Bibliographie inédite des publications françaises sur Nietzsche 1868-1940 (Laure Verbaere et Donato Longo)

1868-1910: BIBLIOGRAPHIE ET COMMENTAIRES DE LAURE VERBAERE

 

(en savoir plus)

1909


Ouvrages sur Nietzsche ou avec un chapitre sur Nietzsche


BATAULT Georges, Quatre méditations sur Nietzsche, Paris, Bibliothèque de l'Occident, 1909, 19 pages, vol. in-8.

 

BOURDEAU Jean, Pragmatisme et modernisme, Paris Alcan, 1909.

 

DIVOIRE Fernand, Les deux idées : faut-il devenir mage? Eliphas Lévi et Péladan ; Nietzsche le surhomme et le mage ; la doctrine des forts, Paris, H. Falque, 1909, 119 pages, vol. in-16. (Collection Bibliothèque des Entretiens idéalistes)

 

DWELSHAUVERS Georges, La philosophie de Nietzsche, Paris, Société française d'imprimerie et de librairie, 1909, 31 pages, 1 brochure in-8.

Contient les dernières leçons d'un cours professé à l'Ecole des Hautes Etudes sociales en novembre et décembre 1908.

 

GAILLARD Gaston, Nobilisme, Paris, 1909.

Contient un chapitre intitulé  "Le Surhomme" (p. 59-72)

 

HALEVY Daniel, Le travail du Zarathoustra, Paris, Cahiers de la Quinzaine, 12e cahier de la Xe série, avril 1909, 85 pages, vol. in-16.

Première version des trois chapitres de la quatrième partie de la biographie de Nietzsche à paraître : La tentatrice, Ainsi parla Zarathoustra et La visite de Heinrich von Stein.

 

HALEVY Daniel, La vie de Frédéric Nietzsche, Paris, Calmann-Lévy, 1909, 383 pages, vol. in-18.

 

LAVEDAN Henri, Bon an, Mal an, Paris, Perrin, 1909, p. 207-214.

27 juin 1908 (p. 207-214) consacré à Nietzsche. Dialogue ironique. Exemple puisé dans le début:

"— Eh bien, fit le Grincheux avec cette brusquerie virulente qui le caractérise, oui, j'ai... j'ai Nietzsche...

— Comment ! vous aussi ?

— Oui, moi aussi ! Seulement moi, je ne suis pas pour, moi... je suis contre. Il m'agace, il m'assomme... On ne parle que de lui. C'est trop. Ça continue à nous venir d'Allemagne, comme les jouets. Il y a vingt ans, c'était Schopenhauer... Passé de mode ! Aujourd'hui, ce qui se porte, c'est Nietzsche. Avez-vous lu Nietzsche? Etes-vous nietzschéen ? Aimez-vous Nietzsche ? Partout, du matin au soir, on n'entend éternuer que cela"(p. 207-208).

 

MICHAUX Baronne Jane, Nietzsche. Ses idées sur le féminisme. Sa morale, Paris, Henri Lavauzelle éditeur militaire, 1909, 23 pages, vol. in-8.

Texte d'une conférence faite le 18 février 1909 au salon international de "la Française" et le 25 février au "Lycéum".


Ouvrages qui évoquent Nietzsche


ANDRILLON Henri, L'expansion de l'Allemagne et la France, Angoulême, L. Coquemard et Cie, 1909.

Etudie les points communs entre Bismarck et Nietzsche.

 

AURELVoici la femme, Paris, Sansot, 1909.

Avec plusieurs évocations de Nietzsche dont: "Elle voudrait aimer. Elle voudrait s'unir. Quel malheur qu'il n'y ait pas d'homme ! Pas d'homme au sens de Nietszche, au sens suprême, pas d'être assez fort, qui, sans la craindre, sans l'apaiser, l'assume." (p. 53)

 

DELIOR Paul, Remy de Gourmont et son Oeuvre, Paris, Mercure de France, 1909.

Avec un portrait de Remy de Gourmont et un autographe.

Souligne au long du livre les affinités avec Nietzsche.

 

FOUILLEE Alfred, Le socialisme et la sociologie réformiste, Paris, Alcan, 1909, VIII et 419 pages, vol. in -8. (Bibliothèque de philosophie contemporaine)

Ibid., 2ème édition, 1909.

  

LECLERE Alain, L'éducation morale rationnelle, Paris, Hachette, 1909.

 

LUGAN Alphonse, L'Action Française et l'Idée chrétienne, Paris, Bloud et Cie, 1909.

Dénonce une doctrine agnostique, amorale et achrétienne, inspirée de Nietzsche.

 

MENDOUSSE Pierre, L'âme de l'adolescent, Paris, Alcan, 1909.

Thèse soutenue en 1909. 2ème édition en 1911, 3ème édition en 1914.

Nietzsche et les adolescents. Selon l'édition de 1911. Note que  l'adolescent "est presque mûr pour les doctrines individualistes : de seize à vingt ans, il n'est pas nécessaire de bien comprendre les idées de Stirner, de Nietzsche ou de M. Barrès pour les adopter avec enthousiasme" (p. 54).

Constate que "lorsqu'une pensée nouvelle semble devoir éclairer le problème de la Destinée, c'est sur les jeunes intelligences

qu'elle rayonne d'abord. Par exemple, parmi les études qui ont rendu quelque temps Nietzsche populaire en France, on peut

citer comme ayant été des premières celles parues dans le Mercure de France, le Banquet, la Revue blancheL'Effort et autres

périodiques où cherche à se définir l'âme confuse de nos jeunes contemporains. On peut même affirmer qu'il y a plus de souci

des problèmes philosophiques dans chacune de ces revues que dans tous les périodiques rédigés exclusivement par des adultes,

les publications spéciales mises à part" (p. 146).

Rapporte que Jean Bourdeau "cite le cas d'un jeune homme timide et rougissant, plein de respect pour ses maîtres, qui, après la lecture de Nietzsche, tenta de faire violence à une Frau Professorin sous prétexte d'appliquer à la lettre le fameux précepte : « Rien n'est vrai : tout est permis. »". Note à ce sujet: "Il va sans dire que de telles conséquences sont rares, même chez les sujets claquemurés dans leur idéologie" (p. 167).

  

MURET Maurice, La littérature allemande aujourd'hui, Paris, Perrin, 1909.

 

PALANTE Georges, La sensibilité individualiste, Paris, Alcan, 1909.

 

PAULHAN Fr., La morale de l'ironie, Paris, Alcan, 1909.

Contient : La contradiction de l'homme. - Le rôle de la morale. - Les immoralités de la morale. - L'ironie comme l'attitude morale.

 

 

PRADINES Maurice, L'erreur morale établie par l'histoire de l'évolution des systèmes, Paris, Alcan, 1909.

 

ROMAIN Yvonne deSemeurs d'Idées, Paris Sansot, 1909.

Evoque plusieurs fois un Nietzsche qui célèbre le triomphe de l'individu par l'égoïsme et la force, surtout d'après Edouard Schuré qui rédige la préface (voir par exemple Précurseurs et révoltés)

 

SARCEY YvonneLa route du bonheur, Paris, Librairie des Annales politiques et littéraires, 1909

7ème édition, 1909

Avec un chapitre sur les conférences d'Emile Faguet sur Nietzsche.

 

SCHINZ Albert, Anti-pragmatisme. Examen des droits respectifs de l'aristocratie intellectuelle et de la démocratie sociale, Paris, Alcan, Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1909.

 

STEIN Louis, Le sens de l'existence, Paris, Giard et Brière, 1909.

Avec un appendice sur: "Le philosophe de l'aristocratie: Frédéric Nietzsche" (p. 423-432)

 

VALOIS Georges, L'homme qui vient. Philosophie de l'autorité, Nouvelle Librairie nationale, 1909

2ème édition. Voir la Préface à la deuxième édition où il se dit injustement accusé de nietzschéisme.


Nietzsche dans la littérature


BORDEAUX Henry, La croisée des chemins, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1909.

Personnage "nietzschéen": vivre sa vie sans se soucier des autres...

Publié en feuilletons dans la Revue des Deux Mondes et dans  la Gazette de Lausanne (voir)

 

Voir le compte-rendu de Joseph Ferchat ou le compte-rendu dans la Revue pratique d'apologétique (1er juillet 1910).

 

BOULENGER Marcel, Les doigts de fée, Paris, Arthème Fayard, 1909.

Voir par exemple le compte-rendu de Jules Case dans Gil Blas du 4 février 1909.

 

LESUEUR Daniel, Le droit à la force, Paris, 1909.

Le roman paraît début juin.

Un extrait est publié dans L'Humanité du 9 juin 1909.

 

PREVOST Marcel, Pierre et Thérèse, Paris, Lemerre, 1909.

Marcel Prévost expose les fondements de ce roman dans "Les deux morales", in Le Journal, 17 juin 1909, p. 1.

C'est une sorte de réponse aux romans de Daniel LesueurNietzschéenne (1908) et Le droit à la force (1909).

Imprimé le 19 mai 1909. Un exemplaire de 1909 indique 54ème édition.

Pas de "Nietzsche", de "nietzschéen" ni de "nietzschéenne" dans le roman; pas de "surhomme" ni de "surfemme" mais de nombreuses expressions:  "égoïste", "être fort", "j'ai le droit", "j'avais le droit", "écraser le serpent"...

Le roman est adapté au théâtre et la pièce en quatre actes est joué au Théâtre du Gymnase le 20 décembre 1909. Cf. L'Illustration théâtrale, n°136,15 janvier 1910.

Résumé et analyse dans Ernest La JeunesseDes soirs, des gens, des choses... (1909-1911), Paris, Maurice de Brunoff, 1914, p. 117-119.


Articles et comptes rendus sur Nietzsche


ANDLER Charles, "Le premier système de Nietzsche ou la philosophie de l'Illusion", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°1, janvier 1909, p. 52-86.

 

GHEON Henri, "Ecce Homo ou le « cas Nietzsche »", in Nouvelle revue française, tome 1, n°9, 1909, p. 161-173.

Insiste : "Oui, en dépit de Mme Förster-Nietzsche, c'est un fait avéré, que commencé peut-être comme un examen de conscience, Ecce Homo devint vite, dans l'esprit de Nietzsche, un appel strident au public. Ecrite pour lui seul ou pour quelques amis, son apologie personnelle perd toute la portée cynique qu'il convient de lui conserver. Prenons-la donc pour ce qu'elle est vraiment, pour ce que Nietzsche a voulu qu'elle fût." (p. 163)

Il précise qu'il "comprend par quel sentiment de pudeur, la soeur du philosophe voulut retarder cet éclat suprême" mais ajoute aussitôt : "Mais voile-t-on l'ivresse de Dionysos? - Non certes, Mme Foerster-Nietzsche n'avait pas le droit de substituer sa propre pudeur à l'impudeur du grand homme." (p. 163)

 

LUQUET G. -H., "R. Berthelot. - Evolutionnisme et platonisme. Mélanges d'histoire de la philosophie et d'histoire des sciences", {V. Histoire de la philosophie}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°1, janvier 1909, p. 95-98.

Félicite René Berthelot "de faire nettement des penseurs des hommes dont les idées ne sont pas le résultat d'une sorte de génération spontanée, mais sont conditionnées dans une large mesure par l'histoire des individu et les circonstances où il a vécu : c'est en particulier le leitmotiv des études sur Renan et Nietzsche." (p. 96)

Donne comme exemple l'influence "du vitalisme romantique sur Spencer, Guyau, Nietzsche, Bergson" et  celle de "Hoelderlin, Emerson et Paul Rée sur Nietzsche." (p. 97)

Félicite l'auteur d'avoir par ailleurs dissocié "ces thèses indépendantes pour confronter chacune d'elles isolément avec l'expérience" et d'avoir ainsi pu démontrer que "la philosophie de Nietzsche n'est ni une forme de l'anarchisme, ni une glorification de la force, ni un dilettantisme." (p. 97)

 

MIGOT Robert, "A la Gloire de Nietzsche. Le retour éternel", in Les Nouvelles d'Alger, 1er janvier 1909, p. 1.

 

Anonyme, "Bibliographie", in La Petite gazette aptésienne, 2 janvier 1909, p. 3.

Annonce la publication d'Ecce homo dans le Mercure de France et note: "Il faut lire cette autobiographie si l’on veut connaître ce philosophe autrement que par les sottes caricatures en vogue."

 

CHAUVELOT Robert, "Disciples de Zarathoustrâ", in L'Echo de Paris, 9 janvier 1909, p. 4.

Débute: "Depuis quelques dix ans, le nietzschéisme sévit en France. Il est de mode philosophique, mondaine et féminine. Tout récemment encore, une romancière de talent n'intitulait-elle point son œuvre dernière, œuvre d'observation psychologique contemporaine : Nietzschéenne ?... Bien mieux ! Nous avons eu, cet hiver 1907, de fort piquantes causeries d'Emile Faguet et de non moins curieux articles d'Yvonne Sarcey sur le palpitant sujet du « surhomme », de l'übermensch, c'est-à-dire sur cette thèse nouvelle et bien moderne de l'individualisme outrancier, plus farouchement despotique que l'égotisme aimaible de Barrès et que l'exclusivisme rêveur d'Ibsen. Ce singulier mouvement de pensée — venu d'Allemagne et probablement issu de l'évolution des doctrines autoritaires et désespérantes de Kant, de Max Stirner et de Schopenhauer — doit principalement son origine à la publication d'un volume de Nietzsche, qui présente d'indiscutables qualités de fond et dont le titre à lui seul est déjà presque une promesse : Ainsi parlait Zarathoustrâ... Il n'entre point dans ma pensée d'épiloguer sur cet ouvrage, ni sur sa portée sociale, diversement appréciée par les uns it les autres... pas plus que je n'ai l'intention d'établir le bilan respectif des théories altruiste et individualiste... Mais il m'a paru assez tentant d'étudier un peu sur place — oh ! le moins pliilosophiquement possible — les mœurs, les dogmes, le rite, la liturgie de cette secte importante des Pârsis."

Chronique reprise non signée le 9 janvier 1909 à la une de Le Mot d'ordre, de Le Réveil...

 

LICHTENBERGER Henri, "Franz Overbeck und Friedrich Nietzsche. Eine Freundschaft. Nach ungedruckten Dokumenten und im Zusammenhang mit der bisherigen Forschung dargestellt von C. A. Bernouilli ; Bd. II", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°1, 15 janvier 1909, p. 51-52.

Prend clairement la défense du Nietzsche-Archiv et se range aux côtés d'Elisabeth Förster, contre l'école bâloise.

Résume brièvement le contenu du nouveau volume et conteste l'intérêt de certains des problèmes soulevés : "Je ne puis guère m'échauffer sur la question de savoir si la figure d'Ariane, l'amante de Dionysos, a été ou non inspirée à Nietzsche par une passion d'ailleurs toute intellectuelle pour Mme Cosima Wagner. Je ne tiens pas non plus pour bien essentiel de décider si l'Antichrétien a oui ou non été considéré à un moment donné par Nietzsche, dans les derniers temps de sa vie consciente, comme constituant à lui seul toute la Transvaluation des valeurs." (p. 51)

Discute  quelques-unes des thèses de Bernouilli et réserve au conflit qui oppose les héritiers des deux amis de Bâle un long paragraphe qui clôt le compte-rendu. Il s'intéresse d'abord à la forme de la contestation : "Reste la polémique contre le Nietzsche-Archiv et contre Elisabeth Förster-Nietzsche qui remplit une partie importante du volume. Elle est d'une violence calculée, qui paraît bien étonnante à nos habitudes françaises. Evidemment, M. B. a entendu passionner le débat, et il y aurait, dans ces conditions, quelque naïveté à déplorer l'outrance de ses attaques. Il a voulu forcer l'attention du public et il n'est pas douteux qu'il y ait réussi."

