'ils sont dépourvus de scrupules, de générosité, de sens moral et de tous les sentiments dont s'honore quiconque a vécu, réfléchi et souffert.. Tout l'art de vivre, heureusement, ne consiste pas à découvrir un plus faible que soi, pour en faire sa proie". Argumente.

  

DELACROIX H., "Le IIIe Congrès international de philosophie", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°11, novembre 1908, p. 528-545.

Signale l'intervention de Calderon portant sur les courants philosophiques dans l'Amérique latine qui rapporte : c'est "la philosophie française surtout avec Comte, Fouillée et Guyau qui a eu la plus grande influence dans les Républiques latines. L'évolutionnisme de Spencer et Nietzsche y ont suscité des imitations." (p. 541)

 

FONTAINE Abbé J., "L'oligarchie pseudo-démocratique et la déchristianisation. Suite (1)", in Revue catholique des institutions et du droit, novembre 1908, p. 428-446.

Etudie la position d'Alfred Fouillée en faveur d'un « rationalisme pur ». Note qu'il ne veut rien des extravagances de Nietzsche, ni du contingentisme (p. 435).

 

RIBOT Th., "L'antipathie : étude psychologique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 66, n°11, novembre 1908, p. 498-527.

Soutient l'idée qu'il existe des antipathies innées et d'autres acquises. Propose des exemples de "marche progressive vers l'antipathie totale" en remarquant qu'elle "s'affirme encore plus nettement dans les cas où la sympathie (au sens d'affection bienveillante) se transforme en antipathie. Prend alors l'exemple de Nietzsche : Qu'on relise dans l'œuvre de Nietzsche le fragment intitulé "Le cas Wagner", on verra la disposition sympathique (amitié, admiration), se changer peu à peu en son contraire : l'antipathie esthétique, philosophique, morale, religieuse et finalement personnelle." (p. 512)

  

LALOY Louis, "Opéra", in Mercure musical, vol. 4, 15 novembre 1908, p. 87-90.

Nous "voulons un art humain. Wagner, comme Nietzsche, n'est plus de saison. De ses œuvres altières, nous n'apercevons plus que les cimes ; le brouillard en mange les assises, une à une, et monte. Nous leur tournons le dos" (p. 89).

 

THOMAS Louis, "Jules de Gaultier", in La Phalange, n°29, 15 novembre 1908, p. 425-429.

Décrit Jules de Gaultier comme un disciple de Nietzsche qui "va plus loin que son maître, et se distingue de lui par des qualités toutes personnelles, le goût de l'ordre constructeur et une sagesse qui lui permettent d'ignorer cette fureur combative dont Nietzsche fut toujours animé." (p. 425) Analyse les ouvrages de Jules de Gaultier, De Kant à Nietzsche (p. 426-427), et Nietzsche et la Réforme philosophique (p. 428-429).

  

"Société de sociologie de Paris, séance du mercredi 11 novembre 1908", in Revue internationale de sociologie, n°12, décembre 1908, p. 858-876.

Communication de Mme Aurel (p. 869-875). Sur Nietzsche: "Ce qui caractérise l’antiféminisme littéraire quand il devient brutal, c’est son manque absolu d'observation, nous vînt-il des plus grands esprits.

Je vais vous citer un ou deux exemples (…). Il est trop certain que tous ceux qui, en ce moment, dévorent de la femme seraient les hommes les plus doux s’ils nous adressaient la parole (mais oui, sans cela ils n’auraient aucun talent!) Aussi personnellement ces violences me sont-elles suspectes. Et cependant citons. Le grand Nietzsche avait dit, voici un quart de siècle: «Si tu vas parmi les femmes, prends ton fouet ! » Or, me dit Henri Albert, son traducteur admiratif et passionné, Nietzsche est mort chaste, et peut-être bien de cela. Il fallait bien payer un jugement pareil, et fondé sur quoi, je vous prie, puisqu’il n'a vu les femmes que de loin? (p. 870)

  

FOUILLEE Alfred, "La propriété comme fonction sociale et droit individuel", in Revue bleue, tome 10, n°24, 12 décembre 1908, p. 737-741.

Reconnaît que l'instinct de propriété est naturel. Avant de développer à ce sujet son idée de "volonté de conscience", remarque : "Les disciples de Nietzsche l'expliqueront par la volonté de puissance, qui fait que nous voulons dominer les choses, exercer sur elles notre force propre et les tourner à nos fins." (p. 738)

 

MURET Maurice, "Emerson", {Notes de littérature étrangère}, in Journal des Débats, supplément du 13 décembre 1908, p. 2.

Constate le récent intérêt pour l'œuvre de Emerson et se demande : "Aurons-nous tantôt des Emersoniens comme nous avons déjà des Schopenhaueriens et des Nietzschéens? J'en serais, à vrai dire, fort surpris."

  

LICHTENBERGER Henri, "Rudolf Burghaller. Phryne. Drama in einem Vorspiel und drei Akten", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°10, 15 décembre 1908, p. 424.

Explique qu'il s'agit d'un drame philosophique qui montre "dans la destinée de Praxitèle et de Mnésarété (Phryné) la genèse de l'Homme supérieur et de la femme idéale." Loue la pièce et son auteur en reconnaissant qu'il ne connaît "aucune œuvre française aussi authentiquement nietzschéenne par l'inspiration et la psychologie."

  

FOUILLEE Alfred, "La propriété comme fonction sociale et droit individuel", in Revue bleue, tome 10, n°25, 19 décembre 1908, p. 777-781.

Oppose à nouveau la "volonté de conscience" à la "volonté de puissance". (p. 777)

 

ROBERT Albert, "Lettres parisiennes", in La Petite Gironde, 20 décembre 1908, p. 1.

Réponse à une lettre de lectrice qui veut savoir "si Nietzsche peut être compris par une femme instruite ; s’il est un profond, noble et grand philosophe ; s’il a écrit pour les masses ou seulement pour des élus ; quel but il se proposait, et si les femmes qui prétendent l’avoir com pris ne sont point des échappées du Livre des Snobs".

 

ARCHAMBAULT Paul, "La violence", in Le Sillon, t. 2, n°24, 25 décembre 1908, p. 466-474.

Dénonce l'inspiration directement nietzschéenne du livre de Georges ValoisL'Homme qui vient. (p. 468)

  

BINET Alfred, " Une enquête sur l'évolution de l'enseignement de la philosophie ", in L'année psychologique, tome 14, 1908, p. 152-231.

Analyse les réponses à la troisième question de l'enquête : " Dans quelle mesure les recherches scientifiques, les idées morales du temps présent, exercent-elles une influence sur votre enseignement? " (p. 174-181) Cite : " Personnellement cette influence est toute puissante...(...) Nos cours valent dans la mesure où nous y faisons pénétrer ces idées nouvelles. - Dans une très large mesure. Je ne conçois pas, par exemple, une leçon sur les Atomes, où on discute (!) Lucrèce et où on ignore Thomson ; je ne conçois pas davantage un cours de morale où on discute le communisme de Platon, où on ignore le mouvement ouvrier contemporain, où on s'escrime contre Protagoras, et où on ne cite même pas Nietzsche. " (p. 175)