Sur le fond, il se montre partagé, voire sceptique : "Il ne m'est pas possible, dans les limites de ces comptes rendus, de discuter ses griefs. Je me borne, ici, à me demander si, même en supposant le portrait de Nietzsche par Overbeck plus exact que celui donné par Mme Förster, il était bien indispensable, pour la manifestation de la vérité et pour la gloire de Nietzsche, d'ameuter l'Allemagne littéraire contre la soeur du philosophe et si vraiment la réputation du grand penseur était en péril parce que Mme Förster en prenait soin à sa manière, qui n'est pas celle de M. B.."

Conclut finalement en désapprouvant l' "exécution" dont est victime le Nietzsche-Archiv et en apportant officiellement son soutien à Elisabeth Förster et à ses collaborateurs des archives : "Je doute que cette conviction s'impose irrésistiblement aux lecteurs de M. B. Et plus d'un, je crois, se détournera avec un véritable malaise d'une "exécution" à tout le moins inélégante, injuste et profondément stérile. Le Nietzsche-Archiv en publiant coup sur coup, cette année même, Ecce homo et des lettres de Nietzsche à Peter Gast vient d'ailleurs de démontrer une fois de plus sa bonne volonté à nous livrer tous les documents qu'il possède. L'oeuvre de Mme Förster et de ses collaborateurs peut avoir ses imperfections - eux-mêmes l'ont maintes fois reconnu avec la plus louable franchise. Mais elle reste assez imposante pour qu'il soit souverainement injuste de vouloir la discréditer en bloc." (p. 52)

 

DIVOIRE Fernand, "Les revues", in Les Entretiens idéalistes, 25 janvier 1909, p. 53-56.

Signale "la suite de cet Ecce Homo que M. Henri Albert fait à Nietzsche la mauvaise plaisanterie de traduire, les extraits qu'en avaient donnés Lauterbach d'une part et Lichtenberger de l'autre étant fort suffisants pour instruire les lecteurs" (p. 53).

 

Anonyme, "Godefroy E. : à propos du compte-rendu d' "Ecce Homo"", {Convocations diverses. Universités populaires}, in L'Humanité, 27 janvier 1909.

Annonce de la conférence.

 

Anonyme, "Nietzsche à Bâle", in Journal de Genève, 28 janvier 1909, p. 2.

A propos d'une cérémonie en hommage à Nietzsche.

 

GAULTIER Jules de, "Pragmatisme", in Mercure de France, tome 77, n°279, 1er février 1909, p. 408-428.

Moins une étude sur le pragmatisme qu'une longue réaction contre l'article de Georges Batault. S'explique longuement et clairement : "Ces rectifications ne sont pas sans importance, il me faut le dire, pour que le terme atténué dont j'use ici ne se confonde pas trop avec un euphémisme. Pourtant, je ne publierais pas cette réponse en cette place, si ce qu'elle implique de personnel n'entraînait des développement d'un ordre général, ne mettait en cause une notion autour de laquelle semble graviter l'intérêt de presque toutes les discussions philosophiques de l'heure présente : il s'agit de la notion de pragmatisme. Ajoute encore : Il m'a semblé d'ailleurs qu'en cette revue, où j'ai exposé une part considérable de mes points de vue philosophiques, laisser passer les appréciations de M. Batault sur mes propres idées, sur mes évaluations relatives à la pensée de Nietzsche, sur les rapports de ma conception métaphysique de l'existence avec celle de Nietzsche sans y contredire, c'était les tenir pour valables, et c'est pourtant, sur bien des points, ce que je ne saurais faire." (p. 408)

Se défend point par point contre tous les reproches que Batault lui a adressés, tant quant à la méthode que sur le fond. Il nie particulièrement être un philosophe intellectualiste et revendique au contraire hautement sa qualité de pragmatiste. C'est, il le précise lui-même, "l'objet principal" de son article. Pour le reste, c'est-à-dire sa qualité à représenter la philosophie de Nietzsche, il se défend à l'aide de citation mais ajoute seulement brièvement : "Quant à quelques insinuations plus particulières, contenues dans l'étude de M. Batault, je n'y insisterai guère. Selon M. Batault, j'aurais choisi, pour en faire état, dans l'oeuvre de Nietzsche, un passage isolé où serait exprimée une manière de voir en contradiction avec l'orientation générale de la pensée de Nietzsche. C'est ce qu'il faudrait voir." (p. 426)

Il ajoute un peu plus loin, toujours brièvement : "Je ne vois pas qu'il ait produit (...) aucun argument d'aucune sorte. Je ne puis prendre, en effet, pour des arguments, quelques phrases désobligeantes à mon endroit, où, (...) mes procédés d'exposition de la pensée de Nietzsche sont incriminés (...)" (p. 428)

 

TRARIEUX Gabriel, "Effigies", in La Revue, t. 9, 1er février 1909, p. 314-319.

Série de sonnets, sur Marc Aurèle, Tolstoï, Ibsen, Zola, Renan, Guyau... Sur Nietzsche (p. 315).

Tu vécus tes jours brefs en face des monts chastes

Que le soir violent vêt de pourpre et de faste,

Et ta pensée immense et tragique, ô Passant,

Imita leur contour, et leur ombre, et leur sang.

 

Dans l’univers sans Dieu, sans étoile, implacable,

Tu perçus, frémissant, cet invisible câble:

Le Retour Eternel, et, Surhomme indompté,

Tu voulus bien souffrir pendant l’éternité!

 

Front ceint de fleurs parmi les fronts couverts de cendre,

Ta devise, Antéchrist farouche d’un dieu tendre,

Fut: « Soyez durs! ceux qui sont durs sont les seuls forts! »

 

Puis, ayant fait ton œuvre, et vengé Prométhée,

O Titan, comme lui vaincu, d’un siècle athée,

Tu es entré vivant dans l’horreur de la mort...

 

D. H., "Bibliographie", in La Petite gazette aptésienne, 6 février 1909, p. 3.

Signale la publication d'Ecce homo dans le Mercure de France. Extrait relatif à l'esprit provençal.

 

CRITON, "Nietzsche", in L'Action française, 12 février 1909, p. 3.

Article de Charles Maurras.

 

BATAULT Georges, "Une lettre de M. Georges Batault", {Echos], in Mercure de France, 16 février 1909, p. 762-764.

  

MERAN Paul, "Nietzsche I", in La Croix, 18 février 1909, p. 4.

Premier d'une série de trois articles: voir le 23 et le 25 février 1909.

Annonce: "Nous donnerons un rapide aperçu de sa philosophie. Et d'abord, nous verrons le Nietzsche imparfait, en train de tâtonner et

de chercher sa voie ensuite le Nietzsche à son apogée, créateur du surhomme; nous critiquerons enfin l'ensemble de son œuvre."

 

MERAN Paul, "Nietzsche II" in La Croix, 23 février 1909, p. 4.

Deuxième d'une série de trois articles: voir le 18 et le 25 février 1909.

 

MERAN Paul, "Nietzsche III" in La Croix, 25 février 1909, p. 4.

Dernier d'une série de trois articles: voir le 18 et le 23 février 1919.

Conclut: "La morale nietzschéenne est en nos siècles de christianisme la représentation la plus crue du retour des esprits au paganisme ancien que nous constatons tous les jours. A ce titre, elle mérite d'être connue par ceux qui ont mission de combattre l'esprit païen.

M. Lichtenberger (...) s'est incliné « avec respect » devant Nietzsche, ce « héros de la pensée » et M. Faguet (...), tout en l'égratignant gentiment accepte plus d'une de ses idées, telle la possibilité de plusieurs morales à la fois. Mais Nietzsche n'est ni un héros, ni le penseur qui mérite le respect; et sa conception d'une pluralité de la morale, d'ailleurs si répandue sous des formes variées dans la philosophie française de nos jours n'est rien moins qu'établie. L'humanité, la nature humaine est essentiellement une, la morale aussi."

 

Anonyme, "Informations", in Le Figaro du 25 février 1909, p. 3.

A propos de la conférence de la baronne Jane Michaux sur "Nietzsche, ses idées sur le féminisme et sa morale".

Voir Jane Michaux, Nietzsche. Ses idées sur le féminisme. Sa morale, Paris, Henri Lavauzelle éditeur militaire, 1909, 23 pages, vol. in-8

 

DIVOIRE Fernand, "Faut-il devenir Surhomme?", in Les Entretiens idéalistes, 25 février 1909, p. 85-100.

 

ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, 1er mars 1909, p. 172-177.

Signale un compte-rendu d'Ecce homo par Karl Strecker dans Das literarische Echo. (p. 177)

 

DWELSHAUVERS Georges, "La philosophie de Nietzsche", in Revue hebdomadaire des cours et conférences, t. 17, 4 mars 1909, p. 769-780.

Texte d'une leçon à l'Ecole des Hautes Etudes sociales à Paris à la fin de l'année 1908.

Premier d'une série de trois articles (voir le 18 mars et le 1er avril 1909).

Indique: "La présente étude critique sur la philosophie de Nietzsche a été rédigée d’après les trois dernières leçons de mon cours sur les Oeuvres et les idées de Frédéric Nietzsche (Ecole des Hautes Etudes Sociales, novembre et décembre 1908). C’est pour répondre au

désir exprimé par de nombreux auditeurs que je publie ces pages. Les leçons qui les précédèrent furent consacrées a la reconstitution

de la vie de Nietzsche et à l’analyse détaillée de ses œuvres. (...) Mon but est, ici, de rechercher ce que nous conserverons des idées de ce penseur" (p. 769).

 

BERNAERT Edouard, "Le Sabotage de la Morale", in L'Univers, 6 mars 1909, p. 1-2.

Constate le sabotage de la morale, contenu des programmes à l'appui. Nietzsche au programme des cours d'André Lalande à l'Ecole normale de Sèvres.

 

Anonyme, "Académie des Sciences morales et politiques", in Journal des Débats politiques et littéraires, 7 mars 1909, p. 4.

Signale la communication très applaudie d'Ernest Seillière sur Taine et Nietzsche (séance du 6 mars 1909)

 

DWELSHAUVERS Georges, "La philosophie de Nietzsche", in Revue hebdomadaire des cours et conférences, 19, 18 mars 1909, p. 54-64.

Texte d'une leçon à l'Ecole des Hautes Etudes sociales à Paris à la fin de l'année 1908.

Deuxième d'une série de trois articles (voir le 4 mars et le 1er avril 1909). 

 

DIVOIRE Fernand, "Les revues", in Les Entretiens idéalistes,  25 mars 1909, p. 164-166.

A propos de la discussion entre Louis DumurJules de Gaultier et Georges Batault dans le Mercure de France. Se moque: "Le résultat le plus clair de ces interprétations, discussions et raisonnements au moyen desquels les trois fidèles écartèlent leur dieu, c'est qu'on commence à ne plus rien y comprendre." (p. 164)

 

Anonyme, {Echos}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 30 mars 1909, p. 2-3.

Signale une soirée musicale organisée le samedi 27 mars 1909 chez la baronne et le baron Ernest Seillière. Au programme un Hymne à la vie de Nietzsche. Extrait. (p. 3)

 

ANDLER Charles, "Nietzsche et Jacob Burckhardt. Leur philosophie de l'histoire (suite et fin)", in Revue de synthèse historique, tome 18, n°53, avril 1909, p. 137-171.

Concernant les relations entre les deux hommes, il commence par remarquer : "C'est une intéressante question, et très débattue, que celle de savoir s'ils ont senti tous les cette solidarité de leur pensée que nous croyons si réelle. Il reste six lettres de Burckhardt à Nietzsche répartie sur douze années ; cinq lettres de Nietzsche à Burckhardt pour un temps à peine plus long. Faut-il les lire avec méfiance? La controverse pendante entre le Nietzsche-Archiv [Elisabeth Förster-Nietzsche] et le représentant de la tradition bâloise, Carl Albrecht Bernouilli, n'a pas d'autre point de départ." (p. 168) Ajoute aussitôt : "Pour être impartial, citons les textes." (p. 168) Cependant, il ajoute une note infrapaginale dans laquelle sa préférence ne fait aucun doute. Il cite le livre de Bernouilli, représentant de la tradition bâloise, puis celui de Richard Oehler, qui représente la tradition weimarienne et ajoute : "Bien entendu, c'est Carl Albrecht Bernouilli qui, pour tout ce qui concerne la vie bâloise de Nietzsche et de Burckhardt, est le mieux informé." (note 4, p. 168)

 

DWELSHAUVERS Georges, "La philosophie de Nietzsche", in Revue hebdomadaire des cours et conférences, 19, 1er avril 1909, p. 162-171.

Dernier d'une série de trois articles sur Nietzsche (voir le 4 et le 18 mars 1909).

Texte d'une leçon à l'Ecole des Hautes Etudes sociales à Paris à la fin de l'année 1908.

 

SEILLIERE Ernest, "Taine et Nietzsche", in Séances de l'Académie des Sciences morales et politiques, tome 71, avril 1909, p. 538-556.

Comptes rendus de la séance du 6 mars 1909.

Article fondé explicitement sur trois publications récentes : Ecce Homo, le livre de Bernouilli sur Nietzsche et Overbeck et la correspondance de Nietzsche avec Peter Gast. Insiste sur la publication d'Ecce Homo : "On a tout récemment publié en Allemagne (et déjà traduit en français) le dernier écrit de Frédéric Nietzsche, Ecce Homo. (...) Cette confession, aussi pathétique par son accent que par les circonstances qui l'ont vu naître, est rédigée en termes si violents contre la patrie de l'auteur et d'autre part si passionnément favorables à la France que les héritiers littéraires du philosophe saxon ont longtemps hésité avant de la présenter dans son ensemble au public allemand. Ils se sont avisés d'un expédient ingénieux : Ecce Homo a été imprimé dans une édition de grand luxe, à très haut prix et à un petit nombre d'exemplaires. Réservé de la sorte à quelques privilégiés, déjà tout acquis, pour la plupart, à la doctrine du maître, l'ouvrage risquait moins de soulever une tempête au delà du Rhin." (p. 538)

Exposé détaillé des relations entre Taine et Nietzsche à partir de 1886 et jusqu'à l'effondrement final de Nietzsche avec un long récit de la brouille entre Nietzsche et Erwin Rohde dont Taine est à l'origine.

 

BERTHELOT René, "Sur le pragmatisme de Nietzsche (deuxième article)", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°3, mai 1909, p. 386-412.

Contient "IV. Examen critique du pragmatisme de Nietzsche" (p. 386-402) et "V. Remarques sur les origines philosophiques du pragmatisme en général". (p. 402-412)

 

FOUILLEE Alfred, "Note sur Nietzsche et Lange. "Le retour éternel"", {Observations et discussions}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°5, mai 1909, p. 519-525.

Conteste l'originalité de la théorie du retour éternel de Nietzsche (p. 519-521). Renonce à savoir si Nietzsche a lu la doctrine de Blanqui sur le retour éternel des chose mais montre qu'il a lu l'Histoire du matérialisme de Lange qui a trait à Blanqui (p. 519). Montre que l'idée de retour éternel est par ailleurs déjà chez les Grecs (p. 520) et aussi chez Guyau que Nietzsche connaissait très bien (p. 520-521). Note qu'il est en désaccord avec Georges Batault qui "présente l'hypothèse du retour comme une déduction de la science moderne, due au génie de Nietsche". (note 2, p. 521) Conteste enfin la justesse même de la théorie du retour éternel (p. 521-525).

 

ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, 1er mai 1909, p. 175-179.

Signale dans Der Zwiebelfisch qu'un "article sur « trois livres mal venus » critique vivement les éditions d'Ecce homo et de Zarathoustra de Nietzsche publiées par le InseI-Vertag de Leipzig, avec « ornements » de M. H. Van de Velde et une édition de Shakespeare faite par les soins de Melchior Lechter. Pour le Ecce homo, en particulier, l'auteur le tient pour un de ces spécimens attardés du style malencontreux qui faisait fureur vers 1900" (p. 178)

 

ALBERT Henri, {Lettres allemandes}, in Mercure de France, 1er mai 1909, p. 175-179.

Signale dans Die Oesterreichische Rundschau la publication de lettres de Nietzsche à sa mère et à sa soeur. Note: 

"Ces lettres datent toutes de 1885 et sont empruntées à un volume de la correspondance du philosophe, avec sa famille dont la publication est prochaine. Mlle Nietzsche était alors fiancée au docteur B. Förster et devait s'embarquer avec celui-ci pour le Paraguay. On avait choisi comme date du mariag'e le 22 mai, anniversaire de la naissance de Richard Wagner. Nietzsche trouve cet hommage rendu au musicien peu en rapport avec ses préoccupations du moment. Sa soeur est restée fidèle à un culte qu'il a déserté depuis longtemps. Bien qu'il se sente touché, il a l'impression que Mlle Nietzsche choisit comme demeure un endroit où il s'était arrête jadis.

« Tout ce que tu fais appartient pour moi au souvenir et me parait être un écho. » Quetques semaines plus tôt il avait écrit: « Les hommes que j'aime, moi, sont morts depuis longtemps, par exemple l'abbé Galiani, ou Henri Beyle, ou Montaigne. » La lettre d'adieu, où, de Venise, il envoie ses voeux de bonheur à sa soeur et où il. fait, à cette occasion, une sorte de décompte avec le passé, est infiniment touchante et d'une grande élévation." (p. 178-179)

 

CLEMENT-JANIN, "Sur Nietzsche. Le retour éternel", in L'Action (supplément littéraire), 5 juin 1909, p. 5.

 

ROUJON Henry, "La Bonne pitié" in Le Figaro, 14 juin 1909, p. 1.

Sur la pitié et sur les propos de Nietzsche à ce sujet. Note: "Nietzsche est mort dans un cabanon, l'écume aux lèvres, pour s'être interdit de se mentir à lui-même et de mentir à ses semblables, et pour avoir tenté d'apercevoir ce qu'était vraiment le devoir humain".

Critique l'attitude de Daniel Lesueur.

 

BONNAL Général, "Etre fort", in Le Gaulois, 17 juin 1909, p. 1.

Longue présentation du roman de Daniel Lesueur qui vient de paraître, Le droit à la force. Présenté comme une suite du précédent roman, Nietzschéenne.

Le Gaulois a précédemment publié le roman en feuilletons.

 

PREVOST Marcel, "Les deux morales", in Le Journal, 17 juin 1909, p. 1.

Annonce qu'il va écrire un roman, Pierre et Thérèse, qui met en scène la morale égoïste (morale des maîtres de Nietzsche) à la morale altruiste (morale des esclaves) pour voir laquelle l'emporte sur l'autre. Raille les amateurs de Nietzsche qui ne sont que des arrivistes:

"Pauvre Nietzsche! Pauvre glorieux maître saxon! Avec son confrère de Dantzig, il aura partagé l'étrange destinée posthume d'être un philosophe pour snobs, un patron laïque pour gens à demi-culture prétentieuse. Pas de caillette mondaine, pas de gratte-papier émancipé, pas de cabotine teintée de bas-bleuisme qui ne nous serve, avec plus ou moins d'opportunité, la doctrine des deux morales et n'incline, naturellement, à choisir la morale des maîtres. Ces surhommes et ces surfemmes à la douzaine sont très risibles; ils ne sont pas extrêmement dangereux, car la crainte salutaire des démêlés avec la loi, ou simplement un souci persistant des convenances contient à l'ordinaire dans des iimites assez étroites les hardiesses de leur surhumanité".

Longuement cité par Robert de Bury, {Les Journaux}, in Mercure de France, 1er juillet 1909, p. 153-156, cit., p. 155.

Pierre et Thérèse paraît en 1909 aux éditions Lemerre (Paris). Un exemplaire de 1909 indique 54ème édition.

Pas de "Nietzsche", de "nietzschéen" ni de "nietzschéenne" dans le roman; pas de "surhomme" ni de "surfemme" mais de nombreuses expressions:  "égoïste", "être fort", "j'ai le droit", "j'avais le droit", "écraser le serpent"...

 

Anonyme, "Alfred W. Benn : La morale d'un immoraliste", in Revue de métaphysique et de morale, tome XVII, supplément de juillet 1909, p. 19.

Remarque que l'auteur "s'efforce de retracer la genèse de l'idée de surhomme." Selon Benn, cette idée serait née en 1870 ; vers 1878, elle se serait transformée en un "effort vers la production d'une certaine sorte de culture morale, du génie supérieur, considérée comme une fin universelle." Au moment de Zarathoustra, Nietzsche aurait hésité avant d'opter moins pour une "forme darwinienne, naturaliste" que pour une "forme logique, hégélienne".

 

BURY Robert de, {Les Journaux}, in Mercure de France, 1er juillet 1909, p. 153-156.

Signale ironique un article de Marcel Prévost dans Le Journal du 17 juin 1909: "Ce pauvre Nietzsche". (p. 155-156)

Note que l'auteur annonce qu'il va écrire un roman anti-nietzschéen; qu'il raille les amateurs de Nietzsche; cite longuement:

"Pauvre Nietzsche! Pauvre glorieux maître saxon! Avec son confrère de Dantzig, il aura partagé l'étrange destinée posthume d'être un philosophe pour snobs, un patron laïque pour gens à demi-culture prétentieuse. Pas de caillette mondaine, pas de gratte-papier émancipé, pas de cabotine teintée de bas-bleuisme qui ne nous serve, avec plus ou moins d'opportunité, la doctrine des deux morales et n'incline, naturellement, à choisir la morale des maîtres. Ces surhommes et ces surfemmes à la douzaine sont très risibles; ils ne sont pas extrêmement dangereux, car la crainte salutaire des démêlés avec la loi, ou simplement un souci persistant des «convenances contient à l'ordinaire dans des iimites assez étroites les hardiesses de leur surhumanité (...)".

 

TIEGHEM Paul van,"Les grands moralistes d'hier et d'aujourd'hui: Nietzsche", in Le Volume, n°40, 3 juillet 1909, p. 574-575.

 

CORCOS Fernand, "Le droit à la Force", in Le Socialiste, 18 juillet 1909, p. 3.

A propos de Daniel LesueurLe droit à la force. Se moque:

"Le bon populaire doit-il laisser passer cette éphémère publication prétentieuse ou doit-il la marquer au passage de quelques mots ironiques ? Il est bien difficile de se taire, — il est fâcheux aussi de donner de l'importance à ce qui n’en saurait avoir.

Mais c'est si drôle ! Depuis Nietzsche la force est en honneur dans les salons. Des jeunes gens désoeuvrés ont été tentés par le rôle de « surhommes ». Ils s'y sont essayés, — et bien mal. Ce qu'on appelle des femmes écrivains se sont évertuées à nous peindre des «Princesses de sciences » des « Nietzschéennes ». Il faut que la nécessité de l’énergie se fasse bien sentir dans les rangs bourgeois actuels, pour qu'elle soit en honneur !"

Extraits dans L'Humanité.

 

Anonyme, "Ecce homo", {Au jour le jour}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 27 juillet 1909, p. 1.

 

Anonyme, "« Ecce homo »", in Le Temps, 29 juillet 1909, p. 1.

 

BATAULT Georges, "Nietzsche prophète", in Mercure de France, tome 80, n°291, 1er août 1909, p. 406-416.

 

DEHERME Georges, "Le Droit à la force, par Daniel Lesueur", in Coopération des idées, 1er août 1909.

Compte-rendu du dernier roman de Daniel Lesueur.

 

BOURDEAU Jean, {Revue des livres}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 3 août 1909, p. 2.

Court compte-rendu de Fernand DivoireFaut-il devenir mage?

Note: "On a beaucoup parlé de Nietzsche pour faire son apologie. D'autres le détestent sans le critiquer. M. Divoire est de ceux qui le combattent loyalement. En donnant au mot mage le sens de surhomme en opposition au mot chrétien, M. Divoire montre le

vice des doctrines de force."

 

B. P., "Nietzsche et la Cuisine", in La Petite Gironde, 13 août 1909, p. 1.

"Nietzsche, le philosophe à la mode parmi les snobinettes. qui prononcent son nom avec des gloussements attendris, comme si elles entendaient quelqtue chose à ses œuvres, est descendu un jour des hauteurs où il planait pour nous dire ses idées sur la nutrition." Puise des avis de Nietzsche dans Ecce homo.

 

L'OUVREUSE (WILLY), "Lettre de l'Ouvreuse", in Comoedia, 16 août 1909, p. 2.

Contient "Une nietzschiènne": titre éloquent... contre une jeune femme qui lit Nietzsche. Note qu'il faudrait recommander le livre de Pierre LasserreLa morale de Nietzsche, "à certains emballés des deux sexes qui voient, dans l'auteur d'Also sprach Zarathonstra, je ne sais quel révolutionnaire niveleur façon Bakounine. C'est ainsi que se le représente Mlle Saadi ; la porteuse de ce nom persan est une toute jeune Suédoise, figurante dans la revue de la Scala d'Ostende, et qui lit Nietzsche, mon Dieu oui, en guise de feuilletons.

Croyez-moi, mignonne Scandinave aux yeux fauves, votre cher Nietzsche tenait la soif d'égalité pour une tare des « civilisations descendantes » (Crépuscule des Idoles) ; il méprisait les sirènes qui chantent « Egalité » sur le forum ; il haïssait cette doctrine vénéneuse propagée par le Christianisme (Antechrist). Honorez, Saadi, honorez l'aristocratie, choisie par Lasserre de l'entretien

des belles mœurs ; lisez le beau livre de Jules de Gaultier, de Kant à Nietzsche, et ne cessez point d'être charmante en midinette, en matelote et, au dernier acte, en fleur de pêcher."

 

ALBERT Henri, "Frédéric Nietzsche et Karl Hillebrand", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 80, n°292, 16 août 1909, p. 741-743.

 

GAULTIER Jules de, "Albert Schinz : Anti-pragmatisme", {Philosophie}, in Mercure de France, tome 80, n°292, 16 août 1909, p. 709-711.

Note en préambule : "Tout ce qui vaut quelque chose dans la doctrine à la mode du pragmatisme est dans Nietzsche, et s'y trouve exprimé avec une bien autre force et une autre beauté que celles qui se rencontrent dans les thèses des philosophes américains ou anglais." (p. 709) Remarque que ce n'est pas qu'ils manquent de vigueur ou d'ingéniosité mais que tout est "faussé chez eux par le souci moral qui les guide et les induit aux pires paradoxes."

 

GAULTIER Jules de, "Georges Batault : Quatre méditations sur Nietzsche", {Philosophie}, in Mercure de France, tome 80, n°292, 16 août 1909, p. 713.

Se contente de signaler les méditations "inspirées par un pèlerinage accompli à quelques-uns des lieux où vécut le maître de la Volonté de Puissance, de Sils Maria à Weimar."

 

HALEVY Daniel, "Mademoiselle de Meysenbug et Frédéric Nietzsche", {Variétés}, in Journal des Débats, mercredi 18 août 1909, p. 3..

Exposé des relations amicales et affectueuses entre Malwida von Meysenbug et Nietzsche à partir de 1872.  Montre qu'elle a blâmé l'attitude de Nietzsche à l'égard de Wagner à partir de Humain trop humain, sans lui retirer son affection. Raconte la rencontre avec Lou Salomé sans reprendre totalement la version alors proposée par Elisabeth Förster Nietzsche, se contentant de dire : "Qu'advint-il? (...) Nous le savons mal." Raconte la rupture au moment de la publication du Cas Wagner et remarque : "Melle de Meysenbug aurait été moins sévère si elle avait prévu le désastre imminent : trois mois après, Nietzsche était fou." Conclut : "Aussitôt vint la gloire et Mlle de Meysenbug ne vit pas sans surprise l'apothéose de ce malheureux homme qu'elle avait si bien aimé, si peu compris. Onze ans plus tard, quand elle apprit sa mort, cette vieille, très vieille amie, obstinée survivante à tous ses compagnons et à son siècle même (...) coupa de ses mains, à Sorrente où le hasard l'avait ramenée, de longues branches d'olivier. Mme Förster-Nietzsche reçut ces feuillages et les déposa sur le cercueil de son frère, - double souvenir d'un coeur de femme toujours fidèle, d'une terre toujours aimée."

 

Anonyme, "La gloire de Nietzsche", in Journal des Débats politiques et littéraires, 24 août 1909, p. 1.

Ironique. Anecdote d'un maçon qui a sur le bras un tatouage du visage de Nietzsche.

 

GRAVILLE, "Ecce homo", in La Gazette de France, 27 août 1909, p. 1-2.

 

AUBE Michel, "Nietzsche et la France", in Figaro, 28 août 1909, supplément du dimanche, p. 1.

 

LE DIABLE BOITEUX, "Tatouage nietzschéen", in Gil Blas, 29 août 1909, p. 1.

Ironique. Anecdote d'un maçon qui a sur le bras un tatouage du visage de Nietzsche.

 

Anonyme, "La philosophie de Nietzsche, par G. Dwelshauvers", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, supplément de septembre 1909, p. 10.

Signale que Dwelshauvers entreprend "de définir et de juger les conclusions du philosophe en elle-mêmes et indépendamment de sa vie." Note : "Sa psychologie lui paraît incohérente, sans originalité et en désaccord avec ce qu'on peut appeler sa logique et sa métaphysique" ; souligne le "caractère "pragmatiste"  de la logique de Nietzsche et "l'analogie qu'elle présente avec les vues de certains penseurs américains" ; admet le rapprochement avec Bergson. Signale que l'auteur définit la morale de Nietzsche comme "une morale de l'élan lyrique" qu'il conteste et qu'il condamne.

 

BERTHELOT René, "Sur le pragmatisme de Nietzsche (Suite et fin)", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°5, septembre 1909, p. 654-702.

Contient "VI Sur l'utilisation du pragmatisme théorique de Nietzsche" (p. 654-682) et "VII Utilisation du pragmatisme moral de Nietzsche". (p. 682-702)

 

GOURMONT Jean de, {Liitérature}, in Mercure de France, 1er septembre 1909, p. 119-123.

Se moque des comptes rendus de Philippe-Emmanuel Glaser (p. 121-122). A propos de celui qui est consacré à Daniel LesueurNietzschéenne, note: "M. Glaser a décidément un sens critique des plus justes; pour lui Nietzsche est commenté dans le roman de Mme Daniel Lesueur, Nietzschéenne, « d'une façon si lumineuse tout à la fois, et si typique, que, grâce à vous, lui dit-il, nous entendrons peut-être désormais dire moins de sottises sur le compte du pauvre et grand philosophe allemand ». Si encore c'était de l'ironie." (p. 122)

 

SEGOND J., "Georges Berguer. - La notion de valeur, sa nature psychique, son importance en théologie", {I. Théorie de la connaissance}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°9, septembre 1909, p. 292-297.

Compte-rendu du livre de Georges Berguer. Signale la division de l'ouvrage en trois partie : "1° une solution directe et théorique du problème de la valeur; 2° une contre-épreuve positive, qui consiste dans une analyse du fait de la conversion ; 3° une contre-épreuve négative, qui consiste dans l'analyse d'un cas anormal, celui de Nietzsche, lequel refuse à admettre le critère normal de l'évaluation." (p. 292) Détaille le contenu de cette troisième partie en citant : elle "montre où l'on arrive en refusant d'évaluer selon le critère de l'obligation." Ajoute en citant à nouveau : "elle "montre" donc "qu'on ne saurait remplacer l'obligation par un succédané quelconque sans entraîner l'humanité aux abîmes, en la privant du seul critère qui lui permette de juger de la vie et des choses de la vie"." (p. 296)

 

Anonyme, "Le surhomme devant l'occultiste", {Ca et là}, in L'Univers, 12 septembre 1909, p. 1.

Cite Edouard Schuré qui raconte la rencontre de Rudolf Steiner avec Nietzsche, à Naumburg.

 

FAGUET Emile, "Ecce Homo, par Frédéric Nietzsche", {Revue des livres}, in Annales politiques et littéraires, 19 septembre 1909, p. 267-269.

 

ERNEST-CHARLES J., "« Ecce homo »", in Gil Blas, 20 septembre 1909, p. 1.

 

Anonyme, {Echos}, in Journal des Débats politiques et littéraires, 23 septembre 1909, p. 2.

Annonce que grâce à des dons, Elisabeth Förster-Nietzsche va créer quatre ou cinq bourses de 1500 à 2000 marks. Elles seront attribuées à des peronnes qui n'auront rien d'autre à faire "que se réjouir, penser à eux-mêmes". 

 

Anonyme, {Art et science}, in Journal de Genève, 24 septembre 1909, p. 2.

A propos d'Elisabeth Förster-Nietzsche qui a fondé le Nietzsche-Archiv, des dons d'argent qu'elle reçoit, qui vont servir à accorder des bourses.

 

LE DIABLE BOITEUX, "La fondation Nietzsche", in Gil Blas, 24 septembre 1909, p. 1.

A propos d'Elisabeth Förster-Nietzsche qui a fondé le Nietzsche-Archiv, des dons d'argent qu'elle reçoit, qui vont servir à accorder des bourses.

 

GYSTROW E., "Nietzsche et son temps", in Le Mouvement socialiste, octobre 1909, p. 194-205.

Constate les déformations qu'a subi la doctrine de Nietzsche : "Les écrivassiers de toute catégorie se sont parés de ses royales dépouilles, en ont orné leurs écrits, et les gueux de toutes les races se sont crus des surhommes au teint blond et aux formes bestiales. Les partis qui, avec les manuscrits du grand homme, ont cru avoir acheté son génie, avaient déjà engagé sur son lit de souffrance une lutte d'injures et de traits envenimés. Et, la grande masse savait qu'il était devenu fou pour avoir trop philosophé. Juste châtiment à ses yeux!" (p. 194)

Soutient qu'il est important que les socialistes doivent formuler leur opinion et démontre que Nietzsche n'est pas romantique (195-198). Evoque la manière de lire et de discuter de Nietzsche : "Nietzsche est un homme qu'on aime à entendre en ses heures tranquilles, on se perd en lui. Mais on ne doit pas parler de lui au milieu du bruit et à la tribune. (...) Les valeurs morales que je puise dans Nietzsche, à côté des valeurs esthétiques, sont innombrables, mais elles m'appartiennent et n'appartiennent qu'à moi ; mon voisin en aperçoit et en tire d'autres. Quand j'entreprends une discussion avec Nietzsche, c'est en silence, pour moi seul, sans appel au public." (p. 200-201)

Ne nie pas la haine et le mépris de Nietzsche pour la démocratie politique (202) mais estime que Nietzsche est proche du socialisme parce qu'il prône le perfectionnement de l'individu, notamment par le mariage (203-204). Ajoute encore que Nietzsche et le socialiste ont en commun le "mépris de toute sentimentalité et l'horreur des piteuses rengaines que soufflent dans leur cornemuse les prétendus amis de la paix." (p. 204)

Conclut donc : "Nietzsche était des nôtres" (p. 204) tout en reconnaissant : "Il a été notre prophète sans le savoir." (p. 205)

 

BOUGRIS H., "Nietzsche et l'antisémitisme", in L'Univers israélite, 1 octobre 1909, p. 81-82.

Certains ont rangé Nietzsche parmi les antisémites. Des lettres publiées de lui récemment publiées dans La Revue montrent le contraire.

 

LE DIABLE BOITEUX, "Nietzsche et Hugo", in Gil Blas, 3 octobre 1909, p. 1.

 

HALEVY Daniel, "Friedrich Nietzsche, Briefe an Mutter und Schwester", {Revue des livres}, Journal des Débats politiques et littéraires, 5 octobre 1909, p. 3.

Le volume de lettres n'a qu'un seul intérêt: montrer qu'il n'existait aucune intimité réelle entre Nietzsche, sa mère et sa soeur, Elisabeth Förster-Nietzsche.

 

HALEVY Daniel, "La fin de Frédéric Nietzsche" in Le Figaro, 9 octobre 1909, p. 4.

Extrait de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche.

 

Anonyme, "Bibliographie", in Le Courrier européen, 10 octobre 1909, p. 594-595.

Compte-rendu d'Ecce homo et rappel des conditions d'édition en Allemagne, contraires à celles souhaitées par Nietzsche et Henri Albert, en France (p. 594).

 

BATAULT Georges, "Le romantisme de Nietzsche", in Revue du Mois, tome 8, 10 octobre 1909, p. 463-475.

Partant du principe que le romantisme est un mouvement littéraire et philosophique qui a "submergé toute une partie du XIXème siècle et lui a fourni ses lignes de conduite", se propose d'étudier si Nietzsche a subi l'influence romantique, par quels côtés de ses doctrines il participe au romantisme et si on peut le classer parmi les oeuvres romantiques (p. 463).

Estime que Nietzsche a subi le malaise romantique, qu'"il en  souffert, puis avoir traversé victorieusement cette crise, il est devenu pleinement conscient de lui-même, le philosophe de la vie intense." (p. 470) Oppose nettement le héros nietzschéen et le héros romantique et conclut : "Dernier philosophe en date du XIXème siècle, Frédéric Nietzsche, professeur de courage, de confiance et d'énergie, ne nous montre-t-il pas d'un grand geste héroïque, la route à suivre pour être digne de vivre, pour rendre la vie digne d'être vécue, rayonnante et belle?" (p. 475)

 

GLASER Ph. -E., "Petite chronique des lettres", in Le Figaro, 15 octobre 1909, p. 5.

Comte-rendu de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche, "un fort beau livre", "où les idées du philosophe allemand, si répandues et à la fois si peu connues et si mal comprises, sont éclairées et étudiées à travers sa vie. En des pages merveilleusement compréhensives et documentées, l'auteur nous fait suivre, parallèlement, l'existence tourmentée de l'homme et le calvaire de cette pensée géniale et obscure, jusqu'à la tristesse et au néant de la folie et de la mort."

 

MORSIER E. de, {Faits et documents}, in La Revue, 15 octobre 1909, p. 537-542.

Compte-rendu de Carl Becker, Le culte de Nietzsche, un "réquisitoire impitoyable" contre Nietzsche. (p. 542)

 

Anonyme, "Süddeutsche Monatshefte", {Analyse des revues étrangères}, in La Revue, 15 octobre 1909, p. 551.

Compte-rendu d'un article de Josef Hofmiller sur la publication des lettres de Nietzsche à sa mère et à sa soeur. Note: "L’auteur fait observer, toutefois, que la publication de ces lettres ne répond pas tout à fait à l’attente du public qui réclame une véritable biographie de Nietzsche et se trouve un peu déçu par les notes, gloses, paraphrases et panégyriques que prodigue Mme Fœrster-Nietzsche." 

 

Anonyme, "La vie de Frédéric Nietzsche", {Echos}, in Journal des Débats politiques et littéraire, 16 octobre 1909, p. 2.

Compte-rendu de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche.

 

ALBERT Henri, "Friedrich Nietzsche: Briefe an Mutter und Schwester", in Mercure de France, 16 octobre 1909, p. 729-733.

 

LICHTENBERGER Henri, "Les tendresses de Nietzsche. Ses lettres à sa mère et à sa soeur", in L'Opinion, 16 octobre 1909.

Article cité d'après les annonces dans la presse (L'indépendant rémois, Le petit bourguignon, Le petit Temps...)

 

DESCHAMPS Gaston, {La Vie littéraire}, in Le Temps, 31 octobre 1909, p. 2.

Compte-rendu de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche.

 

ALBERT Henri, "Daniel Halévy : La Vie de Frédéric Nietzsche", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 82, n°297, 1er novembre 1909, p. 170-171.

Commence par reconnaître que le livre de Daniel Halévy répond "à un véritable besoin" et "résume ce qu'il convient actuellement de connaître des destinées intellectuelles et de la vie extérieure de Nietzsche." (p. 170-171) Regrette même : "L'espace nous manque ici pour appuyer par des arguments tout le bien que nous pensons de la Vie de Frédéric Nietzsche." (p. 171)

Sensible à la discrétion de Daniel Halévy, constate avec reconnaissance que le livre est "sobrement écrit, sans souci de vaines polémiques" et il félicite l'auteur : "M. Halévy traite avec une grande réserve les problèmes (souligné dans le texte) sur lesquels les Allemands se sont appesantis depuis dix ans. Les détails concernant les relations du philosophe avec Overbeck, sur le "malentendu" Lou Saloméne sauraient nous intéresser."

Continue sur ce sujet, s'identifiant totalement à Halévy : "Réservons aussi notre jugement sur les causes de la maladie de Nietzsche, car les documents les plus importants nous font encore défaut pour pouvoir parler en connaissance de cause."

Sensible au travail de Daniel Halévy, travail sur les documents à l'aide de tous les témoignages sérieux disponibles, apprécie particulièrement que Daniel Halévy ait réussi à se faire "une opinion personnelle" : "M. Halévy a utilisé avec beaucoup de bonheur les trois volumes de la biographie de Nietzsche écrite par sa soeur, ainsi que les recueils de correspondance. De ci de là il a pu corriger ses appréciations, fixer tel épisode mal connu d'après des volumes de souvenirs publiés dans ces dernières années, ceux de Deussen, de Lansky, de Mlle de Meysenbug. Le volumineux pamphlet de Bernouilli, qu'il a consulté avec la prudence qui s'imposait, lui a également fourni quelques matériaux."

Conclut en regrettant : "Nous pourrions reprocher à M. Halévy d'avoir trop laissé dans l'ombre la personnalité de la soeur de Nietzsche. Evidemment, le rôle joué par Mme Foerster a été considérablement grossi, même par certains critiques français. Mais, de là à ignorer à peu près complètement celle qui fut pendant de longues années la compagne de tous les instants, il y a un pas considérable à franchir. Halévy n'a pas voulu s'expliquer dans son livre au sujet de cette singulière réserve (il l'a fait ailleurs), mais s'il consent à relire attentivement les deux volumes de lettres de famille du philosophe, son esprit d'équité le forcera à convenir qu'il est allé trop loin dans son ostracisme."

 

OSSIP-LOURIE, "Voprossi filosofii i psychologuii", {Revue des périodiques étrangers}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°11, novembre 1909, p. 548-550.

Compte-rendu d'un article de V. F. Tschige intitulé "Nietzsche moraliste". (p. 549-550) Note que l'auteur est "un grand admirateur de Nietzsche qu'il compare à Hegel et Comte, "les plus grands penseurs du XIXe siècle"." Remarque qu'en tant que psychiatre, il "nie l'influence de la maladie de Nietzsche sur ses facultés intellectuelles." Précise qu'il réfute l'opinion d'Alfred Fouillée selon lequel "Nietzsche est un anarchiste, antilibertaire, antiégalitaire pour qui, toute la morale étant abolie, le mieux est qu'un bon tyran fasse la loi." Ajoute que selon Tschige, "Nietzsche n'est pas seulement un négateur et un démoralisateur, mais aussi et surtout un constructeur." (p. 549).

 

SEGUR Nicolas, "Nietzsche et les origines de sa philosophie", in La Revue, tome 83, 1er novembre 1909, p. 46-61.

 

WEBER Louis, "La morale des idées-forces", {Etudes critiques}, in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°6, novembre 1909, p. 836-847.

D'après Alfred Fouillée, "l'homme étant un animal scientifique, est ipso facto un animal moral, quoi qu'aient pu prétendre un Stirner et un Nietzsche." (p. 838) Cite intégralement un passage de Fouillée : "Quant aux Nietzschéens, ce sont des romantiques attardés, de petits Rousseaux égarés en plein vingtième siècle, des rétrogrades sous le masque de révolutionnaire, des naïfs qui se croient des Satans." (p. 847)

 

LASSERRE Pierre, "La vie de Nietzschein L'Action française, 2 novembre 1909, p. 3.

Compte-rendu de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche

 

RIVAROL, "Le Surcrétin", in L'action française, 6 novembre 1909, p. 1.

Se moque du néologisme "survol" inventé par Jean Aicard.

 

BALLOT Marcel, "La vie de Frédéric Nietzsche", {La Vie littéraire], in Le Figaro, 8 novembre 1909, p. 4.

Etude de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche. Suite et fin publiée dans Le Figaro, 15 novembre 1909, p. 5.

 

LE DIABLE BOITEUX , "Un débat nietzschéen", in Gil Blas, 11 novembre 1909, p. 1.

A propos de la proposition de donner à une rue de Weimar le nom de Nietzsche.

 

Anonyme, "Jurisprudence", in Le droit d'auteur, 15 novembre 1909, p. 146-148.

Allemagne: "Lettres missives de Nietzsche; conditions dont dépend la protection du droit d'auteur à leur égard. Garanties pour la remise d'une copie à délivrer aux héritiers par les destinataires. (Tribunal de l'Empire, 1re ch. civile. Audience du 7 novembre 1908.)"

Une note précise: "Arrêts du Tribunal de l'Empire en matière civile, vol. 19; p. 401. V. le jugement de la Cour d'appel de Thuringe, à Jéna, prononcé le 6 novembre 1907, ainsi qu'un exposé détaillé du procès, Gewerblicher Rechtsschutz und Urheberrecht, 1908, n° 4, p. 129 a 132.

Détaille sur trois pages la position de la demanderesse, Elisabeth Förster-Nietzsche, qui s'oppose à la publication des lettres de Nietzsche à Franz Overbeck.

 

BALLOT Marcel, "La vie de Frédéric Nietzsche (Fin)", {La Vie littéraire}, in Le Figaro, 15 novembre 1909, p. 5.

Suite et fin de l'étude de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche. Voir le début publié dans Le Figaro du 8 novembre 1909, p. 4..

 

TRIBOULETTE, ""Sur" à toutes les sauces", {Choses et autres}, in La Vie parisienne, 20 novembre 1909, p. 855.

 

BOURDEAU Jean, "Frédéric Nietzsche et Richard Wagner", in Journal des Débats, 23 novembre 1909, p. 1.

 

Anonyme, "Nietzsche et la Suisse", {Notes du jour}, in Journal de Genève, 23 novembre 1909, p. 1.

 

Anonyme, "Instantané. M. Daniel Halévy", {Echos}, in Le Figaro, 26 novembre 1909, p. 1.

Eléments biographiques sur Daniel Halévy et éloge de sa Vie de Frédéric Nietzsche qui lui vaut "les suffrages de tout le public éclairé".

 

SALOMON Michel, "La vie de Frédéric Nietzsche", in Journal de Genève, 29 novembre 1909, p. 1.

Compte-rendu de Daniel HalévyLa vie de Frédéric Nietzsche

 

GUERNUT Henri, "Le travail de Zarathoustra, par Daniel Halévy", in La Revue socialiste, tome 49, juillet-décembre 1909, p. 760.

Cinq lignes sur les circonstances tragiques dans lesquelles, selon Daniel Halévy, naquit l'ouvrage et sur la sensibilité aiguë de Nietzsche.

 

SEVERAC J. -B., "La Vie de Frédéric Nietzsche, par Daniel Halévy", {Revue des livres}, in Le mouvement socialiste, décembre 1909, p. 395-396.

Commence par postuler, Elisabeth Förster-Nietzsche et Henri Lichtenberger l'ont toujours affirmé : "S'il est toujours vrai que la vie d'un poète, d'un artiste ou d'un philosophe est le commentaire indispensable de son oeuvre, c'est tout particulièrement vrai quand il s'agit de Frédéric Nietzsche." (p. 395)

Continue en citant un passage de La philosophie de Nietzsche d'Henri Lichtenberger qui explique que celle-ci est "avant tout l'histoire de son âme." Séverac ajoute aussitôt : "Toute biographie de Nietzsche - à condition qu'elle soit exacte - nous aidera singulièrement à comprendre sa pensée. Mais elle sera d'autant plus précieuse qu'elle se donnera davantage comme un commentaire de l'oeuvre. Les détails extérieurs, les petits faits de la vie matérielle auront peu de prix. Les études, les amitiés, les actes, les milieux géographiques jetteront au contraire une lumière très vive." (p. 396)

Reconnaît que c'est la tâche que s'est fixé Daniel Halévy : "Il a voulu nous faire connaître le Nietzsche "intérieur". (...) Les recherches, les lectures, les voyages, les méditations nécessaires à l'accomplissement d'une telle tâche, on devine que M. Daniel Halévy les a tous faits. On sent qu'il connaît dans tous ses détails l'existence de Nietzsche. Mais toutes ces choses n'ont été pour lui que les matériaux bruts de l'oeuvre à réaliser." (p. 396)

Conclut en adressant à Halévy le plus beau des compliments et exprime explicitement ce que le livre représentera désormais en France: "Le résultat est que La Vie de Frédéric Nietzsche est un beau livre en même temps qu'un livre vrai. C'est par sa lecture qu'il faudra désormais commencer ou recommencer l'étude de la philosophie de Nietzsche, et, au cours de cette étude, c'est au livre de M. Daniel Halévy qu'il faudra recourir s'il advient que l'on se sente perdu." (p. 396)

 

MEUNIER Mario, {Les revues}, in Le Feu, 1er décembre 1909, p. 257-258.

Compte-rendu de l'article de Nicolas Ségur sur Nietzsche dans La Revue.

 

 

WYZEWA Teodor de, "La mère de Frédéric Nietzsche", in Le Gaulois, 4 décembre 1909, p. 4.

 

BOURDEAU Jean, "L'expérience sentimentale de Nietzsche" in Journal des Débats, 21 décembre 1909, p.1.

 

SAINT-GEORGES DE BOUHELIER, "L'Immoralisme et son Prophète", in L'Echo de Paris, 21 décembre 1909, p. 1.


Articles qui évoquent Nietzsche


PICAVET François, "Thomisme et philosophie médiévale (fin)", {Revue générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°1, janvier 1909, p. 57-68.

Signale des articles de la Revue néo-scolastique qui évoquent une "conspiration ourdie par un certain nombre de catholiques de France contre la philosophie scolastique" (p. 60) et cite : "(...) sous prétexte de rajeunissement, (...) la philosophie scolastique sera remplacée par l'étude autrement pratique de l'évolution progressive des idées philosophiques modernes, pendant toute la période qui s'étend de Bacon à Nietzsche." (p. 61)

 

CHARBONNEL Victor, "La renaissance du paganisme", in Akademos, tome 1, 15 janvier 1909, p. 26-33.

Recherche les causes de la renaissance du paganisme qu'il constate. Evoque le rôle du positivisme et de Renan et ajoute : "Enfin, la philosophie de Nietzsche a singulièrement contribué à systématiser les tendances que les oeuvres précédentes avaient flattées et entretenues ; elle a répandu, plus que toute autre, le mépris des morales anciennes." (p. 28) Constate que certains ont objecté à Nietzsche : "Admettons que vos prémisses soient justes et que vous ayez raison de faire table rase des morales anciennes! Ne comprenez-vous point que votre système n'est qu'un encouragement à l'orgueil des médiocres, autorisés par vous à se croire capables d'atteindre à l'idéal du surhomme?..." (p. 29) Remarque pour sa part : "A supposer que la lecture des écrits du philosophe allemand fasse naître chez quelques impuissants des illusions grandioses qui les mèneront aux déceptions les plus cruelles, faudra-t-il s'en plaindre à l'excès?... Tôt ou tard, mécaniquement, le triage s'opérera entre les dégénérés et les forts." (p. 29)

Loue Nietzsche "d'avoir sapé, en même temps que le morne pessimisme de Schopenhauer, la Raison pratique de Kant, ce docteur officiel de l'Eglise laïques, dont l'influence est encore prépondérante dans l'Enseignement où trop d'esprits, soi-disant affranchis de tout préjugé, adhèrent à cet étroit dogmatisme." (p. 30)

Considère qu'en somme, "ce qui importe, c'est bien moins d'assurer le pâturage au troupeau confus, que de mettre en lumière les fronts olympiens!" S'en félicite en remarquant : "Et seuls protesteront les utopistes pour qui la fraternité attendrie est un besoin et l'égalité absolue, un dogme! Seuls se récrieront ceux qui se plaisent à être éternellement dupes ou qui se sentent comprimés dans les lisières de leur incurable médiocrité!" (p. 31)

 

VANNOZ Léon, "Les aspirations de la jeunesse intellectuelle", in La Revue, 15 janvier 1909, p. 145-156.

Parmi les tendances nouvelles initiées par Bergson, constate que l'intelligence et la raison "ne sont pas le tout de l’homme, et qu’il est une autre connaissance, aussi légitime et fondée que celle qu’elles nous procurent. Par-delà le domaine des abstractions, il y a la vie profonde, la sensibilité, l’instinct, la volonté, qui se résolvent, par instants, en intuition. Schopenhauer, Nietzsche déjà nous avaient conduits dans cette voie, mais peut-être les études de M. Bergson, par leur finesse et leur documentation biologique, ont-elles singulièrement renforcé et précisé les aperçus de ses illustres devanciers." (p. 150)

Montre l'importance de ces nouvelles tendances dans de nombreux domaines (politique, social, moral, esthétique...)

 

GILLARD, "Les droits de l'enfant", in Le Volume, 16 janvier 1909, p. 218-220.

Dénonce l'hypocrisie du mariage. Approuve les vues de Nietzsche sur le mariage et l'enfant et cite Ainsi parlait Zarathoustra (p. 219).

 

RAPPOPORT Charles, "La Faillite morale de la Bourgeoisie", in Le Midi socialiste, 17 janvier 1909, p. 1.

Note: "De Bonald, Joseph de Maistre, et tout récemment, Nietzsche, le philosophe des hoberaux allemands et polonais, ont précédé M. Georges Soreî, dans les Réflexions sur la violence, prêchant le culte de la cruauté qui, dans la pratique, aboutit tout naturellement à la glorification de la bête humaine et du régime de l’exploitation de l’homme par l’homme."

 

DOUMIC René, "Le droit au bonheur", in Le Gaulois, 22 janvier 1909, p. 1.

Constate le succès de cette idée fausse: le droit au bonheur. Affirme qu'il n'est pas difficile de reconstituer la série des modes littéraires qui ont précédé et préparé ce dogme de la morale nouvelle. Tout remonte à une poussée d'individualisme vingt ans auparavant; puis Ibsen, puis Nietzsche.

"L'influence d'Ibsen était à la veille de s'épuiser quand elle fut reprise et renforcée par celle de Nietzsche. Entre ces deux penseurs, il n'y a, je le sais, que des différences. Mais, encore une fois, il se fait dans les cerveaux les amalgames les plus inattendus, et nous sommes habiles à tirer, même des doctrines les plus contradictoires, des matériaux pour édifier notre propre théorie. La théorie du "surhomme", interprétée d'une certaine façon, est si commode! Les obligations, les devoirs, tout ce qui rend la vie difficile, est bon pour le commun des mortels. Il faut une religion pour le peuple et il faut une morale pour les hommes ordinaires; l'homme supérieur en est dispensé. Cela est bien agréable à savoir! Il n'est alors que de choisir la meilleure part et de se ranger dans la bonne catégorie."

La théorie du droit au bonheur a tout envahi: essais, romans, théâtre. Remise en cause du mariage, féminisme: un vent de folie souffle sur la littérature européenne. "C'est un obscurcissement de la conscience universelle".

 

ARCHAMBAULT Paul, "Autour d'une doctrine", in Le Sillon, n°2, 25 janvier 1909, p. 77-80.

Dénonce les orientations agnostiques, amorales et achrétienne de l'Action française. Reproduit une lettre de Georges Valois (p. 78-79) qu'il avait accusé dans un article du 25 décembre 1908. Georges Valois se défend:

Votre collaborateur me paraît avoir été mal informé, ou avoir jugé après une lecture très superficielle et incomplète à coup sûr, car il me paraît impossible de dire d'un ouvrage qui est un développement, dont l'esprit du dernier chapitre s'oppose en quelque sorte à l'esprit du premier, qui part de la barbarie, de l'absence de foi et de loi pour aboutir à l'extrême civilisation et au Christ, il est impossible, me semble-t-il, de dire de cet ouvrage qu'il est directement inspiré de Nietzche. Le vrai est que je suis parti du point Nietzche, ou plutôt de l'état où, débarrassé par lui des « nuées », je cherchais une voie. J'ai très précisément expliqué cela dans l'Introduction de l'Homme qui vient : « Je dois à Nietzche ma libération », ai-je écrit (p. 8), et j'ai ajouté : « Ces étrangers, en somme, ne nous suffisent pas : avec eux, nous pratiquons le culte de la Force, mais nous autres, Français, nous entendons pratiquer, lorsque nous équilibrons notre esprit, un culte plus parfait : celui de l'ordre. Ce n'est pas Nietzche qui nous l'enseigne » (p. 11). La conclusion de cette introduction est d'ailleurs parfaitement étrangère à l'esprit nietzchéen : « travailler et prier : toute la dignité de l homme est là et toute sa grandeur. Et tout devoir humain, toute nécessité humaine se résume essentiellement en ces deux mots..."

Argumente un peu mais Paul Archambault persiste.

 

GAULTIER Jules de, "Les deux erreurs de la métaphysique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°2, février 1909, p. 113-141.

Expose la théorie de la connaissance de Kant en renvoyant à un de ses propres ouvrages sur Nietzsche. (p. 128)

 

RZEWUSKI Stanislas, "La Criminelle", in Le Gaulois, 3 février 1909, p. 3.

Roman. L'héroïne, la comtesse Rostoff "était bien une de ces reines de beauté et d'orgueil dont le monde d'aujourd'hui acclame la souveraineté, un de ces êtres néfastes, charmants et redoutables qui ne connaissent point d'autre loi que celle de leur volonté et de leur orgueil, qui ne pardonneraient pas une injure, mais eux-mêmes une fois terrassés ou vaincus par le sort, n'acceptent pas de pardon.

Le dur, l'implacable Nietzsche, le philosophe à la mode des temps présents, l'ennemi des faibles, le panégyriste de la violence et de la force était son maître et son guide dans la vie".

 

CASE Jules, "Les doigts de fée", in Gil Blas, 4 février 1909, p. 1.

A propos d'un roman de Marcel Boulenger et d'un personnage "nietzschéen", note: "On ne s'étonnera pas de voir surgir dans ce roman la grosse moustache et les yeux flamboyants de Frédéric Nietzche. Il est l'invité de rigueur de tout écrit moderne. On peut même dire qu'on se l'arrache. Car il a assez de complaisances ou du moins un évangile suffisamment sibyllique pour permettre aux uns et aux autres, fussent-ils d'irréductibles ennemis, de se recommander, à raisons égales, de son entraînante parole.

Notre orfèvre, par exemple, qui, sauf erreur, a tous les caractères du bijoutier de la Reine, peut l'invoquer en toute sécurité. Mais ses

adversaires, les croquants de la République, prêts à saccager toutes les beautés pour arriver, parlent, eux aussi, la langue de Zarahoustra."

 

DRUMONT Edouard, "L'Ex-Abbé Loisy au Collège de France", in La Libre parole, 20 février 1909, p. 1.

Cite un article de J. Sortel dans Le Progrès de Salonique: "Le surhomme de Nietzsche est juif. Ce fou génial, qui transcrivit les prophéties de Zarathustra, était Juif par sa mère. Sa table des valeurs transvaluée est un code du parfait anarchiste. Marx et Lassalle, ce sont des Juifs. Si la Société chancelle sur ses bases, c'est que ces apôtres, ces nabis modernes l'ont ébranlée avec le souffle puissant de leur verbe régénérateur.

Flavien Brenier réagit à cet article dans La Bastille, le 27 février 1909.

 

BRENIER Flavien, "Les Juifs et la Réforme", in La Bastille: journal antimaçonnique, 27 février 1909, p. 3-4.

Réagit à l'article d'Edouard Drumont dans La Libre parole du 20 février 1909. Cite à son tour un article de J. Sortel dans Le Progrès de Salonique: "Le surhomme de Nietzsche est juif. Ce fou génial, qui transcrivit les prophéties de Zarathustra, était Juif par sa mère. Sa table des valeurs transvaluée est un code du parfait anarchiste. Marx et Lassalle, ce sont des Juifs. Si la Société chancelle sur ses bases, c'est que ces apôtres, ces nabis modernes l'ont ébranlée avec le souffle puissant de leur verbe régénérateur."

 

Anonyme, "Les suicides dans la jeunesse", in La Croix, 27 février 1909, p. 4.

Détaille les résultats d'une enquête sur le suicide de jeunes en Suisse. Parmi les causes: "des lectures démoralisantes (Nietzsche, Zola, Schopenhauer)".

 

BALDENSPERGER Fernand, "Le procès de l'individualisme", in Mercure de France, 1er mars 1909, p. 24-39.

Note: "Bien des indices, à l'heure présente, se rencontrent et se renforcent pour annoncer, dans divers domaines, un phénomène dont on pouvait désespérer il y a quelques années: le retour d'attention, au moins théorique" à l'individualisme.

Remarque le rôle de Nietzsche dans ce retour: "Il est possible que la diffusion des idées de  Nietzsche soit pour quelque chose dans cette résistance opposée par l'individualisme aux excès des doctrines communautaires; et on doit savoir gré à ses traducteurs et à ses exégètes français d'avoir fortifié cette citadelle aristocratique. Cependant, il fallait que la divulgation du nietzschéisme perdît sa roideur agressive et émoussat sa pointe pour que le bénéfice en fût assuré: le tumulte dionysiaque a dû au préalable se calmer, et l'on s'est

convaincu, en somme, que le surhomme ne viendrait jamais." (p. 24-25)

Suppose aussi l'influence de Tolstoï et l'insuffisance des morales uniquement altruistes.

 

CHIAPELLI Alessandro, "Naturalisme, humanisme et philosophie des valeurs", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°3, mars 1909, p. 225-255.

Constate que le pragmatisme, qui "tire sa force de la critique du naturalisme",  "enlève aussi tout crédit à ce qui fait le fond de la culture moderne, à la recherche scientifique (...)." (p. 239-240)

Compare : "De même que Nietzsche a renversé le tableau des valeurs morales, le pragmatisme retourne le système des valeurs de la connaissance en substituant au concept, qui devient pour lui un pur expédient, l'intuition, de façon à aboutir à un radicalisme empirique." (p. 240)

 

WEBER Louis, " La morale d'Epictète et les besoins présents de l'enseignement moral ", in Revue de métaphysique et de morale, tome 17, n°2, mars 1909, p. 203-236.

En matière éducative, désire qu'on insiste sur le contraste entre le moral et l'immoral, le bien et le mal et déplore : "(...) on saute volontiers, chez nous, d'une exagération à l'autre : les petits-fils de nos égalitaires de 1848 s'engouent de l'idéal hyper-aristocratique de Nietzsche. L'Uebermensch est à la mode. Ce n'est certes pas sur cet idéal extravagant, imagination d'un paralytique au début de sa maladie, que se modèlera la réalité éthique de demain. Il n'exprime pas moins cependant, sous une forme boursouflée et quasi caricaturale, le besoin ressenti par la société contemporaine d'hommes choisis, spécialement entraînés, qui ne reflètent pas seulement les idéaux ordinaires, dépréciés parce qu'ils sont tombés dans le domaine des médiocres, mais qui donnent l'exemple d'une action morale supérieure au niveau moyen." (p. 216)

 

BOUGLE Célestin, "Opinions. A la CGT", in La Dépêche, 3 mars 1909, p. 1.

S'interroge sur les orientations de la CGT. Note que les aphorismes de Nietzsche et les métaphores de Bergson ont servi à construire un syndicalisme antidémocratique.

 

MARNI J., "Souffrir", in Le Journal, 18 mars 1909, p. 2.

Roman. Un jeune homme soutient "à la Sorbonne, dans l'amphithéâtre Descartes, une thèse latine et une thèse française: Les Sources françaises de la philosophie de Nietzsche."

En volume: Juven félix, 1909, in12.

 

RESCLAUZE DE BERMON MmeLe lien, in L'Eclair, 18 mars 1909, p. 2.

Roman inédit. Met en scène une femme insensible: "Avant de rentrer chez elle, Mme Bresle s'arrêta au Louvre pour quelques emplètes. Comme elle remontait en voiture, une enfant en haillons, le visage bleui sous une capeline dont l’usure avait ajouré les mailles, lui tendit des épingles plantées dans un papier rose. Elle passa, indifférente, mettant sans pitié entre elle et la petite main tuméfiée qui l'implorait, la portière qu’elle referma d’un coup sec.

Et cette femme qui, pelotonnée dans ses fourrures, les pieds sur la bouillotte, fixait d’un regard insensible les plus pitoyables misères, avait la prétention d'être philanthrope. Rêvant avec Nietzsche d’une liberté qui ramènerait l’homme à l’état de nature, elle éprouvait pour l’humanité en général cette pitié vague qui flotte dans les romans de Tolstoï." Elle est d'un esprit "calculateur et froid, nourrie de lectures subversives, avec le goût dangereux du paradoxe et le besoin d'étonner son prochain".

Evocations de Nietzsche dans la suite du roman, cf. L'Eclair du 20 mars et du 27 mars 1909.

 

Collectif, "Adhésions et objections", in Poesia, vol. 5, n°6, avril 1909, p. 5-11.

Réactions au Manifeste du futurisme (publié dans Le Figaro le 20 février 1909) et à une interview de Marinetti: "Les victoires du futurisme". Réaction d'André Ibels (p. 6-7) qui conclut ainsi:

"Vivent les Vivants ! Tuons les Morts ! Vinci, le Tasse, Corneille, Dante, ne sont que des souvenirs.., mais des souvenirs qui nous forcent à piétiner sur place. En verité qu'on délaisse leurs oeuvres !... Chaque époque ne doit avoir que ses artistes, et ceux-ci, vieillis, doivent disparaìtre sitòt que se lève une aube nouvelle. Que m'importe de vivre demain dans la mémoire des hommes?... C'est le soleil radieux d'aujourd'hui que je désire et que je veux de toutes les forces de mon corps et de mon esprit assez émancipé pour savoir que le geste seul affirme la vie — et l'affranchit ! Les imbéciles ne manqueront point de dire que c'est là du Nietzschisme, comme si, avant Nietzsche, l'homme n'avaint pas osé penser et agir! Mais hélas... tout cela n'est, et ne sera encore pendant longtemps, que de la littérature !..." (p. 7)

 

LE DIABLE BOITEUX, "La bonne bibliothèque", in Gil Blas, 3 avril 1909, p. 1.

Signale une enquête réalisée par une revue franco-italienne (Coenobium) pour déterminer les "quarante vrais immortels, les quarante écrivains dont un "libre cénobite" composerait sa bibliothèque". Dante est premier; Nietzsche arrive en 23ème position.

  

VONTADE Jacques, "La Lueur sur la cime", in La République française, 4 avril 1909, p. 2.

Les personnages discutent des idées de Nietzsche.

 

BOUGLE Célestin, " Syndicalistes et bergsoniens", in Revue du mois, tome 7, 10 avril 1909, p. 403-416.

Constate que les théoriciens du syndicalisme révolutionnaire ne sont pas issus de la classe ouvrière mais qu'il s'agit d'intellectuels, des "évadés de la classe ennemie" (p. 404) qui "portent, à des degrés divers, les marques d'une forte culture, ou scientifique, ou littéraire. Ils ne peuvent se retenir de citer, dans leurs savants commentaires de la pensée syndicaliste, non seulement du Marx ou du Proudhon, - cela va de soi, - mais du Nietzsche, du Hegel, et par dessus tout du Bergson." (p. 405)

 

Anonyme, "Le Bottin des lettres", in L'Intransigeant, 11 avril 1909, p. 2.

Anecdote: "B..., qui est mort récemment, était un éditeur confiant, mais peu lettré. Un jour que nous regardions les livres nouveaux à  un étalage, me désignant un ouvrage, paru à une librairie célèbre par son intransigeance littéraire :

—« Hein ! ces esthètes, ils ont capitulé, les voilà qui éditent de la physique amusante!

C’était la Gaya Scienza (la Gaie Science) de Frédéric Nietzsche!"

 

LICHTENBERGER Henri, "Malwida de Meysenbug. - Le Soir de ma Vie", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome I, n°4, 15 avril 1909, p. 369.

Souligne que les "souvenirs historiques ne sont pas la partie la moins intéressante du volume" et énumère : "Mlle de Meysenbug avait des amis dans toute nation et de tout parti : Wagner, Nietzsche, Liszt, M. et Mme Minghetti, Alex. Warsberg, Romain Rolland, M. de Bülow, etc."

 

ALBERT Henri, "G. Ouckama Knoop : Aus den Papieren des Freiherrn von Skarpl", {Lettres allemandes}, in Mercure de France, tome 78, n°284, 16 avril 1909, p. 732-733.

Au sujet de certains propos du héros, le baron Skarpl, remarque : "Involontairement, ces boutades nous font penser aux sentences de Zarathoustra. Mais l'auteur semble avoir deviné les rapprochements que l'on ne manquera pas de faire et il s'en est expliqué en faisant dire à Skarpl que Nietzsche "n'est pas son prophète". Il trouve chez lui trop de théologie. Ses propos sont ceux d'un prédicateur tombé dans la démence. Il ne parle pas comme un fils des dieux qui a grandi en liberté.  Chez le demi-aristocrate Nietzsche, Skarpl croit deviner l'homme qui n'a jamais joui d'une parfaite santé sexuelle." (p. 733)

 

L.L., "Choses et autres", in L'Univers israélite, 23 avril 1909, p. 178-181.

Citation: "Antisémite est un nom pour les ratés" (Nietzsche)" (p. 179)

 

LALO Charles, "Beauté naturelle et beauté artistique", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 67, n°5, mai 1909, p. 480-518.

Constate que même dans "les arts imitatifs, comme a peinture et le plus souvent la littérature, l'imitation est loin d'être absolue" sans quoi l'art "cesserait aussitôt d'être lui-même" et cite une phrase de Nietzsche : "Avec la nature sans style aucun, dit Nietzsche, l'art n'a rien à faire". (p. 495)

 

LECOQ Jean, "L'Education pessimiste", {Propos d'actualité}, in Le Petit journal, 28 mai 1909, p. 1.

A propos du suicide d'un jeune garçon de quatorze ans, s'indigne des lectures pessimistes (Nietzsche, Schopenhauer...) que ses maîtres et ses parents ont autorisées.

 

COULON Marcel, "La complexité de Remy de Gourmont", in Mercure de France, 1er juin 1909, p. 385-416.

Souligne les affinités de Remy de Gourmont avec Nietzsche.

 

LABERTHONNIERE L., "Une alliance avec L'Action française. Réponse à M. Pedro Descoqs", in Annales de philosophie chrétienne, t. 10, juin 1909, p. 277-345.

Réponse à un article de Pedro Descoqs. Persiste à dénoncer l'influence de Nietzsche sur les orientations de membres de L'action française.

 

CANUDO Ricciotto, "Le théâtre", in La Phalange, 20 juin 1909, p. 150-158.

A propos de la pièce d'Henri-René LenormandLes possédés, jouée au Théâtre des Arts (p. 154-158).

Juge: "navrant". Et: "Zarathoustra aurait souri longuement devant la pièce de M. Lenormand, mais le sachant jeune, et en art au moins peu expérimenté, il serait allé avec bonté lui donner des conseils : celui-ci surtout que Nietzsche a noté de sa main : « Près des fleurs, des herbes et des papillons il faut savoir s'abaisser à la hauteur d'un enfant qui les dépasse à peine... Celui qui veut prendre part à toute les bonnes choses doit aussi s'attendre à avoir des heures où il est petit ». Et il lui aurait rappelé aussi peut-être qu'un « génie » ne sort pas tout armé du cerveau de son père, mais qu'il n'est au contraire que la résultante d'une longue formation, martelée par tous les coups, mentaux, moraux, sentimentaux de la vie hostile."(p. 157)

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. Science et philosophie", in La Phalange, 20 juin 1909, p. 159-177.

Suite le 20 juillet et le 20 août, fin le 20 septembre 1909.

Commence: "Malgré les différences personnelles de tempérament, de génie, d'habitudes, les penseurs les plus en vue d'une

période intellectuelle semblent être entraînés, quelquefois malgré eux, par un même courant, vers une même direction. (...), la tendance générale du siècle dernier, particulièrement en France, a été marquée avec tant de netteté qu'il n'est pas difficile de la caractériser": "démontrer  l'impossibilité radicale de toute philosophie sérieuse".

Insiste: "Je me suis, après tant d'autres, laissé entraîner à défendre la philosophie. C'est qu'elle fut tant attaquée dans ces dernières années !" Nietzsche a "maltraité la philosophie" (p. 161) et les "philosophes de vocation ou de profession ne l'ont guère ménagée, eux non plus. La plupart ne songent plus à édifier, mais à détruire ; les grandes constructions métaphysiques du début du siècle, celles de Hegel, par exemple, sont considérées plutôt froidement. Comme les Ribot, les Janet, les Binet, on aspire surtout à faire de la philosophie une partie des sciences d'observation, d'expérimentation, d'analyse.

Bilan: "(...) tandis que les uns nient toute philosophie non expérimentale ; que les autres, suivant la même idée, appliquent à des observations leurs facultés généralisatrices, un troisième groupe, celui des ratiocineurs, s'efforce, selon l'expression de M. Rageot, « de replâtrer le Kantisme selon la marche de la science » ou d'adapter le positivisme à un certain idéalisme qui lui ressemble comme un frère cadet.

Observe: "De Fichte à Schelling, de Schelling à Hegel, puis, indirectement, à Schopenhauer et à Nietzsche, la négation du monde est allée s'affirmant, et ses adeptes sont toujours plus certains de la vérité de leur erreur" (p. 165)

Montre les similitudes entre Nietzsche et Haeckel (p. 168) et Nietzsche et Henri Poincaré (p. 169) quant à la "valeur" de la vérité. Cf. Poincaré, La Valeur de la science et La science et l'hypothèse.

  

DAUDET Léon, "Les Poisons de l'adolescence", in L'Action française, 6 juin 1909, p. 1.

Part d'un fait divers, un lycéen qui s'est suicidé, qu'il attribue l'influence démoralisante de la philosophie allemande en France. En 1884 déjà et note: "Nietzsche n'existait pas encore en tant que fétiche de pensée. Pour la bonne raison qu'il promenait alors son début

de paralysie générale et le plan de la quatrième partie de son satané Zarathoustra autour des lacs de l'Engadine. Mais nous avions pour le remplacer Hartmann et la Philosophie de l'lnconscient. On jouait à se désespérer avec ce fameux inconscient, mer sombre, froide et sans rivages où l'on peut pêcher toute espèce de poissons, à la manière de Monaco-Roulette, et piquer une tête quand on en a décidément assez du monde des apparences et du poids du Fatum. J'ai gardé mes cahiers d'alors. Quand j'en ouvre un, par hasard, je retrouve cette odeur de désenchantement, de cave humide, qui émane de ces diables d'hyper-criticistes. Les misérables ont-ils assez tirebouchonné les cerveaux de ceux que mon père appelait: les petits de la Défaite!"

 

SERNADA Fernand, "La Féministe", in Gil Blas, 24 juin 1909, p. 1.

Moqueries contre la féministe, avec par exemple: "Elle a lu Karl Marx, Schopenhauer et Nietzsche, ce qui ne l'a point empêchée de vibrer à des strophes de Musset et de se sentir délicieusement triste  aux mélodies de Schumann"

Finit: "Son but, c'est le grand soir féminin, l'heure sublime de l'affranchissement et des jougs brisés ; elle l'espère, elle l'attend et quand tout sera prêt pour la lutte dernière, si la révolution n'éclate pas alors, c'est qu'une couturière n'aura pas à temps livré sa robe, ou qu'elle aura, ce soir-là, par inadvertance, oublié sa boîte de poudre de riz ou son bâton de rouge".

 

BORDIER Paul, "Sealsfield, ses idées, ses sources", in Revue germanique, t. V, juillet 1909, p. 369-421.

Voit en Sealsfield un "précurseur naturel de Nietzsche" (p. 418-420).

  

VALTOUR G. M., "Pensées", in Le Travail de la femme et de la jeune fille, n°36, juillet 1909, p. 233.

"Ce pauvre fou de Nietzsche retardait, il nous a donné le « surhomme », aujourd’hui c’est la « surfemme » qu'il nous faut."

G. M. Valtour est le pseudonyme de Louis-Gustave Vapereau et de son gendre Maurice Tourneux.

 

ARREAT Lucien, "Ludwig Stein. - Philosophische Strömungen der Gegenwart", {I. Philosophie générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°7, juillet 1909, p. 76-78.

Précise la structure de l'ouvrage de Louis Stein et signale qu'il contient un chapitre "individualisme" qui parle de Stirner et de Nietzsche "auxquels on pourrait opposer la sentence de Comte : "L'individu est une fiction comme l'atome"." (p. 77)

 

MONTFORT Eugène de, "Mélanges. A propos de Walt Whitman", in Les Marges, 4, juillet 1909, p. 6-11.

Remarque : "La traduction de Bazalgette nous paraît venir à point. On est préparé ici à goûter la voix de Walt Whitman. Ce poète de l'énergie, de la force, de la santé continuera chez nous l'oeuvre de Nietzche." (p. 9-10) Met en évidence les points communs mais aussi les différences : "(...) s'ils chantent tous les deux la force, l'un en ferait sans doute un plus mauvais usage que l'autre." (p. 10)

 

JAURES Jean, "Mouvement social", {La politique}, in Le Midi socialiste, 12 juillet 1909, p. 1.

Au temps de l'Affaire, les "les savants, les artistes, les philosophes se promettaient de mettre la force de la vérité et de la beauté au service d’une idée nouvelle, d’un monde nouveau. Tout ce mouvement s’est arrêté et dispersé". Emile Zola est mort, Anatole France est retourné à une sorte de désenchantement, Romain Rolland ne connait rien au socialisme...

Constate "que la pensée nationale est coupée en deux, et que la part de pensée qui s’exprime par les formes de l’art ne comprend plus ou presque plus la part de pensée qui se traduit par l’action politique et sociale. Les romanciers, Marcel Prévost, Mme Daniel Lesueur, semblent s’appliquer surtout à être maintenant les conseillers, les éducateurs de la bourgeoisie.

Développe: "Mme Lesueur, qui dans un roman précédent avait tenté une application assez aventureuse des théories de Nietzsche et exalté l’énergie individuelle, réclame maintenant pour la classe bougeoise le droit à la vigoureuse action collective, « le droit à la force ». (...) Soit ; mais il ne suffit pas d’avoir la force et d’être résolu à l’exercer. Encore faut-il que ce soit au nom d’une idée".

Analyse: "Mme Daniel Lesueur hésite à aller jusqu’au bout de ses thèses. Dans « Le Droit à la force », Clément Fontes, qui doit être le représentant de la noble et dure doctrine nietzschéenne et régénérer par des initiatives d’énergie farouche la mollesse bourgeoise, n’ose pas cependant frapper son père, coupable des plus lâches méfaits. Et il laisse à un alcoolique, à un dégénéré, le soin d’éliminer l'individu malfaisant."

Conclut: "Non, les courants de pensée qui iront contre le socialisme n'aboutiront pas ; ils se perdront dans le sable. Mais à quoi tient le divorce de forces qui, au temps de l'Affaire, avaient paru se rapprocher et s’unir ? Pour une part, au besoin factice de changement des artistes qui, quand ils ont épuisé l'émotion d’une idée passent à une autre ; pour une part aussi à la médiocrité de l'action politique et sociale qui se traîne depuis quelques années. Dans cet ordre aussi, les défaillances du gouvernement radical ont fait œuvre de dissociation, de dïssolution."

 

LICHTENBERGER Henri, "Maurice Muret. - La littérature allemande aujourd'hui", {Littérature allemande}, in Revue universitaire, tome II, n°7, 15 juillet 1909, p. 149-151.

Constate que Maurice Muret "a l'impression  que la renaissance économique dont le nouvel Empire est le théâtre ne va pas de pair avec un renouveau littéraire et artistique" (p. 150) et acquiesce. Remarque : "Il a trop de souci de l'équité et de la mesure pour reprendre à son compte les véhémentes invectives de Nietzsche contre la culture allemande et proclamer avec lui que "la puissance abêtit" ou que "l'Allemagne est le grand pays plat d'Europe"." (p. 150) Reconnaît, comme Muret, qu'aucun penseur de l'Allemagne d'aujourd'hui n'approche de Nietzsche.

 

PELLISSIER Georges, "Les derniers romans français", in La Revue, 15 juillet 1909, p. 256-260.

A propos de Marcel PrévostPierre et Thérèse, note: "Son livre est une protestation contre ce faux nietzschéisme en vertu duquel le fort se met au-dessus de la morale « bourgeoise » : ridicule encore plus qu’odieux lorsqu’il est prôné, comme à l’ordinaire, par de bien petits hommes, les véritables surhommes qui l’ont mis en pratique ne sauraient le justifier, quelque bien qu’ils aient pu faire, — mais la plupart ont d’ailleurs fait beaucoup plus de mal que de bien, — il faut maintenir contre eux ce principe imprescriptible, que la force, même quand elle veut se rendre utile, ne crée aucun droit contre le droit." (p. 259)

 

RZEWUSKI Stanislas, "La grande Beauté", in Le Siècle, 17 juillet 1909, p. 1.

Roman. 

"—Lanfrey est un des rarissimes décavés parisiens qui soient parvenus à refaire une existence nouvelle. Les autres, après leurs folies de jeunesse, finissent lamentablement, comme moi, par exemple, sans nulle vanité, inutiles et aigris, s'ennuyant à mourir dans quelque petite ville de province. Lui, a trouvé moyen de gagner plusieurs millions après sa débâcle, je ne sais où, en Amérique... ou en Australie, dans je ne sais quelles spéculalions... oh ! il est très intelligent, très instruit, il est très fort! Impossible de le nier!

— C'est fantastique ! dit Césarine.

— Oui, mais c'est comme ça, continua le vicomte ; personne ne pensait plus à lui dans le pays... Dix ans de vagabondage et d'exil... Puis, tout à coup, le voilà qui revient riche, indépendant, se moquant de tout le monde.

— Achille te l'a dit, ajouta Fabienne, il acheta sans marchander le manoir et la terre d'IIauteville.

— Oui, et il y vit dans la retraite et le bien-être, comme un coq en pâte, il se repose des orages d'autrefois.

—Ah ! c'est un veinard !

—Sans doute, insistait Fabienne, mais c'est aussi un homme si pervers, si dangereux ! Il vous débite des choses à faire frémir, des théories que la police ne devrait pas permettre !

Césarine ne put s'empêcher de sourire, elle n'en avait pourtant guère envie.

— La police ? Ah ! ma pauvre Fabienne !... Celle-ci continuait toutefois ses récriminations.

— Tu ne l'as pas vu depuis dix ans, tu ne peux pas savoir ! C'est un homme qui ne respecte plus rien, ni la morale, ni les lois, ni les convenances mondaines ! rien !

— Oh ! Je connais ses théories d'anarchiste lettré, répondait Césarine d'un ton ennuyé. Tout cela est bien en fantin, bien démodé, bien inoffénsif !— Ah ! tu trouves ? Et bien nous, en province, nous estimons que c'est un révolutionnaire dangereux ! Très intelligent, très lettré, tout ce que tu voudras, mais dangereux au possible !

— Ne dites donc pas de bêtises, ma petite Fabienne!

—Comment ! Les idées de M. Lanfrey ? Mais c'est le scandale du pays !' Tiens ! Il y a trois mois à peine,- au bal du sous-préfet, on en parlait encore avec indignation ! Et insolent avec ça, et orgueilleux ! II ne fréquente personne !

— Oui, c'esï un individu bien antipathique, ajouta M. de Parpacé. Mais le monde est si bête ! On en a fait une espèce de personnage fatal, un héros de roman. Alors, tout de suite, cela lui donne du prestige... Les femmes en raffolent !

— Décidément, je vois que vous ne l'aimez guère, ce pauvre Lanfrey !

— En province, chère amie, nous détestons les poseurs. Or, ce monsieur, évidemment, veut épater le monde avec ses théories, mais cela ne prend plus !

— Vous disiez le contraire à l'instant même, riposta Césanne un peu agacée.

— Auprès des  imbéciles, je ne dis pas. Tenez, un académicien de Caen l'a surnommé le surhomme. Eh bien, les gens du pays répètent ça sans comprendre. Il parait que c'est une allusion à je ne sais quel bouquin subversif d'un philosophe allemand, un nommé Nietzsche... Dire que nous serons toujours envahis par l'étranger !... Nietzsche, vous devez connaître ça, Césarine, vous qui lisez tant de choses ?

— Oui,mon cher Achille, je connais ça, répondit la belle madame Duparc sans daigner mettre la moindre ironie dans sa réponse. Oui, j'ai même lu autrefois les œuvres de ce grand et agaçant écrivain allemand, ce qui ne m'empêche pas d'être une aussi bonne Française que les femmes du monde de votre sous-préfecture.

— Oh ! Je n'en doute pas ! Seulement, si les idées de ce M. Nietzsche sont celles de Jacques Lanfrey, je ne lui en fais pas mon compliment ! Le surhomme ! Quelle ineptie ! De mon temps, les gens de cette espèce s'appelaient des démagogues, des anarchistes. Au moins , on comprenait tout de suite !

(...)"

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle. L'évolution et la psychologie comparée", in La Phalange, 20 juillet 1909, p. 235-250.

Suite de l'article publié le 20 juin 1909; suite le 20 août et fin le 20 septembre 1909.

Sur le "dieu Hasard de Nietzsche" (p. 242) et sur les similitudes entre le Dr. Janet et Nietzsche (p.  248).

 

BONNAUD Dominique, "Faits divers... et d'été", in Annales politiques et littéraires, 25 juillet 1909, p. 81-86.

Voir Traces orales/Théâtre/Dominique Bonnaud.

 

RZEWUSKI Stanislas, "Detlev de Liliencron", {La vie littéraire à l'étranger}, in Le Figaro, 31 juillet 1909, p. 3.

"Pour tout dire en un mot, Liliencron a défendu avec éclat, dans la poésie allemande, les idées de Nietzsche, le grand, sublime et

décevant apologiste de la volonté de puissance. La doctrine du surhomme qui fut à la mode chez nous il y a quelques années et

qui commence, fort heureusement, à paraître singulièrement inefficace et vide au point de vue philosophique ce qu'elle a toujours

été, d'ailleurs, cette doctrine antisociale et dont tout le génie littéraire de Nietzche ne parvient plus à dissimuler l'insuffisance, n'a

point trouvé, jusqu'à présent, d'adeptes mieux doués ni plus célèbres que le poète auquel nous consacrons cet article et ce fut là, peut-

être, une des raisons de sa popularité".

 

PAWLOWSKI Gaston de, "Cueillez, si m'en croyez...", in Comoedia, 31 juillet 1909, p. 1.

 Il faut vivre avec son temps, se faire une philosophie, ne pas s'embarrasser de lourds préjugés et de vains scrupules, accomplir honnêtement son petit bonhomme de chemin, cueillir l'heure présente, être indulgent pour autrui, pas trop sévère pour soi, se cuirasser d'indifférence, lire de beaux livres, aimer de belles filles, vivre pour une belle idée, fut-elle une chimère, et, comme Figaro, se hâter de rire de tout.

Ainsi comprise, la vie, en dépit de ce que prétendent ceux qui souffrent de Nietzsche et de l'estomac, vaut tout de même d'être vécue et d'être aimée."

 

OLIVETTI A. O., "Action directe et médiation", in Le Mouvement Socialiste, juillet-août 1909, p. 26-38.

Utilise les idées de Nietzsche sur la Grèce antique pour faire l'éloge de l'action directe du prolétariat.

 

SAINT-YVES Jean, "La lumière perdue", in La Patrie, 15 août 1909, p. 4.

Roman. Idées de Nietzsche dans la discussion.

Aussi dans les feuilletons suivants: 16 août...

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite) Les mystiques modernes", in La Phalange, 20 août 1909, p. 375-383.

Fait suite aux articles du 20 juin et du 20 juillet 1909; fin le 20 septembre.

S'intéresse au point de vue moral et note: "de cette conception d'activité, de force, dominante dans les penseurs contemporains des écoles les plus diverses ; de ce désir, même morbide, de s'assujettir les entités que certains soupçonnent sous la matière et au

centre des phénomènes physiques ; de cette tendance à prendre possession d'un domaine dont la science a tant reculé les limites ; de tout cela doit surgir une morale plus hautaine, plus vigoureuse et plus active, proche parente de la morale des maîtres, comme dit Nietzsche." (p. 379)

Analyse, Guyau puis Nietzsche (p. 379-381). Sur Nietzsche, conclut: "Dans les époques de grande force et d'activité forcenée, les grandes natures se sont souvent imposées au monde par des égoïsmes débordants, créateurs de grandes choses, mais dont les heurts étaient terribles : leur immoralité était la morale de Nietzsche de « Par delà le bien et le mal ». Quelques auteurs, renchérissant sur cette idée, ont proclamé l'immoralité ou l'amoralité de l'avenir : je ne crois pas qu'il faille s'y arrêter longtemps." (p. 381)

 

VALIN Pierre, "L'évolution de la philosophie du 19e au 20e siècle (Suite et fin)", in La Phalange, 20 septembre 1909, p. 385-404.

Voir les articles du 20 juin, 20 juillet et 20 août 1909.

Conclut qu'on peut "dire que la période ouverte par les travaux du 19e siècle qui ont élargi le domaine de l'esprit sera une

période d'activité spirituelle intense et, peut-être, sans précédent. Une énergie plus grande circulera parmi l'humanité. (...) Quels seront, dans cette période nouvelle, les porte-paroles de la philosophie ? Je ne me charge pas de le deviner. Cependant, je crois utile de citer ceux qui, en France, dans le moment présent, peuvent, à mon sens, être considérés comme les représentants les plus remarquables de la pensée moderne ; je veux dire : MM. Poincaré, Le Bon, Bergson, et Warrain, les trois premiers pourvus de toutes les estampilles officielles nécessaires pour parvenir à la célébrité, le dernier, penseur solitaire, mais non moins remarquable.

M. Poincaré est proclamé le plus grand mathématicien vivant ; il est membre de l'Académie des Sciences, membre de l'Académie Française, professeur de mécanique céleste."

Finalement: "Il n'est donc point de vérité absolue et M. Poincaré serait un suivant de Nietzsche ? La science, comme la philosophie, n'a qu'une valeur, celle de sa commodité et de la richesse de ses applications ; mais, dit à peu près le savant mathématicien, la science pratique n'a d'autre valeur que de nous mettre à même de penser plus librement. « La seule réalité objective, dit-il, ce sont les rapports des choses d'où résulte l'harmonie universelle. Ils ne sauraient être conçus en dehors d'un esprit qui les conçoit» mais ils «sont objectifs parce qu'ils sont, deviendront ou resteront communs à tous les êtres pensants ».

 

SEILLIERE Ernest, "Les cinq générations du romantisme", in Journal des Débats politiques et littéraires, 15 septembre 1909, p. 1.

Note: "Après les désillusions de 1848, l'Allemagne inaugure une nouvelle période morale en prêtant l'oreille aux leçons, longtemps dédaignées, de Schopenhauer, qui devient le philosophe de la quatrième génération romantique. Le jeune Nietzsche et ses amis sont tout surpris de reconnaître dans la doctrine de ce maître vénéré de leur adolescence une sorte de « cristallisation » des doctrines du romantisme allemand qu'il a su débarrasser pourtant de ses « impuretés cléricales ». Nietzsche sera donc lui aussi un pur romantique pendant la première et la dernière période de sa vie, mais il parviendra très tard à la notoriété et, avant lui le plus influent des guides de la jeunesse, c'est Richard Wagner."

  

DUGAS L., "A. Leclère. - L'éducation morale rationnelle", {II. Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°10, octobre 1909, p. 417-423.

Note qu'Alain Leclère est favorable à l'enseignement moral sous la forme philosophique, au moins pour "prévenir ou enrayer la mauvaise philosophie, qui germe spontanément dans les esprits ou qui se forme, comme elle peut, au hasard des lectures." (p. 420) Remarque qu'il ne faut pas craindre "la liberté philosophique, comme si elle devait toujours engendrer et ne pouvait engendrer que le scepticisme moral d'un Nietzsche ou d'un Hobbes." (p. 421)

 

PALANTE Georges, "Fr. Paulhan. - La morale de l'ironie", {II. Morale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°10, octobre 1909, p. 414-417.

Au sujet du second chapitre du livre de Fr. Paulhan, consacré au Rôle de la morale, remarque : "La morale intervient pour réconcilier les adversaires ou plutôt pour faire céder le moi individuel devant le moi social. On peut prévoir que cette pauvre morale aura fort à faire et qu'elle sera battue plus d'une fois. Du moins, si l'âme sociale ne réduit pas complètement l'âme individuelle, elle la dupe sans cesse à l'aide de déguisements nouveaux. Elle inspire secrètement même les doctrines les plus antisociales telles que l'anarchisme d'un Stirner et l'individualisme d'un Nietzsche." (p. 415)

 

PICAVET François, "L'histoire de la philosophie à la licence ès lettres", in Revue internationale de l'enseignement, t. 58, octobre 1910, p. 332-337.

Enumère les auteurs (grecs, latins, français...) au programme pour la licence de 1910 et 1911. Parmi les auteurs allemands pour la licence de philosophie, Kant apparaît 15 fois, Schopenhauer 7 fois, Nietzsche 3 fois, Fichte 2 fois, Wundt et Weber 1 fois. (p. 336) Donne le détail par faculté.

Signale que ces auteurs allemands ne figurent pas pour la licence de langues et littératures étrangères vivantes.

 

HALEVY Daniel, "Les nouveaux aspects du socialisme", {Etudes sociales}, in Pages libres n°457, 2 octobre 1909, p. 367-379.

Compte-rendu du livre d'Edouard BerthLes nouveaux aspects du socialisme. Trouve dans cet ouvrage des traces évidentes de l'influence de Nietzsche (p. 378).

 

WELLS H. -G., "Au temps de la comète", in Revue hebdomadaire, n°42, 15 octobre 1909, p. 363-375.

Roman publié en 1906 (In the days of the Comet); traduction française publiée en plusieurs fois dans la Revue hebdomadaire. En volume aux éditions du Mercure de France en 1910.

Chapitre V. Révolté contre Dieu et les hommes, le héros se revendique disciple de Nietzsche par provocation lors d'une discussion:

"Je ne sais comment la supériorité morale du christianisme sur toute autre religion fut mise en cause: alors la hardiesse de nos affirmations et de nos généralisations ne connut plus de limites, nos données historiques étant de part et d'autre des plus vagues. J'en

arrivai à citer Nietzsche, un philosophe allemand fort en vogue à l'époque, et dont je me déclarai le disciple.

Pour un disciple, je dois avouer que je connaissais mal les ouvrages de mon auteur. A vrai dire, tout ce que je connaissais de lui me venait de la lecture d'un article de deux colonnes, paru la semaine précédente, dans le Clairon, mon journal socialiste" (p. 368-369).

Se prépare à commettre des crimes et se décrit ainsi " Je me sentais aussi énergique et amoral que si j'eusse été le Surhomme même de Nietzsche" (p. 371)

 

FAGUET Emile, "Le souligné", in Revue hebdomadaire, n°43, 23 octobre 1909, p. 451-457.

Soutient que l'excès de soulignement est signe de folie: "Les fous soulignent furieusement. Ils soulignent en double, en triple expédition. (...) Tous les aliénistes sont d'accord sur cette observation. Nietzsche a toujours souligné énormément mais dans son dernier volume, Ecce homo, non seulement il souligne plus que jamais, mais il souligne les mots évidemment insignifiants. Il écrira par

exemple « L'humanité se partage en animaux d'élite et en bêtes de troupeau. Plus on va loin dans la connaissance, plus on se convainc de cette conviction sur laquelle nous devons faire reposer toute la morale, comme aussi toute la sociologie pratique »; ou quelque

chose d'approchant. Ce n'est pas le seul signe de proche aliénation mentale que donne le pauvre grand homme dans Ecce homo, mais c'en est un, très significatif" (p. 456).

 

BLUM Léon, "Pulcinella. Pièce en trois actes, en vers de Melle J. d'Orliac", in Comoedia, 25 octobre 1909, p. 1.

Résume l'histoire: "Une vieille bohémienne, nommée Mittra, tient prisonniers dans sa roulotte, deux belles filles, Pulcinella et Colombine, un joli garçon, Scaramouche. Tous trois sont mimes, et de leur talent nourrissent la vieille qui, en revanche, les injurie

et les bat. Scaramouche et Colombine supportent assez patiemment cette vie, d'autant qu'ils sont amoureux l'un de l'autre; Pulcinella, au contraire, se révolte et voudrait s'enfuir. Mais voilà: pour fuir, il fau-rait de l'argent, et c'est Mittra qui tient la caisse. Il faudrait encore que Pulcinella pût décider Scaramouche à fuir avec elle, or elle aussi est amoureuse du joli garçon. Un berger, nommé Zaffri, appelé en consultation, lui donne un conseil fort simple. Il suffira de tuer Mittra et de voler Scaramouche à Colombine. De quoi s'agit-il?

D'être heureux. Quand un obstacle s'oppose à notre bonheur, on le brise, et seuls les faibles, les esclaves se laissent arrêter par

le scrupule ou la pitié. Pulcinella exécute docilement la première partie de l'ordonnance; elle étrangle la vieille sorcière. Mais quand il s'agit d'enlever Scaramouche à Colombine, elle recule devant le désespoir de sa douce compagne. Puïcinella n'est pas encore tout à fait mûre pour la « morale des maîtres » Nous repasserons.

Juge: Pulcinella est donc, révérence parler, un symbole nietzschéen. Ce que le sage berger conseille à son insuffisante élève, c'est de sauter « par delà le bien et le mal » ou encore de broyer la tête du serpent noir, ainsi qu'il est dit dans l'apologue de Zarathustra, dont M. Paul Adam a fait un si bel usage. Le malheur est que pour un sujet si ample et si simple à la fois, il faudrait d'autres dons dramatiques ou poétiques que ceux dont Mlle Jehanne d'Orliac a jusqu'ici donné la preuve. Nulle clarté, nulle force; ce n'est, trois actes durant, qu'un tourbillonnement confus d'idées et de mots. Il faut un vigoureux effort pour écouter jusqu'au bout ces tirades interminables, d'une verbosité incohérente et dévergondée."

 

NOZIERE, {Le Théâtre}, in Gil Blas, 25 octobre 1909, p. 3.

Compte-rendu de la pièce de Jehanne d'OrliacPulcinella (Théâtre des Arts), "qui combat, non sans générosité, l'égoïsme philosophique de Nietzsche".

 

SHAW Bernard, "Manuel de poche du parfait révolutionnaire", in La Grande revue, 25 octobre 1909, p. 639-655.

Note: "A chaque génération réapparaissent et la désespérance des institutions et l'inexorable « Il faut naître de nouveau » et même « naître différent », comme l'a établi Mme Poyser (...). Ce n’est pas avec Nietzsche qu’est née l’aspiration de l’Homme vers le Surhomme. Ce n’est pas avec la fin de la vogue de Nietzsche que cessera cette aspiration. Mais toujours, elle fut étouffée par la même question : Quelle espèce d’homme sera ce surhomme ? On ne demande pas une surpomme, mais une pomme mangeable... On ne demande pas un surcheval, mais un cheval plus fort ou plus rapide. De même, on ne doit pas demander le surhomme, mais spécifier l’espèce d’homme que l’on veut. Malheureusement, on ne sait pas quelle espèce d’homme on veut. Peut-être est-ce une sorte d’athlète-philosophe de bonne mine, qui aurait pour compagne une femme belle et saine ?" (p. 640)

 

DROMARD Dr., "Le dilettantisme sentimental", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°11, novembre 1909, p. 487-503.

Commence : "Nietzsche insiste à plusieurs reprises sur ce fait qu'en toutes circonstances nous trouvons à nos états d'âme une raison unique, alors que cette raison n'est en somme, parmi beaucoup d'autres que la plus apparente, et non point même la plus importante ni la plus profonde. Et c'est ainsi qu'on pleure "pour avoir la réputation d'être tendre" ; on pleure "pour être plaint" ; on pleure "pour être pleuré" ; enfin, on pleure "pour éviter la honte de ne pleurer pas." Mais il est bien étonnant que l'auteur n'ait point complété le cortège des motifs par ceci encore qui me semble essentiel : "On pleure pour se voir pleurer." (p. 487)

 

DUGAS L., "Mes souvenirs affectifs d'enfant", in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°11, novembre 1909, p. 504-516.

Distingue "deux mémoires : émotive et passionnelle" et soutient que le passionné "n'a pas de souvenir affectif au sens propre" parce qu' "il oublie systématiquement le passé qu'il ne réussit pas à intégrer dans le présent ; il le raye de sa vie." Ajoute une note : "Cf. le parti philosophique que Nietzsche a tiré de la même observation ou de la même loi psychologique dans le paradoxe sur le danger des études historiques (Considérations inactuelles : les études historiques, notamment p. 196 et suiv. de la trad. franç.)." (p. 512)

 

JACQUES-PIERRE, "Brillante réouverture", in Le Figaro, 30 novembre 1909, p. 1.

Signale la réouverture très suivie (notamment par les femmes) des cours à la Sorbonne pour l'année 1909-1910.

Evoque le cours public (lundi) de Charles Andler sur "Nietzsche, sa vie et sa pensée" dans l'amphitéâtre Turgot:

"(...) par une petite porte, derrière la chaire, entre un homme mince, un peux roux, ayant l'air d'un Anglais né en Allemagne:  c'est M. Andler, professeur de langue et littérature allemandes. Penché sur ses feuillets, d'une voix un peu timide et qui n'atteint pas toujours les hauteurs lointaines de l'amphithéâtre Turgot, il aborde le sujet de son cours de cette année « Nietzsche, sa vie et sa, pensée ». II fait un tableau remarquable du milieu où est né le philosophe, des influencës qu'il a subies pendant son enfance. Et son langage clair, précis, est très apprécié par son auditoire.

L'annonce de ce cours figure déjà dans "Aux Ecoles" dans Le Figaro du 29 novembre 1909, p. 2.

 

LUQUET G. -H., "W. Windelband. - Die Philosophie im deutschen Geistesleben des XIX. Jahrhunderts", {I. Philosophie générale}, in Revue philosophique de la France et de l'étranger, tome 68, n°12, décembre 1909, p. 657-660.

Détaille le contenu du chapitre V : "Les nouveaux problèmes de la valeur et le retour à l'idéalisme". (p. 659-660) Note : "Tendance toujours croissante à l'individualisme, qui se manifeste surtout dans l'art (impressionnisme) et qui a trouvé son expression dans Nietzsche, ce qui explique le succès de celui-ci. Il a bien posé, s'il n'a pas su le résoudre, le problème, qui consiste dans l'opposition entre intellectualisme et volontarisme, rationalisme et irrationalisme." (p. 660)

 

FEUILLEDEVIGNE, {Echos}, in La Lanterne (Supplément), 11 décembre 1909, p. 1.

Rappelle que Nietzsche aimait beaucoup la France mais note qu'il était très injuste pour Hugo. Résume quelques appréciations sur Michelet et Georges Sand.

 

GERARD Rosemonde (Mme Rostand), pièce en vers à la gloire de son fils Maurice Rostand, dans le numéro de Noël de l'Illustration, décembre 1909.

Référence citée d'après la parodie publiée dans Gil Blas, 25 décembre 1909, p. 1.

 

Anonyme, "Chemins en Espagne", in Ruy Blas, 18 décembre 1909, p. 14.

L'homme d'affaire Edouard Lepelletier serait un "surfinancier".

 

PICK-ME-UP, "Le rire de la semaine", in Le Rire: journal humoristique, n°359, 18 décembre 1909, p. 2-3.

Se moque d'un poème de Mme Rostand (alias Rosemonde Gérard) qui vante la science de son fils de dix-huit ans, Maurice Rostand.

"Tu m'apportes le mot, tu me tends la pensée

Tu parles avec feu; tu juges avec goût,

Et l'on peut tout te demander, car tu sais tout,

Oui, tu sais tout.

 

C'est dire qu'il en sait plus long que M. Lintilhac lui-même.

Le jeune Maurice sait :

 

Tous les rois, tous les dieux de la mythologie !

Tous les poètes grecs, tous les auteurs latins !

Et tous les Boniface! et tous les Constantins!

Les seize Ptolémée et les deux Zoroastre!

 

Décidément, il n'y a plus de gosses ! Continuons à savourer :

 

J'écoute et tu sais tout : les paroles des Sages,

Les discours des Romains et les lois des Hébreux!

(...)

Toi, tu connais les plus terribles philosophes

D'aujourd'hui, les plus sombres penseurs d'autrefois.

(...)

Et maintenant ton front pâlit » sur Epictète !

(...)

Et maintenant tu lis Renan, tu connais Nietzsche

Et tu trouves Leibnitz enfantin.

 

Il trouve Leibnitz enfantin! Voyez-vous cela, le petit coquin !

Mais voici mieux :

 

Et maintenant, voilà, tu connais le « surhomme »,

Tu lis Pline le jeune et Pline l'ancien,

Et tu sais ce que c'est qu'un carpocratien."

Raille.

 

YVERMONT Ary-René d', "Lettres étrangères", in Flammes, 20 décembre 1909, p. 271-274.

 

MUSTIERE Henry, "Tu-sais-tout!", in Gil Blas, 25 décembre 1909, p. 1.

Parodie de la pièce en vers de Rosemonde Gérard à la gloire de son fils de dix-huit ans, Maurice Rostand.

 

HOREAU L. -J., "Traditions de Noël", in L'Echo nogentais, 25 décembre 1909, p. 1.

Poème de Noël, avec Nietzsche.

 

BRAUNSCHWIG Marcel, "La vie spirituelle", in Revue du mois, tome 8, juillet-décembre 1909, p. 209-225.

Discussion au sujet de la solitude de notre moi et de l'incommunicabilité entre les âmes. Vigny le déplorait, Quincey aussi : "Et Nietzsche déclarait également que "l'impossibilité de se communiquer est en vérité la pire des solitudes"." (p. 211)